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Ma prévision sur les marchés Par Bruno Bertez suivi de Mise au point sur ces malheureux kleptos et ploutos « sources de tous nos malheurs »

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Ma prévision sur les marchés Par Bruno Bertez

J’évite le plus souvent de faire des prévisions.

je suis en situation de m’abstenir de faire des prévisions, car je ne gagne plus ma vie en faisant semblant de savoir ce que les autres ignorent. Je n’ai pas besoin de prétendre connaitre l’avenir comme le font ces économistes, analystes, stratèges et gestionnaires dont la profession est de faire rentrer des commissions pour leur établissement en entretenant l’illusion que eux, savent.

Ceci est une incidente. Même ceux qui admettent travailler en avenir incertain, vous vendent une certitude: celle selon laquelle leur méthode de travail, leur grille de répartition, leur diversification leur permettent de faire face à cette incertitude.

J’affirme le contraire, dans le cadre de la révulsion finale, il n’y a aucune diversification possible car tous les assets ont le même sous-jacent et donc sont corrélées, pour la grande finale; ce sous-jacent, c’est la monnaie, la base-monnaie, la liquidité. Toute la pyramide des assets quasi-money repose sur la même pointe.

Toujours en incidente, j’affirme deux choses :

-La première est que l’issue de la Great Experiment en cours, sera fatale, dramatique, incroyablement destructrice et que ceux qui en sont les ordonnateurs, au plus haut niveau le savent dans leurs moments de lucidité. Je ne peux croire que des PHD qui ont étudié l’histoire économique et financière puissent être assez stupides pour avaler leurs propres balivernes. Pour certains d’entre eux, c’est vrai, ils croient à leur propagande, mais ce ne sont pas les plus importants, ce sont des sous-fifres. Tout économiste qui se respecte et a conscience de la gravité de la situation et de ses responsabilités sociales, devrait remettre en question les évidences qui l’aveuglent et remettre en chantier, la philosophie même de la science économique. Seule la philosophie, la réflexion fondamentale au-delà du corpus économique, permet de comprendre les erreurs de l’idéologie économique dominante.

-La seconde certitude est il y a encore un très long chemin à faire avant que l’on soit confronté à l’inéluctable, car les outils pour le repousser sont encore très nombreux et très efficaces d’une part et la crédulité des peuples, leur naïveté est presque sans limite.

Beaucoup de gourous ou prétendus tels présentent intérêt pour leurs visions mais je n’en vois aucun qui soit intéressant aucun pour ses prévisions. Ils ont des biais et c’est le meilleur moyen de se ruiner -si ils croient ce qu’ils écrivent – ou de ruiner les autres, -si il en fait profession-.

L’originalité de ma démarche est que je ne dis pas: c’est absurde, tout est faux et tout est trop cher; non je dis « voyons comment cet édifice, malgré ses déséquilibres apparents, tient ». Car le constat honnête est celui-là: cela tient. Armageddon n’est pas arrivé.

Je mets l’accent sur la compréhension de ce qui est et non pas sur ce qui devrait être. Je suis le contraire d ‘un contrarian . Ce qui est, ce que je vois, c’est ce qui doit « être », obligatoirement et la preuve est que cela est.

Mais il faut comprendre avant tout, comment ce qui ne devrait pas être ainsi, l’est quand même et ce, quoi qu’en disent les Cassandre et contrarians. Bref il faut comprendre la modernité, laquelle est fille de la montée vers l’abstraction et la dématérialisation. La modernité se caractérise par l’ascension du règne des signes et leur liberté de plus en plus grande face au réel. Le règne des signes s’asseoit, s’installe, se propage, étend son territoire parce qu’il « marche », il est, dans un certain sens, efficace; le certain sens recouvre bien sur le domaine de perception, mais aussi une partie du domaine du réel, celui qui est proprement humain et fondé sur la croyance. Il y a beaucoup de choses qui se réalisent d’être crues. Regardez ce fameux mystère de la confiance, il est à l’articulation du réel et du monde des signes.

Ma théorie du prix des assets est moderne. Je pars de l’idée que par la dérégulation et le dés-ancrage des monnaie, on a libéré le prix des assets des contraintes du fondamental. La contrainte du fondamental, c’est la contrainte de la Valeur. Et on l’a suspendue cette contrainte grâce au glissement, grâce à l’évolution des théories, valeur travail,valeur d’usage, valeur d’échange, valeur désir, valeur jeu …Le travail , la production de richesses, l’effort restent toujours l’horizon de la Valeur, mais cet horizon peut être repoussé. La modernité a réussi le miracle de faire échapper la Valeur à la Loi de la pesanteur. Elle l’a fait au prix d’un sacrifice qui est le revers de la médaille, l’incertitude de la Valeur. On ne sait plus ce que les choses valent. D’où un système instable qu’il faut sans cesse bétonner. Les signes, les assets quasi-monétaires, les monnaies, ne partent pas en bloc à la recherche de leur valeur, heureusement. C’est en ce sens que la naïveté du public et les ressources de la propagande et du formatage des esprits sont centrales.

