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L’Edito du Dimanche 1er Septembre 2013 : L’erreur terrible de Hollande. Hollande invente le socialisme aligné! Par Bruno Bertez

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L’Edito du Dimanche 1er Septembre 2013 : L’erreur terrible de Hollande. Hollande invente le socialisme aligné! Par Bruno Bertez 

La décision d’Obama de consulter le Congrès sur une éventuelle intervention militaire en Syrie constitue un réel revirement. Le leader américain a fait quelque sorte machine arrière malgré les pressions de Kerry. Ce revirement laisse Hollande dans une position inconfortable, sinon ridicule: être plus royaliste que le roi est délicat quand le roi lui-même se dérobe! C’est ce que l’on appelle avoir le c.l entre deux chaises. C’est un pas de clerc politique, une maladresse qui en dit long sur l’absence de réflexion qui a présidé aux prises de position de la France, Fabius et Hollande en tête. On condamne, on menace, on veut punir … sans prendre le temps de réfléchir; à la complexité de la situation. Il est amusant que le novice Kerry, lui aussi, fasse les mêmes erreurs.

   Hollande est socialiste; Socialiste fabien, c’est à dire qu’il veut changer la France, le système Français, les règles du jeu, en douceur, sans révolution violente. Il récuse les lois du marché, la fixation des prix par les marchés, la contrainte d’airain du profit et du capital. Ses doubles politiques de répartition et de  socialisation, se heurtent à l’absence de croissance. L’analyse est que sa politique est bloquée par la concurrence globale, concurrence des marchandises, concurrence des capitaux pour le profit maximum, concurrence des travailleurs entre eux dans le cadre de l’arbitrage international du travail. Il a ajouté récemment une nouvelle concurrence, obstacle à la socialisation c’est  la concurrence fiscale, certains Etats taxent moins que d’autres et cela gêne la réalisation de ses objectifs.

 

François Mitterrand s’est heurté aux mêmes contraintes. La concurrence mondiale et européenne, la nécessaire compétitivité, le déséquilibre des paiements l’ont obligé à rentrer dans le rang. Quand la situation monétaire et la situation des changes sont  devenues intenables, après consultation des visiteurs du soir, contre toute attente, il a mis genou à terre, il a baissé la tête, dévalué, mis en place une politique d’austérité et de chômage, il tendu la main au capital, entendez par là au Patronat.

 

L’expérience socialiste a fait long feu, l’idéologie a été rangée au placard: Ce fut le tournant soi-disant moderniste de Fabius. Le grand perdant a été la France qui subit encore maintenant les séquelles de l’expérience ratée des années 80 avec désincitation au travail, politique de répartition disproportionnée par rapport  à nos moyens, stock de dettes et de promesses intenables colossal, amertume et division, et déstructuration sociale. 

Mitterrand  a échoué et détruit un peu plus la France car il a buté sur la contrainte extérieure, laquelle contrainte est en fait une contrainte interne du système capitaliste, la contrainte de profit.

Peu importe qu’on lui donne le nom de contrainte de compétitivité, de balance extérieure, ou de solvabilité. Peu importe que cette contrainte soit perçue comme celle de l’Argent, de la BCE, de l’Europe, du monde global. La loi du profit est inscrite dans l’inconscient du système et elle se manifeste de mille manières quand on prétend s’en exonérer. 

Hollande a accepté la contrainte imposée par l’Allemagne, austérité relative dans le court terme, mais réformes dures et destructrices dans le long terme, perte de souveraineté. Bourreau encore un instant. Il a tourné le dos à ses promesses électorales, trahi son mandat, pour autant qu’il en avait un  et la France mène une politique sans avenir,  d’austérité cosmétique et chien crevé au fil de l’eau à la faveur de la pause des élections allemandes. Merkel ferme les yeux sur les dérives du moment que  l’on ne vient pas gêner sa campagne. 

