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Politique Friction : François Hollande pire que la Droite Par Bruno Bertez

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Politique Friction :  François Hollande pire que la Droite Par Bruno Bertez

 Ce qui nous donne l’opportunité d’écrire cet article, c’est le débat qui s’ouvre au sein de la Gauche sur la question des salaires. Voir le lien joint. 

http://www.gauchemip.org/spip.php?article17233 

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    » Ainsi quand François Hollande déclare avec aplomb qu’il augmentera le SMIC d’un montant égal à « la moitié du taux de croissance ». Comme la formulation a un air très technique, les bons esprits baissent les yeux. Pas un n’a fait le calcul pour voir ce que donne cette formule. C’est pourtant édifiant. Voyez. En 2010 la croissance a été de 1,60 %. Donc François Hollande aurait augmenté le SMIC de 0,80 % en 2010. Nicolas Sarkozy l’a augmenté de 1,58 % ! Elire François Hollande pour avoir une augmentation de salaire moitié moins qu’avec Sarkozy, à quoi bon ? Pour autant faut-il préférer Sarkozy ? Non plus. Car l’inflation cette année-là fut de 1,8% ! 

Hollande augmente le SMIC moins que Nicolas Sarkozy qui, lui, l’augmente moins que l’inflation. Tels sont les termes du choix pour un citoyen payé au SMIC qui suit les sondages. Seul le Front de Gauche garantit un rattrapage et une augmentation du SMIC. Une dernière fois rappelons que le SMIC est à seulement 120 euros du seuil de pauvreté ! L’augmentation proposée par le Front de Gauche est de 25%. Les patrons du CAC 40 se sont augmentés de 23% en 2010 ! Ce sera tout pour aujourd’hui. La suite de l’argumentaire au prochain numéro ! »

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 La progression de Mélenchon déplace, déporte, le centre de gravité vers la gauche. Pour avoir un score suffisant au premier tour, Hollande est obligé de répondre à la concurrence de Mélenchon. Il l’a déjà fait par des mesures symboliques inadéquates comme la proclamation de sa volonté de taxer les riches à 75%. Ceci lui a valu plus de ridicule que de suffrages. Mélenchon et son entourage s’en sont  attribué le mérite tout en raillant Hollande. D’une pierre deux coups. 

   Cette fois, Mélenchon et son équipe vont plus loin, ils sortent du symbolique pour frapper là où cela fait mal: les salaires. Ils ont raison, c’est le grand point faible de François Hollande, déjà obligé de faire le grand écart au sein de l’aéropage des éléphants et vis à vis des troupes du PS sur cette question. On sait que, par tradition, la gauche du PS considère que la hausse du SMIC est l’élément incontournable d’une politique de gauche, Fabius, avant d’être muselé par la campagne, le rappelait récemment.

La question des salaires est un moyen fantastique de clarifier l’échiquier politique, de démasquer les usurpateurs et les faussaires. Elle est centrale pour le rapport de forces au sein de la gauche au premier tour, mais aussi essentielle sur le positionnement de Hollande pour le second tour.

Nous nous expliquons.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Au premier tour, Mélenchon et son entourage ont tout intérêt à agiter le grelot des salaires, ils attirent les salariés à bas salaires qui auraient pu se laisser tenter par un vote social-démocrate qui s’avance masqué. Mélenchon, par ce moyen, améliore son score, son rapport de forces avec le PS et prépare le futur troisième tour social dont parle déjà le PC et les amis de la LCR. Ils préparent les avancées futures.

Il ne faut pas oublier l’effet d’apprentissage, la gauche dure et le PC ont été, passez-nous l’expression, faits cocus par Mitterrand, ils ne vont pas se laisser manger tout cru cette fois.

Dans tous les cas, ce que préparent Mélenchon et ses amis, ce n’est pas la Révolution, mais la possibilité de devenir la vraie opposition dans le prochain quinquennat. Les démonstrations de force de la Bastille et de Toulouse sont explicites, tout comme les thématiques retenues.

