Art de la guerre monétaire et économique

Humeur de Loup du Mercredi 24 Juin 2015 : Tirer les enseignements de ce qui se passe en Grèce Par Bruno Bertez

Humeur de Loup du Mercredi 24 Juin 2015 : Tirer les enseignements de ce qui se passe en Grèce Par Bruno Bertez

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Nous avons beau lire les éditoriaux de vos journaux, nous ne voyons rien qui aille dans cette direction : quelles leçons tirer du drame grec, quelle expérience nationale ou personnelle faut-il en retenir ?

Cela saute tellement aux yeux que personne n’y pense, personne ne tire de conclusion : la dette est une prison. Une prison infâme, infamante, elle vous détruit, vous abaisse. Elle fait de vous des sous-citoyens, voire des Untermensch, puisque nous sommes dans un registre où l’Allemagne joue un rôle prépondérant.

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Vous perdez votre dignité, votre liberté de choix et jusqu’à votre identité. Voilà ce qui arrive aux Grecs. Chez eux, cela prend une forme de crise, une forme terrible, publique, particulièrement humiliante. Mais avez-vous songé que ce qui arrive aux Grecs sous cette forme violente, c’est ce qui est en train de vous arriver à vous, depuis de nombreuses années. La seule différence, c’est que vous croyez le faire volontairement. Vous pliez le genou à terre, vous courbez la tête, vous tendez les clés de votre pays et vous n’avez même pas conscience de ce que vous faites parce que cela est progressif et emballé dans un paquet cadeau de propagande.

Toute la stratégie des Maîtres, comme les pays du Nord, ou la stratégie des vassaux, comme les Hollande, Rajoy et Renzi, est de faire en sorte que vous ayez l’impression que ces chaînes, vous les choisissez, vous les enserrez vous-mêmes autour de vos membres librement. L’idée est simple, il s’agit de devancer les obligations qui vous seront imposées afin que vous puissiez faire semblant de le faire volontairement et de votre plein gré. Ah l’auto soumission, ah l’auto censure, ah l’auto flagellation !

Le pire est que lorsque l’on vous montre le spectacle de ce pays humilié qui préfigure ce que vous serez et ce que vous êtes déjà sans le savoir, le pire est que vous vous mettez du côté des Maîtres, vous vous ne vous sentez nulle sympathie pour vos pairs, vos collègues de soumission.

Miracle de la mystification. Miracle de la pseudo technicité des choses monétaires et financières, vous ne voyez pas ce qu’il y a derrière les écrans de fumée. Il n’y a que Mélenchon qui ait relevé ce que nous expliquons et qui appelle à la solidarité. Mais pour être solidaires, il faudrait être capable, d’abord, de prise de conscience !

Ce qui est important, ce n’est pas le chemin que l’on suit en pareille occurrence ; ce qui est important, c’est où l’on va. Que l’on aille à la perte de souveraineté, à la perte de dignité, à la perte d’identité, par la violence ou la force, ne fait guère de différence avec les mêmes pertes concédées volontairement, doucement et progressivement. Le résultat est le même, nous dirions même que l’empreinte que tout cela laisse dans votre mémoire collective est finalement exactement pareille.

Avez-vous songé à l’entreprise scélérate de Draghi qui rend le crédit quasi gratuit, qui monétise les emprunts de vos Etats pour que ceux-ci puissent en émettre plus, pour que ceux-ci puissent creuser les déficits, pour que ceux-ci puissent augmenter les ratios de dettes, c’est à dire, en résumé, pour que ceux-ci puissent se passer finalement une plus grosse et plus solide corde au cou. La politique de la BCE et de Draghi sont des politiques de mise en esclavage. Esclavage, soumission au profit de buts et d’objectifs qui vous sont soigneusement dissimulés.

