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Jean Pierre Petit : Le déclin économique de l’UE (I)

 Le déclin économique de l’UE (I)

Jean-Pierre Petit  L’Europe ne peut se prévaloir de l’homogénéité et de la profondeur du marché obligataire US. Ni d’une véritable monnaie de réserve internationale.

Le paradoxe est que bien que la crise ait incontestablement pris naissance aux Etats-Unis, l’activité s’est moins contractée durant la crise aux Etats-Unis qu’en Europe, et a plus rebondi depuis.

PLUS DE PETIT EN SUIVANT :

Si la croissance a ralenti plus tôt aux Etats-Unis, l’ampleur de la récession a été plus forte en Europe avec une baisse du pic au creux de 5,3% dans l’Union Européenne, 5,2% en zone euro et 6,2% au Royaume Uni.

Seul un pays comme le Japon (- 8,4%) a, au sein du monde riche, fait «pire» que l’Europe.

Depuis la reprise, les performances européennes ont été moindres qu’ailleurs. Depuis le creux, le PIB réel a progressé de 2% aux Etats-Unis contre seulement 0,4% dans l’Union Européenne.

Notons que parmi les meilleures performances européennes (pendant la crise et depuis la fin de crise) figurent deux pays qui ont toujours refusé l’adhésion à l’Union Européenne; la Norvège et la Suisse.

De plus, l’ajustement réel a été plus net aux Etats-Unis au cours de cette crise, dégageant ainsi plus de marges de manoeuvre pour le futur.

L’ajustement sur l’emploi aux Etats-Unis a commencé plus de six mois avant celui de la zone euro. Le nombre de salariés a baissé de plus de 6% du pic au creux, soit l’ajustement le plus violent d’après-guerre. Rien de tel n’a été vu en Europe.

Parallèlement, les prix immobiliers ont baissé de 35% du pic au creux (si l’on reprend les données de l’indice Case Shiller pour les 10 principales villes américaines).

En Europe, malgré une surévaluation parfois plus nette qu’aux Etats-Unis (Royaume Uni, Espagne, France, ….), on n’a pas constaté une telle correction.Ainsi au Royaume-Uni, les prix des maisons au ont dans un premier temps corrigé de presque 20% à partir d’octobre 2007, revenant en Février 2009 au niveau de l’été 2004. Mais depuis février 2009, les prix immobiliers ont à nouveau rebondi de 10%, bien que cela ne soit pas justifié.

Par ailleurs, les banques européennes continentales semblent dans l’ensemble moins bien capitalisées que les banques américaines,avec notamment une faiblesse relative de fonds propres durs. En conséquence, elles devraient lever relativement plus de capital que les banques américaines qui avaient déjà procédé à des augmentations massives de capital après la publication des stress tests au printemps 2009.

Les crédits à l’économie devraient donc plus souffrir, toutes choses égales par ailleurs, en zone euro. Cela est d’autant plus dommageable que la zone euro est une économie de financement très intermédiée.

Enfin, la crise de l’endettement public frappe plus fortement les pays européens que l’Amérique.Pourquoi?

 D’abord parce que les Etats-Unis seront «avantagés» par une croissance potentielle plus forte, par le «bas» niveau des recettes courantes (31,3% du PIB contre 44,9% dans la zone euro), par l’homogénéité et la profondeur de leur marché obligataire (alors que les marchés restent segmentés en Europe) ainsi que par le dollar, seule véritable monnaie de réserve internationale (qui leur permettra de financer leur déficit dans de meilleures conditions).

La quasi-simultanéité des programmes de stabilité budgétaire (imposés par le traité) jouera aussi contre les perspectives d’activité (dans la mesure où l’intégration économique de ces pays est forte), à l’instar de la contrainte du respect des critères de convergence budgétaire de Maastricht, qui avait contribué à la sous-performance de l’Europe durant l’essentiel des années 90.

Les pays d’Europe continentale ne bénéficieront pas de la considérable baisse du taux de change (dont avaient pu bénéficier des pays comme la Suède, le Canada, ou le Royaume-Uni dans les années 90). Certes, l’euro effectif a baissé d’environ 10% depuis le point haut d’Octobre, mais reste encore largement surévalué.

JEAN-PIERRE PETIT Economiste et Stratégiste de marché avril10

BILLET PRECEDENT : Jean Pierre Petit : Quid des taux longs américains? (cliquez sur le lien)

4 réponses »

  1. Taux de chômage record de 20,05 % au 1er trimestre en Espagne.

    Le taux de chômage a atteint un niveau record de 20,05 % en Espagne au cours du premier trimestre 2010, en nette hausse par rapport au niveau de 18,8 % des trois derniers mois de 2009, selon des données de l’Institut national de statistiques (INE).

    Ce chiffre est supérieur aux prévisions des économistes interrogés par Reuters, qui attendaient en moyenne 19,6 %, mais en ligne avec un rapport préliminaire publié mardi disant que le taux de chômage avait dépassé les 20 % de la population active.

    Le gouvernement espagnol prévoit un taux de chômage moyen de 19 % en 2010.

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE63T04Y20100430

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