Gaz de schiste, la manche secrète de l’industrie américaine en 2013
Gaz de schiste, la manche secrète de l’industrie américaine en 2013 L’avantage compétitif commence à jouer à plein dans l’acier, le raffinage, la chimie ou le ciment. Pour la population dans son ensemble, les gains restent encore mesurés




Le débat politique qui menace de bloquer les dépenses publiques américaines dès le mois prochain a momentanément fait oublier l’une des cartes maîtresses de Washington: la révolution des nouvelles ressources gazières tirées de formations rocheuses souterraines. Ces dernières assurent déjà le quart de la production gazière du pays, contre moins de 5% au tournant du siècle. Une abondance qui permet aux Etats-Unis de bénéficier d’un prix du gaz naturel divisé par cinq en l’espace de cinq ans. «Il y a toujours un décalage entre la mise à disposition d’une nouvelle source énergie et son adoption à large échelle, ce basculement est en train d’arriver», explique Kevin Lyne-Smith, responsable de la recherche actions au sein de Credit Suisse à Zurich.

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Le phénomène reste progressif, la première vague touchant les sites d’industrie lourde branchés par gazoduc sur des gisements régionaux: cimenteries, installations chimiques, raffineries ou aciéries. L’effet industriel suivant est plus indirect. «Cela permet aux entreprises d’améliorer leurs marges ou de réduire leurs prix de vente afin de détourner les consommateurs des importations bon marché», remarque l’analyste du Credit Suisse. Exemple avec le nouveau site en cours de construction par le sidérurgiste Nucor: le gaz de schiste devrait lui permettre d’économiser entre 80 et 100 dollars sur la production d’une tonne de tôle laminée à chaud, vendue entre 550 et 650 dollars. «Un avantage significatif par rapport à l’acier importé, surtout si vous ajoutez le transport», remarque Kevin Lyne-Smith.
Au niveau de l’économie dans son ensemble, l’avantage représenté par les schistes reste encore centré sur les régions d’extraction, Texas et Dakota du Nord en tête. Au niveau national, l’énergie compte pour environ 8% des coûts mobilisés pour générer une unité de produit intérieur brut. De son côté, le gaz couvre 25% des besoins énergétiques, contre 40% pour le pétrole. Une étude de Credit Suisse estime ainsi que les économies réalisées grâce au gaz meilleur marché ont totalisé, jusque-là, l’équivalent de 1,5% des revenus disponibles du pays. Au mieux. Et cet avantage est encore plus limité en prenant en compte le quasi-doublement des prix du pétrole sur la même période. Il le restera tant que d’autres utilisations – en particulier les moteurs de poids lourds sur lesquels travaillent des sociétés comme Cummins Westport – n’auront été trouvées pour cette manne gazière.
En attendant les exportations de gaz liquéfié américain


En dépit de l’opposition des lobbys industriels, les projets se multiplient aux Etats-Unis
La révolution du schiste reste encore une saga américaine. Sur la scène mondiale des échanges de gaz liquéfié par bateaux, la situation reste tendue. Et les prix élevés. A partir de 2015, la situation pourrait cependant basculer. Première étape, le gaz des champs offshore du nord australien, dont l’un des plus importants est celui de Gorgon, développé par Chevron. Sept unités de liquéfaction sont en construction – facture totale, près de 200 milliards de dollars.
«L’Australie devrait dépasser le Qatar pour devenir le premier exportateur de gaz naturel liquéfié d’ici à 2017», préviennent déjà les experts de Bank of America Merrill Lynch.
Démarrage fin 2015?
Un avantage qui pourrait cependant être bousculé par l’entrée en scène – encore hypothétique – des Etats-Unis. Les exportations de gaz y font encore l’objet d’une forte opposition – des écologistes comme des industriels – en particulier en direction de pays n’ayant pas d’accord de libre-échange, comme le Japon ou la Chine.
Début décembre, le cabinet conseil NERA a rendu au Département américain de l’énergie ses conclusions sur les bénéfices de telles exportations. Les analystes de Merrill Lynch ne s’attendent cependant à aucune décision «avant l’été prochain».
Cela n’empêche pas le développement d’une vingtaine de projets de terminaux d’exportation, dont le potentiel de liquéfaction atteindrait la moitié de la production gazière américaine. Selon Merrill Lynch, le premier site à recevoir le feu vert «fin 2015» sera celui du groupe Cheniere à Sabine Pass, sur la côte texane. Et d’après les estimations de la banque, même acheminé du golfe du Mexique, le gaz liquide américain pourrait être livré au Japon 20% moins cher que celui remontant d’Australie.
Par Pierre-Alexandre Sallier/Le Temps dec12
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