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Economie : Faut il augmenter les dettes ? Tout dépend si on est intelligent et cynique Par Bruno Bertez

Faut il augmenter les dettes ? Tout dépend si on est intelligent et cynique.

Je lis dans Le Figaro que les générations futures paieront la note sociale héritée d’emmanuel Macron.

Parmi les autres stupidités je lis également dans Twitter que l’inénarrable Moscovici énonce sentencieusement « qu’une dette doit être remboursée« .

Et puis le sommet, cette introduction de l’article du Figaro : « La France vit depuis plus de quarante-cinq ans au-dessus de ses moyens »! Affirmation qui reprend l’argument allemand. Comme si la France était seule à d’endetter outrageusement.

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Toutes les super élites savent que le chemin de la dette est un aller sans retour. La dette évolue à sens unique , encore heureux qu’elle ne s’auto-accumule pas grace aux taux d’interêts nuls ou négatifs!

La masse de dettes a vocation à être détruite non par le remboursement, mais par destruction de la monnaie

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J’ai beau lire tout ce qui se produit sur la dette, je ne vois rien qui témoigne d’une compréhension en profondeur de son rôle dans nos sociétés.

Et encore moins, rien qui montre son lien étroit avec ce en quoi la dette est libellée, la monnaie. La dette et son statut sont de façon indissoluble liés a celui de la monnaie, et aux Mystères de la monnaie. Avant, dette et monnaie était sous le toit de la religion avec par exemple le temple d’Athena.

Bref sur la dette on ne lit que des imbécilités superficielles, imbécilités dont la fonction est de dissimuler ce qu’il y a derrière le Mystère de la dette: monnaie et dette ont à voir avec les mystères religieux, la Part Maudite de Bataille par exemple.

La monnaie et le recours à la dette constituent

-une structure de la société,

-un ordre social avec ses grands prêtres qui entretiennent les illusions de leur puissance avec la multiplication des pains et l’alchimie

-une structure de l’âme humaine, qui veut nier la rareté et la temporalité

-une répetition civilisationnellle. De tous temps à toute époque la dette a servi à dépasser les contradictions et les antagonisme du présent. Pensez aux Assignats de la Révolution.

-La dette trace une équivalence entre le présent et le futur, on ne s’interroge pas assez sur ce miracle, qui se concretise, se présentifie dans un prix, celui de l’intérêt.

-de tous temps la dette a servi aux puissants à drainer à leur profit les richesses immédiates, réelles en les échangeant contre des promesses jamais tenues. La dette exprime un pouvoir.

-dans le temps moderne , la dette a constitué la base sociale d’une féodalité financière bourgeoise qui a pu imposer peu à peu son ordre et sa culture aux gouvernements et aux peuples.

Vous le voyez, la dette, c’est le cas de le dire, c’est riche! Et non seulement c’est riche mais c’est profond , caché, secret, dissimulé.

A notre époque pour terminer sur ce modeste survol;

-la dette est un système d’exploitation qui complète de façon incroyablement synthétique l’exploitation des salariés si bien décrite par Marx et ses epigones.

– on exploite le salarié par le bais de son crédit à la consommation et au logement.

-on exploite la société dans son ensemble, en monopolisant la gestion de la monnaie et en dirigant sa distribution vers les couches dominantes afin qu’elles acquièrent et accumulent les biens et les richesses,

-on fait levier sur le public comme le font les BlackRock en utilisant ses retraites pour financer le levier des très grandes entreprises qui ainsi bonifient un taux de profit qu’elles jugent insuffisant par l’ingénierie financière.

-on se sert des dettes comme en ce moment pour socialiser les pertes du Capital victime de la dislocation du Covid.

etc etc

S’agissant des dettes il faut savoir qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’un cycle du crédit. Le cycle du crédit est complexe, multiple mais il y a un grand cycle du credit historique qui fait en moyenne 75 ans. On ne peut y échapper que par des artifices de plus en plus douteux et au prix d’une fragilisation croissante.

