Comment donc sortir de la Grande Stagnation occidentale et japonaise ? Par Pierre Leconte
Ludwig von Mises, le plus grand économiste du XXe siècle, a écrit dans son principal ouvrage « L’action humaine » (gratuitement disponible en Français sur le site internet d’Hervé de Quengo):
« Il faudra bien que l’on comprenne que les tentatives d’abaisser artificiellement, par l’extension du crédit, le taux d’intérêt qui se forme librement sur le marché ne peuvent aboutir qu’à des résultats provisoires et que la reprise des affaires, qui intervient au début, sera forcément suivie d’une rechute profonde, laquelle se traduira par une stagnation complète de l’activité industrielle et commerciale… Un boom d’expansion du crédit doit inévitablement conduire à un processus que le discours commun appelle dépression… La dépression n’étant en fait qu’un processus de réajustement, de remise en ligne des activités de production avec l’état réel des données du marché… Toute tentative de substituer des moyens fiduciaires à des biens capitaux inexistants est vouée à l’échec… Il n’y a aucun moyen de soutenir un boom économique résultant d’une expansion à crédit. L’alternative est ou bien d’aboutir à une crise plus tôt par arrêt de volontaire de la création monétaire ou bien plus tard avec l’effondrement de la monnaie qui est en cause. »
Et von Mises d’ajouter: « Le boom ne peut durer qu’aussi longtemps que l’expansion du crédit continue à un rythme toujours accéléré. Le boom prend fin aussitôt que des quantités supplémentaires de moyens fiduciaires ne sont plus jetées sur le marché de l’emprunt. Mais il ne pourrait pas durer éternellement, même si l’inflation et l’expansion du crédit devaient se poursuivre sans fin. Il rencontrerait alors les barrières qui empêchent l’expansion infinie du crédit de circulation. Il conduirait à l’explosion du boom et à l’effondrement du Système monétaire tout entier… Si l’expansion du crédit n’est pas arrêtée à temps, le boom se transforme en un boom explosif, la fuite vers les valeurs réelles commence et la valeur de la monnaie s’effondre… Cependant, en règle générale, les banques (centrales) n’ont pas poussé les choses aux extrêmes dans le passé. Elles se sont alarmées à un moment où la catastrophe finale était encore loin… Le résultat de l’expansion du crédit est un appauvrissement général. »
Comment donc sortir de la Grande Stagnation occidentale et japonaise ?
- -Réformer le Système monétaire international dans le sens du rétablissement des taux de change fixes -exceptionnellement ajustables- entre les principales monnaies sans exception et gager l’émission monétaire sur le bimétallisme or/argent métal,
- -Baisser au maximum tous les impôts pour favoriser le pouvoir d’achat et la consommation des populations,
- -Cesser toute politique dirigiste de centralisme monétaire -en particulier de fixation arbitraire et autoritaire des taux d’intérêt qui ne doivent être déterminés que par loi de l’offre et de la demande libres- comme d’accroissement des dettes publiques -sous couvert de pseudo relance économique- de la part des banques centrales et des gouvernements,
- -Mettre en place un mécanisme international d’allègement des dettes existantes des États pauvres et émergents les plus mal en point surtout pas en les annulant mais en les rééchelonnant sur beaucoup plus de temps que celui au terme duquel elles ont été contractées,
- -Réorganiser le libre-échange mondialisé actuel en protégeant les productions et les secteurs d’activités essentiels aux équilibres nationaux fondamentaux pour éviter le chômage de masse suite à la désindustrialisation et à la ruine de l’agriculture dans les pays les plus anciennement développés,
- -Limiter les flux internationaux de population et d’émigration appauvrissant et désécurisant autant le Sud que le Nord (ainsi que le fait l’Australie),
- -Généraliser en Europe et aux USA le modèle danois de « flexisécurité » assurant protection et très bonne indemnisation des chômeurs mais licenciements facilités et formation permanente obligatoire,
- -Démanteler tous les carcans politico-administratifs inutiles et nocifs comme les institutions actuelles de l’Union européenne -en particulier l’euro qui ne convient à plus aucun des États l’ayant adopté- en revenant au cadre national (ainsi que le propose le premier ministre britannique David Cameron), le seul efficace et démocratique parce que permettant la définition de politiques souveraines proches des citoyens décidées par eux-mêmes.
Vaste programme direz-vous, oui mais c’est le seul permettant de sortir au moindre coût de la crise sans fin.