Le Chien Jaune par The Wolf
Début Janvier, la Banque Populaire de Chine (PBoC) a de nouveau relevé son taux de réserves obligatoires de 50 pbs à 19.5 %, portant le cycle de resserrement à 300 pbs. Une enquête menée par Reuters en décembre auprès d’économistes montre que ce taux est attendu à 20% d’ici juin. Cela fait suite à une hausse des taux d’intérêt de 25 pbs le jour de Noël, et devrait drainer 360 mds RMB (55 mds USD) hors du système financier. L’annonce a suivi la publication des statistiques monétaires et de crédit. La croissance monétaire a connu une nouvelle accélération en décembre à 19,7 % sur un an et les nouveaux crédits ont dépassé les attentes en atteignant 481 mds RMB, portant le total des nouveaux prêts à 7 950 milliards de RMB sur l’année 2010 (bien au-delà de l’objectif des autorités). Cette tendance semble se poursuivre en 2011 : les banques chinoises ont ainsi accordé pour 1.200 milliards de yuans (134 milliards d’euros) de prêts du 1er au 24 janvier, soit plus de deux fois plus qu’au mois de décembre et environ 15 % du montant total des prêts qu’elles avaient octroyés en 2010. Cette hausse du volume des prêts va à l’encontre de l’objectif du gouvernement (Le montant des nouveaux prêts doit être contenu cette année dans une fourchette de 7.200 milliards à 7.500 milliards de yuans) de freiner le montant des liquidités en circulation dans l’économie chinoise, dont la rapide augmentation est en partie à l’origine de l’accélération de l’inflation dans le pays.
PLUS DE DOG DAY EN SUIVANT :
UNE BULLE CHINOISE SUR L’ IMMOBILIER
Tout cela rappelle l’histoire de Sherlock Holmes sur le chien de garde qui n’aboyait jamais la nuit. La PBoC présente le même syndrome : les autorités interviennent généralement après l’annonce des statistiques mensuelles.. Même si l’inflation présente décélère, 2011 se caractérisera par des craintes inflationnistes. La hausse des prix sur un an pourrait atteindre 6% certains mois, selon le Zhongguo Zhengjuan Bao (China Securities Journal).L’inflation a atteint 3,3% sur l’année 2010 et Le taux d’inflation annuel a en effet atteint un plus haut de 28 ans à 5,1% en novembre, reflétant notamment la hausse des prix de l’alimentation et de l’immobilier, avant de retomber à 4,6% le mois dernier.
Moins souvent citée, la troisième cause d’inflation en Chine est à chercher dans les travaux d’Arthur Lewis. Prix Nobel d’économie en 1979, ce chercheur britannique avait défini «un point de retournement» à partir duquel les salaires dans les pays en développement commencent à augmenter rapidement.
Arthur Lewis
En d’autres termes, pendant une période, l’arrivée sur le marché du travail de la main-d’œuvre qui quitte la campagne permet de maintenir le coût du travail au plus bas. Arthur Lewis estime cependant qu’à un moment l’équilibre est rompu, et que les salaires augmentent alors de façon rapide et structurelle.
Stephen Li Jen l’économiste en chef de Bluegold, un hedge fund s’est dit convaincu que la Chine a franchi ce «point de Lewis» l’an passé. et «nous n’en avons pas encore mesuré toutes les conséquences». En particulier, sur le prix des produits «made in China» vendus sur toute la planète. Les économistes de la banque japonaise Nomura estiment eux aussi que la Chine«est entrée dans une nouvelle ère de raréfaction du travail». L’an passé, après le suicide de plusieurs employés, Foxconn a annoncé plus que doubler les rémunérations. D’autres ont suivi. Chez Honda, la paie a progressé de 24%. Au cours des douze derniers mois, le salaire mensuel minimum en Chine a augmenté de 20% à 88 dollars, note Nomura. Il dépasse celui en vigueur au Cambodge ou au Bangladesh. Les entreprises chinoises risquent dès lors de perdre une partie importante de leur avantage compétitif, soulignent Nomura
Sur l’ensemble de 2010, la Chine a relevé six fois le coefficient des réserves obligatoires de liquidités pour les banques et deux fois ses taux d’intérêt. La Chine souffre d’un excès de croissance monétaire, celle-ci atteignant 35 % du PIB, quasiment le taux le plus élevé depuis 15 ans.On parle déjà d’une nouvelle hausse des taux courts avant le nouvel an chinois le 3 février prochain.
