Commentaire de Marché

Commentaire du Wolf : Danger dans le secteur bancaire espagnol ?

Commentaire du Wolf :  Danger dans le secteur bancaire espagnol ?

   La prise de contrôle de Cajasur, petite entité financière, par la Banque centrale espagnole a provoqué une véritable onde de choc sur les marchés et accentué un peu plus la crainte de nouvelles interventions dans le secteur bancaire espagnole

Qu’en est-il en réalité ?

Trappe à Dettes/ Banques : Le système bancaire espagnol à l’épreuve des “ “Cajas” “ ( cliquez sur le lien)

PLUS DE OLE OLE EN SUIVANT :

Crise immobilière

Les marchés financiers espagnols ont été relativement épargnés par la crise du subprime qui a déferlé en 2008 en provenance des Etats-Unis.

Les banques espagnoles ont en effet pu préserver leur solvabilité grâce aux provisions anticycliques constituées pendant les années dorées en réservant, comme la loi les y oblige, une partie des bénéfices en prévision de possibles pertes en cas de retournement économique. (A Noté que cela fait parti des propositions de Nouriel Roubini que d’étendre l’exemple espagnol à l’ensemble du système bancaire mondial )

Mais cela ne suffit plus aujourd’hui et les banques d’épargne qui ont accordé énormément de crédits en période de haute conjoncture, contribuant par la même occasion à la bulle immobilière, sont à présent en difficulté compte tenu de la hausse du chômage espagnol (aux alentours de 17%) et des difficultés croissantes de remboursement des ménages victimes d’une crise de solvabilté…Sachant de plus que ceux ci sont majoritairement endettés à taux variable, on peut craindre le pire en cas d’augmentation des taux par la BCE…

Mais les difficultés ne s’arrètent pas là pour le système bancaire espagnole puisque les promoteurs immobiliers sont eux aussi en difficulté avec leurs emprunts dans la mesure où leurs projets ne sont pas terminés et encore moins payés. Les pertes commencent donc à s’accumuler et 5,3% des crédits sont aujourd’hui douteux !

Banques d’épargne

Les banques d’épargne (cajas) ne sont pas, à l’inverse des banques ordinaires, des sociétés anonymes mais des établissements publics sans actionnaires, contrôlées par un organe public.

Elles se concentrent sur une région déterminée et c’est là que le bât blesse. Car au lieu d’avoir cherché à se développer en dehors de leur zone d’influence pendant les années d’or (comme l’ont fait des banques privées comme BBVA ou Santander en Amérique du Sud), elles ont préféré chercher leur croissance dans leur propre région, comme d’autres cajas actives dans la même région…

Avec à la clé, une concurrence accrue, des marges sous pression et une surenchère de crédits qui, en temps normal, seraient refusés. A l’image du subprime US version Fannie Mae et Freddie Mac. Qui plus est, ces banques se sont surtout développées sur le marché immobilier qui est aujourd’hui en recul. Résultat, l’Espagne (sans tenir compte des paradis fiscaux) est aujourd’hui le pays qui présente la plus grande concentration d’agences bancaires au monde avec 1,2 agence pour 1.000 habitants. A titre de comparaison, ce chiffre est seulement de 0,6 pour en Allemagne.Un bel exemple de cupidité étatique avec levier maximal !!!

Fonds de soutien

La crise a rendu une restructuration de ce système indispensable et un fonds de soutien spécial appelé FROB (fonds pour la restructuration du service bancaire) a été créé voici un an environ. Les entités qui souhaitent se restructurer (fusion ou disparition) peuvent y adhérer sur une base volontaire, l’objectif étant de ramener le nombre de cajas de 45 à une vingtaine.

Pour le moment toutefois, les trop grands égos des directeurs et des dirigeants politiques locaux de même que la pression des syndicats ont freiné ce mouvement de fusions, à tel point que deux opérations seulement ont été finalisées à ce jour.

Dans ces conditions, la Banque centrale espagnole a décidé d’accentuer la pression en édictant de nouvelles normes bancaires imposant des obligations plus strictes concernant les créances douteuses. En intervenant auprès de Cajasur, qui accumulait les pertes avec 8% de crédits douteux,  la Banque centrale veut en réalité montrer qu’elle entend faire respecter ces réformes.

Crainte justifiée ?

Trappe à Dettes : Les banques étrangères plus réticentes à prêter aux espagnoles (cliquez sur le lien)

Cette nouvelle a fait l’effet d’une douche froide au niveau de la plupart des valeurs bancaires, le timing étant pour le moins malheureux, à l’heure où le marché immobilier continue de s’enfoncer et où la crise de la dette dans la zone euro monopolise toute l’attention.

A dire vrai, cette intervention de la Banque centrale d’Espagne ne surprend pas outre mesure car elle était nécessaire pour forcer les cajas à agir.

Bien sûr, la poursuite de la restructuration du marché de l’épargne espagnol est nécessaire et cela va coûter des milliards à l’Etat espagnol, au moment même où des mesures d’économies sont indispensables. 

 La situation est critique, et l’été s’annonce difficile pour les détenteurs d’emprunts d’Etat espagnols.

L'écart de taux entre les emprunts allemand et espagnol culmine.

L’écart de taux entre les emprunts allemand et espagnol culmine.

En effet la mise sous tutelle de CajaSur, suivie de l’annonce du projet de fusion de quatre autres caisses d’épargne espagnoles, a mis en lumière d’éventuels besoins de financement.

