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Risque Climatique : Trônant entre science et politique, le GIEC court à sa perte

Drieu Godefridi, juriste et docteur en philosophie, juge que l’organisme onusien est dans une position intenable du fait de sa structure et de ses méthodes, dépassant le cadre de la recherche…

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Tandis que la courbe du débat public sur le GIEC se déploie vers ses extrêmes naturels – injures, attaques personnelles, reductio ad hitlerum – et que les pro et anti-GIEC rivalisent d’acribie dans la recherche d’erreurs dans les rapports du GIEC et la littérature de ses adversaires, on en oublierait que si le GIEC vacille, ce n’est pas en raison de ses erreurs, ni même du filoutage de certains de ses experts, mais des défauts structurels que ceux-ci révèlent quant à la composition, la compétence et la méthode de l’organisation onusienne.

Quant à sa composition: «Le GIEC est un organe scientifique» annonce le site du GIEC, pourtant mu et vertébré par une assemblée plénière (ou panel) majoritairement composée de diplomates qui sont investis, comme il sied dans toute organisation intergouvernementale, du pouvoir de dernier mot sur les scientifiques.

On excipe en vain de ce que les groupes de travail, quant à eux, sont composés de scientifiques et que les rapports du GIEC (à la différence des résumés pour décideurs) sont rédigés par des scientifiques: l’article 11 des Principes du GIEC prévoit expressément que les rapports du GIEC ne deviennent officiels qu’après avoir été dûment approuvés par l’assemblée plénière.

Quant à sa compétence. Les rapports du GIEC se lisent comme des progressions géométriques merveilleuses de cohérence, et pour tout dire de nécessité: d’abord l’état de la science climatique, ensuite les conséquences négatives des changements prévisibles, enfin les mesures à prendre pour les atténuer.

 Sauf qu’il existe, entre la première partie et les deux suivantes, particulièrement la troisième, une différence de nature radicale, qui est entre la description de ce qui est (domaine de la science), et la décision sur ce qui doit être (domaine de la politique, du droit et de la morale).

De l’être au devoir être, la continuité n’est pas hypothétique, conditionnelle, malaisée ou problématique: elle est nulle.

Pour cette raison, la science n’a que faire des jugements de valeur, tandis que la formulation de prescriptions normatives ne se conçoit pas sans jugements de valeur.

 L’erreur est de l’avoir oublié; l’imposture idéologique, de le nier, en présentant les rapports du GIEC comme des blocs homogènes de scientificité, des «ouvrages scientifiques» (le Ministère français de l’écologie dixit, dans son appel à candidature pour accéder au titre prestigieux d’expert du GIEC dans la perspective du cinquième rapport).

Quant à sa méthode, le GIEC la définissait lui-même dès son troisième rapport (2001) et sans ambages comme globale, dans des termes dont l’ingénuité, s’agissant d’un rapport à prétention scientifique, fera sourire: «L’évaluation globale est une démarche interdisciplinaire qui combine, interprète et diffuse les savoirs de diverses disciplines des sciences naturelles et sociales en vue de rechercher et de comprendre les relations de cause à effet en jeu dans et entre les systèmes complexes. Les méthodes employées comprennent la modélisation assistée par ordinateur, l’analyse de scénarios, la simulation et l’évaluation participative globale, ainsi qu’une évaluation qualitative basée sur l’expérience et sur l’expertise. […] On a nettement avancé dans l’élaboration de ces approches et dans l’application de celles-ci à une évaluation globale, mondialement et régionalement.»

Tandis que la physique et chacun de ces savoirs pris séparément est encore en quête de sa propre synthèse, et que des physiciens moins visionnaires sont à l’heure actuelle enterrés dans l’accélérateur de particules du CERN, à Genève (soit en dessous du siège du GIEC, qui est en effet installé dans les bureaux de l’Organisation mondiale de la météorologie, d’où ses dirigeants vitupèrent régulièrement contre le rapprochement absurde de la science climatique et de la météorologie), pour tenter de vérifier des hypothèses synthétiques de physique théorique telles que la théorie des cordes, observons que le GIEC est tout de suite passé au stade supérieur et même ultime, de synthèse non des seules sciences de nature, mais d’icelles et des sciences humaines, soit l’équivalent du Saint-Graal dans le champ de la Connaissance, et les rapports du groupe de travail numéro trois de l’organisme onusien, surtout le dernier, se lisent en effet comme des traités tout à la fois de science dure et économique, d’ethnologie et de sociologie, ou encore, de science politique, avec par exemple des dizaines de pages toutes théoriques sur l’évolution de la gouvernance au niveau mondial (706 s.), qu’un observateur rétrograde pourrait s’étonner de lire dans un rapport sur le climat.

