Solaire Allemand/Q-Cells en situation critique : des Emplois verts…..de peur
Le groupe ne pourrait rembourser que partiellement l’obligation de 200 millions arrivant à échéance dans un mois.
Le fabricant de cellules photovoltaïques Q-Cells, ancien numéro un mondial, a annoncé être dans une situation financière cruciale, illustrant la crise aiguë que traverse toute l’industrie solaire en Allemagne.
Dernier trimestre 2007: l’entreprise fondée en 1999 en ex-RDA, dans une zone industrielle ruinée après la réunification et hâtivement rebaptisée «Solar Valley», est classée premier fabricant mondial de cellules photovoltaïques. Elle rêve d’une entrée à l’indice vedette de la bourse allemande, le Dax, à côté de Volkswagen ou BASF.
Moins de cinq ans plus tard, Q-Cells, qui emploie 2400 personnes dans le monde, a annoncé mardi qu’il devait convoquer dans les prochains jours une assemblée générale extraordinaire car ses fonds propres sont devenus négatifs et admis qu’il ne pourrait rembourser que partiellement une obligation de 200 millions d’euros arrivant à échéance dans un mois.
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Son action, qui a perdu 99% de sa valeur en cinq ans, ne vaut plus que 41 centimes.
Son patron Nedim Cen a eu beau affirmer lors d’une conférence qu’une «faillite n’était pas en discussion», et même promettre un retour aux bénéfices en 2014, le marché n’y croit plus guère.
«Que dans ce contexte Q-Cells affirme qu’une faillite est exclue s’apparente à la méthode Coué», a commenté Stephan Wulf, analyste de la maison de courtage M.M. Warburg.
Le groupe n’a pas encore dévoilé son résultat 2011, avertissant seulement qu’il serait dans le rouge. Pour le premier semestre, il avait déjà fait état d’une perte nette de près de 400 millions d’euros.
En 2009 il avait perdu 371 millions d’euros sur l’année, avant de connaître un éphémère rebond en 2010, avec un bénéfice net de 91 millions d’euros.
Pour tenter d’inverser la tendance, Q-Cells avait annoncé cet été qu’il réduirait de moitié ses capacités de production à son siège allemand, pour augmenter celles de l’usine qu’il possède en Malaisie.
L’Asie, où il cherche son salut, est aussi la plus grande menace pour les industriels allemands du secteur solaire, qui peinent à soutenir la comparaison face à une concurrence très agressive, et bien moins chère.
Le déferlement des produits asiatiques en Allemagne s’ajoute à une réduction progressive par le gouvernement des subventions à l’électricité photovoltaïque, considérées comme trop coûteuses pour les consommateurs par rapport au poids de ce secteur dans la production d’électricité du pays.
La part de l’électricité solaire devrait atteindre 4% cette année. Cette proportion reste très modeste alors que le pays a par exemple installé en décembre plus de panneaux solaires en un mois que les Etats-Unis en un an, une euphorie motivée par le prix de vente généreux garanti aux producteurs allemands d’électricité solaire.
Le surcoût pour les consommateurs du soutien à l’électricité photovoltaïque est estimé à des dizaines de milliards d’euro, à étaler sur plusieurs années.
La conjonction de ces deux phénomènes (concurrence asiatique et baisse des subventions, en Allemagne comme dans plusieurs pays européens) a déjà fait plusieurs victimes dans l’industrie allemande.
La société Solon, 800 salariés et qui avait été la première valeur du secteur photovoltaïque cotée à la Bourse de Francfort, est en dépôt de bilan depuis la mi-décembre.
Une autre petite entreprise en difficultés, Sunways, va elle passer sous la coupe d’un fabricant chinois, LDK Solar.
Signe des temps, le premier réassureur mondial, l’allemand Munich Re, vient de lancer une assurance contre le risque de faillite des fournisseurs de panneaux photovoltaïques, destinée aux opérateurs de parcs solaires.