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Humeurs de Loups du Mercredi 1er Aout 2012: Coup d’Etat de Draghi / Draghi tente de prendre le pouvoir. par Bruno Bertez (Actualisé au 02/08/2012 à 21h15)

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Humeurs de Loups du Mercredi 1er Aout 2012: Coup d’Etat de Draghi / Draghi tente de prendre le pouvoir. par Bruno Bertez (Actualisé au 02/08/2012 à 21h15)

  L’annonce par Draghi, à l’occasion de l’ouverture des jeux Olympiques,  àd’un nouveau plan pour sauver l’euro a donné un coup d’arrêt à la baisse des marchés. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un effet d’annonce et que tout va rentrer dans l’ordre, c’est-à-dire dans le désordre habituel. Nous pensons, au contraire, que ce plan marque la fin d’une phase dans la crise. À la faveur des échecs antérieurs et des divisions des leaders politiques, le patron de la BCE tente de prendre le leadership. 

  

   Ne vous y trompez pas, nous prenons très au sérieux la déclaration tonitruante faite par Draghi à l’occasion de l’ouverture des jeux Olympiques. Ce n’est pas parce que nous la qualifions de rodomontade que nous n’en apprécions pas la portée. C’est une rodomontade dans le sens où la promesse est en deux parties :

– Nous ferons tout ce qu’il faut, quelqu’en soit le prix

– Croyez-moi, cela suffira 

Faire tout ce qu’il faut quelqu’en soit le prix, fut-ce au prix de détruire ce que l’on entend préserver, oui nous le croyons, nous en sommes persuadés depuis le début de la crise. 

Croire que cela suffira et que Draghi ou la BCE en ont les moyens, non, c’est cela que nous qualifions de rodomontade. 

Que Draghi ait voulu se faire mousser au milieu d’un aéropage prestigieux en cette occasion, c’est une évidence, il ne faut jamais sous-estimer le goût, le besoin de gloriole, l’hypertrophie narcissique de ces personnages. Mais cela ne suffit pas pour rendre compte de ce qui s’est passé. Car, derrière, il y a eu toute une orchestration de relations publiques qui indique que la déclaration n’était pas une platitude de plus. Il y a eu une mécanique qui s’est mise en branle, tout comme il y avait eu des achats d’initiés sur les marchés du risk-on. On parlait chez les kleptos d’une excellente opération à faire et de gains rapides peu de temps avant ce que nous appellerons un coup. 

Les leaders européens s’y sont laissé prendre, ils ont vu une platitude convenue de plus dans les propos de Draghi, ils ont applaudi et surenchéri, cela ne coûtait rien. Aussi bien Merkel qu’Hollande ont joué les perroquets et répété les propos de Draghi sans se rendre compte qu’ils avaient un sens et, surtout, qu’ils marquaient une stratégie personnelle et institutionnelle nouvelle. 

De même, les officiels allemands, gardiens de l’ex et défunte orthodoxie, ont cru que l’on était dans l’habituelle et creuse banalité, ils n’ont pas réagi tout de suite. Ce n’est que lorsqu’ils ont vu que le coup faisait partie d’une salve qu’ils ont sorti les canons et démenti que quelque chose de nouveau et non conventionnel soit en préparation. 

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La banque centrale allemande, la Bundesbank, reste opposée au programme de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire par la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole.

« Notre opinion n’a pas changé concernant le programme SMP », nom de cette mesure adoptée en mai 2010, a déclaré le porte-parole, ajoutant qu’aux yeux de la BCE elle était « problématique ».La Bundesbank n’a cessé de critiquer ce programme depuis son adoption, jugeant qu’il revenait à financer les Etats et contrevenait ainsi au statut de la BCE.En revanche, la Bundesbank estime « non problématique » que le fonds de secours européen temporaire, le FESF, puisse racheter de la dette publique car le FESF « n’est pas une banque centrale », a ajouté le porte-parole.

L’institution monétaire allemande est toutefois contre l’idée d’attribuer une licence bancaire au FESF ou à son futur successeur le MES, qui lui permettrait d’aller se refinancer auprès de la BCE et donc d’augmenter très sensiblement sa puissance d’action, considérant à nouveau que cela conduirait aussi à faire financer les déficits publics par la BCE.

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Nous pensons d’abord que Draghi est en train de s’émanciper. Fini le Draghi diplomate, doucereux, équanime des premiers mois, Draghi révèle sa personnalité, son ambition ou celle de ses maîtres. Il se dévoile. Le comble, c’est que ce qu’il dévoile, c’est son hypocrisie, sa ruse, son habilité manœuvrière. 

