Art de la guerre monétaire et économique

Marchés : remarques sur la dislocation en cours : Suivez le dollar ! C’est là que cela se passe ! Par Bruno Bertez

Marchés : remarques sur la dislocation en cours : Suivez le dollar ! C’est là que cela se passe ! Par Bruno Bertez

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Nous avons écrit abondamment sur la dislocation en cours sur les marchés émergents. Sur le caractère déstabilisant de ce qui s’y passe. Sur l’incidence sur les matières premières, sur les devises, sur les marchés obligataires et sur les marchés d’actions.

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Nous avons insisté pour montrer que tout cela était un symptôme de la chute de l’appétit pour le risque en même temps qu’une cause de cette fuite devant le risque. Retenez bien : à la fois cause et symptôme. Réflexif, transitif, auto-entretenu, donc susceptible d’aggravation. Pour parler simplement, une sorte de cercle vicieux peut se mettre en place.

Emergents toujours à la peine

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La descente aux enfers des émergents se poursuit. L’indice des devises émergentes vient d’inscrire un nouveau record de baisse.

Le Rand Sud-Africain et la Lira turque sont particulièrement touchés. Le Peso des philippines est au plus bas depuis 2010.

L’indice MSCI des actions émergentes perd 0,6%, ce qui porte les pertes de Juillet à plus de 8%. Shanghai a chuté de 2,2% après une tentative de hausse initiale.

Shanghai pertes du mois 15%

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Nouvelle baisse des actions chinoises ce jour. Le recul est de 1,1%, ce qui porte la chute du mois à 15%. On estime que 3,5 trillions de dollars se sont envolés au money heaven. Ces pertes interviennent malgré des interventions gouvernementales musclées qui ont fait rebondir partiellement le marché de 18% sur le plus bas du 8 Juillet. Pendant la déroute, la dette sur marge a chuté de 40%.

Les commentateurs considèrent que le résultat des interventions gouvernementales a  été  assez décevant, ils espéraient une stabilisation plus nette.

Nous pensons pour notre part que les autorités, après une  action brutale et spectaculaire ont changé de tactique, elles travaillent plus soft.

Voici quelques remarques destinées à faire mieux comprendre le phénomène en cours :

-Tout cela vient de loin. Nous ne sommes pas dans l’accident ou le hasard, ou la faute à pas de chance ou à la spéculation, fut-elle chinoise. La montée des risques et des déséquilibres a pris de nombreuses années.

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-L’origine de tout cela est la politique monétaire américaine ; on a inondé le monde de liquidités aussi bien avant 2009 qu’après et ces liquidités sont allées gonfler les réserves, les créations de crédit, le pouvoir d’achat, les patrimoines des émergents. Ils ont bien profité, mais ils ont érigé une économie fragile et déséquilibrée. Les observateurs se sont trompés en attribuant aux émergents les mérites de leur émergence, nous l’avons toujours dit : tout vient du laxisme du Centre.

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-La surabondance de dollars a bien sur entraîné des prises de risques, complémentaires de la globalisation. Laxisme monétaire, prises de risques et globalisation vont toujours ensemble. Les USA ont toujours su que le décollage des émergents était artificiel et vulnérable, en particulier Greenspan. Il savait que la Chine se mettait dans une position d’être un jour fragilisée. En fait les USA ont toujours eu conscience du fait que c’était eux qui donnaient aux émergents les moyens de les contester. Mais ils ont également toujours su que c’était réversible.

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-Celui qui donne tout peut aussi tout reprendre. Et les flux financiers peuvent s’inverser. Il suffit de rendre le dollar plus rare ou bien d’en annoncer la perspective. Bref, il suffit de forcer à anticiper une plus grande rareté et donc une hausse du dollar. Bernanke l’avait dit, quand la conjoncture américaine se révèlera meilleure que celle du reste du monde, les capitaux reviendront, attirés par la meilleure rentabilité et la plus grande sécurité. C’est ce qui se passe

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-Le paramètre clef, ce ne sont pas les taux d’intérêt, mais la valeur du dollar et le dollar index. Les émergents ont « cassé » lorsque le dollar index s’est franchement orienté à la hausse. On est passé de 80 à près de 100 au dollar index et c’est ce qui a commencé à disloquer le marché global. La cassure des courbes est nette ; pas besoin de corrélation mathématique, c’est visuel.