Au second tour, François Hollande va se trouver, avec la stratégie de Mélenchon, très affaibli.

 Pour gagner, le candidat, tous les candidats doivent se recentrer, or Mélenchon aura déporté le centre de gravité de l’électorat de gauche… à gauche. La tâche de Hollande va être délicate et, dans tous les cas, et c’est que recherche Mélenchon et ses amis, la position de Hollande va se trouver fragilisée. Il est peu probable, mais on ne sait jamais, que ce déport à gauche mette en péril son élection, mais il est sûr qu’elle sera plus étroite  qu’on ne le pense et qu’il aura des dettes.

Peut-être y aura-t-il un deal, comme du temps de Jospin, pour laisser Hollande se recentrer, avec une manipulation cosmétique de la vraie gauche qui fera semblant de lui délivrer un brevet, une attestation de bon homme de gauche; peut-être,  mais ce n’est pas sûr.

Notre idée est que l’entourage de Mélenchon est moins enclin à jouer les supplétifs que dans le passé. Ou alors il faudra payer cher.

Tout ceci ne résout pas les problèmes de Sarkozy, mais va néanmoins dans un sens qui lui  convient. Que François Hollande soit tiré vers la gauche lui est favorable, polariser en faisant peur « au Marais » (l’électorat flottant du Centre), aux petits patrons, lui fait du bien.

Revenons à nos salaires. Nous faisons remarquer à titre liminaire que c’est Mélenchon qui lance le débat, il insiste bien là-dessus.

La proposition de Hollande tente d’escamoter la question des salaires et du SMIC. Il propose de limiter l’augmentation des salaires à la moitié de la croissance. Comme le dit Mélenchon, c’est déjà un moyen de noyer le poisson, peu de gens comprennent, encore moins connaissent les chiffres de croissance, et encore moins nombreux sont ceux qui sont capables de faire  la comparaison avec ce qu’a fait Sarkozy. Or, il se trouve que l’application de la proposition de Hollande aboutit à ce que les salaires augmentent moins qu’avec Sarkozy! C’est un comble et c’est pain béni pour Mélenchon qui,  lui, considère que le SMIC doit être monté de 25%, puisque les salaires des patrons du CAC 40 ont progressé de  23%. Chapeau, bien joué. L’argument est fort, très fort, incontournable non seulement au niveau primaire qui est le terrain de Mélenchon, mais aussi au niveau secondaire.

Au niveau secondaire, pourquoi? Parce que la situation économique présente se caractérise par une baisse tendancielle de la part des revenus salariaux dans le revenu national, une hausse de la part des profits et une hausse encore plus forte des profits dont la nature et l’origine sont  plus ou moins financières sinon kleptocratiques.

Mélenchon et ses alliés, nous l’avons déjà expliqué, partent et parlent de ce que l’on voit, de ce qui est évident. Ils se moquent pas mal de l’argument des socialistes et de la sociale-démocrate: si on monte trop les salaires, on met en difficulté les PME. Ces PME qui font la bascule électorale et se fourvoient généralement à apporter leurs voix à ceux qui les mangent tout cru.

Vous savez, bien sûr, que nous ne sommes pas très tendres  avec la social-démocratie. Il nous faut expliquer pourquoi. Parce que la social-démocratie laisse  intacts tous les processus du capitalisme, le mythe de  l’effort individuel pour progresser, s’enrichir, faire une vie meilleure à ses enfants, elle fait en sorte que les gens pédalent très fort le nez dans le guidon, épargnent, mais, au moment où ils pensent récolter le fruit de leurs efforts, la social-démocratie passe le grand croc à phynances et ratisse les mises de tous ceux qui se sont fatigués. Elle le fait  par l’impôt et les diverses formes de confiscation à sa disposition. Le tout, non pas au profit  des travailleurs, mais au profit de sa classe bourgeoise et bureaucratique.

La social-démocratie, c’est la tromperie sociale organisée.

