Agefi Suisse

Gaz non conventionnel : l’explosion économique

Gaz non conventionnel : l’explosion économique   

Le gaz non conventionnel, en particulier le gaz de schiste, emprisonné dans les roches profondes (en général de l’argile), est en train de disloquer les termes de l’équation énergétique mondiale

Le gaz non conventionnel, en particulier le gaz de schiste, emprisonné dans les roches profondes (en général de l’argile), est en train de disloquer les termes de l’équation énergétique mondiale. Aux Etats-Unis, les premiers à s’être lancés dans une exploitation à grande échelle de réserves considérées pendant très longtemps comme irrécupérables, l’impact économique est considérable. Des centaines de milliers d’emplois (600 000) ont été créés dans le sillage de prix trois fois inférieurs aux tarifs européens que François Hollande tente maladroitement de geler. Des industries pétrochimiques relocalisent des activités que l’on pensait à jamais disparues des pays industrialisés. Inimaginable il y a cinq ans encore, les Etats-Unis pourraient même exporter du gaz qu’ils s’apprêtaient à importer massivement, comme en témoigne la construction récente de gigantesques terminaux de déchargement pour méthaniers… prêts aujourd’hui à être reconvertis à l’exportation. 

Selon les estimations de l’agence américaine pour l’énergie, les réserves de gaz à disposition des Etats-Unis ont explosé et sont équivalentes à un siècle de consommation. Le président Barack Obama chante aujour­d’hui les bienfaits d’une révolution qui le laissait très sceptique à ses débuts. Les faits se sont imposés: la baisse du prix du gaz et son abondance soulagent les ménages et l’industrie, très sensibles au prix des hydrocarbures. Et, effet non négligeable du point de vue de la qualité de l’air, la grande bataille de l’administration Obama, le gaz a fait reculer la part de l’électricité produite à partir du charbon. Assurant 42% de l’approvisionnement du pays, elle est au plus bas depuis 1949 et sa chute devrait se poursuivre. Quant à l’industrie nucléaire, qui a obtenu des garanties du gouvernement pour se relancer, elle est tout simplement assommée par la concurrence de l’or gris.

PLUS DE GAZ EN SUIVANT :

 Cette révolution, que la Chine a décidé de suivre alors que l’Europe hésite (le gouvernement français réexamine en toute discrétion la levée de l’interdiction des forages…), a une face sombre. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre et la fracture hydraulique n’est pas sans risque pour l’environnement.

 Par Pierre Veya/Le Temps juil12

////////////////////////////////////////////////////////////

Le boum du schiste devrait faire des Etats-Unis le 2e producteur mondial de pétrole

La révolution technologique dans le secteur pétrolier aux Etats-Unis devrait permettre au premier consommateur de brut d’accéder d’ici 2020 au deuxième rang d’une production mondiale en pleine expansion, derrière l’Arabie saoudite, estiment un nombre croissant d’experts.

Selon une étude publiée par la prestigieuse université Harvard, de plus en plus d’analystes prédisent un accroissement « sans précédent » de la production de brut dans le monde dans les prochaines années, loin de la thèse d’un épuisement imminent des ressources pétrolières de la planète.

Or, selon cette étude, quatre pays devraient tirer l’augmentation de production globale, conventionnelle et non conventionnelle, d’environ 20% d’ici 2020: l’Irak, le Canada, le Brésil et les Etats-Unis, ce dernier pays bénéficiant en particulier d’une révolution technologique.

Source Washington Post

« Avec la combinaison du forage horizontal et de la fracturation hydraulique, les Etats-Unis exploitent désormais leur réserve gigantesque, et presque intacte, de schistes bitumineux, notamment dans le Dakota du Nord (nord) et au Texas (sud) où la production bat déjà son plein », explique l’expert et ancien directeur de la société énergétique italienne ENI, Leonardo Maugeri, auteur de cette étude.

« Les Etats-Unis pourraient voir leur production augmenter de 3,5 millions de barils par jour (mbj), portant leur production totale à 11,6 mbj de brut et de gaz naturel, d’ici 2020, et faisant d’eux le deuxième pays producteur de brut du monde après l’Arabie saoudite », et devant la Russie, estime M. Maugeri.

