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Les Clefs Pour Comprendre du Dimanche 1er Fevrier 2015: La monnaie, la Crise, les QE, promotion Orwell Par Bruno Bertez

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Les Clefs Pour Comprendre du Dimanche 1er Février 2015: La monnaie, la Crise, les QE, promotion Orwell Par Bruno Bertez

Alors que la chose fiscale est à peu près comprise par les citoyens, la chose monétaire, elle, est un trou noir. L’évidence de la monnaie, telle qu’ils la perçoivent ou la touchent dans leur poche, est telle qu’ils croient savoir ce qu’elle est. Nous soutenons que la conception de la monnaie que les citoyens ont est anachronique et que c’est à la faveur de cet anachronisme que les pouvoirs les trompent. 

Pour la plupart, avec de l’argent, on achète des biens et services, on tente de faire des économies, on voyage et c’est à peu près tout. Les questions, pour le public, ne se posent, bien souvent, que lorsque l’inflation des prix des biens et services accélère. Alors,  là,  les gens  commencent à se poser des questions. Et, arrêtez-vous, prenez votre temps d’assimiler : c’est là que se trouve l’entourloupe majeure : comme vous ne vous intéressez à la chose monétaire que lorsque les prix montent, alors, « ILS »ont trouvé une astuce, ils ont dit, nous pouvons faire tout ce que nous voulons avec la monnaie, nous en  sommes les Maîtres, pourvu que les prix ne montent pas. Ils ont considéré que la monnaie, c’était leur chose du moment que, sur les prix, sur  l’inflation des prix des biens et services, « les choses étaient maîtrisées ». Ah la maîtrise des anticipations inflationnistes, comme ils y tiennent dans un monde où la question n’est pas celle de l’inflation. L’illusionniste a toujours les mêmes trucs: vous faire regarder dans une autre direction que celle où les choses se passent.

Ils ont parié sur le fait que vous n’y comprendriez rien, sur le fait que tous les pouvoirs politiques, de Droite et de Gauche, seraient d’accord avec eux pour vous maintenir dans l’ignorance et ils ont pris le pouvoir essentiel, majeur, celui qui seul compte dans nos systèmes, le Pouvoir de faire ce qu’ils veulent en matière de monnaie. Non seulement ils ne vous ont rien expliqué, mais ils entretiennent l’ignorance lorsqu’ils s’expriment. D’ailleurs, bien souvent, ils n’expriment que leur propre ignorance, ou leur illusion de connaissance, on l’a vu récemment quand le Français Hollande a effleuré ces questions.

Mais avant, réglons le problème de la complicité entre les politiciens et les Banquiers. Elle est structurelle, organique, parce que les politiciens dépensent et ce sont les banquiers qui les financent, exactement comme du temps des rois. Ce sont les banquiers qui font les fins de mois des politiciens de droite et de gauche. Et les politiciens ont toujours besoin d’argent, pour acheter des votes.

En fait, le système n’est pas vraiment le même que celui du temps des rois car le pouvoir a basculé. Avant, c’étaient les banquiers/fermiers généraux qui collectaient l’argent pour les rois, maintenant ce sont les rois qui collectent  pour les banquiers. Le Pouvoir, voilà ce qui est important, suivez le pouvoir et vous commencerez à comprendre le monde dans lequel vous vivez. Le Pouvoir, celui de la banque devenue finance, choisit les rois.

