A Chaud!!!!!

Politique Friction du 23 Juillet 2012 : Montebourg, une erreur de casting ? par Bruno Bertez (Actualisé LE 24/7/12 à 16H15)

Politique Friction du 23 Juillet 2012 : Montebourg, une erreur de casting ? par Bruno Bertez (Actualisé LE 24/7/12 à 16H15)

   Nous avons écrit et réécrit que François Hollande allait se recentrer très rapidement et même se renier publiquement. Tout ce qui se passe depuis son élection va dans ce sens . Nous n’avons nul mérite dans notre prédiction, car depuis le premier jour, tout est joué, gravé.

D’abord parce que le projet d’Hollande ne tenait pas debout, n’avait aucune cohérence. Il reposait sur des présupposés contradictoires ou irréalistes. Comme tel, il n’était pas destiné à tracer la voie de l’action future mais à séduire, à plaire et à capter des voix. Le vrai projet était ailleurs, dans le non-dit. Dans l’escamoté.

Ensuite parce que pour l’essentiel il reposait sur des conditions qui ne dépendaient pas de la France mais de l’Allemagne. La France n’est pas maitre de son destin, déjà dans la continuité elle ne l’est pas, mais elle l’est encore moins si elle désire changer d’orientation. Elle n’en  a pas les moyens financiers.

Enfin parce que la coalition politique et sociale qui a porté Hollande au sommet est hétéroclite, sociale démocrate pour une part, bourgeoise pour une autre part, kleptocrate pour le solde. Hollande n’a pas mandat pour changer la société malgré son thème,  » Le changement c’est maintenant ». Son seul vrai thème d’action quand l’on y regarde de plus près, c’est le thème de l’aggravation de la fiscalité, symbole de gauche , mais en réalité demande de droite. Demande de droite car il faut réduire les déficits, rembourser les banques, donner des gages de bonne et sérieuse gestion. La vraie grande droite est d’autant plus pour la hausse des impots qu’elle en paie peu, étant.délocalisée ou structurée de facon complexe , intouchable.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Les nominations de Pierre Moscovici et Michel Sapin sont à considérer comme révelatrices sous l’aspect qui nous intéresse. L’ironie est que Hollande et Moscovivi ont écrit un ouvrage, intitulé si nos souvenirs sont bons, »L’heure Des Choix », ouvrage qui prend le contrepied de la politque rigoureuse de Pierre Bérégovoy…. Sapin , on s’en souvient a été promu ministre de l’Economie et des Finances … par Pierre Bérégovoy. Tout ceci montre bien que l’on est loin de la cohérence idéologique ou programmatique, on est dans la Realpolitique. Et dans la cuisine partisane.

Nous laisserons Sapin pour l’instant , nous aurons suffisament l’occasion d’y revenir. Ce qui nous intéresse c’est Pierre Moscovici. Il a été nommé Ministre de l’Economie et des Finances, malgré un passé lointain très « Rouge ».

Son passé proche, ses références le sont beaucoup moins.

Pierre Moscovici était jusqu’à ces derniers temps vice président du grand lobby patronal français, créé nous semble- t- il à l’initiative de DSK, lobby patronal dont le nom est « Cercle de l’industrie ». La mission de ce lobby est de faire valoir les intérets des entreprises francaises auprès des instances européennes. Ce type d’activité est tout à fait dans les cordes de DSK qui, on s’en souvient faisait déjà ce genre de choses pour l’ancienne Compagnie Générale des Eaux, ce qui lui a valu quelques soupçons.

L’ironie de la situation est que Moscovici était donc vice président d’un cercle patronal d’influence alors que le président en est … Philippe Varin , le sinistre patron de Peugeot si on en croit Montebourg.

Le Cercle de l’Industrie travaille étroitement avec le MEDEF, l’ALEP, l’Institut de l’Entreprise . La plupart des grandes entreprises sont membres du Cercle et elles sont representées par leur président directeur general , président ,ou directeur général . En très bonne place parmi les membres figure… vous l’avez deviné Peugeot.

Ce n’est pas nous qui critiquerons le fait que gràce à sa vice présidence du lobby patronal , Pierre Moscovici connait bien les problèmes des entreprises. Nous nous plaignons régulierment du fait que les politiciens parlent de choses dont ils ignorent tout, donc , ici, au contraire, nous saluons positivement.

L’ennui est que Montebourg n’est absolument pas du mème sérail. Il a fait une campagne très à gauche lors des primaires socialistes contre Hollande et absolument rien ne le conduit à la compréhension des problèmes d’entreprise et encore moins à l’indulgence à l’égard des patrons. Dans ce milieu feutré et de bonne compagnie, il est l’éléphant dans le magasin de porcelaine, maladroit qui casse tout et marche sur les pieds de tout le monde.

