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Politique Friction du Mercredi 5 Juin 2013: Adidas, une affaire d’Etat, héritage de Mitterrand Par Bruno Bertez

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Politique Friction du Mercredi 5 Juin 2013: Adidas, une affaire d’Etat, héritage de Mitterrand Par Bruno Bertez

L’affaire Tapie est bel et bien une affaire d’Etat. ELLE COMENCE sous le règne Bérégovoy/Mitterrand. Pour la comprendre, il faut suivre le fil conducteur de l’argent et de celui qui joue le rôle du méchant, Bernard Tapie. Si on lui sauve la mise, peut-être qu’il se taira. Si ce n’est pas le cas, peut-être aura-t-il le courage de changer de camp et de dénoncer les pouvoirs qui se sont succédé. Dans sa vie, Tapie a souvent changé de camp, ce ne serait qu’une fois de plus.

    Nous avons hésité avant d’écrire cet article, mais le tissu d’imbécilités, qui a été tissé lundi soir 3 juin sur France 2, était tellement grossier qu’il nous a révolté. Pour connaître notre position face aux affaires et à la moralité publique, nous vous renvoyons à notre article du 28 mai intitulé « Quelques réflexions d’actualité sur le terrorisme financier et fiscal». Nous sommes pour une opération mani pulite, mains propres.

Manifestement, les participants au débat animé par Yves Calvi ne connaissaient pas grand-chose au dossier dont ils devaient discuter, si l’on excepte bien entendu le journaliste Laurent Mauduit de Médiapart.

Bercoff devait en connaître un peu plus, compte tenu de sa proximité avec Bernard Tapie, mais il paraissait évident qu’il ne voulait pas en dire trop.

Guaino était en service commandé, son objectif était de faire passer un message et un seul : Il ne faut pas confondre une décision politique, d’un côté, et les éventuelles magouilles auxquelles elle a pu donner suite, de l’autre. Sarkozy est responsable de la décision politique, pour le reste, tout comme Lagarde, il s’en lave les mains.

L’envoyée politique de service du PS, dont nous oublions le nom, elle aussi était en service commandé. Il s’agissait de transformer cette affaire en une affaire d’Etat, de mouiller au maximum Sarkozy et son entourage et, bien entendu, d’escamoter totalement les origines historiques de l’affaire, c’est-à-dire la responsabilité initiale du gouvernement socialiste qui avait aidé Bernard Tapie dans son ascension.

Nicolas Beytout jouait le rôle de l’interlocuteur raisonnable. Son effort de mettre un peu de méthode, de clarté et de bon sens n’a pas été couronné de succès, car il connaissait insuffisamment le dossier et surtout l’histoire.

Nous glisserons sur Corinne Lepage qui, visiblement, nourrissait un certain ressentiment qu’elle avait besoin d’extérioriser. Son engagement émotionnel et son incapacité à écouter, aussi bien les autres participants qu’Yves Calvi, ont beaucoup nui à l’éventuelle clarté de ses propos.

Quels étaient les enjeux ? Est-ce que les enjeux étaient de faire progresser la conscience politique des Français et de leur montrer que, sous les apparences du jeu politiquement correct,  il y avait tout un monde obscur, complexe, dans lequel l’argent jouait un rôle essentiel. Un rôle essentiel quelles que soient les couleurs politiques. Si c’était le cas, on peut dire qu’Yves Calvi a échoué. Il n’a pas réussi à prendre de la hauteur par rapport au sujet, ou par rapport aux positions des participants. Il n’a même pas réussi à s’élever au statut d’arbitre. 

Si l’objectif avait été de faire progresser la conscience politique des Français, il est évident qu’il eut fallu prendre l’affaire Adidas dans son déroulement historique et montrer que le fil conducteur depuis l’origine est le même, à savoir la collusion entre le banditisme international organisé, les affaires, les banques et la sphère politique, quelle que soit sa couleur. Au cœur de ce lien, il y a l’argent ; soit l’argent des canailles qui s’enrichissent personnellement, soit l’argent pour ceux qui en ont besoin pour leurs objectifs politiques.

