Art de la guerre monétaire et économique

Les premiers vendeurs sont toujours ceux qui perdent le moins…Par Pierre Leconte

Les premiers vendeurs sont toujours ceux qui perdent le moins…Par Pierre Leconte 

Le propre des marchés financiers c’est de pouvoir s’éloigner de leur valeur objective d’équilibre, du fait des prises de positions de la majorité des intervenants les plus riches (en général les grandes banques privées, les grands Fonds d’investissement et les principales entreprises multinationales) qui entrainent à leur suite la plupart des autres investisseurs intervenant de façon mimétique, comme du fait de l’abondance ou de la contraction des liquidités dont les banques centrales les abreuvent ou les sèvrent alternativement. Nonobstant les manipulations permanentes dont ils font de plus en plus l’objet.

Telle est la raison pour laquelle la valeur réelle que devraient avoir la plupart des actifs financiers est, sauf pendant de très courtes périodes d’équilibre, toujours durablement faussée. Mais les marchés, aussi manipulés qu’ils puissent être, un jour ou l’autre reviennent brutalement à leur valeur objective d’équilibre, tout simplement parce qu’en dernière analyse c’est la valeur de la monnaie qui finit par déterminer leurs tendances. Et que cette dernière, parce qu’universellement désirée, est la variable économique la moins subjective et la plus déterminante.

Le professeur André Orléan dans son dernier livre “L’empire de la valeur”, Éditions du Seuil, septembre 2013 (8,50 euros), dont nous conseillons vivement la lecture, expose tout cela et appelle à refonder l’économie autour de la question centrale de la monnaie que les économistes “mainstream” ont à tort négligée et continuent de le faire. Alors que la recherche d’enrichissement monétaire est la plupart du temps la cause consciente ou pas et la conséquence espérée de tout rapport marchand. D’où l’importance fondamentale pour l’économie du Système monétaire international dont la non-régulation actuelle ne peut que conduire au désastre collectif. En particulier, comme il l’écrit, parce que “La capacité du système financier à se corriger de lui-même est quasi nulle”, de telle sorte que “Les premiers vendeurs sont toujours ceux qui perdent le moins” puisque, inévitablement, tous les gains engrangés pendant la période de hausse (lente et ponctuée d’à-coups) de n’importe quel actif financier sont effacés pendant la période de chute (presque toujours rapide et brutale) dudit actif.

Appliquées aux actifs dont la valeur nous intéressent, comme les actions ou les métaux précieux par exemple, ces constations impliquent qu’il vaut mieux rater une partie, même importante, de leur hausse que de perdre tous ses gains antérieurs ou actuels lors de leur inévitable krach. Les actions US en particulier sont objectivement très surévaluées, elles peuvent encore monter mais lorsque nécessairement elles chuteront, elles feront alors perdre à ceux qui ne les ont pas vendues trop tôt la plupart de leurs profits. Puisque, même s’ils ont commencé à les acheter à des niveaux de prix inférieurs, ils ont depuis nécessairement effectué des allers-retours ayant eu pour effet que leur moyenne de prix à l’achat est plutôt proche des niveaux actuels. Et qu’ils sont donc sans marge de manoeuvre suffisante pour absorber une forte correction sans dégâts. Il en est actuellement de même de l’or ou de l’argent-métal, dont la tendance baissière -qui est loin d’avoir atteint son terme étant donné qu’ils sont encore chers en comparaison historique – est en train de ruiner tout ceux qui ne les ont pas vendus trop tôt. A ce propos, plusieurs bons analystes prévoient une chute de l’or vers 700 USD l’once courant 2014-2015, ce qui est aussi devenu notre objectif final de baisse du métal jaune.

http://www.gold-eagle.com/article/old-necklines-never-die%E2%80%A6gold-big-picture

Moralité: il ne faut acheter que ce qui vient de fortement baisser pour atteindre des niveaux relativement bon marché parce que, presque personne n’en ayant accumulé, le risque de krach de tels actifs est alors faible voire inexistant, même si l’espérance de gain met du temps avant de se matérialiser. Actifs bon marché qui, lorsque les autres actifs surévalués chuteront, fourniront un réceptacle naturel obligé pour les capitaux restants en quête d’investissement.

