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Politique Friction du Mardi 15 janvier 2013: Revoici la vilenie du Livret A par Bruno Bertez

Politique Friction du Mardi 15 janvier 2013: Revoici la vilenie du Livret A par Bruno Bertez

 Nous avons, en son temps, souligné la position des banquiers hostiles à la hausse du plafond du livret A.

Nous avons aussi stigmatisé la direction des Caisses d’Epargne, plus soucieuses de la rentabilité des banques que de la défense des épargnants; nous n’y reviendrons donc pas.

   Le taux de rémunération du Livret A devrait donc être abaissé à 1,75%, ceci soi-disant en liaison avec la formule de révision, laquelle est établie à partir des chiffres de l’inflation. La technique et les mathématiques ont bon dos. Si on peut changer la formule du calcul des impôts, on peut aussi changer la formule qui fixe la rémunération de l’épargne des gens modestes. 

Voici quelques remarques: 

– Les chiffres de l’inflation sont bidons, tout le monde le sait et tout le monde en souffre. Nous avons affaire à de véritables prestidigitateurs. Comment réussissent-ils à sortir des moyennes de hausses de prix inférieures à la dérive de toutes les composantes! La seule hypothèse que nous voyons est que les indices de prix incluent dans leurs formules et leurs modes de calcul la baisse continuelle du niveau de vie des Français. Tout se passe comme si on était en présence d’un glissement perpétuel. Dans le passé, on considérait que l’on achetait des produits de qualité chez son commerçant du coin. Par la suite, on est passé chez Carrefour et l’on a continué de descendre dans la gamme pour aller chez Leclerc, au Magasin U et maintenant finir chez Aldi ou Lidl. A partir du moment où le nominalisme des relevés est accepté, on peut imaginer même de sortir des indices de prix totalement constants: il suffit d’admettre la baisse perpétuelle de qualité et l’empoisonnement des Français 

– Les relevés doivent certainement supposer que les consommateurs avalent chaque week-end des dizaines et des dizaines de kilomètres pour faire leurs courses là où le relevé de prix est le plus avantageux. Peut-être, si c’est vrai, conviendrait-il, pour coller à la réalité, d’ajouter dans la formule de prix le coût de ces déplacements. Et pourquoi pas le temps, et tant que nous y sommes, l’impact écologique. Vous voyez, pour une fois, nous pensons vert.

 – Aux Etats-Unis, dans le cadre des pseudo-négociations du fiscal cliff, Obama est d’accord pour tricher et modifier le mode d’indexation des prestations sociales et des retraites. On a même évoqué la création d’un indice de prix spécial pour les vieux. Il est vrai que le système inclut maintenant, depuis la politique de Bernanke et l’impossibilité de capitaliser pour sa retraite, l’euthanasie des personnes âgées. Vous ne le croirez pas, mais en France, notre Cahuzac, pour qui les bons comptes font les mauvais amis, surtout du côté de chez Mediapart, propose de désindexer les retraites. Obama fait des émules!

 -Les amis de Monsieur Mélenchon trouvent dans leur misérabilisme que le Livret A est un refuge de riches. Sûr que Bernard Arnault, Pierre Bergé, Cahuzac, Depardieu et Bettencourt ont des Livrets A. Mais est-ce une raison pour pénaliser tous les petits commerçants ou paysans qui n’ont qu’une retraite de quelques centaines d’euros par mois, en tous cas, moins de 1.000€? Ces petites gens, qui sont encore les gros fournisseurs de l’épargne du pays, épargne que les marginaux, les bobos et le gouvernement pillent allègrement, ces petites gens, dis-je, ont, année après année, accumulé un petit pécule afin de ne pas tomber dans la dépendance. Ce pécule, non seulement ne capitalise pas avec les taux d’intérêt pratiqués depuis 2008, mais en plus, il voit son pouvoir d’achat réel, vrai, pas celui de l’INSEE, chuter au fil des mois. Où est la justice? Ah oui, c’est vrai, ces pauvres gens que l’on est en train de mettre dans la dépendance, on va bientôt leur créer une allocation spéciale selon le tour de passe-passe habituel des socialistes et de la fausse droite: d’abord je te ruine, ensuite je t’enlève toute dignité et enfin je fais de toi un assisté.

 Nous arrêterons là notre commentaire, mais nous tenons à réaffirmer haut et fort que la question de la rémunération du Livret A et de l’épargne populaire en général est l’une des plus scandaleuses qui soit. C’est l’une des plus mal comprises aussi.

