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L’Edito du Lundi 18 Mars 2013: Greenspan- De débile à sénile en passant par servile par Bruno Bertez

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L’Edito du Lundi 18 Mars 2013: Greenspan- De débile à sénile en passant par servile par Bruno Bertez 

   Alan Greenspan était sur CBNC  vendredi matin, dans le cadre de la grande campagne destinée à embarquer les actions et à permettre au secteur financier de se dégager sur le dos du public et de ses institutions avant la hausse des taux. 

Comme on pouvait s’y attendre, ses propos n’ont pas été diffusés dans leur intégralité, mais dans la partie « utile » seulement. 

« La force récente de l’économie peut être attribuée à la hausse des marchés d’actions et à la hausse des prix du logement. Le prix du housing a un potentiel de hausse considérable, les prix des logements ont « botommed » (fait leur plus bas). Les assets sont sous-évalués en regard de la performance et du comportement de l’économie dans son ensemble…. 

Les actions sont considérablement sous-évaluées, selon les standards historiques.

Irrationnelle exubérance serait la dernière phase que j’utiliserais pour qualifier ce qui se passe sur le marché maintenant….

En terme de prime de risque, ce qui mesure l’exubérance ou la non-exubérance, on est très sous-évalué….

La raison pour laquelle le marché n’a pas monté plus, c’est parce qu’il y a des facteurs qui compriment les cours…

Ce n’est pas la Fed qui alimente le rally, fondamentalement, le rally est causé par la suppression du tail-risk européen. » 

Nous avons analysé tellement souvent ce tissu d’imbécilités que nous nous bornerons à quelques remarques. 

Nulle part vous n’entendez prononcer les mots « dettes » et « surendettement »; dans ce système, la dette et le surendettement n’existent pas. 

Dans ce système, les assets n’ont pas de valeur fondamentale, intrinsèque. Elles valent ce que dicte la Fed, c’est à dire le taux des treasuries courts ou longs, plus une prime de risque. On ne s’interroge pas sur les questions de savoir:

– Si les taux courts ne vont pas monter.

– Si les taux longs ne vont pas grimper, et retrouver un niveau naturel.

– Si la chute de la productivité et la hausse des coûts par unité produite ne vont pas accélérer l’inflation, réduire,  les marges des entreprises.

– Si la politique de taux zéro et de monétisation vont encore pouvoir durer longtemps.

– Si les déficits vont pouvoir continuer de s’accumuler.

– Si Blackrock va pouvoir avec ses copains acheter à tour de bras l’immobilier locatif, l’empaqueter comme on a fait avec les subprimes et les revendre au prix fort avec commissions à vos institutions de prévoyance, jusqu’à ce que le taux de rendement du locatif cessent  de supporter le poids des commissions et honoraires. 

Non, les assets en tant que tels n’existent pas, ils n’existent qu’en fonction de leur désirabilité et cette désirabilité est fixée par la politique monétaire (taux, spread et quantité de monnaie), sur laquelle vient se greffer une prime de risque. 

La prime de risque, ce n’est pas le réel et l’incertitude qui la fixent, mais le marché, c’est à dire la rencontre des demandes et des offres de papier telle qu’elle est pilotée par la Fed.  Bref, la prime de risque de Greenspan comme celle de Bernanke évacue le réel, elle est suspendue dans les airs de la tautologie des marchés. La prime de risque selon Greenspan devrait être minima puisque la Fed garantit tout, par son »put », sa promesse de continuer indéfiniment les liquidités et les taux zéro. 

Il n’y a pas de risque réel, uniquement un risque de marché et le marché est tenu par la Fed.

Les taux ne peuvent échapper au contrôle de la Fed, même les taux longs.

Le dollar peut faire tout ce qu’il veut, inflater, spolier, peu importe, il sera toujours désiré. 

Seule concession, la Banque Centrale Européenne n’est pas aussi magique que la Fed, elle ne réussit pas à faire oublier  totalement le tail-risk. Eh oui, la BCE a encore un ancrage allemand dans le traditionnal banking.  

Greenspan vit dans  son monde magique, mais sa caricature de raisonnement est révélatrice, car il nous livre toute nue,  la pensée de Bernanke: le monde n’existe pas. Les stocks de dettes n’existent pas, le pouvoir d’achat des salaires n’a aucune importance, la production n’existe  pas, à la limite, on pourrait s’en passer, la rareté n’existe pas. Seules comptent les perceptions, c’est le règne du signe, du modèle,  et ils sont manipulables à l’infini. Nous sommes au cœur de la crise, la crise de la pensée. 

Cette pensée qui a fait décrocher la valeur des choses; d’abord  du travail, puis de la rareté, de la peine, des conflits  pour la propulser dans les nues sans limites du désir.  Il n’y a pas d’autre valeur des choses que celle que lui assigne  la subjectivité délirante des désirs. Le casino est aussi « utile » que la ferme, que le médecin, que l’école, le tout est que les choses soient désirables .On connaissait  cette perversion en matière de marchandises, que les publicitaires s’efforcent de faire d’autant plus désirer qu’elles sont moins utiles, mais personne ne l’avait théorisé et explicité au niveau des assets.

Sauf nous, à de maintes reprises. La crise de 2008 est une crise de la pensée, de la culture, une crise de l’imaginaire du capitalisme devenu financier. Une crise terrible qui fait prendre les vessies pour des lanternes, les ombres pour le corps, le signe pour le réel. Une crise qui nie le besoin, la rareté, le travail, le temps, la mort. Il n’y a plus de valeur autre  que celle qu’assigne une subjectivité délirante modelée par la propagande, la désinformation et la manipulation des désirs. Il n’y a plus de fond, il n’y a que des interrelations et des corrélations.