Moins cher que prévu

Ces mêmes technologies sont déjà sur le point de faire passer le pays devant la Russie, jusque-là premier producteur mondial, sur le marché du gaz, d’après les experts.

Pour Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, les coûts d’extraction du pétrole et du gaz des gisements de schiste « se sont révélés bien moins importants que prévu ».

Cependant, nuance James Williams, stratège de WTRG Economics, « l’évolution de la production américaine ne s’accélérera pas tant que les prix continueront à descendre sous 80 dollars », rappelle-t-il.

Le boum récent de la production s’est en effet traduit par un effondrement prolongé des prix du gaz naturel, qui est tombé en avril sous 2 dollars le million de Btu (mesure internationale équivalant à 28 m3 de gaz), et plus récemment, par une dégringolade des prix du brut qui sont passés la semaine dernière sous le seuil de 80 dollars le baril.

« Si l’économie ne s’améliore pas, le baril pourrait plonger jusqu’à 60 dollars », souligne M. Williams.

« Nous pourrions entrer dans une nouvelle ère de prix plus accessibles mais aussi plus stables », avance de son côté Phil Flynn, de Price Futures Group, pour qui la baisse des prix favoriserait l’utilisation de voitures alternatives, fonctionnant au gaz naturel par exemple, ce qui par ricochet ferait baisser les prix du brut.

Autre bienfait de cet envol de la production de pétrole et gaz de schiste aux Etats-Unis, selon le patron du numéro un mondial du pétrole ExxonMobil, Rex Tillerson, elle rend « accessible dans un avenir visible » la sécurité énergétique américaine, même si cela dépend des « choix de politique énergétique ».

Des choix qui restent peu évidents du fait des conséquences néfastes de la fracturation hydraulique sur les cours d’eau et l’air, dénoncées par les défenseurs de l’environnement.

La recherche de l’indépendance énergétique des Etats-Unis est ainsi à l’origine de politiques incitant au développement de biocarburants à partir du maïs (éthanol) ou de soja par exemple (biodiesel).

« Avec les biocarburants, la capacité de production de combustible (des Etats-Unis) pourrait dépasser les 13 mbj, soit 65% de la consommation actuelle » du pays, d’ici 2020, estime ainsi M. Maugeri.

Energie: l’Europe risque d’être le continent oublié de l' »âge d’or » mondial du gaz

Un essor du gaz de schiste auquel l’Europe est pour l’instant rétive, en raison des controverses qui entourent la fracturation hydraulique, seule technologie reconnue permettant de l’extraire du sous-sol. Pour l’instant, sur le Vieux continent, seule la Pologne s’est résolument lancée dans l’exploration des gisements de gaz de schiste dans un but très politique : s’affranchir du gaz russe.

De son côté, Iouri Virobian, patron de la filiale française du géant gazier russe Gazprom, voit un autre ennemi au développement de l’âge d’or du gaz en Europe : l’UE, qui multiplierait des barrières empêchant les consommateurs d’assouvir leur appétit pour le gaz, notamment en décourageant la construction de gazoducs et en subventionnant trop généreusement les énergies renouvelables.

« Pour que l’âge d’or du gaz arrive en Europe, il faut une situation réglementaire et politique qui donne la possibilité à tous les acteurs d’être confortables ici et qui attire les investissements », a-t-il plaidé, reprenant ainsi des critiques régulièrement émises par le géant russe.

source Agefi juin12

//////////////////////////////////////////////////////////////

Le gaz de schiste serait un ami du climat Par Stéphane Bussard new york/Le Temps

Aux Etats-Unis, le boom du gaz de schiste permet de lutter contre le réchauffement climatique La révolution du gaz permettrait une réduction de 30 à 40% des émissions de CO2 par rapport au charbon. Mais la technique de la fracturation hydraulique pourrait provoquer des pollutions des nappes acquifères, voire d’éventuels mini-séismes

Les terres des Etats du Texas, de l’Oklahoma ou de l’Indiana n’ont jamais été aussi sèches depuis vingt-cinq ans. Une récente étude d’US Geological Survey le souligne: la côte Est des Etats-Unis connaît une hausse du niveau de la mer d’un tiers plus élevée que la moyenne mondiale. Des villes comme New York ou Boston pourraient être menacées par de fréquentes et sévères inondations.

