Quand la Chine s’endormira ? par The Wolf (actualisé le 29/6/2011)
source The Economist
Les mauvaises nouvelles semblent continuer de s’abattre sur la Chine. Contraintes sur le secteur immobilier, hausse des taux de réserves obligatoires des banques et des taux d’intérêt directeurs, contrôle des prix, discussions autour des taxes possibles sur les dividendes et sur les matières premières, autant d’éléments qui attisent le sentiment d’étouffement des investisseurs.
PLUS DE WOLF EN SUIVANT :
source The Economist
Les derniers indicateurs économiques chinois ont confirmé le ralentissement de l’activité sans pour autant indiquer pour l’heure un attérissage brutal de l’économie chinoise. Et ceci si l’on en croit, les chiffres de production industrielle (tout juste mais au dessus des 50 points depuis le début de l’année), de la consommation domestique (+16,9% YoY au mois de mai) et de l’immobilier – secteur pour lequel la croissance des profits 2011 a due être revue à la hausse en mai-, confirmant ainsi que la Chine se trouve toujours en phase d’expansion économique( mème si c’est à coup de spéculation éffrenée et jusqu’ici de débauche de liquidité allouée de manière inefficace).
Les signes sont cependant de plus en plus nombreux à attester d’un ralentissement, comme en témoigne la détérioration de l’indice des directeurs d’achat dans le secteur manufacturier, la décélération de la croissance du crédit et la baisse des commandes. Si un atterrissage en douceur semble encore le plus probable, les conditions monétaires de plus en plus “restrictives” mettent néanmoins en garde contre tout excès de confiance.Les chiffres de la masse monétaire et du crédit ont été en effet inférieurs aux prévisions. La croissance des agrégats monétaires M1 et M2 a marqué le pas à respectivement 12,7 % et 15,1 % en année glissante, tandis que les nouveaux prêts ont été estimés à 552 milliards RMB, bien en-deçà des 740 milliards RMB d’avril et des 650 milliards RMB prévus par le consensus.
En pratique, les contraintes attachées au secteur bancaire visent plus à neutraliser les flux élevés de capitaux étrangers entrants qu’à étouffer la liquidité domestique.Mais en réalité c’est bien une combinaison des deux phénomènes qui prédomine sur le terrain.
Jusque-là enthousiastes, les investisseurs semblent donc être passés sur le mode prudence s’attendant de la part de la Banque centrale chinoise à une hausse des taux courts en rafale .
source Wall Street Journal
La viande de porc n’a jamais été aussi chère en Chine
Voilà une denrée qui fait grimper l’indice des prix à la consommation sur lequel les autorités chinoises ont les yeux rivés : le porc. Viande largement préférée des Chinois, son prix a pratiquement doublé par rapport à la même période l’an dernier.
A près de 28 yuan soit trois euros le kilo, on a dépassé de 2 yuan le record historique du printemps 2008. Comme il y a trois ans, on retrouve des causes similaires à cette envolée : les prix très bas du porc en 2010 avaient découragé les éleveurs de poursuivre dans cette activité. Le gel de l’hiver dernier a ensuite décimé des élevages déjà réduits, puis la peste porcine en début d’année a définitivement créé une pénurie de porcelets.
Enfin le prix du maïs, pour les engraisser, s’est mis, on le sait, à grimper sur la base des mauvais rendements annoncés aux Etats-Unis, puis en Chine même. Le record des prix de la céréale en mars dernier, on le retrouve aujourd’hui dans l’augmentation des prix du porc, plus 5% en une semaine, plus 25% en un mois et demi.
Si les prix du porc en Chine ont dépassé ceux de 2008, en revanche, les profits des éleveurs se sont réduits, ils doivent non seulement affronter des dépenses de nourriture animale moitié plus importantes depuis janvier, mais aussi des augmentations de salaires de 20%, et des factures d’électricité, d’eau et de transport en hausse. Mais on soupçonne parfois certains de ne pas mettre sur le marché toutes les bêtes dont ils disposeraient, dans l’attente de meilleurs prix encore.
Dans ces conditions, difficile pour le gouvernement de réguler les prix du porc. Il ne peut pas aussi facilement gérer des stocks de bestiaux que des stocks de céréales ou d’huile pour calmer les prix sur le marché intérieur. Pékin a d’ailleurs doublé ses importations de maïs au mois de mai dernier, par rapport à 2010. De la même manière, même si c’est une infime partie de ses besoins, la Chine a importé moitié plus de porc, principalement des Etats-Unis, depuis le début de l’année.
Source RFI
L’inflation en Chine serait semble-t-il appelée à culminer d’ici 1 ou 2 mois et le consensus table sur un pic d’inflation aux alentours de 6 % en milieu d’année (d’ici peu donc). Et ceci mème si Wen Jiabao, le 1er Ministre chinois, en plein déni de réalité et dans la plus plus pure tradition maoiste proclame “la victoire sur l’inflation”
Le sentiment grandissant parmi la communauté « sell-side » est donc plutot que la Chine se dirige vers un atterrissage brutal. Pour l’heure la Chine est encore témoin d’une forme modérée de stagflation, caractérisée par une croissance en baisse et une inflation en hausse.