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-Nous avons expliqué que le monde global est « short » en dollars. Il y a plus de 9 trillions d’emprunts libellés en dollars et ceux qui les ont émis ne sont pas à l’aise, c’est le moins que l’on puisse dire : ils doivent des dollars alors que le dollar monte et que l’on anticipe qu’il va devenir plus rare. Une masse considérable de carry et de leverage est en difficulté ou risque de l’être. Il y a risque d’étranglement, risque de « mismatch » etc. Le risque financier global est en train de monter et plus le dollar monte, plus il va enfler.

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-Tout ceci incite à solder des carry, à deleverager, à réduire le risque d’exposition au dollar et bien entendu, cela contracte la liquidité globale. Car il y a un lien étroit entre l’appétit pour le risque, le recours au levier, et la fabrication de la liquidité par le Système. Les forces déflationnistes sont stimulées.

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-Ces mouvements sont auto entretenus : le besoin de dollars accentue la rareté de dollars et donc sa hausse.La hausse déstabilise les positions et oblige à se couvrir et à racheter du dollar etc ; en plus, dessus vient se greffer la spéculation qui vient amplifier les mouvements.

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-Ce sont les USA et la Fed qui ont la clef de la stabilisation des marchés étrangers et pas les banques centrales locales ; car ce qui importe c’est le niveau et la rareté du dollar. La PBOC par exemple en soutenant son marché boursier fait baisser (elle trash sa monnaie) le Yuan et monter le dollar ce qui aggrave les choses. Si elle achète des assets et fait baisser les taux elle accentue la pression sur le Yuan. Les masses de capitaux en jeu sont considérables car il n’ y a pas que les effets directs, mais il y a toute une chaîne derrière chaque opération financière.

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-Si les USA montent bien les taux comme prévu et si les banques centrales des émergents trash leur monnaie, le phénomène peut prendre une ampleur colossale. 

-Le niveau des 100 au DXY, dollar index est un seuil psychologique et technique.

-L’une des questions que nous posons est celle-ci : est-ce que les banques centrales ont encore la situation en mains ? Et accessoirement : est-ce qu’il y a encore une coopération internationale ? Ou encore est-ce que les USA se servent volontairement de l’arme monétaire ?

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-Si la dislocation contamine, par la connexion financière, les USA comme on en a vu l’ébauche en 2013, il sera intéressant de voir si ils réagissent et comment.

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BRUNO BERTEZ Le 01/08/15

illustrations et mise en page by THE WOLF

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7 réponses »

  1. Pour trouver un équilibre qui ait un sens dans le cours du Dollar. Il faut prendre en compte qu’en plus d’avoir été imprimer largement il puisse voir sa valeur s’envoler de nouveau. Economiquement parlant cela n’est pas cohérent a moins que le QE ait par miracle créer l’équivalent de richesse. Dans la théorie économique cela n’existe pas. Par contre dans la théorie des jeux tout est possible, puisque les règles peuvent être modifié et surtout qu’elle n’ont cure des théorie économique et monétaire. Dans le jeux tout est permis a partir du moment ou les participant en accepte les règles. De plus la finance est beaucoup plus souvent dépeinte comme un casino que comme un endroit régis par la règle économique. D’ailleurs il n’y a pas que les règles économiques qui y sont inexistante. La seul et unique règle étant de gagner de l’argent de faire tourner la machine. Hors qui est capable de comprendre comment l’impression de monnaie peut être compensé par une augmentation de sa valeur sans aucune augmentation égale de sa production ou d’une destruction équivalente a la monnaie imprimé. Si c’est un jeux comme je le pense ! alors il y a d’autres participants qui ont perdu se différentiel. Hors la question philosophique qui me semble indispensable est bien « est ce que la société de jeux sera l’avenir de l’homme » et « qui devra déterminer les règles du jeux dans une telle société ».
    Le réponse est plutôt logique. « Si tout n’est que jeux alors l’homme est devenu un jeton » .