Vous avez une intuition de ce qu’est la monnaie et cette intuition est historique, elle est fondée sur l’histoire, sur la pratique, sur l’héritage culturel. La monnaie, telle que vous croyez la comprendre, a à voir avec les marchandises, la propriété, elle est l’équivalent général des marchandises, etc. Donc, à moins de fausse monnaie privée ou publique, la monnaie a à voir avec la création et l’existence de richesses. Ceci, c’est pour vous, les citoyens ordinaires. Vous ne savez pas qu’en fait, c’est l’inverse, la monnaie a à voir,  non pas avec l’existence de richesses et la propriété, non elle n’a plus à voir qu’avec… les dettes, les promesses… Les monnaies, ce sont des promesses empilées, pas des richesses produites. Et des promesses, il n’y a pas de limites, on peut en faire tant que l’on veut, du moment que les gens les croient. Le lien entre les richesses, les vraies, qu’elles soient tangibles ou sociales, immatérielles, ce lien a été rompu. « Ils » se sont donné le pouvoir de le rompre et, à partir de là, le pouvoir d’émettre autant de monnaie qu’ils le veulent, quand ils le veulent avec le prix, le taux d’intérêt, qui leur convient. Le pouvoir a basculé, il n’est plus au niveau des utilisateurs de monnaie, celle-ci n’est plus un bien commun, non elle est devenue un instrument. Un instrument du père UBU.

Mais il y a pire ou plus, car une nouvelle monnaie a émergé, une monnaie qui n’a même plus à voir avec les promesses ou les dettes, et cette monnaie, on ne sait même plus ce que c’est ; c’est, ce sont des écritures comptables, des chiffres dans un « ledger ». Ce sont des bits, des digits, comme le dit faussement Bernanke : « nous avons une printing press électronique qui nous donne la maîtrise de la quantité de monnaie en circulation ». Selon lui, il suffit d’appuyer sur un bouton pour faire monter tous les prix. Bernanke souffre d’un délire de toute puissance, malgré sa printing press, il n’est, en particulier,  pas maître de la quantité de monnaie en circulation. Mais là n’est pas notre propos, ce n’est qu’un incidente. Cette monnaie n’a plus rien à voir avec la propriété, elle n’a non plus rien à voir avec les promesses, les dettes etc. ; non, elle a à voir avec les lois de la finance, ses besoins, son mode de fonctionnement, ses innovations, son ingénierie, les lois bancaires internationales. Cette monnaie là, c’est ce que nous appelons, faute de mieux, la monnaie financiarisée.

Vous pouvez en sortir  1 trillion de votre chapeau  sans que le niveau des prix bouge d’un iota! Et  cela malgré les rêves des Bernanke et autres. Cette quantité monnaie peut être multipliée par 3 ou 4 sans que l’on coure le moindre risque d’hyperinflation! Eh oui, Draghi a raison sur ce point.

La réalité que l’on vous cache, c’est non pas qu’il faut de plus en plus de crédit et de monnaie pour que la croissance revienne ; non, il faut de plus en plus de monnaie pour que le système tienne, pour qu’il ne s’effondre pas! Tout simplement.

Cette monnaie a totalement changé de nature, même par rapport à celle qui était la précédente, la monnaie de crédit, empilée sur les dettes. Les monnaies précédentes, celles que vous croyiez comprendre, étaient quand même fondées, assises, sur quelque chose -et c’est cela le mot important- sur « quelque chose ». Les dettes actuelles, on ne sait plus les dettes de qui elles sont.  La monnaie dont nous parlons n’est pas assise sur quoi que ce soit, elle n’a à voir qu’avec les établissements, la plomberie, le système, les banques. Nous avons dépassé le stade où on pouvait encore approcher la nature de  cette monnaie en  disant, c’est de la « monnaie de gros », wholesale money. Non, c’est au-delà, c’est faute de mieux, refuge de notre ignorance, un opérateur du système.

Ils jouent sur le fait que vous avez une conscience monétaire d’un autre temps, sur le fait que vous êtes en retard -développement inégal- pour confisquer le pouvoir magique de la monnaie, mais d’une monnaie qui n’est plus la même que celle que vous croyez connaître. Votre conception de la monnaie est anachronique ; derrière le mot, la réalité a changé. La monnaie a cessé d’être ce que vous croyez qu’elle est, et comme vous continuez à le croire, alors ils en profitent. Promotion 2015 de  l’ENA : George Orwell.