Travaillez, innovez, épargnez comme si c’était pour vous, mais au moment de récolter, c’est le grand râteau. Faites des efforts, dépensez-vous comme si vous étiez propriétaires du produit de votre travail, comme si vous alliez en jouir, mais acceptez d’être expropriés, spoliés au profit de notre clientèle électorale, disent tout bas les socio-démocrates. La social-démocratie dit au futur retraité : travaillez, épargnez, accumulez pour votre future retraite, pour être libres et autonomes, mais elle confisque cette épargne, cette soi-disant richesse qui n’est qu’une retraite méritée et gagnée. La social-démocratie vous fait vous comporter comme si vous étiez libres, propriétaires, maitres de votre destin, mais elle n’a de cesse de vous rendre dépendant par ses confiscations. A vos droits à jouir du produit de votre travail et votre épargne, la social-démocratie oppose les faux droits de sa clientèle à prélever sans contrepartie autre que celle de bien voter. La social-démocratie consiste à créer un droit sur le travail des autres sans autre contrepartie que celle de demander quand on n’a pas le pouvoir, puis d’exiger quand on l’a conquis.

Pourquoi François Hollande préfère-t-il augmenter les impôts plutôt que les salaires? La question est centrale et c’est Mélenchon qui met le doigt dessus, là où cela fait mal. Conception bizarre de  la justice socialiste qui consiste, non pas à donner plus aux uns, qui ont la dignité de travailler, mais prendre plus aux autres.

La crise de la dette, la crise de surendettement des Etats vient du fait que la croissance nominale a été insuffisante. Toujours plus de dettes avec une croissance nominale faible, cela fait un ratio de dette sur GDP qui monte, qui monte. D’où viennent les dettes, les déficits? Ils viennent de l’insuffisance des revenus, de l’insuffisance des bases taxables. L’autre versant du produit national  ce sont les revenus. Qu’est-ce qui fait la croissance nominale, qu’est ce qui fait les revenus si ce n’est les salaires.

Le problème de la dette n’est rien d’autre en dernière et honnête analyse que le problème de l’insuffisance des revenus, autre manière de dire l’insuffisance des salaires. Les salaires dans le pays sont trop bas pour soutenir à la fois la consommation, le train de vie de l’Etat, de ses fonctionnaires, le taux de profit du capital accumulé, la solvabilité et la mise en valeur du colossal capital  financier…

Dans tous les grands pays, depuis l’accélération de la financiarisation, la part des salaires dans le Revenu National chute. Voilà la réalité incontournable des chiffres. Cette chute produit une croissance nominale faible, les ratios de dette grimpent, l’Etat et ses banques deviennent insolvables. Et que propose la social-démocratie? Non pas d’augmenter les salaires, mais d’augmenter les impôts, c’est à dire qu’elle propose de baisser les salaires réels disponibles! Gribouille ne ferait pas mieux!

Pourquoi le PS, la social-démocratie ne veulent-ils pas augmenter les salaires?

Parce que cela pèserait sur le taux de profit, parce que cela ferait monter les taux d’intérêt, parce que cela gonflerait la charge de la dette de l’Etat, parce que cela ferait du tort, pénaliserait les bilans et les bénéfices des banques.

La social-démocratie, on le voit dans  tous les pays en crise,  est l’instrument de la kleptocratie pour se maintenir à flot, pour durer, pour tenir.  Le vrai choix du PS français,  ne l’oubliez pas,  c’était Strauss-Kahn!  C’est une alliance contre nature entre l’Etat et le capital financier, financiarisé. Paradoxe suprême, c’est une alliance de classe entre la classe bureaucratique, c’est à dire  les fonctionnaires et le grand capital financier! Personne ne souligne le fait incroyable que les salaires moyens de la fonction publique sont devenus supérieurs à ceux du secteur privé. Le tout sur le dos du système productif qui crée les vrais  emplois et les vraies richesses.

BRUNO BERTEZ Le 12 Avril 2012

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