BRUNO BERTEZ Le Mardi 15 Janvier 2013

llustrations et mise en page by THE WOLF

4 réponses »

    • Salut, je viens d’essayer « l’indicateur personnalisé ». Une fois les paramètres réglés, ça m’affiche un résultat « curieux », La courbe s’envole, sort du graphe et même de la zone d’affichage écran…

  1. @Bruno Bertez, Superbe résumé de l’affaire. Je me permettrai JUSTE d’ajouter après : « je fais de toi un assisté »

    QUE TU SOIS BIEN PÉNÉTRÉ (sic) DE LA CHOSE Ô TOI LE CONTRIT BU À BLEU ET PARE GNANGNAN !

    Amennnnnn !!!

  2. Mercredi 16 Janvier 2013: De quelques jalons sur la route de la crise

    Nous produisons beaucoup de textes concrets par lesquels nous tentons d’apporter un éclairage radicalement diffèrent de celui projeté par le Pouvoir et ses serviteurs, passe-plats des médias. Nous ne donnons la parole à personne, pas de micro trottoirs, car nous sommes d’avis que la vérité ne se détermine pas aux voix, au hit-parade. Si cela avait été le cas, la terre serait encore plate!

    Notre cadre analytique et notre méthode de pensée fournissent une analyse de la crise comme crise de surendettement, insolvabilité du système économique et, en même temps, cette analyse pose que les remèdes des gouvernants s’assimilent uniquement à un report d’échéance, un kick the can, grâce à la création monétaire. Les assets doivent, ont tendance, à se déprécier sous le poids de l’excès de dettes et, pour soutenir leur prix artificiellement, éviter la faillite des banques et des Etats, on crée de la monnaie. Les économies ont tendance à s’asphyxier et, pour les maintenir à flot tant que bien que mal, on multiplie les injections de dopants.

    L’origine des surendettements est historique, permise par la flottaison générale des monnaies et la rupture de toute contrainte qui limiterait leur émission. L’émission sans contrôle a permis la dérive exponentielle de crédit. L’usage du surendettement est politique, il a été utilisé pour pallier les conséquences déflationnistes de la globalisation conduite par la sphère financière: la dette a compensé la perte de pouvoir d’achat du travail domestique.

    La solidarité entre les banques et les gouvernements est organique. Les gouvernements n’ont pu s’endetter que parce que les banques leur ont fourni l’argent; les Etats étant maintenant insolvables dans les conditions de financement normales, avec des intérêts positifs, il faut mettre les taux à zéro, reculer les limites de la solvabilité pour tout le système, accepter le trucage du bilan du système financier. Les Etats ont perdu toute latitude, toute possibilité de choisir leur avenir, ils existent sous contrainte de sauver leurs créanciers, ceux qui leur prêtent l’argent.

    D’où la formation de ce que nous appelons un couple maudit, indissociable, banques/Etats.

    Le mal est global car, peu à peu, au fil de la création monétaire américaine, tout le système a été infecté, les excès du crédit US se sont propagés par le biais du gonflement des réserves mondiales et la création de crédit domestique. Nous voulons dire que de la même manière qu’il y a une extrême solidarité organique entre les banques et les Etats, il y a une extrême solidarité organique entre les Etats entre eux. L’Allemagne, la Russie, la Chine qui se battent pour préserver une autonomie et le choix de leur destin sont comme des mouches dans un bocal qui s’agitent, s’épuisent mais n’en sortent pas.

    Il y a trois façons de traiter une crise de surendettement au niveau financier:

    – l’austérité
    – la monétisation
    – la restructuration des dettes

    Un seul moyen au niveau économique :

    – la restructuration des appareils de production vers la satisfaction de demandes moins coûteuses en crédit et plus conformes aux exigences du marché

    Un seul moyen au niveau social :

    – accepter que l’ordre ancien, issu des années d’excès des trente dernières années, soit détruit et remplacé par un autre plus porteur d’avenir, plus adapté à la marche en avant de la société.

    Le kick the can est une politique non seulement à courte vue qui ne traite que les symptômes en aggravant le mal, mais il est destructeur en profondeur des économies réelles, des consensus sociaux et des principes mêmes sur lesquels reposent nos civilisations. Le kick the can, avec son accompagnement de mensonges, de délitation du système en profondeur, est un crime et sera jugé comme tel par l’histoire.