 

Le problème de la monnaie, ils vous font croire que c’est l’inflation, mais non, ceci n’est qu’accessoire, le problème de la monnaie, c’est le Pouvoir que cela confère à celui qui la met en existence. Le problème de la monnaie, c’est son rapport avec la démocratie et le glissement vers le dirigisme et une forme de socialisme. Selon qu’il la met en existence d’une façon ou d’une autre, selon qu’il l’introduit dans le Système d’une façon ou d’une autre, selon le niveau auquel il fixe l’intérêt, le Banquier Central  appauvrit les agents économiques, les citoyens, et il en enrichit d’autres. Le Banquier Central a un pouvoir supérieur à celui de vos élus politiques, ses munitions sont par trillions, celles des politiciens se chiffrent par milliards seulement. Ainsi, la BCE vient de décider une mesure dont l’enveloppe s’évalue en trillions sur 19 mois, tandis que les gouvernements rament sur les sommes ridicules de quelques milliards! 

Le transfert de richesses que vont opérer les achats de titres à long terme de la BCE et de l’Eurosystème des banques nationales va porter sur des dizaines milliards, effets directs et indirects compris!

Pour vous aider à comprendre. Par ses achats de titres à long terme, dits QE, et sa politique de taux d’intérêts quasi nuls, la BCE prive toute l’épargne, tous les épargnants, toutes les caisses de retraites, assurances, etc., de rendement, de rémunération. Elle spolie l’épargne en supprimant tout rendement raisonnable afin de procurer de l’argent gratuitement aux banques et aux gouvernements et afin de faire léviter le marché financier. C’est un transfert de richesses colossal. Et on feint de s’étonner de l’accroissement des inégalités. Mais c’est bien plus que cela, car c’est un ordre social qui bascule. Les effets de la politique de la BCE ne sont pas les mêmes, selon que les pays sont globalement épargnants ou pas. Dans les systèmes anglo-saxons, on n’épargne pas, on s’endette, on vit de « deficit spending », donc on est bénéficiaire de la disparition de la rémunération de l’épargne; dans un pays comme la France, gros épargnant, avec un ordre social fondé sur l’épargne, c’est l’inverse. On transfère les ressources des uns au profit des autres et, surtout, on détruit l’ordre social qui était attaché à cette épargne. Ce faisant, on fait un travail politique… qui prépare une mutation sociologique et sociale qui sera favorable au… socialisme et à l’étatisme. On prolétarise en quelque sorte.

Le public fonctionne par intuition, pas forcément les bonnes, car il en reste « aux évidences » comme celle-ci : lorsque les prix montent, « c’est la faute à ceux qui vendent ou produisent les biens et services ». Ils ne savent pas que, derrière, il y a une alchimie complexe qui fait que les prix peuvent monter ou baisser, pour mille et une raisons, dont en particulier, une raison majeure, l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie. Ou encore l’endroit où elle est injectée. Dans nos systèmes, l’origine, la nature, la vie et le comportement de la monnaie sont occultés. Toutes ces choses fondamentales sont rejetées hors du champ de la connaissance. Et bien sûr, rien n’est fait pour y remédier, nos démocraties ne vont pas jusqu’à vouloir faire progresser la conscience et l’intelligence du peuple souverain sur la chose monétaire. Et c’est normal, car c’est là, dans nos systèmes évolués, que gît la domination des pouvoirs.

Avez-vous vu à l’occasion de l’actualité brûlante des QE, des fameux achats de titres à long terme et de son corollaire, le gonflement du passif du bilan des Banques Centrales, avez-vous vu le moindre effort didactique? Que disons-nous, le moindre effort de clarification? Non, l’obscurantisme est au contraire renforcé : il ne faut pas qu’ « ils » comprennent. La soi-disant transparence des Banques Centrales est telle qu’elle équivaut à un aveuglement. Circulez, il n’y a rien à voir. On vous parle de trillions d’achats de titres émis par les gouvernements pour financer leurs déficits, on vous parle -à peine- de la contrepartie, à savoir que l’on met une somme équivalente de monnaie Banque Centrale au crédit des comptes des banques, et le tour est joué, vous êtes censés ne plus poser de question. Vous êtes censé admettre que tout cela est juste, efficace, justifié. Ben voyons, c’est pour lutter contre le chômage n’est-ce pas ! Ils créent le chômage par l’austérité qu’ils imposent et ensuite luttent soi-disant contre le chômage par la distribution d’argent gratuit… aux chômeurs? Que nenni, aux ultra-riches et aux banquiers !