Seule l’histoire permet de comprendre une affaire aussi embrouillée. Seule l’histoire permet de comprendre la logique, car il y en a eu une, du déroulement de cette affaire, depuis son origine, c’est-à-dire depuis 1989, date de l’achat par Tapie.

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Comme beaucoup d’affaires qui ont rapporté beaucoup d’argent, à l’origine, il y a un crime. Presque toutes les fortunes, à notre époque, ont pour origine un crime, une trahison, une extorsion ou une collusion. On pourrait, si on est curieux, se reporter à l’ouvrage de Mireille Ruzinak, « Les bons, les brutes et les autres » pour comprendre cet aspect de notre société.

En l’occurrence, s’agissant d’Adidas, le crime a été de faire vendre pour une bouchée de pain Adidas par les héritiers et singulièrement par une héritière. Le crime a été monté par une véritable association de malfaiteurs internationaux, bandits de haute volée, que l’on pourrait presque appeler « La bande du Comité Olympique ». Appelons-les, la bande du Comité Olympique. Elle a la possibilité de gagner énormément d’argent dans les attributions des Jeux Olympiques, elle a la possibilité de s’enrichir énormément sur tous les contrats qui, de près ou de loin, touchent aux Jeux Olympiques. On voit le lien entre le business Adidas et les grandes magouilles internationales du sport!

Il y a eu quelques petites émergences de scandale autour du marquis de Samaranch, patron du CIO, lui aussi au passé sulfureux, et de ses amis, comme par exemple André Guelfi, le fameux Dédé-La-Sardine. Dédé est un passeur, intermédiaire de haute volée dans tout ce qui transacte de façon un peu « olé olé » au plan national et international. Dédé en sait long sur les relations entre les affaires plus ou moins glauques et les Pouvoirs politiques.  Dédé, que l’on retrouvera souvent, non seulement dans l’entourage de Tapie, mais aussi dans l’entourage des grandes magouilles franco-françaises et franco-allemandes. Quand nous parlons de magouilles franco-françaises, nous voulons parler de l’affaire Elf sur laquelle a travaillé consciencieusement Eva Joly. Malheureusement très incomplètement. Quand nous parlons de magouilles franco-allemandes, nous voulons parler de l’affaire de la Raffinerie Leuna en Allemagne de l’Est dans laquelle les entourages de Kohl et Mitterrand, mais surtout Kohl, ont détourné 14 milliards.

Pourquoi est-il important de remonter aux sources ? C’est important parce que cela montre à quel point il y a imbrication, dans les très grosses affaires d’argent, entre des milieux apparemment très différents. Ici, milieu du sport, milieux politiques franco-allemands, milieu bancaire. Et même milieux du renseignement.

La logique de toutes ces affaires est bien celle d’une association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée, dès l’origine, entre des parties prenantes diverses, chacune jouant son rôle, chacune retirant un bénéfice. C’est pour cela qu’une vision parcellaire d’un dossier est toujours trompeuse. Elle masque les relations entre les gens, le rôle des uns et des autres, et, par conséquent, les responsabilités ultimes. Une vue limitée, parcellaire, d’un dossier escamote les liaisons et les fils conducteurs, ce ne sont pas les participants qui vont les donner eux-mêmes, c’était à Calvi de connaitre son dossier.

Donc, pour résumer, à l’origine, l’affaire Adidas, c’est déjà une collusion entre des bandits, escrocs de haute volée dans le milieu du sport, associés à des entremetteurs financiers internationaux, le tout avec le financement de banques liées au pouvoir politique et la bénédiction des pouvoirs en place.