  2. Cet article me fait écho à la situation en 2011 et en particulier de l’opération TWIST de la FED mais sommes-nous dans le meme cas ?

    Pour rappel :
    Les banques européennes ont déjà réduit leurs financements
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/11/13/04016-20111113ARTFIG00213-les-banques-europeennes-ont-deja-reduit-leurs-financements.php

    Elles ont emprunté 63 milliards de dollars en Europe. Mais, fragilisées par la crise grecque, les banques européennes sont à court de billet vert et sont contraintes de réduire leurs activités en Corée du Sud, sous l’œil anxieux des autorités de Séoul. «C’est une inquiétude, il est possible que les institutions financières européennes retirent leurs capitaux, nous nous y préparons» admet le Ministre des finances Bahk Jae-wan.

    NOTEZ LA PHRASE : les banques européennes sont à court de billet vert

    A propos de l’opération TWIST

    1)

    Bon article qui explique les effets de l’opération TWIST au niveau mondial

    L’Edito du 24 Septembre / Alerte rouge : le roi était nu, le dollar-roi se rhabille par Bruno Bertez
    http://leblogalupus.com/2011/09/25/l%E2%80%99edito-du-24-septembre-alerte-rouge-le-roi-etait-nu-le-dollar-roi-se-rhabille-par-bruno-bertez/

    2)
    Pour Rosenberg également, le twist va abimer encore plus le vrai système bancaire
    –> vu les problèmes en corée du sud , c’est fait (lien ci-dessus)

    Rosenberg Presents The Three Ways Bernanke Disappointed The Market, And Why It Is Dumping
    http://www.zerohedge.com/news/rosenberg-presents-three-ways-bernanke-disappointed-market-and-why-it-dumping

    3)
    http://auxinfosdunain.blogspot.com/2011/09/operation-twist.html

  3. Tu inonde de monnaie pas cher ensuite tu assèche et tu te fait rembourser au prix haut. Il n’y a aucun TWIST le dedans juste le même principe d’escroquerie sur le moyen terme.
    C’est un peut le même principe utilisé pour la vente de drogues, tabac et autre produits. Tu le ou la donne gratuitement au début ensuite tu la vends cher très cher lorsque le manque se fait sentir.
    Il n’y a que les naïfs pour y voir autres choses.

  4. Bonjour,
    – Merci et bravo pour vos articles. Vous êtes le seul site que je suis régulièrement et auquel j’ai contribué ($$$, modestement) ; je trouve très positif que vous soyez si indépendant financièrement (pas de publicité, pas de « rapport spécial » à vendre, etc.) : c’est un gage d’indépendance de la réflexion et cela témoigne sans doute de certaines de vos qualités
    – Parfois, je trouve que vous vous laissez emporter par votre humeur. Ce n’est pas que cela me dérange (c’est mon cas aussi et surtout c’est votre blog…), mais je me demande si vos émotions ne peuvent pas influencer votre jugement parfois, et pourrait nuire la qualités de vos « insights »… (?).
    – Je suis également surpris de voir que vous ne prenez pas beaucoup en compte dans vos analyses un thème essentiel de la machine économique : l’énergie et les matières premières. Je comprends bien que ce ne soit pas votre angle d’analyse premier, mais cela m’étonne vu le contexte actuel (les discussions sur la raréfaction des ressources). Par ailleurs, les premiers à s’intéresser au champ de l’économie politique dont vous vous revendiquez étaient les physiocrates (j’ai fait ma maîtrise d’histoire sur eux). Et justement, eux s’intéressaient beaucoup au monde physique (l’agriculture).
    – Pour revenir au dollar, une question à laquelle j’apprecierais beaucoup que vous répondiez (même si l’on sent dans chacun de vos billets que vous n’aimez pas trop faire de prévisions) : croyez vous à un rush sur le dollar à court terme qui viendraient d’une effondrement du marché (énorme) des oblig? pensez vous qu’il creera un rush sur les actions us en même temps ? (en fait… que pensez vous de martin armstrong ? 😉 http://www.newyorker.com/magazine/2009/10/12/the-secret-cycle ; je ne crois pas trop à ses théories mathématiques mais j’apprécie son analyse du temps long). Merci.