La matière est complexe, la chose monétaire est tout sauf évidente, car nous avons quitté le domaine de la monnaie empirique que chacun peut toucher, dépenser et comprendre. Les trillions dont on parle ne sont pas de la vraie monnaie, ce sont des bits, des digits. Cette monnaie-là, c’est des entrées dans les livres. Elle est créée en contrepartie de l’achat de dettes souveraines auprès des banques. Et donc elle va rentrer dans les comptes des banques. Finalement, sa nature, à la limite, dépendra de ce qu’elles en feront. Et elle ne servira pas à acheter des marchandises, elle ne constitue  même pas tout à fait ce que l’on pourrait appeler le marché de gros de l’argent. Non, c’est encore autre chose. Ce qui est sûr, c’est que ces trillions ont vocation à stimuler l’appétit pour le risque, traduisez l’appétit pour le jeu, traduisez : ils ont vocation à faire monter les cours de Bourse et des instruments de crédit.

Greenspan en 2006 a répété : « la monnaie, on ne sait plus très bien ce que c’est »; c’est vrai et faux, la monnaie, la vraie, d’avant, on sait très bien ce que c’est, mais en revanche, on ignore la nature de ces digits que l’on « printe » sur un clavier. Un dollar dans votre poche est un dollar, même s’il n’est pas sonnant et trébuchant. Pour être précis, ce billet d’un dollar n’est pas de la monnaie, c’est déjà une dérivée de la monnaie.  Mais disons que c’est de la monnaie, et vous savez ce que c’est.

Pour bien comprendre la chose monétaire, il n’y a que l’Histoire. La théorie, les abstractions ne valent rien, ce ne sont que billevesées. Billevesées dont la plus grosse est ce que l’on appelle le « chartalisme » qui confond la situation présente avec la nature profonde de la monnaie.

La genèse de la monnaie la plus claire se trouve chez Marx quand il développe sa thèse selon laquelle la monnaie est l’équivalent général des marchandises. Il montre, par sa méthode dialectique et historique, comment la monnaie est née et s’est imposée. Mais c’était avant. Bien entendu, ne cherchez pas à dériver l’analyse de Marx sur la « monnaie » présente, ce serait inadéquat. La forme,  et nous soutenons, la nature de la monnaie, ont changé, elle n’a plus de lien non seulement avec l’or, ou la quantité de travail intégrée dans les marchandises, elle a été coupée du lien avec l’effort et droit de propriété. L’une des originalités de notre position est que nous avons  étendu cette conception de la monnaie au domaine de tous les actifs financiers. Nous affirmons que l’on a unifié le champ des monnaies et quasi-monnaies tout en coupant ce champ de l’économie réelle. On a, selon nous, autonomisé les signes. On les a libérés du poids de l’or, de la rareté en général, de la pesanteur de la propriété et on les a rendus simples créatures  des Banquiers Centraux  qui ont la maîtrise du « printing ».