Il accepte le conflit avec les Allemands et les Pays du Nord parce qu’il sait que les circonstances, la donne, lui sont favorables. 

Politiquement, l’alignement de la France sur les positions des pestiférés est « game changer » et il le sait; mais il sait aussi qu’il peut compter en Allemagne sur des alliés chevaux de Troie : les Socialistes et les banquiers kleptos type Deutsche Bank. Il sait que les Allemands ne sont pas en force dans le décompte des votes à la BCE. 

Economiquement, il sait que l’étape antérieure de l’action de lutte contre la crise européenne se termine. C’est la fin d’une époque, non pas en fanfare, mais en glissements imperceptibles. La fin d’une époque piteuse ou la fin piteuse d’une époque. 

 On ne croit plus au succès rééquilibrant de l’austérité, à la stabilisation des ratios de dette.

 On ne croit plus aux dévaluations internes, la viscosité est trop grande.

 On ne croit plus aux possibilités de retrouver les compétitivités perdues.

 On a touché les limites du fiscal, faute de matière taxable suffisante et face à la révolte des corps sociaux. 

Souvenez-vous, Draghi, il y a quelques semaines, était encore dans les brancards allemands, il louvoyait, mais il marchait dans les brancards, il disait : la BCE a fait ce qu’elle pouvait, ne nous en demandez pas plus, c’est au politique, au fiscal de faire ce qu’il y a faire. Non ici, il ne le dit plus, il prend son indépendance et dit : « Je ferais tout ce qu’il faut pour sauver l’euro et croyez-moi, cela suffira ». C’est lui et la BCE qui s’engage, il ne parle pas d’une action conjointe entre le monétaire et le fiscal. 

Pourquoi ?  Parce qu’une page est en train de se tourner, en silence, en cachette.

 PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :  

Les pestiférés sont au bout du rouleau, Rajoy est une faillite politique en attente, Monti est en sursis d’élections ; les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Les pays du core sont à la limite de ce qu’ils peuvent consentir sans dégrader leur solvabilité, confèrent les mises sous surveillance négative.

Le core majeur, l’Allemagne, est dans les cordes, il ne peut aller plus loin dans la mutualisation et le prélèvement sur ses citoyens.

On n’a pas assez accordé d’importance aux sondages qui montrent le rejet des bail out en Allemagne, la forte baisse du soutien à l’euro, les fissures profondes dans la coalition de Merkel, dans l’opposition franche de la Bavière, etc.

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Les Allemands pensent qu’ils seraient mieux sans l’euro

Une majorité des Allemands pensent que leur pays serait en meilleure situation sans l’euro, selon un sondage paru dimanche, alors que le ministre de l’Economie a répété ses doutes sur le maintien de la Grèce dans la zone euro.

Selon le sondage Emnid pour l’hebdomadaire Bild am Sonntag, 51% des Allemands pensent que l’économie de la première puissance européenne serait dans une meilleure situation si elle ne faisait pas partie des 17 pays de la zone euro. Vingt-neuf pour cent pensent que la situation serait pire. Le sondage montre également que 71% des Allemands demandent que la Grèce sorte de la zone euro si elle ne tient pas ses promesses d’austérité. AFP

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Demander à Merkel de consentir plus est idiot car elle ne peut donner plus que ce que son peuple et ses soutiens politiques veulent donner et surtout plus que l’Allemagne ne peut supporter. La dégradation conjoncturelle, la chute des perspectives, l’affaiblissement de l’économie allemande, sont là, indéniables, clairs et sinistres. C’est l’une des raisons pour laquelle le volet antérieur est tourné, la déflation fait sa réapparition en Allemagne même et cela limite définitivement le fiscal. Finies les marges de manœuvre de ce côté.

  

Au lieu de dire « messieurs les politiques tirez les premiers », Draghi prend les devants. Il prend même le leadership, notre Draghi formé à la Goldman.

Son plan est une sorte de coordination, coopération entre la BCE et les gouvernements. Un mélange, volontairement opaque d’intervention du pseudo-fiscal et du vrai monétaire dans lesquels se rejoindraient l’EFSF, l’ESM, la BCE. Le mélange est assez opaque pour servir de cache sexe et éviter de donner trop à voir l’interdit de la pornographie du financement des Etats par la création monétaire. On peut en effet imaginer des répartitions de rôles entre les complices pour tourner la lettre des textes et néanmoins voiler leur esprit. Ce n’est pas aux élites européennes que l’on apprend à faire cela, ils s’en sont fait une spécialité.