    L’histoire sera sans concession, sans indulgence. On sait que la vérité d’une époque, d’un moment, est toujours révélée par l’époque suivante, le moment suivant.

    Ainsi, la vérité de l’époque 1971-2008 a été révélé par la crise, la logique de cette crise est révélée par les faux remèdes actuellement utilisés et la nature profonde de ces faux remèdes sera révélée par les futures crises sociales qui se produiront. Car la crise est un processus de descente de l’abstrait vers le réel, de transmission, et un processus de remontée des périphéries vers le Centre.

    L’histoire se charge de décanter, trier, mettre à jour. On sait maintenant les mensonges de Bush sur l’Irak, ceux de Mitterrand et de Kohl sur l’Europe etc.

    Les remèdes révèlent ce qui est caché disons-nous, comme la plaque que l’on met sur le trou pour le neutraliser, en fait, donne à voir ce trou.

    Les remèdes, création monétaire, suppression des prix de marché, taux d’intérêt zéro, hausse des impôts, prélèvements occultes par une inflation dronesque, le contrôle des individus, les restrictions de liberté, les redomestications, reculs de la globalisation, la multiplication des guerres, tout cela révèle le mal, il n’y a plus qu’à mettre en forme, à donner cohérence.

    Les jalons que nous posons ci-dessus et l’interprétation que nous fournissons de la situation rendent parfaitement compte de la situation politique. La situation politique se caractérise par le « bonnet blanc, blanc bonnet ». Les dirigeants, qu’ils soient de gauche ou de droite, mènent la même politique, ils ne divergent qu’à la marge. Au niveau de l’enrobage et de la cosmétique. Ainsi, en France, Hollande mène exactement la même politique que Sarkozy, austérité, hausse des impôts, régression sociale, tentative de flexibiliser les relations de travail, amputation des retraites, etc. Pourquoi ? Parce que les dirigeants ont beau être de droite ou de gauche, différence apparente, ils sont avant tout dirigeants et c’est donc une similitude, une solidarité profonde, qui les réunit. Un dirigeant a une logique de dirigeant, c’est celle-là qui s’impose à lui et donc, il est obligé de s’aligner, de renier. Il trahit les spécificités qui l’ont conduit au pouvoir.

    Ce contre quoi les peuples doivent lutter, c’est la position des dirigeants ; cette position d’alliance avec leurs créanciers et le monde de la finance. L’acte historique des peuples en cette période serait de refuser cette alliance, de la briser, afin de rendre aux dirigeants leur liberté et leurs spécificités. Ce serait remettre la démocratie sur ses pieds.

    Les ultragauches, les Chevènement, et même les Rocard ne rompent pas l’alliance avec les créanciers. Au contraire, par leurs propositions de financer directement les Etats par les Banques Centrales, ils se mettent encore plus la corde au cou. Le financement gratuit des gouvernements par les Banques Centrales serait une imbécilité suprême. Car comment obtenir dans ce cas une limite aux dépenses des gouvernements, si s’endetter ne coûte plus rien, si on peut perpétuellement rembourser en monnaie de singe. Ce que ces gens proposent, c’est la tyrannie et la disparition complète des libertés individuelles. La Banque Centrale, c’est une banque. Elle doit se soumettre aux lois de fonctionnement des banques. D’un côté, à son actif, elle accumule des créances, de l’autre, à son passif, elle émet du papier. Si la Banque Centrale mène une politique non-orthodoxe, et finance les gouvernements, elle accumule des créances sur ces gouvernements et si ces créances sont de mauvaise qualité, alors le papier, la monnaie émise par la Banque Centrale, est progressivement refusée, dépréciée, dévaluée. La crise bancaire, au lieu de se manifester au niveau des quasi-monnaies, au lieu de se manifester par la méfiance à l’égard des banques, se manifeste au niveau de la monnaie et du change.

    Il est évident pour vous qui nous avez suivis que tout, dans la politique des gouvernements en place, tourne le dos au social. Ainsi le but recherché, absolument fondamentalement, est de lutter contre la déflation, c’est-à-dire d’empêcher la baisse des prix et de favoriser leur hausse. Mais au même moment, on a le cynisme de vouloir supprimer les indexations qui protègent contre la hausse des prix. On fait semblant de lutter contre le chômage, on veut que la machine économique tourne, mais on casse le pouvoir d’achat ou on l’ampute. Et tout est à l’avenant.

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