Certes les drogues qu’ils vous instillent sont douces puisqu’elles sont gratuites et vous ne vous apercevez même pas que vous les absorbez. Mais savez-vous qu’un jour, la BCE et les kleptocrates et les bourgeoisies kollaboratrices et leurs fonctionnaires vont donner le coup de pied dans la chaise ou le tabouret, ils vont monter les taux, ils vont rendre le crédit plus difficile et alors vous vous retrouverez suspendus dans les airs, simplement retenus par la grosse, par l’énorme corde qu’ils vont ont passée autour du cou. Et là, vous comprendrez que vous êtes un Grec. Vous crierez « Bourreau encore un instant » et peut-être vous accordera-t-il encore un instant, mais c’en sera fini de vous car, peu à peu, le nœud se resserrera jusqu’à l’étranglement. Voilà ce qui est en cours. Voilà ce qui vous attend. Voilà ce que la Grèce préfigure.

Ce que nous décrivons au point de vue national, c’est également ce qui se passe au point de vue individuel. Regardez toutes les publicités pour que vous vous endettiez, toutes plus mensongères les unes que les autres, mais toutes aussi séduisantes. La dette, c’est pire que la Lorelei chère aux Allemands. Il faut que vous cédiez, car, vous aussi, si vous sombrez dans les délices de l’endettement, vous deviendrez un mouton, vous serez doux comme l’agneau de la place Syngtama qui manifeste pour l’euro, et vous serez capables de faire « bêêê » devant la chaîne de télé qui vous expliquera pourquoi ce n’est pas encore assez, pourquoi il faut encore que vous abandonniez plus de liberté.

La solution à la crise de surendettement qui s’est manifestée depuis 2008, ce n’est absolument pas la résorption des dettes, leur remboursement ou leur restructuration, non, c’est leur accroissement et leur empilement sans fin. Pourquoi ? Parce ce qu’il faut obtenir, c’est non pas la solution aux problèmes économiques et financiers, mais le changement de société. Le Grand Remodelage. Le grand mot est dit.

Cela aurait pu être autrement, si les élites avaient eu un peu de lucidité en 2008, le Système à l’époque était réversible ; mais maintenant, c’est fini. Le point de non-retour est atteint. Et une fois de plus, l’exemple grec nous le jette à la figure. La route qui est suivie maintenant, c’est celle du « toujours plus ». Le toujours plus, cela consiste à vous briser, à vous mater, à vous asservir. Les Grecs sont crucifiés sur l’autel de la dette, sur l’autel du keynésianisme dont la raison d’être est de tracer la route de votre servitude. La « printing press » de la BCE fait couler les délices de la drogue dans vos veines, dans les veines de votre pays, ils renforcent l’accoutumance, la dépendance. Ils caressent le cercle vicieux de l’endettement, de la taxation, puis de la soumission. Le poison détruit les derniers restes de cette démocratie qui n’est jamais advenue, mais dont vous rêviez, sinon pour vous, mais pour vos enfants.

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BRUNO BERTEZ Le 24 Juin 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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11 réponses »

  1. A reblogué ceci sur La Loutreet a ajouté:
    … « L€ur hope » se « réalise »…

    … Souvenez-vous ce texte « caché » sur les lignes de vos chèques bancairesvisibles en scannant avec un grossissement à 1200 ou 2400 ppi : « LEUROPENESEFERAPASDUNCOUPNIDANSUNECONSTRUCTIONDENSEMBLEELLESEFERAPARDESREALISATIONSCONCRETESCREANTDABORDUNESOLIDARITEDEFAIT »… (Nous parlons ici d’une solidarité ‘forcée’ du peuple envers la finance… Bien évidemment ! Ou alors j’ai pas tous mes neurones !…)

  2. touts ce que vous décrivez là, a été déjà été fait par Mme Naomi Klein dans son livre  » la Stratégie du choc »

    • J’apprécie Noami Klein dans la mesure ou c’est une rebelle qui présente une critique de la politique Américaine.

      Son analyse du néo libéralisme est nullissime. Les idées toutes faites et mal assimilées qu’elle développe sur Friedman sont absurdes et incohérentes. Elle n’a pas compris grand chose à ce que l’on appelle le néo-conservatisme. Ses idées sont suspendues dans les airs, sans fondement, ce qui est bien dans le style « magazine » Nord Américain. Noam Chomsky est bien plus intéressant et j’ai plus de respect intellectuel pour lui que pour Klein.