L’année 2011 sera donc critique pour la Chine qui fera de plus l’objet d’une transition politique en vue d’une nouvelle direction en 2012. Ce sera aussi une année clé pour l’évolution du cycle économique. Les responsables politiques actuels seront, dit-on, réticents à faire évoluer la politique de manière significative avant leur départ, tandis que les nouveaux responsables ne devraient pas prendre de mesures radicales lors de leur accession au pouvoir.
Cela contraste avec le comportement des démocraties occidentales. Dans ces systèmes, les nouveaux responsables politiques sont prompts à rejeter la responsabilité des ennuis sur leurs prédécesseurs, mais en Chine il est probable que les nouveaux venus attendent que les problèmes se manifestent pleinement – ne subissant pas les contraintes d’un électorat exigeant et impatient. Le danger serait que les responsables politiques agissent avec un temps de retard, ce qui inquiéterait les marchés. Les trois prochains mois seront déterminants, car la date du nouvel an lunaire rendra les comparaisons statistiques difficiles et il faudra sans doute attendre le 2ème trimestre pour juger de la capacité de la Chine à gérer son problème de surchauffe. Cela promet des marchés volatils
EN COMPLEMENT : Correlation Shangai composite/Dow Jones
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La bulle chinoise va éclater
La croissance de l’économie chinoise semble irrésistible. Pourtant, elle va bien finir par ralentir et cela ne sera pas sans conséquences sérieuses politiques et sociales en Chine et économiques et financières pour le reste du monde.
Personne ne sait évidemment quand la bulle chinoise va éclater, mais aujourd’hui certains hedge funds (fonds d’investissement spéculatif) parmi les plus célèbres et les plus perspicaces commencent ouvertement à parier sur un krach chinois comme le souligne The Christian Science Monitor. Des gestionnaires très répétés comme Hugh Hendry d’Eclectica Asset Management et Mark Hart de Corriente Advisors ont adopté cette stratégie.
Mark hart
D’abord, parce qu’ils sont très sceptiques sur la réalité des chiffres de croissance annoncés par le gouvernement chinois. Le Pib chinois aurait augmenté de 10,2% en 2010. Ensuite, les stratèges financiers considèrent que si ces chiffres sont proches de la réalité, il n’est pas possible qu’ils se répètent à nouveau et plusieurs échecs récents de grands investissements en Chine comme Ordos Shi et le South China Mall confortent leur raisonnement.
Le quotidien britannique The Telegraph a publié un article de la même tonalité et cite Mark Hart de Corriente Advisors. «Le gérant du hedge fund américain qui a gagné des millions de dollars en prédisant à la fois la crise des subprimes et celle de la dette souveraine européenne, a lancé un fonds construit sur la croyance qu’aujourd’hui la Chine n’est pas le moteur essentiel de la croissance mondiale mais le plus grand risque pour cette croissance mondiale».
Cela fait déjà un moment que des universitaires et des économistes mettent en garde contre le risque chinois. Mais le fait que des hedge funds qui avaient notamment prévus les précédentes grandes crises financières parient aujourd’hui sur une crise chinoise imminente change la donne. Un universitaire cité par The Telegraph souligne ainsi que «les économistes ont des points de vue contrariants en permanences, mais ces hedge funds mettent leur argent en jeu et leurs analyses sont particulièrement méticuleuses. La multiplication de fonds pariant sur une déroute chinoise est un signe fort».
Une étude récente menée par l’agence de notation Fitch conclut que si la croissance chinoise annuelle tombe à 5% en 2011 au lieu des 10% attendus, le prix des matières premières pourrait plonger de 20%. La Chine fixe en quelque sorte aujourd’hui le prix mondial du pétrole, du charbon et des métaux de base. Corriente Advisors est encore plus explicite: «nous estimons que les conséquences économiques d’un ralentissement chinois lié à un niveau insoutenable de crédits et de croissance seront aussi spectaculaires que les conséquences des surperformances chinoises de la dernière décennie».
source slate janv11
EN BANDE SON :
“L’année 2011 sera donc critique pour la Chine” … tandis que pour les autres Etats de la planète, tout ira de mieux en mieux.
Egypte : Lafarge et Crédit Agricole évacuent des expatriés et leurs familles.