Il en est ainsi des obligations d’Etat US qui, au surplus dans le contexte actuel de déflation, offrent des perspectives importantes de gains en capital, même si les taux d’intérêt qu’elles procurent sont intrinsèquement faibles. D’autant que, et c’est ici que la question de la monnaie -chère à André Orléan- intervient, le dollar US dans lequel elles sont exprimées est en phase de stabilisation et même de nette hausse vis-à-vis de plusieurs autres monnaies fiduciaires de papier (contre le yen japonais ou les monnaies des Etats producteurs de matières premières actuellement, le tour des monnaies européennes venant probablement ensuite compte tenu de l’écart ultra positif entre les taux d’intérêt US et les taux d’intérêt allemands à 10 ans, les taux US à 2,74 % étant bien supérieurs aux taux allemands à 1,72 % seulement). La meilleure façon de se positionner à la hausse sur les obligations d’Etat US en dollars US est à notre avis l’achat du TLT (iShares Barclays 20+ Year Treasury Bonds Fund), un instrument très liquide que l’on peut acheter et vendre quasiment en permanence et éventuellement conserver sans limite de temps.

                       

Quant aux actions, les seules qu’il faudra bientôt probablement acheter, pour une raison précisément monétaire, à la DOUBLE CONDITION que la résistance à 16.000 sur le Nikkei casse à la hausse et que la résistance sur le dollar/yen à 103,75 casse elle aussi à la hausse, mais pas avant, ce sont les actions japonaises. Étant donné que le Japon est en train de détruire la valeur de sa monnaie pour tenter d’exporter sa déflation domestique en direction du reste du monde (vers la zone euro et les USA surtout -donc au détriment des économies et tôt ou tard des marchés boursiers de ces derniers-). Sans compter que les actions japonaises sont à des prix relativement bas par rapport aux actions US et européennes (le Nikkei étant déjà monté à près de 40.000 fin 1989-début 1990). Actions japonaises qu’il faudra évidemment acheter en dollars US (via le JPNL -Direxion Daily Japan Bull 3x ETF) et non pas en yens pour ne pas perdre, du fait de la chute additionnelle de ce dernier, les gains effectués sur la hausse de l’indice boursier nippon. Le potentiel de hausse du dollar/yen -si la résistance à 103,75 était franchie- étant à 124, le Nikkei pourrait alors monter jusqu’à 18.300 (soit leur plus haut de 2007 à tous les deux). Incidemment, la hausse des actions japonaises n’est en rien contradictoire avec la chute programmée des actions US puis de la zone euro puisque beaucoup d’investisseurs vont probablement acheter le Japon (sortant de sa déflation) et vendre simultanément les USA et l’Europe de la zone euro (menacés de -ou déjà en- déflation).

http://blogs.stockcharts.com/chartwatchers/2013/11/buy-japan-sell-us.html

http://blog.kimblechartingsolutions.com/2013/11/worlds-most-wicked-resistance-line-going-to-give-way-after-23-years/

http://asiaconf.com./?awt_l=AOQQk&awt_m=3bgmPCezN6WrnyL

Les bourses d’actions US et européennes et la DÉFLATION:

http://www.moneynews.com/StreetTalk/goldman-sachs-S-P-500-stock-index-rally/2013/11/27/id/538939

http://www.moneynews.com/StreetTalk/cash-stocks-taper-Intel/2013/11/26/id/538785

http://www.moneynews.com/InvestingAnalysis/Hulbert-insider-selling-stocks/2013/11/22/id/538089

http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/10466285/Mario-Draghi-ECB-needs-safety-margin-against-deflation.html

http://www.ft.com/intl/cms/s/0/6e3db99c-5398-11e3-9250-00144feabdc0.html#axzz2lg7HIgUC

http://www.zerohedge.com/news/2013-11-28/there-just-no-escape-mario-draghis-monetary-zombie-nightmare

http://fr.news.yahoo.com/la-bce-confront-e-un-111711815.html

http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0203150044788-l-economie-mondiale-sous-la-menace-des-bulles-financieres-633106.php

IMPORTANT
http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/documents/prev/prev0413/inter170413.pdf