Il est évident à la fois par relations personnelles, et par choix politique que c’est Moscovici qui incarne et représente le choix de Hollande et non pas Montebourg. Le poste de Ministre du Viagra Industriel lui a été donné par souci de clientèlisme et par besoin d’équilibre politicien. On a payé son ralliement. Ce choix a été fait par erreur, car on n’a pas vu l’importance que ce ministère pouvait prendre en cas de grande vague nationale de lienciements.

On a cru qu’il s’agissait d’un strapontin, alors que ce ministère constitue la pierre angulaire test du changement.

L’idéologie de Montebourg est rigoureusement incompatible avec les choix de Hollande et de Moscovici fondés sur la collaboration avec le grand patronat. La logique voudrait, soit qu’il soit muté , comme Nicole Bricq qui a déplu aux pétroliers, soit qu’il mette son idéologie et mème sa personnalité dans sa poche . A notre avis il va tenter de sauver son maroquin en mettant de l’eau dans son vin et en faisant ce qu’il a fait en matière de télécoms losrqu’il a opéré son virage à 180 degres dans l’affaire Free; dans ce dossier il a fait volte face en faveur des concurrents de Free et contre les intérets des utilisateurs. Mais nous pensons que les couleuvres à avaler seront trop grosses et trop nombreuses et que le grand patronat lui tiendra rigueur de ses écarts . Dans ces conditions le plus probable est que l’erreur de casting initiale sera assez rapidement réparée. Ce sera une pierre blanche sur le chemin du reniement.

BRUNO BERTEZ Le Samedi 21 Juillet 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN LIENS : L’Edito du Dimanche 15 juillet 2012: PSA, Attention danger! Par Bruno Bertez

L’Edito du Dimanche 22 Juillet 2012: La Grande Coalition contre le Privé par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

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Du Mardi 24  Juillet 2012 : Ayrault recadre Montebourg, Montebourg plie mais ne rompt pas. /L’auto une industrie mure, socialisante et socialisée.  par Bruno Bertez

C’est jean Marc Ayrault , Premier Ministre qui a reçu Thierry Peugeot en début de semaine.

Le fait majeur c’est la reprise en mains du dossier par le chef du gouvernement, ce qui indirectement mais surement constitue un avertissement à Montebourg.

Pour sauver la face politique, le gouvernement a présenté comme un succès ce qui était en réalité une évidence: le dialogue qui va s’instaurer sera exemplaire. 

On s’en doutait et nous l’avons nous même écrit dès le premier jour. 

Personne n’imaginait que sur pareil dossier le travail de concertation pouvait être autre chose qu’exemplaire; c’est à dire qu’il servirait d’exemple. Et d’exemples on en aura besoin car la liste des restructurations à venir est longue et lourde. 

Montebourg n’a rien trouvé d’autre à dire après sa remise en  place: “J’ai bien pesé mes mots.”

Ce qui veut tout dire, surtout quand dans la phrase suivante on s’efforce de s’excuser d’avoir tenu des propos offusquants pour la famille, l’entreprise et les collaborateurs. Nous l’avons fait remarquer Fillon quand il est intervenu, au bon moment, sur le bon point, a fait une bonne opération. 

On n’imagine pas que le dialogue et la concertation puissent être autre chose qu’exemplaires pour de nombreuses raisons : 

– L’automobile est une industrie phare, avec des syndicats relativement puissants

– Le secteur auto est un secteur en voie de socialisation, soutenu par des aides pour écouler la production

– C’est un secteur clef du développement “Vert”, écologique

– C’est une vache à lait fiscale sous tous les aspects

– C’est l’emblème d’un certain type de développement économique dépassé mais qui refuse le déclin

– C’est un capitalisme type, de capitaines d’industrie, ou les familles sont encore puissantes 

Nous dirions que par son insertion sociale, règlementaire, écologique, par l’importance considérable de ses externalités, le secteur automobile est déjà en partie du ressort de l’économie mixte. Longtemps le secteur auto, comme d’ailleurs les maitres de forges ont joué un rôle politique en sous- main considérable, sorte de noyau dur au sein de l’ancien CNPF devenu MEDEF, syndicat patronal lui même déjà très socialisé si ce n’est socialisant. La grande mutation syndicale, tardive de l’industrie automobile longtemps adepte des syndicats maisons, la mise au pas de l’UIMM et de l’ancien Service des Etudes Législatives, la mise sous le boisseau des ardeurs de l’Institut de L’Entreprise, des Nouveaux Economistes etc… Tout cela témoigne de l’évolution vers une industrie mure, au pouvoir déclinant rallIée progressivement 0 la socialisation en attendant peut être comme aux Etats -Unis s’agissant de General Motors, la nationalisation. 

