Politique Friction du Mardi 18 Novembre 2014 : Le grand retour du risque politique Par Bruno Bertez
EifFage. L’acharnement de l’Etat français contre la société d’autoroute est un exemple de mesure contre-productive. Au détriment du capital.
Je n’ai aucune sympathie pour Eiffage. D’ailleurs je n’ai pas de sympathie en général pour le capitalisme connivent, le capitalisme monopolistique d’état et les élites cooptatives. Mais j’ai de la sympathie pour les actionnaires, petits et minoritaires de cette société qui devrait représenter le modèle de la sécurité de la régularité. Le service public par excellence, base de tout fond de portefeuille réticent devant le risque. Ce devrait être un investissement majeur de tout portefeuille de retraité.
En l’espace de quelques mois l’actionnaire a perdu près de 20 euros par titres. On vient de 57 environs cet été, on en est à 38. Pendant ce temps, les indices boursiers inscrivent de nouveaux records. Rien que dans une seule séance, le titre a chuté de 10% il y a quelques jours. La raison? Le gouvernement et le parti socialiste trouvent que la société fait trop de bénéfices, ils veulent amputer les résultats des sociétés d’autoroutes au mépris des conventions passées et des accords de concession.
S’ils ne peuvent le faire au niveau des sociétés d’exploitation, ils envisagent de le faire au niveau des holdings. L’idée est inspirée par la pure démagogie, car les sociétés d’autoroutes n’ont pas bonne presse, leur image est négative. Et puis comme on rabote le pouvoir d’achat des salariés, un petit transfert compensatoire n’est pas une mauvaise idée, n’est-ce pas ? Tout cela a été lancé par Montebourg en son temps.
Cette affaire me fait penser à EDF, et aux attaques sur ses tarifs. Elles ont été l’occasion d’une vague d’opérations d’initiés, de vendeurs à découvert. Il est évident que dans le cas précédent il y a également des opérations d’initiés qui sont en cours. Il suffit d’examiner les corrélations qui se brisent brutalement avant les nouvelles. Mais là, n’est pas mon propos du jour. Mon propos c’est la réintroduction dans le système français de ce que l’on appelle le risque politique. Le risque lié à l’arbitraire politique.
Dans le passé, en France, il était très élevé. A un point tel que les investisseurs boycottaient littéralement le marché français. Le Général disait «la politique ne se fait pas à la Corbeille», et il allait tellement loin, que personne ne voulait investir en France, sur le marché financier. Le plus bas a été atteint en 1966/1967 sur les fameuses craintes de l’amendement Vallon qui dépossédait le capital de ses droits et de ses pouvoirs.
Le risque politique a pris d’autres formes par la suite, formes multiples générées par les relations incestueuses entre les fonctionnaires, les hommes politiques, les Inspecteurs des Finances avec les milieux d’affaires. Tout cela produisait des décisions dépourvues de toute logique économiques, ou de logique financière.
Qui ne se souvient de l’époque bénie du CME, Capital Monopoliste d’Etat, ou le Parrain était Ambroise Roux, époque qui nous a légué l’inefficience actuelle du système français avec ses jeux de mécano idiots, spoliateurs et malhonnêtes. Tout le monde touchait 5% sur tout à cette époque! Le risque politique intervient quand on remplace une logique économique et financière par une autre, la logique politique. Nous devons nuancer, car le plus souvent il s’agit non pas de remplacer une logique par une autre, mais une logique par une imbécilité. Une imbécilité intéressée.
Nous avons toujours soutenu, fort de notre expérience que celui qui donne tout, peut aussi tout reprendre. Les niches fiscales, les marchés publics, les concessions etc. L’Etat en France, et c’est une longue tradition, n’a pas de parole. Il n’en a, ni fiscalement, ni réglementairement. Encore moins financièrement. Vous passez un contrat avec lui, par exemple lors d’une privatisation (cf EDF et GDF) et lorsque le contrat déplait, alors le Lion/Etat le viole. Il faut être simplet pour participer à une opération de privatisation en France, regardez les malheureux qui ont de l’ancien France Telecom et autres. Le gouvernement veut le beurre et l’argent du beurre et baiser la crémière. Il veut vendre les bijoux de famille, mais en plus conserver dessus des droits régaliens et de cuissage.