Après avoir éclairé le crime initial, il eut fallu passer un coup de projecteur sur l’affaire Crédit Lyonnais/SDBO. Ou plutôt, SDBO, Tapie, Crédit Lyonnais. La SDBO était la banque de Bernard Tapie. C’était une affaire véreuse. Sa spécialité consistait à intervenir dans les affaires en procédure collective, sous mandataires de justice et sous la tutelle du Tribunal de Commerce. Pierre Despesailles était banquier patron de la SDBO et Président du Tribunal de Commerce. Tout un système de collusions, complicités était mis en place afin  faire en sorte que les repreneurs d’affaires en difficulté puissent trouver des financements et mettre en place tout un ensemble de dispositifs qui leur permettait de vider de toute substance les entreprises ainsi « redressées ». Pierre Despesailles a été condamné à de multiples reprises. Non seulement pour l’ensemble de son œuvre, mais aussi pour avoir confondu très largement ses intérêts avec ceux de sa banque. Il faut savoir que la procédure collective, le business des entreprises en difficulté, est une mine d’or pour la classe politique. On sauve qui on veut, qui paie, qui rétrocède, le cash circule par valises entières dans ces milieux. Les CIASI et autres, les anciens CEPME, etc. de leur temps avaient un rôle pas toujours avouable… cela n’a pas changé.

Donc il eut fallu se pencher sur cette liaison SDBO, Tapie, Crédit Lyonnais, et essayer de comprendre la réalité de l’association, les origines du montage qui a permis à Tapie de se porter acquéreur d’Adidas, les tenants et aboutissants de ce montage. Bien sûr, ce montage comportait une partie occulte; il serait intéressant de la mettre à jour. Il serait aussi intéressant, au lieu de dire, c’est le passé, de faire ressortir pourquoi le Crédit Lyonnais a accordé un certain nombre de faveurs hors du commun à Tapie. Il faudrait oser aborder le rôle de la banquière au-dessus de tous soupçons, Gilberte Beaux.

Il faudrait refaire la lumière sur les conditions de la mise en faillite opportune de la société de Tapie qui portait Adidas. Il faudrait remettre à plat la cession d’Adidas à Robert Louis-Dreyfus, son prix, ses conditions, ses à-côtés. On y découvrirait des choses fort désagréables pour la passionaria socialiste en service commandé dans l’émission de Calvi.

Depuis le début, l’affaire Adidas est une réelle association de malfaiteurs, une affaire d’Etat dans tous les sens du terme et au plus haut niveau. Tapie n’est que le fil conducteur qui peut servir à découvrir tous les pots aux roses. Le plus énorme pot aux roses étant celui qui a été étouffé, n’a jamais donné lieu à condamnation, le Crédit Lyonnais sous le règne de Mitterrand. Mais il y en a d’autres du même style, même s’ils sont de moindre ampleur…

Une piste qui, bien sûr, a été manquée par Calvi, celle des négociations fiscales entre les pouvoirs politiques et les grandes fortunes. Guaino a eu la maladresse d’évoquer cette pratique. Nous avons expliqué, il y a peu, que dans la pratique française, souvent, si ce n’est toujours, ceux qui étaient responsables personnels des collectes de fonds politiques, pour les personnes, pas pour les partis officiels, devenait Ministre du Budget; à votre avis pourquoi? Parce que, grâce à ce poste, ils peuvent renvoyer l’ascenseur aux bailleurs de fonds lorsque ceux-ci ont un problème de droits de succession ou un gros litige fiscal. Cet aspect éclaire beaucoup de scandales en cours… ceux que l’on connait, ceux que l’on suppute… ceux qui sont tenus en réserve si l’on peut dire, de la République. 

L’émission de Calvi était une émission d’enfumage. Elle avait pour objectif de donner aux uns la possibilité de dire, c’est une Affaire d’Etat Sarkozy, aux autres la possibilité de dissocier le politique de la cuisine de l’arbitrage.

La vérité a été escamotée, la télé lave plus blanc, on n’a pas abordé le fond, à savoir que c’est une affaire d’Etat, parmi d’autres, qui a commencé avant Mitterrand, s’est développée sous Mitterrand/Bérégovoy, et qui a continué sous Sarkozy. C’était une occasion unique de montrer comment la France fonctionnait et comment elle fonctionne encore.

Laurent Mauduit a du pain sur la planche.

 BRUNO BERTEZ Le Mercredi 5 Juin 2013

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