Art de la guerre monétaire et économique

Les US victimes d’un “surpoids” de dettes publiques… /Too BIG To FAT

Les US victimes d’un  “surpoids” de dettes… 

«Si les Etats-Unis étaient membres de la zone euro, ils feraient sans doute partie des pays en danger», n’hésite pas à affirmer Andreas Höfert, chef économiste d’UBS

source The Big Picture

DETTE US/Les chiffres clés

14343 milliards de dollars: montant de la dette publique américaine, alors que le plafond est fixé à 14290 milliards

92,715: % de la dette publique brute en fonction du PIB (estimations 2010 du FMI)

4000 milliards: économies voulues par Barack Obama sur dix ans

964,8 milliards: les dépenses militaires, soit près de 25% du budget fédéral 2011, dont environ 100 milliards pour l’Afghanistan

882 milliards: dépenses de santé, soit 23% du budget fédéral 2011

1290 milliards: déficit budgétaire en 2010. Ce montant pourrait être dépassé en 2011

15079 milliards: PIB américain

 PLUS DE DETTES  EN SUIVANT :

Les Etats-Unis dans l’impasse budgétaire

Par Sébastien Dubas et Mathilde Farine/le temps

Le Congrès diverge sur la façon de réduire le déficit. Le plafond devrait être relevé, mais cela ne résoudra pas le problème de l’endettement abyssal

 La dette américaine explose. Et sans quelques ajustements techniques rafistolés à la hâte, elle aurait déjà dépassé son plafond autorisé de 14 290 milliards de dollars (environ 11 646 milliards de francs), se retrouvant dans une situation de défaut technique. L’échéance a été repoussée au 2 août, date à laquelle le Congrès doit décider d’un relèvement de cette limite. Pour Barack Obama, il faudrait cependant se mettre d’accord d’ici au 22 juillet, en raison du temps que prendraient les mesures pour être mises en place. L’enjeu est important pour les Américains qui détiennent deux tiers de la dette publique, mais aussi pour les créditeurs étrangers – la Chine en tête – qui en détiennent le tiers restant.

D’où vient le plafond de la dette?

Le plafond de la dette a été introduit en 1917. Il devait permettre au gouvernement américain d’émettre des obligations pour financer l’effort de guerre sans devoir demander à chaque fois l’accord du Congrès. Initialement, il avait été fixé à 11,5 milliards de dollars. Mais depuis, il a été relevé plus d’une centaine de fois.

Pourquoi le plafond n’a-t-il pas été relevé plus tôt?

C’est au Congrès de voter le relèvement du plafond de la dette. Cette fois, républicains et démocrates ont mis comme préalable à l’acceptation d’un tel rehaussement la conclusion d’un accord permettant de réduire les déficits publics. Or, c’est justement là que le bât blesse. Car les deux grands partis divergent sur les méthodes pour y parvenir: d’un côté, les démocrates – majoritaires au Sénat – souhaitent augmenter les impôts et, de l’autre, les républicains – majoritaires à la Chambre des Représentants – préfèrent couper dans les dépenses, notamment dans la santé et le social. L’approche des élections de 2012 rend le compromis encore plus délicat. Le gouvernement a déjà souligné à plusieurs reprises l’urgence d’un relèvement de la limite. Barack Obama n’a pas hésité à prendre l’exemple d’une grand-mère qui ne toucherait plus sa pension en cas d’impasse.

Pour Jan Poser, chef économiste chez Sarasin, «les discussions actuelles sont hypocrites. A partir du moment où l’on s’accorde sur une politique budgétaire, comme l’ont fait les républicains et les démocrates à la fin de 2010, on se doit de trouver une solution visant à ajuster le plafond de la dette».

Les scénarios possibles

Pour la majorité des experts, un accord sera trouvé d’ici au 2 août, probablement à la dernière minute. Reste à savoir de combien serait relevée la limite de l’endettement public.

