Une crise bancaire « quasiment » assurée en Chine Par Mish
Le Sydney Morning Herald nous mettait le 5 Septembre en garde face à un « danger indéniable » dans Australia to be Hit as Chinese Economy Unravels :
Lors de la conférence de jeudi dernier, l’ancien prévisionniste en chef du gouvernement fédéral, Quentin Grafton, expliquait que le prix du minerai de fer n’avait que peu de chances d’enregistrer une reprise prompte, ce qui devrait peser lourdement sur l’économie australienne en 2015.
« Il ne s’agit pas là d’émettre des prévisions catastrophes, mais d’observer les risques et les chiffres. Le danger est indéniable », a-t-il précisé.
Il a ajouté que la banque de réserve d’Australie devrait se préparer à des temps difficiles face à la conjoncture économique pénible générée par un marché de l’immobilier excessivement cher et un dollar fort et à la baisse des prix du charbon et du minerai de fer.
Les commentaires de Mr. Grafton viennent s’ajouter à l’anxiété face à l’économie chinoise, puisque le marché de l’immobilier du pays enregistre actuellement son plus gros déclin.
Le prix moyen d’une maison résidentielle chute depuis plusieurs mois en Chine, et son taux de déclin a accéléré entre le mois de juin (0,5%) et le mois de juillet (0,8%), propageant des secousses au travers de l’économie toute entière. Il a perdu 0,6% supplémentaire en août, pour porter le coût moyen des propriétés à 1.737 dollars par mètre carré.
Les problèmes du marché immobilier sont de la plus haute importance pour l’économie chinoise et la communauté globale de l’investissement. N’oublions pas que le secteur de l’immobilier est un facteur économique clé qui a contribué au PIB du pays à hauteur de 15% en 2013.
Les difficultés du marché chinois de l’immobilier ont un impact sur l’économie australienne, puisque l’industrie chinoise de la construction de propriétés est un gros consommateur de minerai de fer, avec 1 dollar pour 5 dollars d’exportations australiennes.
La chute de la demande et les problèmes de surproduction ont entraîné une baisse du prix du minerai de fer pour le porter jusqu’à un record à la baisse sur cinq ans. Son prix se situe actuellement aux alentours de 84,38 dollars par tonne.
Le prochain record à la baisse pourrait porter le prix du minerai de fer à 76 dollars par tonne, un prix qui n’a plus été vu depuis septembre 2009.
Les pays producteurs de ressources seront les plus fortement touchés
Je me penche sur le problème depuis déjà un certain temps. L’un des premiers à l’avoir fait a été Michael Pettis, de chez China Financial Markets.
L’économie chinoise finira par ralentir, cela ne fait aucun doute. Les pays producteurs de ressources comme l’Australie et le Canada en seront les plus fortement touchés.
Une crise bancaire est quasiment certaine en Chine
Voici un article qui a attiré mon attention, non pas pour ce qu’il dit, mais plutôt pour ce qu’il omet de mentionner.
Cet extrait est tiré d’un article intitulé China banking crisis ‘almost certain’, warnseconomist Gabriel Stein :
Selon un économiste du nom de Gabriel Stein, le système financier chinois ne manquera certainement pas d’être frappé par une crise bancaire de grande ampleur.
Gabriel Stein, qui travaille pour le cabinet d’expert-conseil en économie Oxford Economics, a expliqué mardi à Sydney que les autorités chinoises comprennent l’importance des prêts toxiques sur les bilans de leurs banques, et font désormais face à un choix difficile devant la potentielle crise bancaire.
« Nous ne savons pas quand une crise bancaire se développera en Chine, ni comment elle se déroulera, mais ce que nous pouvons dire, c’est qu’une crise est quasiment certaine », a expliqué Mr. Stein, professeur à l’Université de Londres ayant travaillé comme économiste en chef pour Lombard Street de 1991 à 2012.
« Les risques financiers sont élevés, et les prêts toxiques sont sous-évalués.
En comparant la situation actuelle à celle d’il y a vingt ans, la croissance du crédit est restée la même. Les autorités chinoises possèdent environ 30% des prêts non-performants du système bancaire, bien qu’elles soutiennent n’en posséder qu’un pourcent ».
Une crise bancaire globale assurée
Gabriel Stein est un optimiste.
Supprimez le mot « quasiment » du paragraphe ci-dessus, et remplacez les termes « en Chine » par « à l’échelle globale », et vous aurez un aperçu de ce que les choses sont vraiment.
Voici ce que ça donne :
« Nous ne savons pas quand une crise bancaire se déroulera à l’échelle globale, ni comment elle se déroulera, mais ce que nous pouvons dire, c’est qu’une crise est certaine ».
Puisque la Fed, la Banque du Japon, la Banque de Chine, la Banque d’Angleterre et quasiment toutes les banques centrales de la planète engagées dans une forme ou une autre de politique d’urgence, puisque les dettes ne seront jamais remboursées, puisque le Japon est enfoncé jusqu’au cou dans l’Abénomie, puisque les produits dérivés et les passifs non capitalisés s’élèvent à plusieurs trillions de dollars, et puisque la BCE ne cesse plus de chercher un moyen de stimuler l’euro malgré ses défauts structurels évident, comment pourrions-nous échapper à une crise financière ?
L’immobilier continue de flancher en ChineD’après des statistiques officielles, le rythme de la baisse des prix de l’immobilier a eu tendance à s’accélérer au mois d’août, en Chine. Une baisse en rythme mensuel uniquement: en moyenne, dans 70 villes chinoises, le mètre carré a décliné de 1,1% par rapport à juillet. Si l’on exclut le logement social, 68 des 70 villes observées par Pékin ont connu une baisse au cours du mois dernier.
Globalement, les ventes immobilières ont diminué de 10,9% au cours des 8 premiers mois de l’année, par rapport à la même période de l’année précédente. Ce retournement du marché immobilier est l’une des données fondamentales de l’équation économique chinoise actuelle, car le secteur a longtemps tiré la croissance, tout en étant structurant pour les finances du pays. C’est la baisse des prix de la pierre qui explique, en grande partie, les mesures de relance ciblées annoncées régulièrement par Pékin – et en particulier le déblocage, hier, de 500 milliards de yuans de prêts destinés à cinq grandes banques commerciales. Les Echos 18/9/2014