Improbable et tardive incarnation de la mystique renaldienne d’un gouvernement par la science (c.f. L’avenir de la science), le GIEC est une tentative d’hybridation ratée entre des registres qui répondent, comme on aurait dû s’en souvenir, à des exigences, des rythmes et des critères radicalement distincts: la science, et le politique. Voilà pourquoi le GIEC passera dans quelques années pour le plus fabuleux canular de la science moderne.

Par Drieu Godefridi, mars 2010

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Les experts du climat sous expertise

Par Etienne Dubuis

L’ONU a demandé à une institution indépendante de revoir les méthodes du GIEC

La pression était devenue trop forte. Une réaction s’imposait de toute urgence. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a annoncé mercredi à New York avoir demandé à une institution indépendante d’examiner les méthodes du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Les graves erreurs commises par ces spécialistes dans leur 4e rapport, daté de 2007, de même que la légèreté de certaines de leurs pratiques, dénoncées depuis plusieurs mois par la presse, requéraient une reprise en main énergique. C’est désormais chose faite.

Ban Ki-moon a tenu à réaffirmer sa conviction qu’un changement climatique était en cours et que l’homme y contribuait «de manière significative». Mais il a déploré que le 4e rapport du GIEC ait été entaché par «un petit nombre d’erreurs». Ce qui lui a paru très dommageable étant donné l’importance du problème et la nécessité pour les dirigeants du monde de disposer à son sujet de «la meilleure science possible». Pour relancer le groupe d’experts sur de meilleures bases, il a demandé à une institution indépendante et de haut niveau, l’InterAcademy Council (IAC), de procéder à l’examen.

L’IAC a été créé en mai 2000 à l’initiative des académies des sciences de nombreux pays. Doté d’un secrétariat basé aux Pays-Bas, il possède pour mission de fournir à de grandes organisations publiques comme l’ONU et la Banque mondiale des conseils de haut niveau sur des dossiers scientifiques, technologiques et médicaux particulièrement complexes et importants.

Une demi-heure après la déclaration de Ban Ki-moon, l’un des coprésidents de l’IAC, Robbert ­Dijkgraaf, a tenu une conférence de presse pour détailler le travail qui attend son organisation. Il a insisté sur le fait qu’il s’agirait non pas de condamner quelques errements passés mais de préparer l’avenir en améliorant les performances du GIEC.

De nombreux problèmes

Dans quels domaines? La liste est longue. Qualité des informations publiées, validité des sources utilisées, traitement des opinions divergentes, procédures de correction des erreurs, conflit d’intérêt: tous les problèmes apparus ces derniers mois ont été énumérés comme en un réquisitoire. Un train de réformes sera recommandé dans un rapport, qui sera rendu au mois d’août à Ban Ki-moon, qui le transmettra alors aux Etats, qui pourront y apporter quelques modifications, avant de le laisser, en octobre, aux bons soins de la prochaine assemblée générale du GIEC.

La procédure annoncée mercredi constitue un revers sérieux pour l’organisation et pour son président Rajendra Pachauri. Elle consacre tout à la fois la gravité de la crise et l’inaptitude du groupe d’experts à y faire face par ses propres moyens.

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES :

Climategate : Humilité réclamée de la part des scientifiques du climat (cliquez sur le lien)

Richard s. Lindzen : Gare à l’hystérie climatique (cliquez sur le lien)

2 réponses »

  1. Drieu Godefridi est-il le mieux placé pour évoquer ce sujet ?

    Pour éviter une fois de plus de dériver de la préoccupation principale qui est le changement climatique, sujet qui nécessite une approche scientifique, il semble important de rappeler que Drieu Godefridi est un docteur en philosophie belge titulaire de masters en droit et philosophie (UCL) et d’un DEA en droit fiscal (ULB)…

    – thèmes en effet on ne peut plus proches par exemple de la climatologie, de l’océanologie, de la biologie marine et autres disciplines scientifiques concernées… –

    fondateur de l’Institut Hayek et qu’il n’est par ailleurs ni docteur en philosophie des sciences ni titulaire d’un diplôme en sciences exactes, comme heureusement il le rappelle :

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/01/le-giec-est-mort-vive-le-debat-par-drieu-godefridi_1299689_3232.html

    Les scientifiques ont largement précédé les politiques :

    La communauté scientifique du climat existait bien avant le GIEC et sans remonter à J. Fourier ou GS Arrhénius ni à 1896, c’est entre autres elle qui a rappelé les dangers des gaz à effet de serre, actuellement rejetés à hauteur d’environ 20 milliards de tonnes par an pour le seul CO2, en croissance, avec ses effets induits accélérateurs de ce changement (dégagement de méthane non seulement terrestre mais océanique et les sources de ces constats sont multiples et indépendantes du Giec tout comme apolitiques), exemple parmi d’autres :

    http://www.maxisciences.com/arctique/arctique-le-methane-s-039-echappe-de-l-039-ocean-en-quantite-plus-importante-que-prevue_art6195.html

    Sans évoquer non plus la déforestation massive que tout le monde peut constater (disparition dans le monde d’une surface forestière équivalente à l’Autriche chaque année) ni même d’autres gaz à effet de serre comme ceux engendrés par l’agriculture (14% des émissions mondiales de Ges équivalent carbone), du méthane au protoxyde d’azote avec un pouvoir de réchauffement respectif de 23 à 300 fois supérieur au C02.