Dans le cas où aucun accord ne serait trouvé d’ici au 2 août, des parades sont envisagées. «Les Etats-Unis pourraient vendre une partie de leurs réserves d’or pour payer les factures. Ils pourraient aussi, à l’image du président Clinton en 1995, astreindre les employés – qui ne sont pas indispensables à l’administration fédérale – à un congé non payé. Mais dans tous les cas, ce ne serait pas un défaut», explique Jan Poser.

De son côté, Fabrizio Quirighetti, chef économiste à la banque Syz & Co, rappelle qu’il n’y a pas de grandes échéances d’obligations américaines avant le 15 août, ce qui laisse encore quelques jours pour manœuvrer. Et, même si un accord n’était pas trouvé, un défaut technique ne veut pas dire qu’un Etat est insolvable. Cela signifie simplement un délai de paiement. Mieux vaut donc, selon lui, un accord solide avec du retard qu’un simple relèvement du plafond sans discussion sur l’enjeu majeur: le creusement continu du déficit. Enfin, rappelle Andreas Höfert, les Américains disposent d’une arme «atomique» que ne peuvent pas utiliser les Européens face à leur propre crise de la dette: faire marcher la planche à billet pour réduire le déficit.

L’endettement des Etats

L’endettement fédéral inquiète, mais certains Etats eux-mêmes sont aussi dans une situation délicate. «Certaines municipalités sont en faillite. Si l’on ajoute les engagements de chaque Etat, du secteur privé et du secteur financier à la dette fédérale, on arrive à plus de trois fois le montant du PIB. Pour la première puissance de la planète, ce n’est pas très rassurant», avertit Roland Duss, chef économiste chez Gonet & Cie. Le Minnesota s’est d’ailleurs déclaré en faillite depuis le début du mois.

La situation de la Californie, au bord de la banqueroute a souvent été citée. Pourtant, cela relève aussi des «peurs imaginaires», relativise Fabrizio Quirighetti. Les emprunts californiens se montent à environ 380 milliards de dollars. Soit moins que la Grèce en termes absolus et par rapport au PIB (20% pour la Californie, contre près de 140% pour la Grèce), explique-t-il.

Le risque de dégradation de la notation de la dette

Mercredi, Moody’s a mis son grain de sel dans le débat en avertissant se préparer à un abaissement de la notation de la dette si un relèvement du plafond n’était pas décidé dans les temps. Standard & Poor’s est intervenu avec le même ton jeudi soir.

Pour Andreas Höfert, l’éventualité d’une impasse des négociations le 2 août est très faible, mais si elle implique une dégradation de la note, elle serait catastrophique pour les marchés. «Certains fonds pourraient être obligés de vendre et cela provoquerait une hausse des taux d’intérêt à long terme.»

Quelles conséquences pour le dollar?

L’endettement de plus en plus abyssal fait perdre de l’éclat à la devise américaine. «La monnaie est en réalité plus susceptible de vivre des soubresauts que les obligations en cas de mésentente entre les partis», estime Fabrizio Quirighetti. La preuve? «Le dollar recule contre toutes les devises, même l’euro.» En cas d’accord, la monnaie américaine pourrait en revanche reprendre de la vigueur.

Stabilisation de la dette, le véritable enjeu

D’après un récent sondage du centre de recherche Pew, les Américains sont davantage concernés par les conséquences d’un rehaussement du plafond de la dette qu’un échec des négociations. Pourtant, les Etats-Unis ne pourront passer outre à un relèvement de la limitation de l’endettement tant que le déficit public continue de grandir.

«Le vieillissement de la population et l’augmentation des coûts médicaux vont faire passer les dépenses en matière de santé et de sécurité sociale à 15% du PIB d’ici à 25 ans contre 10% actuellement», prévient le bureau du budget du Congrès américain (CBO) dans un rapport du mois de juin.

