Changes et Devises

Commentaire du Wolf : Abandonner l’euro pour sortir du marasme ?

Commentaire  du Wolf : Abandonner l’euro pour sortir du marasme ?

    La Grèce chancelle et le Portugal et l’Espagne peinent à rester compétitifs. Pour certains politiciens allemands, la solution, c’est que ces pays abandonnent l’euro, pour retrouver une devise nationale. Une extrémité à laquelle nous ne croyons guère et pas vraiment dans l’intérêt des pays concernés. Explications

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Dévaluer

En théorie, pour un pays qui connaît de graves problèmes de compétitivité, une arme radicale est la dévaluation de sa devise. Mais dans le cadre d’une devise comme l’euro, commune à un ensemble de nations, une telle arme n’est plus utilisable. Aussi, pour permettre aux pays en difficulté de se défendre à nouveau, certains proposent qu’ils sortent de la zone euro, récupèrent leur propre devise et la dévaluent, pour repartir du bon pied. Car de la sorte, leurs exportations augmenteraient, le pays et ses actifs deviendraient moins chers aux yeux des investisseurs, la faiblesse de la devise attirerait les visiteurs étrangers et stimulerait l’industrie du tourisme, non négligeable dans ces régions.

Des mouvements qui permettraient de résorber les déséquilibres, au moins en partie, et de retrouver le chemin de la croissance.

Pas si simple

A supposer que les pays concernés abandonnent l’euro pour retrouver une certaine compétitivité, la partie ne serait pas gagnée pour autant.

• Le fait de faire cavalier seul irait de pair avec une instabilité économique et financière. Car il faudrait d’abord trouver les modalités de la dévaluation de la devise nationale par rapport à l’euro. De 10, 20, 30% ? En une ou en plusieurs fois ? Des précisions qui prendraient un certain temps, au cours duquel les pays concernés risqueraient bien de devenir la proie de spéculateurs (pariant sur les différentes issues) et de voir les investisseurs étrangers fuir l’incertitude.

• La méfiance envers ces pays, déjà acerbe compte tenu de leur dette, serait accrue par la méfiance envers la devise. Cela induirait plus que probablement une hausse des taux d’intérêts, tant sur la dette souveraine que sur celle des entreprises. Car la dette de l’Etat, libellée en euro, serait d’autant plus difficile à rembourser quand les recettes fiscales seraient perçues dans la devise nationale dévaluée. Idem pour le secteur privé, ainsi que pour les ménages, qui devraient apurer leurs obligations contractées en euro (prêts hypothécaires, crédit à la consommation) au moyen de salaires en devise locale. Les défauts de paiement n’en seraient que plus nombreux.

Fuite à l’étranger

L’annonce de l’abandon de l’euro susciterait la panique des épargnants. Pourquoi garder en effet un bas de laine dans son pays, en sachant qu’il va être transformé en une devise appelée à être dévaluée ?

Une énorme fuite de capitaux serait à prévoir. Elle plongerait les banques du pays dans une situation délicate et pourrait mettre en danger l’ensemble du système financier national.

Inflation

En théorie, la dévaluation d’une devise est notamment censée rendre les produits importés plus chers et inciter les consommateurs à acheter des produits locaux, et à faire ainsi tourner l’économie locale. Mais en pratique, c’est assezcomplexe.

• Le remplacement des produits internationaux par des produits locaux n’est pas immédiat : l’offre locale n’est pas toujours adaptée ni toujours en mesure de suivre la demande ; il peut y avoir des pénuries et des hausses de prix (ce qui est rareest cher…).

• Pour les produits importés qui ne peuvent pas être remplacés par la production locale, le prix risque d’exploser au fur et à mesure que la devise locale se déprécie.

La dévaluation aurait donc de fortes chances de s’accompagner d’une flambée d’inflation. De quoi éroder le pouvoir d’achat des ménages et obliger la banque centrale à adopter des taux d’intérêt encore plus élevés.

Tous perdants

Si le retour à une devise nationale et sa dévaluation peuvent sembler, a priori, être une voie rapide vers la compétitivité, un tel choix plongerait les pays qui n’en ont pas les moyens dans une grave instabilité. L’abandon de l’euro serait plus pénible encore que de se soumettre à de sévères réformes, comme celles imposées à la Grèce par l’Europe et le Fonds monétaire international.

Pas  facile de sevrer un drogué au crédit facile surtout quand celui ci est faible et malade…

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4 réponses »

  1. Le plus simple, car applicable en une nuit? L’inverse: la sortie de l’Allemagne -les deux tiers environ de la zone euro- de l’Euro. Cela me paraît une évidence, dans les mois à venir, car les contraintes à appliquer en contre-partie de l’aide financière sont inapplicables sur le plan social. Madame Merkel a bien précisé qu’elle vérifierait « à la virgule près » que lesdites mesures seront appliquées… De plus, cela ne m’étonnerait pas du tout que l’Allemagne à bien plus intérêt à se rapprocher de la Russie – deux pays à très peu de choses prés -, qu’à continuer à subventionner les « pays du Club Med », dont fait partie la France. Ne pas oublier que l’ancien Chancelier allemand, après ses plus hautes-fonction, est passé à la direction de Gazprom (l’entreprise russe), ce qui est tout de même extraordinaire! La décision est avant tout de nature politique, ainsi que le moment choisi « dans la fenêtre de tir »… Cordialement

  2. Les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie.

    L’année 2010 nous le montrera de visu.

  3. J’oubliais un élément important: l’existence de la monnaie unique -l’Euro-, a été un point d’exigence de Monsieur Mitterrand, les Allemands ayant menacé lors des négociations ayant mené à l’unification allemande (dont Mitterrand ne voulait absolument pas), de quitter la CEE. La monnaie unique a donc été un instrument économiquement et socialement totalement artificiel pour ancrer l’Allemagne à la CEE, malgrè ses défauts inhérents dont les conséquences sont mises au grand jour aujourd’hui. De plus, tenir compte que la crise n’est pas qu’européenne, mais mondiale! Le monde anglo-saxon en particulier est aussi dans le « tourbillon » actuel! Il y a toujours eu une incompréhension mutuelle entre l’Allemagne et la France: l’un est très clairement de culture nordique, l’autre de culture du sud…

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