    Ni la tendance à l’acidification des océans :

    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/oceanographie-1/d/lacidification-galopante-des-oceans-du-jamais-vu-depuis-les-dinosaures_22704/

    Le Giec est imparfait mais son organisation tient pour partie à son origine et il semble plus facile de critiquer que de proposer la (les) bonne(s) solution(s) compte tenu de l’ampleur du sujet :

    Comme le rappelle Hervé le Treut, : « Ouvert à tous les pays membres de l’ONU le Giec est un organisme intergouvernemental mis en place à la demande du G7 en 1988, sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations-unies pour l’Environnement (PNUE).

    Unique exemple de coopération scientifique internationale, s’il peut exister, c’est grâce aux efforts menés depuis des décennies par l’homme pour prévoir le temps afin d’anticiper ses récoltes, sa navigation, son commerce… L’OMM a été créée dès 1873 afin d’harmoniser et de coordonner les « stations » météo, et de mettre au point des processus de mesures standardisées…

    Doté d’un président, élu par les Etats membres (dont les intérêts sont on ne peut plus divergents entre des pays producteurs d‘énergies fossiles et d‘autres), assisté par un bureau d’une trentaine de scientifiques volontaires et par un secrétariat de moins de 10 personnes, le GIEC, poids plume hébergé par l’OMM, n’a pas d’équipes de recherche et à peine un budget.

    Pour écrire ses rapports, il lance un appel international à auteurs, que relaie dans chaque pays le « point de contact » du GIEC. En France, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique au sein du ministère du Développement durable centralise actuellement les candidatures pour la rédaction du cinquième rapport, prévu en 2014, après avoir contacté tous les organismes de recherches, universités, académies, etc. Un comité des nominations vérifiera leur expertise sur la base de leurs publications, avant d’envoyer au GIEC, à Genève, une liste d’experts.« Mais tous ceux qui ne sont pas choisis resteront enregistrés, et seront mobilisés pour la relecture critique des chapitres ».

    Chaque chapitre est supervisé par deux coordinateurs et rédigé par une vingtaine d’auteurs principaux, qui s’engagent solidairement sur le contenu, chacun ayant un droit de veto.« C’est un travail très lourd, équivalent en temps à quatre ou cinq mois, et entièrement bénévole », explique Hervé Le Treut

    Pour la dernière édition du Giec, plus de 5.000 publications scientifiques ont été passées en revue afin d’établir le diagnostic climatique de la planète. Chaque édition se décompose en trois ouvrages de plus d’un millier de pages et doit éclairer la prise de décision politique, mais de façon neutre, sans l’orienter.

    Les synthèses sont validées par 170 pays, où chaque pays dispose d’une voix. Un processus qui permet l’expression de tous les intérêts divergents.

    Un climato-sceptique peut-il être candidat ?

    Bien entendu, pour peu qu’il ait publié.

    Une étude remettant en cause la thèse du réchauffement peut-elle passer inaperçue ?

    « Non, pour peu qu’elle paraisse dans une revue valable », tranche Jean-Charles Hourcade, directeur de recherche au CNRS.

    http://www.lesechos.fr/info/energie/020407450681-climat-comment-travaillent-vraiment-les-experts-du-giec-.htm

    De mauvaises langues diraient même que parmi de multiples autres, Claude Allègre par exemple ne semble s’être jamais autant exprimé depuis la création du Giec, quitte même dans l’élan à parfois présenter à la télévision (France 4 reportage les « enfumés » 2009) des courbes avantageusement tronquées… en refusant de s’en expliquer :

    http://annagaloreleblog.blogs-de-voyage.fr/archive/2009/12/10/enfumes-lobby-petrolier-et-negationistes-climatiques-aux-us.html

    Les preuves accablantes que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites et la nécessité d’une meilleure gestion des ressources dans un monde où la population va passer à neuf milliards d’individus dans les cinquante prochaines années, justifient d’approfondir un peu plus les sujets que l’on évoque et de ne pas faire de raccourcis un peu hâtifs entre la physique et le changement climatique qui a des conséquences autrement plus importantes.

    Et quant à prévoir où se situera le canular dans quelques années, après avoir souligné ne pas être un spécialiste des sciences exactes, c’est quelque peu prétentieux et d’un point de vue philosophique une démarche erronée.

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