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Natixis (Patrick Artus): L’Allemagne doit sortir de la zone euro

http://www.testosteronepit.com/home/2013/11/24/french-megabank-germany-should-leave-the-eurozone.html

http://lejournaldusiecle.files.wordpress.com/2013/11/natixis-20-nov-2013-lettre-dinformation-nc2b0828.pdf

http://fr.news.yahoo.com/merkel-iii-l%C3%A9conomie-allemande-nentra%C3%AEnera-voisins-143359530–finance.html


On peut, à ce dernier propos, se demander quel est l’intérêt pour la zone euro -et accessoirement pour les USA- de laisser les Japonais organiser l’effondrement de leur yen sans eux-aussi tenter de faire baisser leurs propres monnaies, l’euro au premier chef qui étouffe l’Europe puisque le dollar US est déjà depuis longtemps sous-évalué ? La réponse tient vraisemblablement au fait que les banques centrales US et européennes n’ont plus de marge de manoeuvre puisque ni l’une ni l’autre ne peuvent aller plus loin dans leur laxisme monétaire (d’ailleurs resté sans effet de relance pour l’économie réelle), le QE aux USA ayant été porté au maximum possible par la Federal Reserve et la Bundesbank en zone euro n’acceptant pas que la BCE aille plus loin dans ses LTRO. Nous sommes donc en pleine “guerre des monnaies” éminemment déflationniste, l’objectif pour presque tous les Etats ou banques centrales (sauf en Europe) étant de maintenir celle qu’ils émettent la plus dévaluée possible. D’où il résulte pour eux qu’il est vital de casser tout actif monétaire RÉEL alternatif (comme l’or) qui pourrait se substituer partiellement aux monnaies fiduciaires étatiques ne remplissant plus leur rôle ni de réserve de valeur incontestable, ni d’instrument d’échange efficace. On est bien mal parti quand les pouvoirs publics eux-mêmes cassent leurs propres monnaies et tout actif monétaire RÉEL alternatif… On notera à ce propos que l’Allemagne vend son or et que la Suisse pourrait en faire de même (le Conseil fédéral refusant d’entrer en matière sur l’initiative populaire anti ventes d’or par la BNS).

http://www.moneynews.com/Markets/Switzerland-gold-reserves-vote/2013/11/20/id/537659

http://www.mineweb.com/mineweb/content/en/mineweb-whats-new?oid=219134&sn=Detail

http://www.safehaven.com/article/31929/gold-bulls-get-another-shock

http://goldsilverworlds.com/investing/gold-miners-look-to-break-below-june-low/

http://www.kitco.com/news/video/show/Metals–Minerals-2013/488/2013-11-26/I8217m-Not-A-Gold-Bull-Randgold-CEO

http://www.fool.com/investing/general/2013/11/25/will-this-silver-miner-stop-losing-money.aspx

http://www.fool.com/investing/general/2013/11/25/how-much-longer-can-these-miners-survive-lower-gol.aspx

http://www.standard.co.uk/business/markets/go-short-on-miners-jpmorgan-says-amid-china-and-price-fears-8932628.html

Certains spécialistes pensent que la Federal Reserve, qui semble marquer son intérêt pour les monnaies électroniques (un peu du type Bitcoin ), a en projet d’en créer une, évidemment publique (pas privée comme Bitcoin), ce qui lui permettrait d’aller encore plus loin dans le VIRTUEL et dans l’ABSTRACTION monétaires pour mieux manipuler les flux et taxer tous les mouvements de cash puisque l’on se dirigerait alors vers un dollar US dématérialisé, un simple signe électronique émis et contrôlé par une sorte de Big Brother (une NSA bis !), ce qui serait à terme la fin de la monnaie fiduciaire de papier actuelle et plus encore de la conception de la monnaie gagée par un actif réel comme l’or, lequel dans cette hypothèse serait plus encore marginalisé. La Fed pourrait ainsi en outre modifier les paramètres monétaires traditionnels (l’inflation ou la déflation) et instituer la domination définitive de ce nouveau dollar US, puisque elle instituerait une sorte de société sans monnaie autre qu’un échange électronique, facile pour les USA à imposer au reste du monde pour la plupart des transactions. Aller dans ce sens constituerait une nouvelle révolution monétaire au moins aussi importante que la cessation de convertibilité de la monnaie papier en métal précieux ayant eu lieu au XXéme siècle. On n’en n’a pas fini avec les manipulations et la perte des libertés…

http://www.financialsense.com/contributors/martin-armstrong/expect-cashless-society-not-hyperinflation