Donc en remettant en cause la situation des sociétés d’autoroute, nos politiciens ruinent les petits porteurs comme ils l’ont fait toujours et dans tous les cas, systématiquement. Le petit porteur est fait pour être tondu. Et que ces petits porteurs ne comptent ni sur les banques, ni sur les directions d’entreprises pour les défendre! Encore moins sur la presse. Ils sont privilégiés puisqu’épargnants et donc il est normal qu’ils soient spoliés. C’est la logique française.
Le Mélenchon national appellerait cela «faire baisser le coût du capital», lui qui n’y comprend rien. Il n’a toujours pas compris que c’était l’inverse et que les prédations sur le capital le rendaient plus cher en le faisant fuir! Plus vous spoliez le capital et plus il se méfie, perd confiance et plus il faut lui donner de dividendes pour l’appâter et plus il faut faire monter le taux de profit exigé pour investir. Et en plus, il faut recourir à la dette pour se financer, au mépris de la sécurité et de l’autonomie. La dette, les socialistes ne le savent pas, ne remplace pas le capital elle l’use, elle réduit… la capacité d’endettement. Rien n’est gratuit, il n’y a pas de free lunch, n’en déplaise à nos experts… en chambre à coucher.
En spoliant les actionnaires, on réduit les possibilités de développement futur, voilà ce qu’ils devraient entrer, une fois pour toutes, dans leur tête. On réduit les possibilités de développement, d’investissement, de création de richesses et donc les créations d’emplois.
Eh oui, ce système est terriblement contre-intuitif, hors de portée des harangueurs de préaux de cours d’école. Il n’existe pas de politique dite de l’offre, Monsieur Macron, qui puisse fonctionner sur la spoliation de l’épargne tout court et de l’épargne accumulée laquelle n’est rien d’autre que le capital.
Toutes les mesures telles que taxation de l’épargne, taxation du capital, doubles taxations, politiques des revenus qui ne disent pas leur nom, tout cela bute sur les lois fondamentales de l’économie. Les lois fondamentales de l’économie sont basées sur la mise en valeur et la concurrence des facteurs de productions et si vous spoliez les uns ici, ils font grève ou vont ailleurs. C’est évident que le gouvernement français est tenté par une politique des revenus qui ne veut pas dire son nom. Il suffit d’analyser toutes ses dernières initiatives, baisse des revenus les plus élevés, encadrement des professions libérales, pour s’en convaincre. Déjà, il avait commencé avec la politique Gribouille sur les loyers.
Hélas, l’Acte Unique, chef d’œuvre de Jacques Delors, l’Acte Unique avec la libre circulation des capitaux et des facteurs de production supprime toute possibilité de mener une politique des revenus et même toute politique volontariste tout court. Le gouvernement français, y compris Macron , partage les illusions et les erreurs caricaturales du Venezuela.
Il y a plus pour compléter l’erreur. Toute la logique des politiques néo keynésiennes qui sont menées par les maîtres anglo-saxons et la Banque centrale européenne est une logique de confiance des détenteurs de capitaux et de création d’effets de richesse. Ce que l’on appelle stimuler l’appétit pour le risque et le crédit, c’est cela, c’est le «enrichissez-vous de Guizot». La politique des Maîtres favorise le «wealth effect», la prise de risque. Draghi prend le risque de tuer la monnaie pour s’y conformer et, que font nos socialistes? Ils font tout le contraire, c’est à dire tout pour appauvrir, pousser à la frilosité. Draghi appuie sur l’accélérateur, eux, ils pressent sur le frein.
C’est la même absence de logique que celle qui consiste à recapitaliser les banques pour qu’elles accordent des crédits, et en même temps à les taxer, surtaxer et leur mettre des boulets aux pieds, ce qui les force à deleverager.
BRUNO BERTEZ Le Mardi 18 Novembre 2014
illustrations et mise en page by THE WOLF
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A reblogué ceci sur The international informant.
peut etre une posture de la part de macro qui s’apprete à vendre des assets des francais (pour faire des investissements d’avenir…)
une rumeur dit que vinci racheterait adp
10 ou 20milliards ca ne sert a rien face à une planche à billets us de 1T
je ne comprends pas pourquoi on n’interdit pas la convertibilité de l’euro en dollar
A reblogué ceci sur raimanet.
“Le gouvernement français, y compris Macron , partage les illusions et les erreurs caricaturales du Venezuela”
Le Venezuela, qui regorge d’or noir vient récemment d’importer du pétrole d’Algérie (authentique!)
On va vraiment droit dans le mur…