      Je pense que soit vous devriez relire Klein avec une attitude critique, soit relire mes textes avec attention. Le fait de mettre en évidence le rôle de la crise grecque ou d’autres crises dans l’asservissement et la mise en place d’un ordre nouveau ne suffit pas à nous faire converger.

      Ce que je décris et développe au fil des jours, c’est une mutation du système capitaliste entrepreneurial en un système ploutocratique , kleptocratique, qui pour se développer doit abolir les frontières d’une part et instaurer des régimes politiques non démocratiques à deux ou trois vitesses d’autre part. Le système pour se reproduire et se développer a besoin de nier, d’abolir les différences.

      Je soutiens par ailleurs que la mutation du système capitaliste le conduit à adopter beaucoup de reformes socialistes, à évoluer vers la sociale-démocratie, à produire une société civile de consommateurs et non plus de producteurs, enfin que les distinctions fondées sur les classes sociales sont devenues inopérantes et doivent être révisées. Je distingue la classe des « dominants » et la classe des « dominés » et cette distinction souple, à géométrie variable, est bien plus opérationnelle que celles qu’utilisent Klein ou d’autres auteurs .

      Désolé de vous contredire.

      • Malheureusement c’est ce qui se passe et les « dominés  » donnent la corde pour qu’on les pendent.
        Ils sont volontier soumis aux machiaveliques vendeurs d’espoirs .
        Ils ont perdu la capacité d’affronter la realité,
        n’ont plus d’esprit critique car ils ne savent plus faire l’analyse, puis la synthése des évenements qui induisent toujours plus de régulations, directives et manipulations à tous les niveaux : politique finance medias ….
        Ils ne savent plus séparer le discours lenifiant, des actes brutaux contre la liberté de penser differrement et surtout celle d’essayer de s’opposer à leur systéme qui nous a « sauvé » pendant la crise 2008 et donc a maintenant toute la legetimité incontestable et surtout peu contestée , de , comme vous le repetez si souvent « nous faire payer l’addition  » à la place des vrais coupables de la crise, qui eux sont intouchables, car ils font partie de ce systéme.
        les peuples trop occupés à survivre dans ce chaos provoqué par la compexité due aux changements globaux trop rapides et exponentiels, ou tout est interconnecté, se laissent séduire par la propagande tout azimut et non stop, diffusée à grande échelle par les media « Pravdanisés  »

        Merci de tenter de faire le contrepoids et, sans relache, décrire, decrypter ce que les dominants sont en train de vouloir mettre en place.

        Chapeau bas monsieur Bertez

  3. Jeudi 25 juin 2015, vers 12 heures 25 :

    Grèce : et si Tsipras gagnait la partie ?

    Et si, à la fin, c’était la troïka qui capitulait ?

    Les institutions d’accord pour que les propositions grecques servent de base de négociations (responsable de l’UE).

    http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/les-institutions-sont-unanimement-d-accord-pour-que-les-propositions-grecques-servent-de-base-de-negociations-responsable-de-l-ue-1063323.php

  4. Le Loup et le Chien

    Un Loup n’avait que les os et la peau,
    Tant les chiens faisaient bonne garde.
    Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
    Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
    L’attaquer, le mettre en quartiers,
    Sire Loup l’eût fait volontiers ;
    Mais il fallait livrer bataille,
    Et le Mâtin était de taille
    A se défendre hardiment.
    Le Loup donc l’aborde humblement,
    Entre en propos, et lui fait compliment
    Sur son embonpoint, qu’il admire.
     » Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
    D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
    Quittez les bois, vous ferez bien :
    Vos pareils y sont misérables,
    Cancres, haires, et pauvres diables,
    Dont la condition est de mourir de faim.
    Car quoi ? rien d’assuré : point de franche lippée :
    Tout à la pointe de l’épée.
    Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin.  »
    Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
    – Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
    Portants bâtons, et mendiants ;
    Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
    Moyennant quoi votre salaire
    Sera force reliefs de toutes les façons :
    Os de poulets, os de pigeons,
    Sans parler de mainte caresse.  »
    Le Loup déjà se forge une félicité
    Qui le fait pleurer de tendresse.
    Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
     » Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
    – Mais encor ? – Le collier dont je suis attaché
    De ce que vous voyez est peut-être la cause.
    – Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
    Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
    – Il importe si bien, que de tous vos repas
    Je ne veux en aucune sorte,
    Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.  »
    Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