  5. Je vous remercie de votre intérêt. Je tenterais répondre, certainement indirectement , car c’est plutôt ma méthode de travail.

    Comme vous l’avez remarqué je suis en situation de m’abstenir de faire des prévisions, je ne
    gagne plus ma vie en faisant semblant de savoir ce que les autres ignorent.

    Ce qui m’amène à Martin Armstrong lequel présente intérêt pour ses visions mais aucun pour ses prévisions. Il a des biais et c’est le meilleur moyen de se ruiner -si on croit ce que l’on écrit- ou de ruiner les autres , -si on en fait profession-.

    L’originalité de ma démarche est que je ne dis pas: c’est absurde, tout est faux et trop cher; non je dis « voyons comment cet édifice ,malgré ses déséquilibres, tient ».

    Je mets l’accent sur la compréhension de ce qui est et non pas sur ce qui devrait être. Je suis le contraire d ‘un contrarian . Ce qui est, ce que je vois, est ce qui doit être obligatoirement et la preuve est que cela est.

    Mais il faut comprendre avant tout comment ce qui ne devrait pas être ainsi, l’est quand même et quoi qu’en disent les Cassandre et contrarian. Bref il faut comprendre la modernité , laquelle est fille de la monté vers l’abstraction et la dématérialisation. Le règne des signes.

    Ma théorie du prix des assets est moderne. Je pars de l’idée que par la dérégulation et le désancrage des monnaie, on a libéré le prix des assets des contraintes du fondamental.

    La valeur des assets n’est qu’une valeur relative, dans une combinatoire d’un champ d’assets unifié qui inclut la monnaie, le cash bancaire. Pas le numéraire.

    Dans le champ unifié des assets les responsables ont fait en sorte que tout, absolument tout, soit money-like, aussi bon que la monnaie ; les valeurs, les différences ne tenant qu’au couple risk reward dont chacun est doté.

    C’est parce que tout est money-like que la solution à tous les problèmes, à toutes les volatilités est la création de réserves bancaires, d’assets financiers à maturité zéro, autrement dit de base money.

    Pour faire tenir la pyramide d’assets fianciers, quand il y a un problème, on augmente la quantité de base-money disponible dans le Système et cela suffit a rassurer les gens car ils se disent: « comme ils peuvent en injecter en toute quantité eternellement, il y en aura pour tout le monde » et les runs sur les banques ou les marchés s’arrêtent

    La limite ultime de ce processus miraculeux, c’est la demande « money », il faut que les agents économiques y croient, qu’ils aient comme on dit confiance. Tant que le demande est là, on peut traiter tous les problèmes, tous les runs toutes les volatilités. Il faut que l’inflation ne monte pas, que les salaires ne progressent pas, que les Chinois et les Russes et les monarchies pétrolières n’achètent pas trop d’or etc .

    Il faut que le dollar reste le roi ce qui signifie qu’il faut que les USA soient en mesure de continuer d’en contrôler la valeur. Le monde utilise une monnaie qui n’est pas la sienne, même les européens. Donc le monde est régulable par celui qui émet la money utilisée mondialement, le dollar.

    Le monde est short en dollars puisque le système bancaire mondial repose sur le collatéral ultime qui est les Treasuries US; et que les émetteurs ont émis des trillions et des trillions de dettes libellées en dollars et qu’ils doivent rembourseer ou rouler en dollar.

    Il suffit que les USA rendent le dollar plus rare pour que les utilisateurs d’une monnaie qui n’est pas la leur soit étranglés et asphyxiées. Et c’est que les USA ont commencé cyniquement de faire. ils défont ainsi l’ascension des Brics et tiennent les Européens par les c……s. Celui qui donne tout, peut également tout reprendre.

    Nous sommes en dehors de la finance, nous sommes dans la géopolitique.

  6. En fait nous sommes dans la réalité, les faits. La guerre est monétaire 🙂 🙂 :).
    il y a des faits qui ne sont pas accessible a tout le monde cela n’en reste pas moins la réalité.

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