Les implications boursières du ralentissement sont autant extérieures qu’intérieures à la Chine.
source Bespoke
L’impact potentiel sur les matières premières est bien connu.
Mais, il ne faudrait pas oublier les possibles conséquences sur les exportations européennes.
Il existe en effet un lien de plus en plus étroit entre la croissance des exportations allemandes et la croissance de la masse monétaire chinoise au sens large . Bien que la part des exportations vers la Chine reste modeste à environ 6 %, elle a progressé très rapidement. De plus, la Chine est désormais une destination d’export aussi importante que les Etats-Unis. Le risque est de voir un resserrement monétaire excessif en Chine en 2011 conduire à un ralentissement au sein des pays centraux de la zone euro en 2012. Aussi, si les investisseurs ont raison de s’inquiéter de la santé de l’économie américaine, ils devraient également prier pour un ajustement prudent en Chine.
D’autant plus puisque l’on est à parler d’exportations le modèle mercantiliste chinois connait quelques ratés sous la pression d’une réévaluation du yuan emmené par une inflation galopante. Pour en juger il suffit de poser un oeil attentif sur le graph qui suit :
source The Business Insider
Autres éléments qui incitent à la prudence et là pour une fois les chiffres en Chine ne mentent pas : la Chine est l’un des pays pour lesquels la révision de la croissance des profits des entreprises se poursuit à la hausse, +20% pour 2011, +17% pour 2012 et ceci malgré des signes évidents de ralentissement économique. Corollaire de cette “exubérance(avidité) irrationnelle” on obtient pour le Marché chinois un PE2011 de seulement 11x. Ce qui signifie que Shanghaï se traite désormais à un même niveau qu’en octobre 2008 au coeur de la crise , ce qui peut sembler très excessif,mais qui ne l’est pas si l’on se place en position contrariante de penser qu’en termes de profit des entreprises chinoises le meilleur est désormais derrière nous….D’autres vous diront que tout cela peut constituer un point d’entrée sur les marchés historiquement bas … (pour les plus téméraires serait on tenter d’ajouter)….Le Ying et le Yang en quelque sorte réuni dans une mème facette bousière… Toute chose égale l’important en Chine comme ailleurs ètant de ne pas perdre la face…et d’y lisser ses investissements.
The Wolf
EN COMPLEMENT : La Chine et l’orchestration de la fin du resserrement monétaire ou “extend and pretend” à la mode chinamerica
La bourse chinoise a bien rebondi la semaine dernière, et ce, malgré la hausse concomitante des taux d’intérêt sur le marché monétaire. Le taux interbancaire à trois mois de Shanghai a atteint 7,2%, soit son plus haut niveau depuis cinq ans, avant de se replier sous l’effet de l’augmentation des réserves obligatoires (qui a pris les banques par surprise en retirant brutalement des liquidités au système bancaire).
Il fut dès lors intéressant de prendre connaissance de la publication par le premier ministre Wen Jiabao d’un article dans le Financial Times de vendredi dernier(comme signalé plus haut), expliquant que la Chine traitait le problème de l’inflation.
Mr Wen est manifestement très confiant, déclarant que «le niveau global des prix était sous contrôle et devrait même faire l’objet d’une nette décélération». Cela est d’autant plus intéressant que le même Mr Wen déclarait en avril dernier que les pressions inflationnistes étaient élevées. Alors qu’a-t-il bien pu se produire en seulement deux mois, hormis la hausse du taux d’inflation «headline» qui s’est apprécié de 5,4% à 5,5% ?
C‘est le fait que les commentaires de Mr Wen étaient destinés à public externe en prévision de son voyage en Europe, contrairement à ses déclarations préoccupantes du mois d’avril qui visaient, quant à elles, la consommation domestique.
A l ‘image du grand emprunt en France et selon les mèmes ficelles politicokeynésiennes à la sauce prélectorale les autorités chinoises annoncent prématurément leur victoire contre l’inflation et la surchauffe,pour ainsi de mettre en place et légitimer un nouveau plan de relance… à un moment particulièrement opportun avant la transition politique de 2012.
Du point de vue économique, on peut craindre et regretter que les autorités ne soient tentées de mettre fin trop tôt au resserrement monétaire, reportant simplement dans le temps les problèmes de surchauffe. Mais du point de vue de l’investissement, le marché des actions chinoises commencera à devenir plus intéressant si la politique de resserrement monétaire arrive à son terme.Voilà qui en tous les cas qui devrait faire taire tous ceux qui croient encore à la prééminence de l’économique sur le politique….
EN BANDE SON :
Catégories :Art de la guerre monétaire et économique, Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise, Chinamerica, Commentaire de Marché, Cycle Economique et Financier, Europe, Immobilier, Inflation, inflation importée, monétarisation de la dette, L'Etat dans tous ses états, ses impots et Nous, l'hérésie keynésienne, Les Editos, Marchés Financiers et Boursiers Actions, Mon Banquier est Central, Monétarisme, The Economist