Nous avons déja dépassé les limites du grand cycle long du crédit qui a commencé en 1945 et pour le prolonger nous avons dû:

-mettre les taux à zero ce qui permet de s’endetter plus et plus longtemps

-truquer les comptabilités, monétiser et

-soutenir le prix des dettes et des actifs financiers par les QE

Les phases finales des cycles de la dette sont toujours en accélération, la dette exige toujours plus de dettes car elles sont vulnérables et fragiles et nous sommes dans cette phase d’accélération.

Les chants désespérés sont les chants les plus beaux!

Les phases finales sont des phases de sauve qui peut, des phases de coûte que coûte . Et c’est exactement ce que l’on entend dans la bouche des (ir)responsables de la conduite des affaires. Les risques pour la stabilité financière et sociale sont tellement élévés que les autorités abandonnent toute retenue et sont obligées de faire savoir qu’elles iront jusqu’au bout.

Les phases finales du cycle du crédit sont des phases de bluff.

On reconnait la phase finale d’un cycle de dettes à l’accélération qui l’accompagne, dans cette phase la production de dettes n’est plus un choix, c’est une Necessité: c’est « marche, produit des dettes ou crève. »

La phase finale se reconnait à quatre choses:

-1 on n’a plus le choix car si on ne le fait pas, tout l’édifice s’ecroule

-2 les quantités à produire croissent de façon exponentielle

-3 les esprits de jeu et de spéculation se déchainent créant un mythe , une illusion de prospérité qui valident la production en continu de dettes. Il y a une boucle de ratification qui s’installe. La dette crée en apparence son propre collatéral.

-4 la production de romans, de baratins sur « le monde change, une nouvelle ére s’ouvre , ces romans ayant pour fonction dans le système de justifier les dérives, de permettre de produire toujours plus de dettes malgré les excès.

Ci dessous la correlation entre le crédit de la Fed et l’indice boursier phare, le credit de la Fed ayant pour fonction de soutenir les prix des actifs financers , l’esprit de jeu et donc l’appetit pour le risque nécessaire au credit. Le credit produit un faux collatéral.

Le principe de la production de dette est simple; on produit des dettes et toujours plus de dettes pour combler un gap, un fossé entre ce qui est dépensé et ce qui est gagné.

Le principe de la dette n’est pas la mobilisation de l’épargne des uns au profit des dépenses des autress, non il y a longtemps que ce système est terminé.

La dette ne consiste pas à prêter des épargnes, à transférer des excédents ! La dette est une production endogène au système bancaire, le système produit de la dette qui alimente en miroir, les dépots. Voila le système dans lequel nous vivons. Et c’est pour cela qu’il n’y a plus de limites aux dettes, elles sont en quelque sorte auto-financées. La monnaie et le crédit ne sont plus neutres ou transparents, non ils sont un outil monopolistique au service d’une idéologie économique et d’une classe sociale.

La production de dettes a à voir avec la notion de « gap », la notion de trou, et plus philosphiquement la notion de manque; la dette , le besoin de production de dettes croissent avec les gap de toutes sortes et ici avec le gap entre la tendance longue de l’économie américaine et la performance médiocre réalisée depuis la crise de l’an 2000 et celle des Telcos. Mais les manques peuvent etre divers, manque de confiance, manque de credibilité, manque de compétence, ainsi Powell est obligé de créer de la fausse monnaie parce que les marchés n’ont pas confiance en sa capacité à maintenir la valeur des dettes anciennnes par sa gestion, il est obligé de les racheter

Regardez le trou colossal entre la tendance ancienne et la production de richesse réelle enregistrée.

Les dettes ont rapport avec les financements insuffisants, le manque de ressources, le manque de profit.

Exemple type dans l’histoire, les dettes qui ont servi à financer la guerre 14-18 pour l’Allemagne, ou l’Experience de john Law dont l’origine était de masquer la faillite du Régent et de voler le peuple

Ainsi en France, mais également partout ailleurs et Greenspan l’a bien expliqué en son temps, on produit des dettes pour payer la part des dépenses de redistributions sociales genéreuses qui ne peut être financée par l’impôt.

