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Taxes à gogo : Réduire l’incitation à l’évasion fiscale assure la prospérité

Un document de recherche de l’Université du Maryland apporte une contribution scientifique aux discussions sur la Grèce et l’Europe. Il en ressort qu’une réduction des incitations à l’évasion fiscale non seulement accroît la prospérité, mais diminue l’inflation, accroît les recettes fiscales et réduit l’économie souterraine.

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 Les économistes les plus réputés tirent les leçons de la crise grecque. Greg Mankiw(école néo keynésienne US ), sur son blog (cliquez sur le lien), a eu d’ailleurs la bonne idée de les offrir à ses lecteurs. On y rencontre des articles de Stiglitz, Reinhart ou Mike Spence. Mais il est aussi possible de quitter les articles de type journalistique pour se plonger dans une littérature plus scientifique et approcher la question par un autre angle. C’est le cas du nouveau document de travail de Boragan Aruoba (1) sur le rôle des institutions (règle de la loi, application des contrats, corruption).

À partir des données de 118 pays, l’auteur analyse les différences de taille de l’économie souterraine, de politiques économiques et d’institutions, et développe de la sorte un modèle économique. Il en ressort naturellement une forte hétérogénéité entre les pays. Mais Aruoba met aussi en évidence les cinq faits suivants:

1.Les institutions et l’inflation sont négativement corrélées. L’auteur met en évidence une corrélation négative de 43% entre la règle de la loi et l’inflation.

2.Les institutions et les impôts sont positivement corrélés. Aussi bien le taux d’imposition que les recettes fiscales en proportion du PIB sont corrélés assez fortement avec les institutions (à 57% et 48%).

3.Les institutions sont très fortement corrélées avec la taille de l’économie souterraine (72%).

4.L’inflation et la taille de l’économie souterraine sont corrélées positivement mais seulement à 28%.

5.Enfin, les taux d’imposition et les recettes fiscales sont négativement corrélés avec la taille de l’économie souterraine (50% et 34%).

L’auteur interprète ensuite ces corrélations comme des relations de causalité. Il présente ensuite son modèle, lequel explique la moitié de la variation d’inflation entre les pays, toute la variation fiscale et les deux tiers de l’écart de taille des économies souterraines.

Derrière la complexité de l’exercice, il est apparent que la réforme des institutions d’un pays, dans le sens d’une réduction des incitations à l’évasion fiscale, est absolument cruciale pour améliorer sa prospérité. C’est en soi une innovation dans la littérature portant sur les institutions.

Mais l’analyse va plus loin. Un pays qui combat l’évasion fiscale avec succès peut s’attendre à une baisse d’inflation, une hausse des recettes fiscales et une réduction de l’économie souterraine. Sa productivité devrait également s’accroître.

La qualité de ce genre de travail empirique dépend toujours des hypothèses utilisées.

Ici Aruoba suppose que les individus de tous les pays sont identiques et que les gouvernements réagissent de façon optimale. C’est forcément très audacieux, car on sous-estime ainsi les aspects politiques. Il serait également intéressant d’analyser ces pays non pas à un moment donné, mais en utilisant des dates différentes.

(1) Informal sector, government policy and institutions, Boragan Aruoba, University of Maryland, april 2010.

 Par Emmanuel Garessus le temps mai10

2 réponses »

  1. Si on suppose que la productivité est motivée par le gain, alors l’economie souterraine est par nature hyper productive.
    Comme elle echappe a la statistque vu qu’elle est souterraine, les pays a economie souterraine importante sont en theorie peu productive.(pourtant en italie il y a de sacré fortunes)
    Donc le biais statistique permet de considerer que tout ca c’est du bidon, le fait de forcer les gens a payer des impots élevés n’a jamais developpé une économie.
    La france en est l’exemple.

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