Ce n’est pas encore les chemins de fer, mais presque….

 

10 réponses »

  1. Et pour trente deniers de plus alors ? lol

    P.S.MERCI ENCORE à monsieur Bruno Bertez pour cette analyse aussi fine qu’incontournable.

  2. Entièrement d’accord, il n’y a aucune compatibilité sur le fond entre Montebourg et Moscovici.

  3. Bravo. Tout est pertinent mais effectivement votre mérite est limité et tient paradoxalement plus à la forme ironique qu’au fond. A moins d’être abruti, tout était écrit.

    • votre arrogance, cocotte seb, est toute montebourgeoise…moi je remercie de cette analyse qui apprend des choses à l’abruti que je suis…

      • Pourquoi arrogance ? Parce que Seb a osé faire une semi-critique ?
        Moi j’adore les analyses de ce site, la forme est toujours très brillante, le fond est très bon pour les aspects financiers. Par contre les aspects politiques sont traités de façon sans doute volontairement caricaturale, et la question est là, faut-il dire que l’on n’est pas tout à fait d’accord (une façon de participer à la vie du site), ou vaut-il mieux s’abstenir, sachant que la réponse est souvent décidée par B. Berthez lui-même…

  4. Montebourg, comme jadis le facteur et son parti » anti capitaliste », et bien d’autres rigolos du genre, ne sont que des purs produits conscients (ou inconscients pour les moins pourris mais ils sont rares….), du Système capitaliste qui a l’intelligence de secréter ses propres anti-corps ou pseudo ennemis. Le Système a plus d’un tour dans son sac et nous ne sommes que ses marionnettes. (cf Phlippe Muray, Richard Millet et bien d’autres)

  5. Mardi 24 : Ayrault recadre Montebourg, Montebourg plie mais ne rompt pas./L’auto une industrie mure, socialisante et socialisée.

    C’est jean Marc Ayrault , Premier Ministre qui a reçu Thierry Peugeot en début de semaine.
    Le fait majeur c’est la reprise en mains du dossier par le chef du gouvernement, ce qui indirectement mais surement constitue un avertissement a Montebourg.

    Pour sauver la face politique, le gouvernement a présenté comme un succès ce qui était en réalité une évidence: le dialogue qui va s’instaurer sera exemplaire.

    On s’en doutait et nous l’avons nous même écrit dès le premier jour.

    Personne n’imaginait que sur pareil dossier le travail de concertation pouvait être autre chose qu’exemplaire; c’est à dire qu’il servirait d’exemple. Et d’exemples on en aura besoin car la liste des restructurations à venir est longue et lourde.

    Montebourg n’a rien trouvé d’autre à dire après sa remise en place: “J’ai bien pesé mes mots.”
    Ce qui veut tout dire surtout quand dans la phrase suivante on s’efforce de s’excuser d’avoir tenu des propos offusquants pour la famille, l’entreprise et les collaborateurs. Nous l’avons fait remarquer Fillon quand il est intervenu, au bon moment, sur le bon point, a fait une bonne opération.

    On n’imagine pas que le dialogue et la concertation puissent être autre chose qu’exemplaires pour de nombreuses raisons:

    – L’automobile est une industrie phare, avec des syndicats relativement puissants
    – Le secteur auto est un secteur en voie de socialisation, soutenu par des aides pour écouler la production
    – C’est un secteur clef du développement “Vert”, écologique
    – C’est une vache à lait fiscale sous tous les aspects
    – C’est l’emblème d’un certain type de développement économique dépassé mais qui refuse le déclin
    – C’est un capitalisme type, de capitaines d’industrie, ou les familles sont encore puissantes

    Nous dirions que par son insertion sociale, règlementaire, écologique, par l’importance considérable de ses externalités, le secteur automobile est déjà en partie du ressort de l’économie mixte. Longtemps le secteur auto, comme d’ailleurs les maitres de forges ont joué un rôle politique en sous- main considérable, sorte de noyau dur au sein de l’ancien CNPF devenu MEDEF, syndicat patronal lui même déjà très socialisé si ce n’est socialisant. La grande mutation syndicale, tardive de l’industrie automobile longtemps adepte des syndicats maisons, la mise au pas de l’UIMM et de l’ancien Service des Etudes Législatives, la mise sous le boisseau des ardeurs de l’Institut de L’Entreprise, des Nouveaux Economistes etc… Tout cela témoigne de l’évolution vers une industrie mure, au pouvoir déclinant rallIée progressivement 0 la socialisation en attendant peut être comme aux Etats -Unis s’agissant de General Motors, la nationalisation.

    Ce n’est pas encore les chemins de fer, mais presque….

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