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Le maillon faible, le maillon fort et le maillon critique Par Andreas Höfert

Le maillon faible, le maillon fort et le maillon critique Par Andreas Höfert

L’attention se focalise sur la Grèce. La Slovaquie est pourtant un maillon important Le risque pourrait bien plutôt venir de là où l’on ne l’attend pas: la Slovaquie

Malgré les plans d’aide à répétition, la plupart des intervenants du marché voient à présent le défaut de la Grèce d’ici à six mois au plus tard comme acquis. Certains analystes avancent qu’un défaut de l’Etat grec entraînerait irrémédiablement sa sortie de l’euro.

Il faut portant se demander si une sortie de la Grèce de l’euro serait vraiment dans l’intérêt des Grecs. Certes, les exportations grecques pourraient profiter d’une nouvelle drachme dévaluée mais – mis à part le tourisme – la Grèce n’a pas grand-chose à exporter. Et qu’en est-il des importations? Les pays exportateurs de pétrole accepteraient-ils la nouvelle drachme pour régler la facture énergétique de la Grèce? Personnellement, je reste très sceptique par rapport à une sortie de la Grèce de l’euro.

De même, je ne crois pas au scénario d’une sortie de l’Allemagne de l’euro. Un certain nombre de politiciens allemands évoquent cette perspective arguant des énormes coûts que l’Allemagne doit supporter, mais ils omettent de préciser qu’une sortie de l’euro pourrait se révéler encore bien plus chère. Il suffit de penser aux exportateurs allemands confrontés à une appréciation massive du nouveau Deutsche Mark ou aux intermédiaires financiers en Allemagne confrontés à une dépréciation massive de leurs actifs exprimés en euros.

L’euro ne sera pas détricoté aux extrêmes. Le risque pourrait bien plutôt venir de là où l’on ne l’attend pas: la Slovaquie. Elle est l’avant-dernier pays, avant l’Estonie, à avoir rejoint la zone euro, en 2009. Mesuré au PIB par habitant c’est le second pays le plus pauvre de la zone, également avant l’Estonie. Son revenu par habitant représente 60% de celui de la Grèce et seulement 40% de celui de l’Irlande.

Pour entrer dans la zone euro, la Slovaquie a fait d’énormes sacrifices. Son ratio de dette publique par rapport au PIB a diminué de près de 50% en 2000, à seulement 27% en 2008, alors que durant la même période la Grèce gonflait le sien de 103% à 111%. Et c’est à ce pays que l’on demande à présent une contribution de 7,7 milliards d’euros pour le Fonds européen de stabilité financière (FESF), un chiffre qui représente presque 10% de son produit intérieur brut. Il n’est dès lors pas étonnant qu’il y ait un risque important que le parlement slovaque bloque le 14 octobre la participation au FESF et, par là même, fasse capoter tout le projet.

L’Europe va probablement mettre d’énormes pressions sur la Slovaquie mais elle devra quand même faire attention. Une sortie de l’euro de la Slovaquie pourrait se révéler être la bonne stratégie pour ce pays. D’autant plus qu’il a une expertise. Il y a moins de vingt ans la Slovaquie sortait de son union monétaire avec la République tchèque.

Par Andreas Höfert   Chef économiste, UBS./le temps oct11

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