L’enjeu pétrolier de l’intervention militaire en Libye
Implication militaire proportionnelle aux relations économiques ?
Source The Economist
EN LIEN : THE POLITICS BEHIND THE PUSH PAR THE ECONOMIST
PLUS DENJEU EN SUIVANT :
Le marché pourrait être privé du brut libyen beaucoup plus longtemps que prévu
Et si Mouammar Kadhafi sabotait les installations pétrolières libyennes, détruisant à long terme les capacités pétrolières de son pays ?
Ce scénario de la terre brûlée n’est pas à exclure, estime Pierre Terzian expert chez « Pétrostratégie ». Etant donné la personnalité du guide libyen, s’il se trouvait acculé, rien ne pourrait l’empêcher de lancer des mines sur les têtes de puits, les pipelines ou les terminaux pétroliers dans les zones qu’il contrôle. Il y a un précédent dans l’histoire récente : en 1991, le dictateur irakien Saddam Hussein, forcé de se retirer du Koweït par la coalition occidentale, avait ordonné la destruction de tous les puits de pétrole de l’Emirat : 732 puits furent la proie des flammes. Rétablir les capacités pétrolières fut long, avec en prime une grave pollution du sol koweitien jusqu’aujourd’hui.
A court et moyen terme, cependant cette hypothèse n’est pas d’actualité, estiment de concert de « Petromatrix » et Francis Perrin de « Pétrole et gaz arabes ». Contrairement aux partisans de Saddam Hussein, qui ne contrôlaient pas de puits de pétrole en Irak, les tribus fidèles à Kadhafi qui possèdent des gisements de pétrole n’ont aucun intérêt à tuer la poule aux œufs d’or, même dans le cas où leur leader tomberait. Il faudra bien reconstruire le pays « avec » le pétrole. Pour l’instant, il est surtout envisageable qu’on s’oriente soit vers un enlisement, soit vers un cessez-le-feu et donc une partition de fait du pays, et dans ce cas, le pétrole libyen encore aux mains de Kadhafi trouverait toujours des clients moins regardants, russes ou chinois.
Dans l’immédiat, entre les sanctions, les destructions dues aux affrontements armés et le départ des compagnies étrangères, les trois quart du brut libyen manquent déjà au marché mondial. Même sans anéantissement volontaire et total, les capacités pourraient mettre un an à un an et demi à se rétablir totalement. Pour l’instant c’est plus la contagion des violences chez les voisins de l’Arabie Saoudite, le plus grand producteur de l’OPEP, que ce scénario du pire en Libye, qui inquiète les marchés et fait grimper les cours.
Par Claire Fages/ rfi mars11