L’accord arraché au forceps sur le sauvetage de la Grèce est loin de répondre aux aspirations du gouvernement grec qui fantasmait sur une garantie implicite donnée à sa dette par les membres de l’Eurozone. Cela aurait permis de ramener les taux sur ses emprunts à des niveaux comparables à ceux de l’Allemagne. La procédure mise en oeuvre est des plus subtiles et semble destinée à contrecarrer le jeu des spéculateurs (au bon sens du terme mais qui concerne avant tout les HEDGE FUNDS US et les FONDS dePENSION) qui espéraient réaliser des gains substantiels sur leur CDS : Après avoir joué l’élargissement du spread des taux grecs en « achetant » les CDS, on peut suspecter que leur position s’est retournée pour jouer le sauvetage de la Grèce. Le maintien du « flou artistique » autour des taux de refinancement de la dette grecque contrecarre évidemment cette stratégie de prise de profit. (cela peut être aussi très dure la vie d’un spéculateur et souvent à ce jeu est pris qui croyait prendre)
PLUS DE STRATEGIE EN SUIVANT :
En effet, l’accord de sauvetage de la Grèce prévoit que cette dernière doit toujours faire appel au marché sous sa propre signature et que l’Union Européenne n’interviendrait qu’en dernier ressort pour acheter cette dette si celle-ci ne trouvait pas preneur à des taux « raisonnables ». Ainsi, les Etats européens acheteurs( l’Etat et ses banques(BANKSTERS) spéculatrices) de cette dette profiteraient eux-mêmes de ce spread et non les dits horribles spéculateurs
Il y en a un qui s’y est pas trompé en tous les cas c’est Panpandréou et son clan familial gouvernemental qui sentant la bonne affaire cherche désormais à vendre de la dette grecque frelatée à l’huile d’olive aux investisseurs US
Grèce, euro, US$, drachme et banques (JP CHEVALLIER° (cliquez sur le lien)
Nous notons au passage que le problème de la dette grecque arrange les membres de l’Union, l’Allemagne en tête, par un Euro qui redevient soudain compétitif. La réaction des marchés à l’accord a été des plus tièdes, l’Euro gagnant 1.3 cents à 1.34$, et le spread sur l’emprunt grec a baissé symboliquement de 20 points de base sans plus d’impact sur les autres pays frappés par la crise.
Il nous semble que la situation grecque est insoutenable avec des taux à 10 ans à 6.2%. Chaque 1% de spread avec l’Allemagne creuse le déficit d’à peu près le même montant. Heureusement que le stock de dette longue a été émis à des taux « normaux » mais le renouvellement de cette dette à ces taux est quasi suicidaire. Si le plan Européen est mis en action, le premier intervenant risque d’être le FMI qui sera moins exigeant en termes de taux, mais ô combien plus sur l’orthodoxie monétaire. Si lesmembres de l’Union achètent de la dette grecque en dernier recours, ils vont bénéficier du spread et réaliser ainsi des profits. Une manière élégante de faire est de redistribuer ce profit financier à la Grèce si elle se montre un bon élève, court circuitant ainsi les spéculateurs qui jouent le Rétrécissementdu spread.
Enfin le dernier scénario envisageable serait la sortie de la Grèce de l’Euro avec des conséquences incalculables.
Scénario de sortie de l’Euro
En regardant tous les traités de l’Union, nous n’avons pu déceler aucune clause de sortie d’un Etat membre de l’Eurozone. Imaginons un scénario de cette sortie.
Le pays reviendrait à une devise appelée Eurodrachme » dont la valeur initiale serait de… 1€. La banque centrale grecque serait le maître de son destin et de sa monnaie. Cette devise dévaluerait immédiatement de 30% par les marchés. Question à 1Md€ : est ce que la Grèce doit des Euros ou des «Eurodrachmes» ?
Nous n’avons pas trouvé de définition légale de l’Euro quand un Etat émet des emprunts dans cette devise, puisqu’il n’est garanti par aucune institution monétaire centrale.
Le FMI et l’Union Européenne assurent immédiatement des lignes de crédit temporaires pour permettre au pays de fonctionner. S’en suit une cascade d’événements au niveau des créanciers en Euro qui doivent constater immédiatement une dévaluation de plus de 50% de leur créance (30% dus à la devise et 20% à la hausse des taux sur «l’Eurodrachme»). La spéculation se déchaîne alors sur les PIIGS et sur l’Euro, et l’affaire Lehmann paraît comme une simple excursion devant ce cataclysme. Cela met à nu les limites d’une union monétaire sans intégration économique, car aussi étrange que cela paraisse, chaque pays de cette union avait le droit de battre monnaie, les limites imposées par le traité sur le déficit à 3% du PIB et la dette à 70% ayant volé en éclat depuis longtemps. En pleine crise, naîtra peut être un EMF (European Monetary Fund) et un début de traité d’intégration économique et fiscale.
La dette grecque cache la crise des dettes souveraines
Alors que les projecteurs sont braqués sur la Grèce, des déficits et des dettes aussi graves, sinon plus,sont observées en Grande Bretagne et aux Etats-Unis.
En 2010, la dette fédérale américaine atteindra 13 Trillions de $ pour un PIB de 15trillions $ soit 87% duPIB. Le déficit escompté en 2010 est de 1.17 trillions, soit 7.8% du PIB s’il n’y a pas dépassement.
Le Royaume Uni fait mieux avec un déficit attendu en 2010 de plus de 12%. Le marché a pris acte en ayant corrigé déjà sévèrement la valeur de la Livre.
Une bonne illustration de la façon dont les créanciers extérieurs en Livre ont vu baisser la valeur de leurs avoirs avec le risque de perdre beaucoup plus si l’Angleterre faisait défaut. En effet, les réserves de change nettes de ce pays sont squelettiques à 32 Mds$ (2.4 trillions $ pour la Chine) alors que son déficit commercial en biens et services atteint les 35mds £ par an. Une crise de confiance mettrait à rude épreuve la capacité d’emprunt de l’économie anglaise pour payer ses importations.
Les Etats-Unis sont encore dans la position dominante où leurs paiements se font exclusivement en $.
Nous pensons que les mois qui vont suivre resteront dominés par la crise sur la dette souveraine et qu’on ne peut pas exclure une crise majeure qui mettrait en péril la reprise fragile. La conséquence en termes de stratégie d’investissement est qu’il faut avoir un peu d’or dans son allocation d’actifs. Nous préférons de loin l’or physique aux ETF, car si c’est une valeur refuge, autant la mettre dans son coffre fort parce que le risque de contrepartie est élevé en cas de désordres. Les obligations corporate ont le vent en poupe et offrent parfois des rendements inférieurs aux emprunts d’Etat. Nous sommes plutôt favorables aux actions qui offrent souvent un dividende SUPERIEUR aux obligations avec des sociétés peu endettées.Mais il faut regarder surtout du coté des cycliques US dont certaines offrent des décotes importantes et dont il faut jouer le rebond sur fond de croissance américaine somme toute robuste….
Source facset mars 10
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