Quant au Bitcoin, n’étant qu’un moyen d’échange sans valeur RÉELLE, nous ne conseillons pas de l’utiliser, d’autant que son extrême volatilité de cours et la probabilité que les pouvoirs publics finissent par l’interdire au profit de monnaies électroniques de leur création ne lui assurent pas de durabilité dans le temps. Le volume total d’émission du Bitcoin étant limité par la formule algorithmique l’ayant créé à un maximum de vingt et un millions USD seulement, il pourrait monter à des niveaux stratosphériques si sa demande venait à s’accroitre (avant de finir par s’effondrer quand la totalité des 21 millions USD auront été souscrits et que les premiers souscripteurs importants vendront… “Les premiers vendeurs sont toujours ceux qui perdent le moins”…). On notera toutefois que la hausse du Bitcoin ajoute aux pressions baissières sur l’or et l’argent-métal qui sont, par ailleurs, affaiblis de façon additionnelle du fait de la baisse des prix du pétrole en liaison avec les négociations internationales visant à réintégrer l’Iran dans le “concert des Nations” en échange de la limitation de son programme nucléaire. Le meilleur moyen d’aller short sur les métaux (dont les prix pourraient courant décembre 2013, au moment de l’ajustement des portefeuilles par les acteurs financiers, casser leurs plus bas annuels) c’est d’acheter des options puts (à longue échéance) sur le Comex ou bien le GLL (Proshares Ultra Short Gold), le ZSL (Proshares Ultra Short Silver) et aussi le DUST (Direxion Daily Gold Miners Bear 3 x Shares) puisque les actions des sociétés minières continuent en même temps leur “descente aux enfers”.

LES PLUS MAUVAIS INVESTISSEMENTS EN PÉRIODE DE DÉFLATION SONT LES MÉTAUX PRÉCIEUX, LES MATIÈRES PREMIÈRES ET LES ACTIONS (DANS LES PAYS FRAPPES PAR LADITE DÉFLATION). LES MEILLEURS SONT LE CASH ET LES OBLIGATIONS D’ÉTAT DANS LA MONNAIE INTERNATIONALE DOMINANTE PARCE QUE LA PLUS UTILISÉE (C’EST-A-DIRE EN DOLLARS US).

SOURCE ET REMERCIEMENTS: FORUM MONETAIRE DE GENEVE

 http://www.forum-monetaire.com/?p=10393

5 réponses »

  1. Pierre Leconte change vraiment d’avis comme de chemise… Il nous disait jusqu’alors que l’or et l’argent allaient monter parce que la destruction des monnaies papier et l’hyperinflation arrivaient… Et aujourd’hui c’est du dollar en cash qu’il faut détenir !!!

  2. De toute façon c’est soit l’inflation et donc les actifs matiéres premiéres soit la déflation et dans se cas le cash, mais il faut bien choisir ca devise. Le dollar ne me semble pas encore sortie d’affaire, surtout avec la chine qui va en acheter beaucoup moins.

  3. Exactement… je viens de faire une plongée archéologique dans ses anciens billets, et cela ne renforce pas sa crédibilité… Il pourrait au moins s’expliquer sur les raisons de son changement de pied…

    • En saluant au passage l’aimable lecteur qui m’a gratifié d’une étoile (l’auteur peut-être ? lol)
      sans me décourager, je viens amener à la réflexion en cours « con cernant » le dit
      « à moi Leconte deux mots » un autre envoi dont j’aurai bien aimé être l’auteur :

      CHEZ CERTAINS INDIVIDUS, L’INCOHÉRENCE TIENT LIEU D’ESPRIT DE SUITE » !

      Pourrait-il également m’interpeller à titre personnel ? Ma foi ……

      P.S. Sans un brin de folie, il n’est point de génie !
      Et SANS LA DÉCONNANTE, LA VIE EST D’UN TRISTE … HOLLANDAIS TIENS !

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