Art de la guerre monétaire et économique

Risque Géopolitique : Mer de Chine méridionale, la mer de tous les dangers

La mer de tous les dangers

source Wall Street Journal

Les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale – pétrole, puissance géopolitique – irritent de plus en plus ses voisins, malgré les discours rassurants des autorités chinoises.

source The Economist

Certains voient déjà en elle un «prochain golfe Persique». La mer de Chine méridionale est supposée richissime en pétrole et en gaz. Et c’est l’un de ses problèmes. L’autre étant qu’il s’agit d’une route maritime de la plus haute importance stratégique, dont la délimitation de l’espace territorial est disputée par au moins six pays parmi lesquels la principale puissance conquérante de ce début de siècle: la Chine.

PLUS DE RISQUE DE GUERRE  EN SUIVANT :

Soif d’hydrocarbures, ambitions géopolitiques et querelles de frontières forment un cocktail extrêmement malsain qui pourrait bien faire de cette mer l’épicentre de tous les dangers. La résolution négociée du partage de ses ressources représente le principal test à l’«émergence pacifique» qu’affirme vouloir suivre la Chine. Pékin – qui revendique l’essentiel de la mer de Chine méridionale au nom d’une carte dressée sous la République de Chine (dont les héritiers politiques sont réfugiés à Taïwan depuis 1949) – irrite en effet de plus en plus ses voisins par ses actes de police.

Le dernier épisode de cette crispation met aux prises Hanoi et Pékin ces jours-ci. Le Vietnam et la Chine s’accusent mutuellement de violer leur espace territorial et les invectives pleuvent. Dans un geste inhabituel, Hanoi a autorisé des manifestations de plusieurs centaines de personnes devant les représentations chinoises et ouvert Internet – normalement strictement censuré – à une virulente critique anti-chinoise.

 Deux accrochages maritimes sont à l’origine de cette colère: fin mai, puis à nouveau ce jeudi, des navires de la compagnie PetroVietnam ont été arraisonnés par des bateaux de pêche ou de surveillance chinois qui ont au passage sectionné leurs câbles d’exploration.

Ce n’est pas la première fois que ce type d’incident se produit. L’automne dernier, une vidéo montrant l’intervention de troupes chinoises contre un îlot occupé par des soldats vietnamiens avait encore jeté de l’huile sur le feu. La méfiance atavique des Vietnamiens envers le voisin du nord est nourrie par une longue histoire d’occupation par l’empire chinois (un millénaire) et une dernière guerre en 1979.

Mais il n’y a pas que les Vietnamiens qui accusent la Chine d’hégémonie. Au début du mois, c’était Manille qui protestait auprès de Pékin contre un regain d’activités en mer de Chine méridionale. Les Philippines soupçonnent les Chinois de vouloir construire une plate-forme pétrolière près d’un îlot de l’archipel des Spratley dont les eaux sont contestées. En 2002, la Chine et les dix membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) étaient tombés d’accord dans une déclaration commune pour établir un code de conduite permettant de gérer ces différends frontaliers et ainsi éviter les conflits. Rien ne s’est fait depuis. Si les accusations de Manille étaient confirmées, ce code serait mort-né. Pékin a jusqu’ici ignoré la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 qui délimite les espaces maritimes.

La présentation il y a peu du premier porte-avions chinois qui sera opérationnel dès cet été a achevé d’inquiéter l’ensemble des Etats avoisinant la mer de Chine méridionale. Le navire en question est un vieux modèle soviétique des années 1980 racheté à l’Ukraine il y a treize ans. Si sa valeur militaire laisse les spécialistes sceptiques, sa force symbolique n’en est pas moins très importante.

La Chine pourra désormais transporter sa puissance aéronavale jusqu’aux confins méridionaux de cette mer qu’elle pense lui revenir de droit, c’est-à-dire aux portes de la Malaisie. Pékin cherche à rassurer ses voisins en tenant un langage responsable avec la promesse d’une harmonie asiatique assurée par les Asiatiques. Les craintes suscitées par sa mainmise – réelle ou fantasmée – n’en pousse pas moins ces mêmes pays asiatiques à s’assurer de plus en plus de la protection des Etats-Unis et pour certains, comme le Vietnam, de l’Inde….

Par Frédéric Koller/le temps juin11

2 réponses »

  1. Article très intéressant, merci, de même que pour la publication et les illustrations et graphiques sur le prix désormais élevé du nucléaire ! 😉

    Un point de vue complémentaire sur la stratégie chinoise, HSBC étant un observateur très bien implanté en Asie :

    Extrait :

    La Chine affiche entre autres des ambitions territoriales impériales, en revendiquant officiellement depuis juillet 2010 sa souveraineté exclusive sur la mer de Chine du sud. Cela vise à écarter la septième flotte américaine de l’Asie orientale. Cela vise aussi à s’emparer d’un sous-sol qui regorge de pétrole et de gaz. Des richesses aussi convoitées par les autres riverains, Vietnam, Malaisie et Philippines. Cet acte, dénoncé à juste titre comme arbitraire et injustifiable par le Vietnam et les Etats-Unis, peut être comparé à la revendication unilatérale des Sudètes par l’Allemagne nazie le 15 septembre 1938… En matière d’armement, la Chine rattrape rapidement son retard sur les Etats-Unis. Elle s’est dotée d’une flotte considérable de sous-marins nucléaires. Elle a mis au point un missile antisatellite, un chasseur bombardier furtif et un missile anti-porte-avions, qui menace l’avantage naval de l’Amérique. L’empire du milieu a aussi réalisé un tunnel anti-nucléaire de 5.500 kilomètres équipé de lance-missiles nucléaires rétractables permettant de punir le pays qui oserait agresser la Chine par surprise. Outre les missiles nucléaires sont maintenus en permanence dans ce tunnel une partie de l’Etat-major du Parti et de l’Armée, du personnel militaire, de l’eau potable, des vivres, des médicaments… Un pays ne déploie pas autant d’efforts s’il n’a pas de réelles visées à l’international.

    Article complet :

    http://www.capital.fr/bourse/interviews/la-chine-est-responsable-de-la-crise-des-pays-riches-et-vise-a-l-hegemonie-mondiale-603537

Laisser un commentaire