Un dollar en dépôt dans une banque, ce n’est déjà plus un dollar car il a été financiarisé. On a changé sa nature. La banque n’a plus à vous le rendre, elle n’a plus le statut de dépositaire, contrairement à ce que vous croyez, non, c’est un passif de la banque, une créance sur  la banque et cela fait toute la différence. Si elle fait faillite, vous devrez concourir comme les autres créanciers pour retrouver une fraction de votre argent. Les comptes bancaires ont cessé d’être des comptes de dépôt. Ceci n’est qu’un exemple, pour vous montrer simplement que la monnaie que vous avez connue a changé de nature. La monnaie est auto-dévalorisable, biodégradable, comme le démontrent les taux d’intérêts négatifs qui se généralisent. La monnaie ancienne avait rapport avec la propriété, la monnaie financiarisée, qui est encore autre, chose que la « fiat money »  a à voir  uniquement avec l’endroit, l’établissement où elle est logée. Et encore logée est un mot trompeur. Ainsi, si vous avez de l’or à la banque, sachez que si vous avez précisé que vous vouliez que votre or soit en dépôt individualisé, vous être propriétaire ;  si en revanche votre or n’est pas individualisé, il devient financiarisé. Le lien n’est plus la propriété. Vous n’êtes que créancier soumis aux lois bancaires. Pensez-y quand votre établissement sera en faillite ou avant! 

De même, et on monte dans la complexité, les centaines de milliards qui alimentent le marché de l’eurodollar ne sont plus des dollars, c’est encore autre chose, à cheval sur le réel et le virtuel. Tout a basculé, d’abord en 1933, puis quand les monnaies ont cessé d’être convertibles, fin des années 60,  et enfin quand le marché de l’eurodollar a pris son essor, quand au lieu de régler les déficits internationaux par des transferts d’or, on les a réglés par des mouvements de comptes alimentés par le crédit et que ces crédits ont été empilés… sur des dettes et qu’il a fallu alimenter le tout, pour la stabilité, par les fameux digits.

Nous ne pourrions mieux résumer qu’en disant qu’une création de l’homme a échappé à son maître.

Disons pour simplifier que cet argent, ce n’est pas de la monnaie, ce n’est même pas une dérivée de la monnaie, c’est quelque chose de radicalement différent. Le dollar, avant, était une dérivée de la vraie monnaie qui était l’or. Maintenant c’est autre chose. Comme le mercure, cela court, insaisissable.

Le meilleur nom pour nous, c’est non plus « monnaie » ou  même le mot déjà  plus juste de l’Américain « currency », non, pour nous c’est « la liquidité ». A moins que ce ne soit que de la « fluidité » ou de la capacité à se déplacer dans la plomberie de la finance. Nous plaisantons, mais hier aux USA et en 2015 en Europe, on peut appeler les QE, du « Destop », le fameux déboucheur de canalisations. La réalité toute crue est que ces digits, on ne sait plus ce qu’ils sont. On ne sait pas vraiment où ils vont. On parle de dollars, mais ce ne sont plus des dollars, une certaine dette est au centre, mais on ne sait plus dette de qui, on ne sait plus où cette dette est localisée. La plupart des dollars qui circulent n’ont plus de rapport, ni avec les Etats-Unis, ni avec la Fed. Quand on les crée, ils font ce qu’ils veulent suivant leur caprice ou plutôt suivant la ligne de plus grande pente de l’accumulation, du profit.  Ils suivent la ligne de plus grande pente du profit, dit d’arbitrage.  Mais ce que l’on sait, c’est que, quand il n’y en a pas assez de ces dollars, qui n’en sont pas, de cette liquidité, quand il n’y en a pas assez  dans le système, il se bloque, c’est la crise comme en 2008/2009. Et c’est pour cela que l’on fait des QE et des taux réels négatifs, pour que le jeu, le manège infernal, continue. Car  ne vous y trompez pas, le manège est infernal, nous sommes dans Faust avec des gens qui ont vendu leur âme au diable.

Ne vous étonnez pas si une partie de notre  texte reste obscur. Ce n’est pas insuffisance de votre part. Très peu de personnes en Europe comprennent de quoi nous parlons. Et surtout pas au sein   des gouvernements. Seuls quelques conseillers  réussissent à suivre les raisonnements, mais cela reste superficiel…

La vogue de ce que l’on appelle « les modèles » vient de là. Comme on a renoncé à comprendre, on met en relation des choses, des agrégats, des chiffres, et on fait des équations magiques, des  régressions, on tire des corrélations. Les modèles sont le signe que l’on a renoncé à comprendre comment cela marchait. Le  modèle dit : cela a donné cela dans le passé, essayons de voir si cela fait la même chose cette fois. Et croisons les doigts.