 Le fond espagnol de restructuration bancaire ordonnée, ou FROB, peut ainsi emprunter jusqu’à 90 milliards d’euros garantis par le gouvernement, alors que sa dotation initiale était de 9 milliards d’euros. Jusqu’à présent, le FROB n’a vendu qu’un emprunt de 3 milliards d’euros, mais le coût de la restructuration pourrait augmenter. Morgan Stanley estime que ce coût pourrait atteindre 43 milliards d’euros, ce qui engendrerait une forte hausse de la dette espagnole.

Cette évolution pourrait intervenir au mauvais moment. Les emprunts d’Etat espagnols sous-performent, même depuis l’annonce du plan de sauvetage de 750 milliards d’euros de la zone euro. Selon un indice du risque souverain conçu par Citigroup, la dette espagnole reste trop chère, compte tenu des risques qu’elle présente, comparée à celle de l’Italie. En juillet, l’Espagne doit rembourser un emprunt de 16,2 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 7,4 milliards d’euros d’intérêts, explique Citigroup. Au vu du calendrier de financement chargé de cette année, l’Espagne pourrait devoir se reposer davantage sur ses banques pour trouver acquéreur. Cela signifie que l’écart de rendement entre les emprunts d’Etat espagnols et les Bunds devrait rester important. Lorsque le mouvement de panique qui conduit les investisseurs à se précipiter sur les Bunds se calmera et que le rendement de ces titres augmentera, celui des emprunts espagnols devrait également grimper. Et si le programme d’achat d’obligations de la Banque centrale européenne peut décourager les investisseurs de prendre des positions courtes, il ne les incite pas nécessairement à se porter à l’achat.

Cette hausse attendue des rendements pourrait toutefois encourager l’Espagne à poursuivre ses réformes structurelles, alors que le plan de sauvetage de la zone euro et du Fonds monétaire international constitue pour elle un filet de sécurité.

Pour éviter de devoir recourir à ce plan, l’Espagne devra se montrer ferme, notamment envers son système bancaire. Cela pourrait finalement rassurer les détenteurs d’emprunts d’Etat espagnols et d’obligations du FROB, mais cela ne leur évitera sans doute pas un été difficile.

EN COMPLEMENT : Crise de confiance sur l’économie espagnole

Une dégradation de la notation par Fitch, des écarts de taux obligataires avec l’Allemagne au plus haut, une chute historique de l’indice de confiance du consommateur. Voilà en substance les nouvelles de l’Espagne depuis quelques jours. Qu’il s’agisse des agences de notation, des investisseurs ou de ses propres citoyens, tous les indicateurs de confiance sont dans le rouge.

Le pays toujours en récession

Après des années de prospérité, l’Espagne devrait être, avec l’Irlande et la Grèce, un des rares pays européens à connaître une nouvelle année de récession en 2010. D’après les dernières perspectives économiques de l’OCDE, son PIB devrait reculer de 0,2 % (après un déclin de 3,6 % en 2009) avant d’afficher une maigre croissance, de 0,9 %, en 2011.

Avec notamment un taux de chômage de plus de 20 % et une chute des recettes fiscales liée à l’éclatement de la bulle dans le secteur immobilier, la dette publique espagnole a explosé ces dernières années et devrait en principe atteindre 67 % du PIB fin 2010 et 94 % en 2015, selon les dernières prévisions du FMI. « La construction, qui ne représente que 12 % du PIB, a pourvu un tiers des emplois ces quinze dernières années », explique Jesus Castillo, chez Natixis. « Même le secteur du tourisme est aujourd’hui victime de la concurrence des pays du Maghreb », ajoute l’économiste, qui souligne toutefois que le pays reste la troisième destination touristique mondiale, après la France et les Etats-Unis.

Trappes à Dettes : L’immobilier espagnol aussi coupable que la dette d’Etat (cliquez sur le lien)

Pas étonnant dans ces conditions de constater une crainte des investisseurs sur les risques de contagion de la crise grecque vers la péninsule Ibérique. L’écart entre les taux des obligations d’Etat à dix ans de l’Espagne et ceux de l’Allemagne a donc atteint cette semaine un nouveau plus haut, après un bref soulagement à l’annonce du plan de sauvetage de la zone euro de 750 milliards de dollars.

Pour retrouver la confiance des investisseurs, le Premier ministre socialiste, José Luis Zapatero, n’a pas d’autre choix que d’adopter des mesures sévères d’austérité. Au programme : baisse du salaire des fonctionnaires de 5 % dès juin, gel de la revalorisation de certaines retraites l’an prochain et suppression d’une aide à la naissance de 2.500 euros. Les dernières mesures du plan de rigueur ont été votées avec une seule voix d’avance au Parlement la semaine dernière. « Depuis la réélection de Zapatero, en 2008, les lois sont adoptées avec des alliances à géométrie variable », indique Jesus Castillo.

A la crise économique s’ajoute donc l’instabilité politique. Alors que les négociations entre les partenaires sociaux ne semblent pas trouver d’issue, il est probable que le Premier ministre soit amené à élaborer seul une réforme du travail forcément impopulaire. L’adoption du budget 2011 est une autre échéance compromise par la situation politique

CAROLINE MIGNON | JDF HEBDO | 05.06.2010 |

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES : L’Espagne à nouveau face à la fatalité de l’Age d’or par Andreas Höfert (cliquez sur le lien)

Trappes à Dettes : Viva Espagna !!! Bienvenue dans le Cirque de Zavaterro …. (cliquez sur le lien)

Trappe à Dettes : L’Espagne rattrapée par les excès de la bulle immobilière (cliquez sur le lien)

Wall Street Journal : Trappe à Dettes/La croissance, principal problème de l’Espagne (cliquez sur le lien)

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