On peut faire acheter les emprunts govies sur les marchés par un canal, souscrire à des emprunts primaires par un autre, donner des liquidités aux banques par des LTRO et faire des tourniquets. On peut faire beaucoup de choses entre gens de mauvaise foi qui partagent un même but, sauver leur place et, surtout, ne pas se désavouer. On peut faire beaucoup de choses quand on a le renfort des médias socio démos qui ne demandent qu’à participer aux grandes manœuvres. Au besoin, on peut sacrifier quelques pions, comme on l’a fait avec Berlusconi, par exemple ; on peut sacrifier Rajoy qui est déjà au plus bas dans les sondages et est un obstacle au plan Draghi, dans la mesure où il s’obstine à refuser de perdre la face en sollicitant un bail out.

Les Fonds de sauvetage européens peuvent, d’un côté acheter les émissions primaires, ce qui est interdit clairement à la BCE, tandis que de l’autre côté, la BCE et ses complices du système bancaire klepto achèteront sur le marché secondaire pour manipuler les taux. Les Banques Centrales nationales peuvent acheter des dettes de toutes sortes, publiques, privées, bonnes, pourries, sous prétexte de restaurer les mécanismes de transmission. Ah, les fameux mécanismes de transmission, tarte à la crème des banquiers centraux pour tourner les Chartes qui leur ont donné naissance. Le tout est de trouver des subterfuges, des feuilles de vigne, pour masquer la création monétaire nécessaire au leverage, et des subterfuges pour placer les pays nécessiteux en situation de bail out tout en ne le déclarant pas !

Il est évident que la sortie de Draghi, si vous nous avez suivi, marque une étape de renforcement et d’approfondissement de la crise; c’est le constat lucide, la reconnaissance implicite, du fait que le « kick the can » antérieur a touché ses limites, que les conséquences « unintended » sont bien là, que le bout du rouleau étant proche, il est temps de changer de rouleau.

Dans cette étape, c’est Draghi, c’est-à-dire la finance, qui prend la main et le leadership, ils laissent aux politiques et, singulièrement à Merkel, le soin de faire passer les reculades et trahisons pour des succès.

C’est une étape dans l’approfondissement de la crise et dans la délitation politique, dans la division des institutions, des nations, des peuples. Qui ne voit que c’est la déclaration de guerre aux peuples des pays du nord, à leurs principes, à leurs « watch dogs » et autres cours constitutionnelles. C’est parce que c’est la fin d’une époque qu’il faut accepter les affrontements, les clivages irréductibles, les risques que si cela ne passe pas, cela casse. Le calcul de Draghi et des banquiers qui le manipulent est bon. Les pays du nord et singulièrement l’Allemagne, surtout l’Allemagne, sont dans la seringue. Ils ont commis l’erreur funeste de laisser enfler les balances du système Target II à leur détriment. En fait, ils n’ont pas vu la faille et ils ont accepté le « burden-sharing ».

 

Il faut laisser de côté pour ce jour l’analyse des chances de succès du Plan Draghi/Internationale Socialiste/Fausse Droite, il suffit de dire qu’elles sont nulles.

La finance va mettre à profit le pillage de la monnaie, bien commun, pour réduire ses risques sur le dos de la Banque Centrale et des contribuables présents et à venir. La finance sait que l’histoire récente, depuis 2008, atteste que les répits ne sont que temporaires, que la fourniture de liquidités n’améliore pas les solvabilités, au contraire, car elle autorise la poursuite des mauvaises gestions et le gonflement des endettements. La finance va pouvoir refaire impunément le coup qu’elle a fait avec les LTRO, qu’elle a détournés, pour réduire ses risques alors qu’ils étaient censés faciliter le marché des économies réelles.

Le résultat le plus net du plan Draghi et de ses complices va être d’approfondir les conflits en Europe, au sein des nations, au sein des Institutions, de miner l’esprit européen, de raidir les anti-européens. De favoriser en Allemagne le camp de ceux qui veulent et préparent une sortie de l’union monétaire.

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 1er Aout 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

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A Chaud!!!!!! du Jeudi 2 Aout 2012 : Draghi coute cher/ Bien mal acquis ne profite jamais par Bruno Bertez

Les marchés ont été déçus De la réunion de Jeudi tenue par la BCE , Ils n’ont à notre avis qu’à s’en prendre à eux mèmes, ils croient toujours aux miracles, alors qu’ils devraient au fil du temps, se rendre compte qu’il n’y a que des illusionnistes.