Nous en venons à l’essentiel. Tout ce que font ou ont fait les Greenspan,  les Bernanke, les Yellen, les Fischer, et maintenant les Draghi, repose sur une seule chose, une seule, nous disons  bien: la croyance qu’ils ont compris ce qui s’était passé en 1929.

Tous partent de la même assertion dogmatique  produite par le cerveau mégalomaniaque de Milton Friedman, à savoir que c’est la Fed, en resserrant les liquidités en 1929, qui a provoqué la Crise.

Comme ils croient que la Fed est responsable de la crise de 29 par sa politique malencontreuse de resserrement, alors ils disent « plus jamais cela »; nous, nous ne resserrons jamais, toujours nous injecterons des liquidités. Toujours nous reflaterons, toujours nous empêcherons la contraction du stock de dettes, etc.   

A ces cerveaux  prétentieux, il ne vient pas à l’idée que la crise de 1929  a été provoquée, avant,  par ce qui s’est passé pensant dix ans: la création incontrôlée de crédit et le leverage excessif généralisé. Pour eux, la crise de 1929, c’est la conjonction de l’erreur de la Fed qui a réduit les liquidités et des animal spirits!

Bien entendu, vous êtes libres de ne pas être convaincus, mais au moins vous devez vous poser la question: cela fait maintenant 6 ans que l’on applique les mêmes remèdes et avec des doses croissantes, comment se fait-il que cela ne marche pas et qu’il faille, encore aujourd’hui, faire un QE en Europe, un QE suicidaire au Japon? Comment se fait-il que les revenus ne progressent pas, que les prix du pétrole s’effondrent, que…le monde se disloque, que les conflits se multiplient…

La crise de 2008/2009 est une crise simple, quoi que l’on en dise, et facile à décoder. Pour obtenir l’emploi maximum et les revenus maximum, s’opposer aux cycles des affaires, les Anglo-saxons ont dépensé plus qu’ils ne gagnaient. Ils ont refusé de réduire leur niveau de vie. C’était dans le milieu  années 60, surtout à partir de 1963.  Ils ont  accumulé les déficits, et se sont fait drainer l’or qu’ils avaient en réserve. A partir de 1967, en fait, on était en régime d’inconvertibilité. Les Américains étaient alliés des Britanniques et ils ont tenté de les aider, de venir à leur secours. Hélas, eux aussi ont sombré dans  les déficits et l’impasse monétaire de l’inconvertibilité. Ils ont, en 1971, coupé le lien  et la convertibilité de leur devise en or. En 1973 puis 1976, les accords de la Jamaïque ont entériné les changes flottants. Les déficits, étant financés par les dettes, ces dettes se sont accumulées repoussant toutes les limites connues puisqu’il n’y avait plus de corde de rappel. A un moment donné, ces dettes sont devenues excessives. C’est un phénomène endogène, une nécessité interne  au système,  qui fait  que l’insolvabilité à un moment donné se manifeste. Les créanciers ont eu peur de ne pas être remboursés.  Il y a eu révulsion, le crédit s’est bloqué. Et pour tenter encore de repousser ces fameuses limites que l’on refuse, alors, on arrose, on inonde le monde de liquidités, on baisse le change, on « force » le système  pour lui faire avaler des dettes dont il ne veut plus, ces dettes étant déjà très excessives, on fait des QE, on met à zéro les taux d’intérêt et on prie pour que cela suffise à les rendre supportables. 

La soi-disant lutte contre la déflation est en réalité une lutte pour l’inflation, pour des taux très négatifs, car ceci  allégerait les dettes et permettrait de prolonger le cycle du crédit.

Point à la ligne, tout est simple, facile à comprendre. 

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 1er Février 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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