Sur le front du climat en Amérique, les nouvelles ne sont pourtant pas toutes mauvaises. Depuis 2006, les Etats-Unis, le plus grand pollueur de la planète avec la Chine, ont réduit d’environ 8% leurs émissions de dioxyde de carbone. Soit, relevait récemment le professeur David Victor, de l’Université de Californie à San Diego, sur la radio publique NPR, de 400 à 500 millions de tonnes par année. Selon cet expert des politiques énergétiques, cette réduction représente à peu près «deux fois l’effet total du Protocole de Kyoto dans le reste du monde».

A quoi faut-il attribuer cet apparent miracle? A une technique, le fracking, la fracturation hydraulique de roches souterraines (gaz de schiste) développée après les efforts d’une décennie fournis par un visionnaire, George Mitchell, patron d’une société de l’industrie pétrolière. Les Etats-Unis connaissent, depuis, un boom fulgurant du pétrole, mais aussi du gaz naturel, au point de rendre superflus leurs investissements de quelque 100 milliards de dollars dans des installations pour importer du gaz liquéfié (LNG). En Pennsylvanie, les formations géologiques Marcellus et Utica sont considérées comme le plus grand champ gazier du monde après celui de South Pars, dans le golfe Persique, partagé entre le Qatar et l’Iran. Désormais, la fracturation hydraulique permet de fournir un tiers de la production totale de gaz naturel aux Etats-Unis. D’ici à 2035, cette proportion pourrait même passer à 50%, soit 820 milliards de mètres cubes par année.

Cet essor considérable a un impact direct sur les gaz à effet de serre. Le président des Etats-Unis a fixé l’objectif de réduire de 17% ces émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2020. Et l’objectif risque bien d’être atteint, mais pas pour les raisons qu’on imaginait. Ce ne sont pas de nouvelles régulations plus strictes qui permettent cette évolution, Barack Obama ayant eu beaucoup de peine à convaincre le Congrès et les républicains en particulier d’adopter des lois plus contraignantes en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Mais l’utilisation croissante du gaz naturel, encouragée par la loi Clean Air Act, induit un effet immédiat: il marginalise complètement le charbon, qui a longtemps été la source de plus de 50% de la production électrique américaine. En 2011, celui-ci ne comptait plus que pour 42%, le plus bas niveau depuis 1949. De plus, le prix du gaz naturel s’est effondré et ne représente plus que la moitié du prix du charbon. Ironie de la situation, souligne l’hebdomadaire The Economist, l’Union européenne a été beaucoup plus agressive pour combattre le réchauffement climatique. Mais, en raison du prix élevé du gaz en Europe, le charbon a repris le dessus, aggravant à nouveau l’empreinte écologique.

Professeur à la Faculté de la terre et des sciences atmosphériques de l’Université Cornell, Lawrence Cathles expliquait l’intérêt de ce boom sur la radio NPR: «Quand vous brûlez du gaz naturel, c’est un combustible plus propre, car la combustion le transforme davantage en eau qu’en dioxyde de carbone. C’est pourquoi on constate intrinsèquement 30 à 40% de moins d’émissions de CO2 quand on brûle du gaz naturel […] plutôt que du charbon.» Le professeur de Cornell avance un autre argument: pour produire de l’électricité, le gaz naturel est deux fois plus efficient en termes de conversion d’énergie que le charbon.

La révolution du gaz n’a cependant pas que ces aspects positifs. Elle pourrait provoquer des pollutions des nappes phréatiques, voire d’éventuels mini-séismes. Le professeur Victor David ajoute que la substitution du charbon par le gaz n’est pas suffisante pour combattre le réchauffement climatique. «Il faudrait des réductions de 50 voire 80% des émissions de dioxyde de carbone.» Mais le gaz naturel fait office de pont, de transition. «Et c’est mieux d’avoir un pont, conclut Victor David, que rien du tout.»

3 réponses »

  1. La France, à nouveau à contre-courant, va s’enfoncer un peu plus dans le nonisme technologique, elle pourra se consoler avec sa supériorité en terme de camenbert et foie gras , qui en plus contribue à creuser le déficit de son sa sécurité sociale, causée par la sur-bouffe endémique …..

Répondre à BobbyAnnuler la réponse.