Le Centre  du système mondial, ce sont les Etats-Unis: Ce sont eux qui fixent les règles du jeu économique, monétaire, financier. Ils tiennent tous les leviers, ils possèdent les clés du système, les codes, ils contrôlent tout, surveillent tout On vient de le voir avec l’émergence du scandale de la surveillance par la NSA. Ils fixent les règles du jeu capitaliste, ses normes et surtout le taux de profit moyen mondial qu’il faut extraire  si l’on ne veut pas être laminé. C’est le système américain qui fixe, par sa concurrence interne, par sa concurrence des capitaux, le taux d’exploitation de la main d’œuvre, salaires, chômage etc.

 

Quand nous disons le Centre , ce sont les Etats -unis, il faut comprendre que la notion est complexe, car si les Etats-Unis constituent bien le Centre- avec l’allié anglais- le système américain est une nébuleuse. Cette nébuleuse comprend la Chine, le fameux couple Chinamérica, les producteurs de pétrole du Moyen Orient, le Japon. Ce sont en effet tous ces gens  qui permettent aux Etats Unis d’être ce qu’ils sont, puissance impériale. Ils financent les Etats Unis, ils drainent l’épargne de leur population pour, bien sur eux même tenir le Pouvoir, mais aussi pour payer le beurre et les canons et les drones américains. 

Ce que nous voulons faire ressortir c’est que le système centré sur les l’Amérique est un tout. C’est un système de Pouvoir qui remonte au Centre. Un système hiérarchisé, non multipolaire, réellement unilatéral sous les différents aspects: 

Il faut ajouter que les Etats-Unis contrôlent les exceptions aux règles du jeu. En effet les règles ne sont bonnes que pour les satellites, le Centre, lui s’en exonère chaque fois que c’est son intérêt. 

En fait les règles, comme dans la fable de La Fontaine, ne sont que le masque que prend le droit du plus fort. Elles permettent aux vassaux comme Hollande de faire semblant de défendre des grands principes alors qu’ils ne font que plier sous la Loi du plus fort, sous ses pressions. 

Il y a un lien organique entre les différentes composantes du Pouvoir impérial américain. Le Centre ne peut exercer son pouvoir impérial que parce qu’il en a les ressources, c’est à dire parce que les satellites lui paient le tribut en mettant à sa disposition leur épargne. Les satellites paient les drones et les canons, on le sait, mais aussi réfléchissez, ils paient les food-stamps qui font se tenir tranquille les pauvres américains. Ils paient les food stamps du pays le plus riches, eux dont les pauvres sont plus pauvres que ceux des Etats Unis¨! 

Ben Laden avait fait une analyse simple, pour mettre à bas les USA, il faut raisonner globalement.

Ils peuvent tout faire en même temps par ce qu’ils en ont les moyens. Ils en ont les moyens parce qu’ils ont l’avantage de la finance et du dollar-roi. Il faut mettre en péril ce dollar-roi, frapper à la caisse. De fait Ben Laden a en partie réussi , il a forcé les Etats-Unis à l’over-reach international, il l’a forcé à des dépenses impériales colossales qui, par l’accroissement conjugué des déficits et du laxisme monétaire ont débouché sur la crise de 2008. Ben Laden a obligé à une politique monétaire et financière aventureuse car il fallait financer les interventions militaires et en même temps acheter le calme social domestique pour éviter les contestations de la politique suivie. 

Et c’est là, après avoir posé le décor qu’il convient de revenir à la position de Hollande. 

En tant que socialiste qui veut échapper à la loi du profit, à la contrainte de compétitivité, aux rigueurs d’une monnaie saine, les Etats-Unis sont un adversaire. Ce sont même l’Adversaire.

Hollande veut changer les règles du jeu Français , mais il se heurte , comme ses amis dans les années 20 , comme ses ancêtres de 36, comme son maitre-à-ne-pas-penser Mitterrand dans les années 80,  à la contrainte extérieure. Contrainte qui se manifeste par la pression des marchés de la dette, par celle des Allemands, par celle des Européens du Nord, par celle de la BCE. 

