Etats-Unis

Innovation/Cellules souches : suspension des fonds publics américains

Innovation/Cellules souches : suspension des fonds publics américains

Aux Etats-Unis, un juge a donné raison aux associations opposées à la destruction d’embryons humains, nécessaires à la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Un revers pour le président Barack Obama qui s’était personnellement impliqué dans ce dossier sensible.

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Marche arrière aux Etats-Unis : le financement public de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, autorisé par le président Obama peu après son arrivée au pouvoir, est désormais suspendu. Le juge Royce Lamberth, du tribunal fédéral de Washington, a en effet donné raison aux associations chrétiennes qui avaient déposé plainte en juin dernier.

Les cellules souches embryonnaires, à la différence des cellules souches adultes, proviennent d’embryons humains aux premiers jours de leur développement. Elles représentent un domaine de recherche très prometteur pour de nombreux scientifiques qui ambitionnent de les transformer en d’autres cellules cardiaques, pancréatiques ou cérébrales afin de remplacer les cellules endommagées ou malades. Elles pourraient ainsi constituer une piste pour soigner le diabète, la maladie de Parkison, Alzheimer ou encore les blessés de la moelle épinière.

Un domaine de recherche controversé

Mais ce domaine de recherche prometteur se heurte à un débat bioéthique complexe. Le prélèvement des cellules souches embryonnaires entraîne en effet nécessairement la destruction de l’embryon humain. Si, comme les associations chrétiennes plaignantes, on considère qu’un embryon est déjà un être humain à part entière, alors les conséquences de ces recherches apparaissent inacceptables.

Lorsque les instituts nationaux de santé américains (NIH) découvrent les cellules souches embryonnaires en 1998, l’amendement Dicker-Wicker interdit depuis deux ans l’utilisation de l’argent public pour des opérations qui impliquent la destruction d’embryons humains. En 2001, George W. Bush entre à la Maison Blanche et interdit l’emploi de fonds publics pour la recherche sur ces cellules souches pour des raisons morales et religieuses. Mais les financements privés restent autorisés.

Pour sa part, Barack Obama a fait de ce dossier sensible un des combats pour le «changement» lors de sa campagne présidentielle. En mars 2009, le nouveau président des Etats-Unis révise le décret signé par son prédécesseur, suscitant de grands espoirs au sein de la communauté scientifique. Il établit la distinction entre, d’une part, le processus de prélèvement des cellules souches qui détruit les embryons, pour lequel le financement public reste interdit, et, d’autre part, la recherche même sur les cellules déjà prélevées qui pourra être soutenue par des fonds publics.

Statu quo selon le juge Lamberth

Pour le juge Royce Lamberth, cette distinction n’est pas valide : «la recherche sur les cellules souches embryonnaires est clairement une recherche qui implique la destruction d’un embryon», écrit-il dans un rapport. Il ajoute que la suspension du financement public «ne va pas véritablement gêner les chercheurs car elle va simplement préserver le statu quo et ne les empêchera pas d’obtenir des fonds privés pour leurs recherches». Il précise enfin que sa décision ne nuit pas non plus aux malades pour qui les résultats des recherches sur les cellules souches embryonnaires restent hypothétiques.

L’administration Obama peut désormais faire appel de ce jugement ou bien attendre l’examen du dossier sur le fond par une cour. Le juge Lamberth estime néanmoins que les associations chrétiennes qui ont déposé plainte «ont démontré qu’elles avaient de fortes chances de gagner sur le fond».

Amsili, Sophie | JDF | 24.08.2010 |

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