L’expression « il faut bien » est vraiment appropriée, car la plupart des épargnants n’ont pas encore trop confiance dans le marché des actions et y vont sur la pointe des pieds. Il faut dire qu’ils n’ont pas arrêté de prendre des baffes depuis des années. Les plus anciens se souviennent de la claque prise en 2000 avec l’éclatement de la bulle internet. Il y a eu une autre baffe qui a suivi rapidement avec les attentats du 11 septembre. Plus récemment, c’est la crise des subprimes en 2008 qui a échaudé pas mal d’épargnants. Et l’été 2012 a été particulièrement meurtrier en zone euro, avec la crise de la dette publique. Bref, les 15 dernières années n’ont pas été de tout repos pour les épargnants en quête de rendement.

Les spécialistes diront que tout dépend des marchés et des moments où sont entrés ces épargnants sur le marché des actions. Ils ont raison, mais il n’y a rien à faire, le public n’entre pas dans ces considérations et reste tétanisé par les grands titres des journaux. Et puis, cela a été prouvé scientifiquement, les pertes en Bourse restent plus longtemps gravées dans notre mémoire que les gains: 2,5 fois plus pour être exact !

Aujourd’hui, à lire les journaux, il semble que les particuliers reprennent le chemin de la Bourse via des fonds de placement. En fait, ils n’ont souvent pas le choix, car hormis quelques comptes d’épargne sur Internet, la plupart de ces comptes d’épargne n’offrent même pas 1% de rendement, ce qui est peu effectivement, même si comme l’inflation est très faible, le taux réel peut s’avérer encore positif. Mais passons. Non, le danger de ce retour en Bourse, c’est qu’il risque d’arriver un peu tard. Certainement pour les actions américaines qui ont beaucoup progressé pendant plus de 5 ans. Quant aux actions européennes, certes elles ont du retard sur les actions US, mais rien n’est encore garanti et des secousses sur la zone euro ne sont pas à exclure d’ici quelques mois quand les taux d’intérêt américains vont se mettre à grimper.

La vraie question aujourd’hui est donc simple: les épargnants qui prennent aujourd’hui le train des actions en marche ne prennent-ils pas un train qui rentre en gare ? Autrement dit, comme c’est souvent le cas, les particuliers arrivent-ils à la fête lorsque celle-ci est déjà en train de se terminer et que les buffets et les bouteilles de champagne sont presque vides ? C’est triste à dire, mais par le passé, le retour des particuliers sur le marché des actions signifiait que c’était la fin de la hausse ! Sera-ce encore le cas cette fois-ci ? La question reste posée !