Scène de Ménage au Portugal par The Wolf
Quand l’économie et la politique ne font plus bon ménage…
La démission du Premier Ministre, M. Socrates, a déclenché une crise politique. Après cette démission, il est de plus en plus probable que le Portugal se tourne vers l’UE/le FMI en vue d’un sauvetage, bien que ce chef de gouvernement ait estimé mensongérement que cela n’était pas nécessaire.
Selon les estimations du consensus, le Portugal aurait besoin d’un financement externe de 70-80 milliards d’euros. Sans surprise, les Agences de Notation S&P et Fitch ont donc dégradé la notation souveraine du Portugal de deux rangs à respectivement BBB et A-, tout en les maintenant sous surveillance négative. Par ailleurs, Moody’s l’a déjà noté A3.
Par ailleurs rien n’a laissé présager durant le dernier sommet européen qu’un plan de sauvetage était imminent, l’Allemagne ayant déclaré qu’il était au préalable « indispensable » que le nouveau gouvernement du Portugal souscrive aux mesures nécessaires pour venir à bout de ses problèmes de solvabilité.
D’après la loi portugaise, les élections ne peuvent avoir lieu avant 55 jours. Parallèlement le pays doit faire face à un refinancement de sa dette de 9 milliards d’euros mi-avril et mi-juin, un timing inopportun durant cette campagne électorale.
Le Portugal souffre d’un manque de compétitivité qui s’est traduit par une dette externe importante. Sa position budgétaire se compare pourtant favorablement à d’autres, avec un déficit de 7 % en 2010 contre 6,3 % pour la zone euro et 10,5 % au Royaume-Uni. Le problème tient à sa compétitivité externe, les coûts unitaires du travail du secteur manufacturier ayant augmenté de 23 % entre 1999 et 2010, contre 6 % en Allemagne. Vu le niveau élevé de la dette des ménages, l’austérité visant à réduire les coûts unitaires du travail passe par une baisse des salaires (ou une hausse du chômage) qui induirait un repli des recettes fiscales et une hausse des provisions bancaires, donc plus de pression sur la solvabilité budgétaire
L’incertitude politique concerne la campagne électorale et la capacité des Portugais à accepter l’austérité requise. Les politiciens dans le nord subissent également la pression de leurs propres électeurs afin de ne pas financer le sud du pays.
Le dernier sommet européen a établi un processus permanent de règlement des crises de la dette dans la région jusqu’en 2013 et au-delà, grâce à la mise en place du Mécanisme de Stabilité Européen (MSE) qui remplacera le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF). La question est de savoir si ce nouveau mécanisme rend plus probable un défaut, les crédits du MSE étant considérés seniors par rapport aux investisseurs privés, contrairement aux crédits du FESF qui se situent sur le même plan. Il est probable que cela incite les créanciers privés à vendre leurs obligations avant 2013, ce qui rendrait ces marchés obligataires encore plus sensibles à une reprise de l’activité….
Le cercle est vicié…le cercle est bouclé
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