  5. Tsipras a quand même les nerfs solides.

    Il vient encore une fois de rejeter les propositions de la troïka.

    Jeudi 25 juin 2015, vers 15 heures 30 :

    Eurogroupe interrompu, le Cac 40 s’enfonce.

    La Bourse de Paris repart franchement à la baisse à la suite de l’annonce de l’interruption de l’Eurogroupe faute de perspective d’accord entre la Grèce et ses créanciers. Les banques sont les plus touchées.

    http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/eurogroupe-interrompu-le-cac-40-s-enfonce-1063372.php

  6. Au-dessus des Etats, il y a la troïka.

    Au-dessus des élections, il y a la troïka.

    Au-dessus de la démocratie, il y a la troïka.

    Au-dessus de ce qu’a voté le peuple grec en janvier 2015, il y a la troïka.

    Le gouvernement grec doit négocier avec la troïka.

    Le gouvernement grec doit se soumettre aux propositions de la troïka.

    Et, à la fin, le gouvernement grec doit capituler face à la troïka.

    Sauf si il renverse la table.

    Vendredi 26 juin 2015 :

    Grèce : l’ultimatum.

    Les dirigeants européens ont fixé un ultimatum, jusqu’à samedi, pour que la Grèce trouve avec ses créanciers un accord permettant de reprendre son renflouement et lui éviter un défaut de paiement.

    http://www.bilan.ch/economie/grece-creanciers-ont-jusqua-samedi-boucler-un-accord

  7. Tsipras vient de rejeter les propositions de la troïka.

    Conséquences :

    – il n’y aura pas d’accord entre la troïka et la Grèce ;

    – la Grèce sera incapable de rembourser le FMI le mardi 30 juin ;

    – la Grèce sera en défaut de paiement vis-à-vis du FMI le 30 juin ;

    – la troïka ne prêtera pas 7,2 milliards d’euros à la Grèce ;

    – les conséquences de la faillite de la Grèce sont tellement gigantesques que Tsipras a besoin de montrer que c’est tout le peuple grec qui dit « non » aux propositions de la troïka ;

    – Tsipras va demander par référendum au peuple si il dit « oui » ou « non » aux propositions de la troïka ;

    – samedi 27 juin, le vice-premier ministre Yannis Dragassakis et le vice-ministre des Affaires étrangères Euclide Tsakalotos vont rencontrer le Président de la BCE Mario Draghi pour préparer le plan B ;

    – en Europe, nous sommes en train de vivre les journées les plus importantes depuis l’effondrement de l’URSS.

    Samedi 27 juin 2015 :

    Grèce : Tsipras annonce un référendum pour le dimanche 5 juillet.

    http://www.romandie.com/news/Grece–Tsipras-annonce-un-referendum-pour-le-dimanche-5-juillet/606633.rom

  8. – dans les semaines qui viennent, le peuple grec va répondre « non », et l’Europe va devoir gérer la sortie de la Grèce de la zone euro ;
    – les peuples européens vont maintenant devoir préparer l’après-euro ;
    – en Europe, nous sommes en train de vivre les journées les plus importantes depuis l’effondrement de l’URSS.

    Samedi 27 juin 2015, vers 17 heures :

    ALERTE – La zone euro refuse de prolonger le plan d’aide grec au-delà du 30 juin.

    http://www.romandie.com/news/ALERTE–La-zone-euro-refuse-de-prolonger-le-plan-daide-grec-audela-du-30-juin/606721.rom

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