De fait Draghi n’a rien annoncé de concret. Le pouvait-il ? Non bien sûr car la situation européenne se caractérise par la division et la diversité.

Unilatéralement, à ce stade, Draghi ne peut proposer que des analyses et des pistes de réflexion, de négociation, pas des solutions.

Les Allemands, une fois pris la mesure des déclarataions tonitruantes de la semaine dernière ont comme nous l’avons souligné sorti les canons et contrés les avancées du patron de la BCE. À partir de là, il était évident que le combat s’engageait certes, mais qu’il ne pouvait pas ètre gagné rapidement. La Cour Constitutionnelle allemande ne se prononcera sur le fonds de soutien européen si nos souvenirs sont bons que le 12 septembre. D’ici là rien n’est possible et toute nouvelle initiative non conventionnelle pour ne pas dire illégale, ne pourrait qu’ètre contre productive.

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Il n’est pas question de donner encore de l’argent allemand aux pays en faillite, Monsieur Draghi ! Sinon Bild reprend son casque à pointe », lance le journal populaire, qui compte 12 millions de lecteurs. Et d’illustrer ses propos par deux photos: l’une montrant le banquier italien recevant en mars son casque prussien des mains du rédacteur en chef du quotidien, Kai Diekmann, lors d’un entretien où il avait vanté le modèle allemand, l’autre montrant le couvre-chef trônant sur l’étagère du bureau de M. Draghi, à la BCE.

« Le symbole prussien est un bon symbole pour le plus important devoir de la BCE: assurer la stabilité des prix et protéger les épargnants européens », avait alors déclaré l’Italien.

Bild, comme une grande partie de la classe politique allemande, s’inquiète de voir la BCE reprendre ses achats d’obligations publiques des pays en difficulté, comme l’Espagne et l’Italie.

La Bundesbank, banque centrale allemande, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, y est fermement opposée car elle y voit une manière détournée de financer les déficits publics, ce qui est interdit par les statuts de la BCE. « Le chef de la Bundesbank, Jens Weidmann, lutte contre cela en interne, mais il est en minorité », écrit Bild jeudi. En 2011, deux Allemands, Axel Weber, président de la Bundesbank, et Jürgen Stark, chef économiste de la BCE, ont démissionné, pour signifier leur opposition à ce programme adopté au printemps 2010.

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Pourquoi Draghi a été interessant.

D’abord, il a bien cadré la nouvelle analyse à la mode . Si les taux c’est-à-dire les primes de risques sont élevés c’est parce que le doute sur la viabilité de la monnaie commune se répand. On déplace le problème de la solvabilité et de la capacité à honorer les dettes sur le doute quant à la survie de la monnaie commune.

On insiste sur la fragmentation du marché financier européen, ce qui est nouveau également.

En clair on établit les bases d’un pseudo nouvel argumentaire pour manipuler les opinions publiques en faisant croire que la question de la solvabilité et des corrections fiscales est derrière nous et que ce à quoi on doit faire face est un problème commun: le doute sur l’euro, le risque de changes.

C’est un attrappe nigaud, mais il n’est pas stupide car on sait que les opinions publiques restent en majorité attachées à l’euro, c’est sur cette corde que l’on va baser la propagande et la communication. On remarque cette facon de présenter les choses exonère en partie les pestiférés et renvoie la responsabilité à l’ensemble euopéen . Bref, on recré une fausse solidarité qui sera utile dans les combats à venir contre les Pays du Nord.

Le second axe c’est la fameuse tarte à la crème de la transmission, alibi de toutes les aventures et de tous les laxismes. Cette analyse permet de faire envisager des initiatives non conventionnelles à différents niveaux : souverains, privés, bancaires. On peut ainsi tenter de justifier des interventions plus hasardeuses avec des collateraux de plus en plus douteux sinon pourris.

Le discours sur la maitrise de l’inflation, laquelle se rédurait,et la croissance, laquelle serait en péril ,ne sont là que comme hommages du vice à la vertu, ce sont des conditions permissives de toutes les dérives:

Notre conclusion : les marchés sont déçus parce que comme d’habitude, ils se sont trompés, mais Draghi lui de son coté pousse ses pions, glisse ses analyses et ses arguments , bref il balise le champ de bataille futur.

La démarche de Draghi et de la BCE s’apparente fortement à celle de Bernanke et de la Fed la veille . On ne fait rien parce que les conditions ne sont pas réunies, mais on prépare le terrain , on mine les positions des adversaires.

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 2 Aout 2012

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