Le groupe de matériaux de construction Lafarge a décidé dimanche d’évacuer d’Egypte l’ensemble de ses expatriés ainsi que leurs familles, et le Crédit Agricole organisait le retour en France des familles de ses employés, alors que le pays est en proie à une révolte populaire.
Des hordes de touristes, d’expatriés et d’Egyptiens angoissés ont pris d’assaut dimanche les guichets de départ de l’aéroport du Caire, cherchant à tout prix à quitter le pays.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=e299c6ef8673a2dad313b5f50eb3501a
Les bourses des pays arabes du Golfe, à l’exception de celle d’Arabie saoudite, ont plongé dimanche sous l’effet des tensions en Egypte, où le régime est secoué par une contestation populaire sans précédent.
A la Bourse de Dubaï, l’indice DFM a clôturé en baisse de 4,32% à 1.543,02 points, après avoir ouvert en recul de plus de 6%. Le géant immobilier Emaar Properties, titre vedette du marché, a perdu à l’ouverture 10%, le seuil maximum autorisé par les régulations, avant de fermer en recul de 8,26%. Emaar Properties, qui a construit Burj Khalifa, la tour la plus haute monde, compte plusieurs projets en Egypte.
La compagnie aérienne Air Arabia de Charjah, l’un des sept membres de la fédération des Emirats arabes unis, a plongé de près de 10%, avant de terminer la séance en baisse de 6,09%. Ce transporteur à bas prix, le plus important du Moyen-Orient, a une plate-forme opérationnelle en Egypte.
La plus forte baisse de Dubaï restait le groupe Arabtec (bâtiment), qui opère en Egypte, qui perdait 9,5% en début de séance et a terminé à en recul de 6,74%.
D’autres marchés du Golfe étaient également en baisse.
La Bourse d’Abou Dhabi a perdu 3,74% à 2.559,89 points durant les premiers échanges, avant de fermer en baisse de 3,68%. Le géant des télécommunications Etisalat, qui opère en Egypte par le biais d’Etisalat Misr, a perdu 3,35% avant de terminer la séance en baisse de 2,87%.
A Koweït, la Bourse, deuxième marché arabe après l’Arabie saoudite, a perdu 2,14% pendant les premiers échanges, puis a terminé en recul de 1,76% à 6.822 points.
La Bourse du Qatar a ouvert sur une baisse de plus de 5%, avant de se reprendre pour terminer en perte de 2,95%, alors que celles d’Oman et de Bahreïn ont perdu respectivement 3,02% et 1,43%.
Le marché saoudien, le plus important du monde arabe, avait cédé 6,43% et clôturé à 6.267,22 points samedi, où il était le seul ouvert de la région. Dimanche, il faisait exception : il a récupéré une partie de ses pertes, fermant en hausse de 2,47% à 6.421,97 points.
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/egypte-les-bourses-du-golfe-a-l-exception-de-l-arabie-dans-le-rouge-30-01-2011-1277388.php
Le lien sur slate.fr pointe à mon avis “le” problème centrale. Le Japon hier et la Chine aujourd’hui avaient décidé d’arrimer leur monnaie au dollar. Comme ce dernier continue à se dévaluer, les monnaies asiatiques doivent suivre le pas. Elles accumulent des réserves de change en créant de la liquidité interne pour acheter des T-Bonds. Les banques ont des réserves excédentaires. C’est comique de se dire que le scénario japonais pourrait se reproduire avec la Chine.
Il y a parfois des graphiques qui parlent d’eux-mêmes. A tel point que l’analyste n’a pas besoin de trouver des mots modérés, ni s’inquiéter s’il a commenté la situation avec la neutralité nécessaire, mais juste à laisser le lecteur se faire son jugement.
Selon la Fed, le total de la dette américaine (Total credit market debt outstanding) financée par les marchés de crédit à la fin du troisième trimestre 2010 était de 52 200 milliards de dollars.
Le passif total de tous les secteurs (Total Liabilities) des Etats-Unis, publié par la Fed dans le Flow of Funds Matrix, s’élevait à 139 500 milliards de dollars fin 2009.
Début 2011, ce chiffre a dépassé les 140 000 milliards de dollars.
Pour mémoire, le PIB américain s’établit à environ 14 575 milliards de dollars
http://www.moneyweek.fr/20110147120/conseils/marches-etrangers/fed-surendettement-dollar/