Hollande a eu, comme Sarkozy, un moment de lucidité, au plus fort de la crise européenne, lorsqu’il a osé dire. « Il faut modifier le système monétaire international ». Une seule fois.

Dès le lendemain, il est rentré dans le rang, la tête basse, la queue entre les jambes, effrayé rétrospectivement de son audace. 

Il avait vu juste pourtant et nous l’avions signalé d’abord et félicité ensuite. Enfin, un peu de courage, un peu de clairvoyance et de dignité avions nous pensé. 

Pour lever les contraintes extérieures, celles du fameux Mur de l’Argent, la Dictature des Marchés, la Dictature des porteurs de bons comme on disait avant, il faut soit s’enfermer, s’emmurer, soit mener une politique d’affrontement vis à vis des Etas Unis. Il faut tenir compte du fait que la politique impériale est un tout, monétaire, financier, réglementaire, idéologique, moral, économique, social, militaire, géopolitique: L’Empire impose un ordre qui forme un tout. Il impose un alignement, un ordre, une Pax Americana. Pour s’émanciper, il faut contester cet ordre. 

The World America mademade n’a été possible qu’en raison du renoncement des satellites et vassaux.

Prenons un exemple, la dévaluation du dollar sans concertation aucune, le reniement de la vitrine de l’or par Nixon, la tyrannie monétaire du dollar. Les Européens ont il protesté ? Non : Pourquoi? Parce que même si ils ont vu ou cette décision menait, la servitude, ils n’ont pas  eu le courage de s’y opposer. L’Allemand en particulier, mais aussi l’Europe en général ont  préféré donner raison à Kissinger: « en refusant d’assumer la charge de leur défense contre les soviétiques, ils se condamnent à accepter nos décisions monétaires unilatérales ».

 

Le Pouvoir impérial n’est possible que par le renoncement des satellites et vassaux. Il n’est possible que par la courte vue, l’absence de lucidité et de courage. Que par le petit intérêt minable de ceux qui, ayant conquis le pouvoir par défaut, veulent quand même le conserver et pour ce faire soutiennent ceux qui sont leurs adversaires. 

Dans la Pax Americana, la place de la France n’est pas du côté de l’Empire puisque c’est l’empire qui concrètement, objectivement empêche la réalisation des objectifs pour lesquels le gouvernement a été élu. L’intérêt de la France, petite puissance, n’est pas de servir de supplétif aux Etats-Unis. L’intérêt de la France , c’est la lutte pour le fonctionnement efficace de l’ONU, la sortie de l’unilatéralisme, le retour à des règles internationales claires et respectées. 

« Les Etats-Unis ne se sont pas toujours sentis tenus par les lois et institutions, même celles qu’ils avaient créés eux-mêmes. Des renversements ou tentatives de renversement de gouvernements en Iran, Guatemala, Cuba, à la guerre du Viêt-Nam, à l’invasion de la République Dominicaine , à l’invasion de Panama, à la guerre du Kosovo,  les Etats-Unis, qu’ils soient démocrates ou républicains ont défié ou ignoré les lois et institutions internationales, et ce autant pendant la guerre froide que pendant les décennies suivantes » écrit Robert Kagan.

 

La réalité, et seule compte la réalité,  est que le monde est organisé selon une hiérarchie dominée par les Etats-Unis, que cette organisation touche tous, absolument tous les aspects, toutes les sphères qu’elles soient monétaires financières, économiques, morales, militaires, géopolitiques et que ceux qui veulent faire l’ange, comme Hollande et certains autres petits européens , font la bête. 

On ne peut faire l’ange socialiste, dans un monde dominé par la loi du capital  américain, et en même temps, concourir à maintenir la domination américaine, jouer les supplétifs, les mercenaires, les cache sexes de leurs interventions impériales. Etre socialiste aligné. 

Faute de choisir, on se contredit, on s’affaiblit, on trahit ceux que l’on prétend conduire.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 1 Septembre 2013

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