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Dans sa dernière audition,  Bernanke, sans même s’en rendre compte, a abondé dans ce sens. Pour justifier le niveau des actions, il a mis en avant leur « performance ». Qu’est ce que cela veut dire? Cela veut dire que le sous-jacent de la valeur des actions, ce n’est pas l’entreprise, ses cash flows, non, le vrai sous-jacent c’est le fait qu’il y a de plus en plus de gens qui en achètent, que la demande est supérieure à l’offre, bref qu’elles montent, bref que le Ponzi est sans limite, que l’échange de monnaie créée par la Banque Centrale contre assets n’a aucun frein. C’est la glorification du Momentum, le momentum qui remplace Graham  Dodd. Fini l’étalon du cash-flow. Tout se mesure à l’étalon de la satisfaction passée, laquelle préfigure la satisfaction à venir. Avec nos deux fous, Greenspan et Bernanke, la valeur des assets est comme celle des marchandises, elle est fonction de la satisfaction qu’ils ont apportée et que l’on extrapole. La preuve que c’est bon, c’est que cela monte et que les gens en veulent. C’est la chaine du bonheur. Et Greenspan est venu la soutenir. 

La Banque centrale est vendeur à l’infini,  à carnet ouvert de « put », de volatilité, elle s’engage à tout honorer, à reprendre tout ce qui émis, tout ce qui a été acheté. Il n’y a personne pour dire chiche, « call the bluff » de la Banque Centrale. On vit dans un monde parfait dont les Etats-Unis seront pour toujours les maitres, il n’ y pas d’Etats rogues qui ne jouent pas le jeu, qui exigent le remboursement de dettes, le maintien de leur pouvoir d’achat.  

Est ce bien vrai? Nos compères se rendent-ils bien compte de ce qu’ils disent? Nous sommes sûrs que non. Pour Greenspan cela se comprend, il ne sait pas ce qu’il dit, il récite ce qu’on lui dit de dire pour toucher son cachet, il ne pense pas. 

S’il pensait,  il se rendrait compte que le début de son interview contredit tout, rigoureusement tout ce qu’il dit par la suite. Mais Greenspan ne pense pas comme nous, qu’il faut être cohérent et qu’il n’y a de vérité que du tout. 

« Le problème des banques too big to fail est le problème le plus important, le problème n’a pas été résolu et au lieu de se réduire, il devient de plus en plus gros. « Growing worse, not better ». 

« La question du too big to fail est  la question la plus importante et on n’y fait rien ou trop peu. La situation s’est aggravée depuis la crise, elle ne s’est pas améliorée. La réforme de Dodd-Frank est fondamentalement viciée(flawed),  et elle ne marche pas. Il faut reconnaitre que les banques ont besoin de beaucoup plus de capital, comme tout le système financier en général, et accepter que la croissance économique soit moindre. » 

Comment peut-on dans le même texte d’un côté dire que les risques sont nuls, les primes de risque trop élevées et, en même temps, nous dire que le problème du risque et de la stabilité du système financier s’est aggravé! Les risques sont plus élevés qu’avant la crise car le problème du too big to fail et de la régulation n’a pas été résolu, la situation s’est aggravée… mais les primes de risque sont trop chères!  Avant le risque était la bombe A , maintenant c’est la bombe H, mais le prix du risque est trop élevé. On est là aussi au cœur du problème. Les remèdes à la crise ont aggravé le mal, la fragilité du système a augmenté car les banques sont encore plus gigantesques, la spéculation plus démesurée et audacieuse, mais il n’ y a rien à craindre! Ah les braves gens! La réalité est que le too big to fail a atteint son point extrême et que maintenant, avec son bilan énorme et pourri, c’est la Fed qui est en première ligne.  Elle n’a plus les moyens de faire face,  l’assureur est dépassé. Comme tout le monde l’a été en 2008. La Fed est dans la situation de cet assureur qui vend des assurances contre les inondations très bon marché pendant une période de  sécheresse et qui croit que la pluie n’arrivera jamais, plus jamais.

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La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a annoncé jeudi avoir approuvé les plans d’utilisation du capital de seize des plus grandes banques américaines. Mais elle n’a donné qu’un feu vert «sous conditions» à deux d’entre elles, Goldman Sachs et JPMorgan Chase.

Sur les dix-huit plus grandes banques qui avaient soumis à l’autorisation de la Fed leurs projets de versements de dividendes ou de rachats d’actions, deux ne sont pas parvenues à l’obtenir: Ally Financial et BB&T.

Quatorze grandes banques ont observé toutes les conditions, dont la capacité à maintenir certains ratios de solidité financière en cas de dégradation violente de la conjoncture économique.

Il s’agit d’American Express, de Bank of America, Bank of New York Mellon, Capital One, Citigroup, Fifth Third Bancorp, KeyCorp, Morgan Stanley, PNC Financial, Regions Financial, State Street, SunTrust, US Bancorp et Wells Fargo.

L’examen des plans de Goldman Sachs et JPMorgan a révélé «des faiblesses dans leur processus de prévision de l’utilisation du capital», en dépit du fait que ces deux établissements avaient fait la preuve de leur capacité à maintenir les ratios de solidité financière réglementaires, indique la Fed dans un communiqué. Ils peuvent commencer à mettre en œuvre leurs projets, mais devront apporter des réponses satisfaisantes aux questions soulevées par la Fed d’ici à la fin du troisième trimestre, sous peine de voir leurs projets bloqués…

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BRUNO BERTEZ Le Lundi 18 Mars 2013

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