Pour Jan Poser, «le problème n’est donc pas le gonflement de la dette mais plutôt qu’elle augmente plus rapidement que la croissance du pays». Or, d’après les calculs de l’économiste, «la politique budgétaire de 2009 à 2016 ne suffira pas à stabiliser la dette publique». Sans davantage d’efforts, le CBO prévoit une dette qui excédera les 150% du PIB en 2030. «Pour que la gestion de la dette devienne durable, il faut réduire le déficit américain de 1,6% conclut Jan Poser. Soit des économies annuelles de 240 milliards de dollars sur dix ans.»

EN COMPLEMENT : Une crise révélant le rôle politique des marchés

Par Par Pierre-Alexandre Sallier

La crise actuelle annonce la fin d’une ère durant laquelle le recours des Etats à l’endettement a servi de palliatif à des budgets sans cesse plus déficitaires

Pour la communauté financière, un épisode de la crise du surendettement des Etats en chasse un autre. Dans ce feuilleton, les équipes de tournage reviennent jeudi à Bruxelles pour un nouveau «sommet de la dernière chance» de la zone euro. Ces derniers jours, l’émission de télé-réalité se déroulait à Washington. La première puissance mondiale s’autorisera-t-elle à emprunter un peu plus? Tous les acteurs politiques ont tenu leur rôle à la perfection. Obama le conciliateur. John Boehner et Eric Cantor, jusqu’au-boutistes des coupes budgétaires. Même les acteurs financiers ont déclamé leur texte.

L’essence même de cette crise – les choix budgétaires d’un Etat – fait en effet des «marchés» des acteurs politiques à part entière. Même s’ils se défendent de n’être que le reflet d’une réalité chiffrée, neutre, implacable. Leurs prises de position n’en restent pas moins empreintes d’idéologie: tous coupés de la réalité économique, ces politiques qui nous gouvernent. Coupables de mauvaise gestion, l’administration Obama comme celle de G.W. Bush avant elle; socialistes grecs comme conservateurs français.

En édictant leur jugement sans appel sur la fin de l’euro ou la faillite à venir des Etats-Unis, patrons de «hedge funds», économistes-gourous, ou agences de notation font irruption dans une arène politique dont ils ont toujours assuré être détachés.

Cette immixtion pourrait se retourner contre eux. Censés être acquis à leur cause, les conservateurs américains ne leur pardonneraient ainsi guère la mise en situation de «défaut de paiement» des Etats-Unis. De même, il sera encore longtemps difficile à Wall Street de faire oublier son rôle dans une crise financière promettant à l’Occident une décennie de marasme économique. Et la rigueur comptable des sociétés privées de notation n’effacera pas le souvenir de leur empressement passé à adouber des produits financiers à l’origine de la bulle des «subprime».

La crise actuelle annonce certes la fin d’une ère durant laquelle le recours des Etats à l’endettement a servi de palliatif à des budgets sans cesse plus déficitaires. Par le passé, cet aveuglement des décideurs politiques n’en a pas moins été parfois conforté par des conseillers bancaires assurant que les marchés fourniraient une source de fonds intarissable.

Les responsables politiques tentent à présent – à tâtons – de se dégager de cette influence. En Europe, ils essaient de trouver eux-mêmes une issue à la crise de la Grèce. Aux Etats-Unis, l’administration en place vise, via la loi Dodd-Frank, à encadrer les marchés de façon plus stricte.

2 réponses »

  1. Il n’y a pas de salut… il n’y aura pas de salut
    Ni pour les pays déficitaires comme la Grèce ou l’Espagne
    Ni pour les pays lacunaires comme la France ou l‘Allemagne
    Ni pour les pays totalitaires comme l’Amérique ou la Chine
    N’y songez même pas, il n’y a pas de remède pour ce genre de poison… ni de remise pour ce genre de crise.
    Nous sommes tous contaminés, irradiés par je ne sais quelle disgrâce divine.

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/07/mouvement-vers-le-rien/

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