Partout dans le monde la sociale démocratie s’est financée avec de la production de dettes. On a distrubué aux salariés pour les faire tenir tranquilles sans oser trop prendre aux Capital car si on prend trop au Capital , il investit moins et le chomage s’accroit.

Ce qui signifie que comme on n’a pas le courage de prendre aux uns ce que l’on donne aux autres, on triche, on émet une dette/créance qui reporte la charge du paiement sur les générations futures. En théorie. dette et impot sont interchangeables. La fonction fiscale de la dette , se manifeste par l’inflation.

La dette moderne surtout, car quand on la contracte on sait d’avance que l’on n’aura pas à l’assumer, ce sont toujours les autres qui sont censés en subir le poids.

La dette est, sous certains aspect , le coût pour maintenir en pseudo équilibre un système menteur, illégitime; elle sert à masquer les tensions sur les revenus. On obère l’avenir pour soutenir l’ordre présent.

C’est la même chose s’agissant des dettes pour financier les dépenses d’équipement et d ‘investissement.

Dans des pays comme la France , marqués par un système economique structurellement dysfonctionnant, on a, de tous temps voulu dépasser les capacités de l’épargne désireuses de s’investir productivement et on a forcé en quelque sorte le système, en recourant à la dette.

La dérégulation Bérégovoy des années 80 avait pour objectif de doper l’investissement en favorisant la production de dettes. Et ce malgré les détournements de l’épargne par le Trésor pour ses besoins.

Le système de la dette a à voir avec la chute tendancielle de la profiatbilité du capital et donc avec une tendance spontanée à la dépression. Bien sur personne ne vous en parlera. Les theories économiques dominantes sont fondées sur des idoties comme la théorie de l’équilibre ou le mythe que le capital est auto producteur de profit! Tout ce qui dysfonctionne, tout ce qui ne va pas dans le monde des dominants est rejeté hors du système comme cygne noir ou evènement imprévu/ temporaire

Quelques réponses aux questions sur la crise de la dette:

La crise de la dette est multidimensionnelle, je me bornerai à quelques evocations.

-la disparition de l’inflation a été une catastrophe pour le Capital et les banques centrales, les gouvernements .

Dans le vieux temps, la dette était auto-devalorisable grace à l’inflation des prix, grace à la croissance nominale des produits nationaux et donc on remboursait en monnaie de singe; le poids des dettes se faisaint moins sentir. Les ratios de dettes progressaient moins. La dette s’allegeait en s’accumulant/marchant.

La volonté de globaliser le monde et d’utilser le marché mondial du travail pour faire chuter les rémunérations des salariés et leur part dans les GDP a cassé la mécanique de l’inflation: les prix mondiaux n’ont plus progressé! La concurrence les a déflaté.

Par ailleurs les taux d’intérêt ultra bas qu’il a fallu pratiquer pour gorger de dettes et en produire plus a incité les entreprises à préferer remplacer le travail vivant par le travail mort, le pogrès des techniques s’est accéléré, il est déflationniste, il est venu ajouter à la déflation de la concurrence mondiale.

Le résultat de ces deux mouvements de longue durée a été la disparition quasi structurelle de l’inflation des prix des biens et services c’est à dire la disparition du phénomène qui rendait l’endettement supportable

Les contradictions simplettes et à courte vue du capital sont venues bloquer le système.

L’inexorable montée du poids relatif des dettes, phénomène mondial

Bien entendu je simplifie tout cela à la louche pour faire comprendre les grandes lignes.

Le phénomene d’accélération de la production de dettes est systémique, il ne concerne pas que la France, tout le système mondial s’est enfoncé dans les délices du système de la dette, USA et Chine en tete.

Le coup d’envoi a été donné par Kennedy et son successeur avec la Grande Société, il s’agissait, grace à la production de plus de dettes de financer , le beurre et les canons c’est à dire de masquer la lacheté. C’est Kennedy et son entourage qui ont fait pression sur le patron de la Fed d’alors pour obtenir les premières entorses à l’orthodoxie.

Nixon n’a fait qu’en tirer les conclusions.

BRUNO BERTEZ

Editorial: faut il augmenter les dettes ? Tout dépend si on est intelligent et cynique.

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