La valeur des assets n’est qu’une valeur relative, dans une combinatoire d’un champ d’assets différents, mais unifié qui inclut la monnaie, le cash bancaire. Pas tout à fait le numéraire.

Dans le champ unifié des assets les responsables ont fait en sorte que tout, absolument tout, soit money-like, aussi bon que la monnaie ; les valeurs, les différences ne tenant qu’au couple risk/reward dont chacun est doté. La valeur des assets est relative au champ auquel ils appartiennent, c’est l’anchoring. La Valeur externe, fondamentale, n’est qu’accessoire. Elle ne se réintroduit que par accident de temps à autres. Le fondamental ne se réintroduit que dans les ruptures, les failles.

C’est parce que tout est money-like que la solution à tous les problèmes, à toutes les volatilités est la création de réserves bancaires, d’assets financiers à maturité zéro, autrement dit de base-money.

Pour faire tenir la pyramide d’assets financiers, quand il y a un problème, on augmente la quantité de base-money disponible dans le Système et cela suffit à rassurer les gens car ils se disent: « comme ils peuvent en injecter en toute quantité éternellement, il y en aura pour tout le monde » et les « runs » sur les banques ou les marchés s’arrêtent.

La limite ultime de ce processus miraculeux, c’est la demande de « money », ou la croyance en la « moneyitude ». La croyance en le fait que tous ces morceaux de papier sont aussi bons que de la monnaie Banque Centrale d’abord, puis quand la confiance en la monnaie Banque Centrale a disparu, la croyance en le fait que c’est aussi bon que l’or. Il faut que les agents économiques y croient, qu’ils aient comme on dit « confiance ». Tant que la demande est là, on peut traiter tous les problèmes, tous les « runs » toutes les volatilités. On peut soutenir toutes les valeurs, toutes les bulles.

Mais pour maintenir la croyance, il faut que l’inflation ne monte pas, que les salaires ne progressent pas, que les Chinois et les Russes et les monarchies pétrolières n’achètent pas trop d’or etc etc.

Il faut que le dollar reste le roi ce qui signifie qu’il faut que les USA soient en mesure de continuer d’en contrôler la valeur. Le monde utilise une monnaie qui n’est pas la sienne, même les européens. Donc le monde est régulable par celui qui émet la money utilisée mondialement, le dollar.

Le monde est « short » en dollars puisque le système bancaire mondial repose sur le collatéral ultime qui est les Treasuries US; et que les émetteurs ont émis des trillions et des trillions de dettes libellées en dollars et qu’ils doivent rembourser ou « rouler » en dollar. La demande potentielle de dollars est considérable.

Il suffit que les USA rendent le dollar plus rare pour que les utilisateurs d’une monnaie qui n’est pas la leur soit étranglés et asphyxiées. Et c’est ce que les USA ont commencé cyniquement de faire. ils défont ainsi l’ascension des BRICS et tiennent les Européens par les c……s.

Celui qui donne tout, peut également tout reprendre.

Je soutiens que nous sommes en dehors de la finance, nous sommes dans la géopolitique. Mais c’est une autre histoire, pour un autre jour.

Mise au point sur ces malheureux kleptos et ploutos « sources de tous nos malheurs »

Je vois dans un livre écrit par un auteur qui apprécie les textes que je produis que j’imputerais  la responsabilité de la crise et de tout ce qui suit à une classe, les kleptocrates, les ploutocrates ou autre. Tout lecteur attentif sait que c’est un contre sens. Normalement je ne m’adresse qu’à des lecteurs attentifs.

Mon analyse est en termes de Système. Il n’y a pas de responsable. Le système est aveugle, inconscient, c’est à dire qu’il n’est pas conscient de lui-même: il est dominé non par une ou des volontés, mais par sa dialectique et sa logique. Ou si on veut par le développement de ses contradictions internes et externes. Même les volontés, dans ma conception, sont produites.

Cette logique dialectique du Système n’est efficace que parce qu’elle est non-sue, non mise à jour avec ses articulations essentielles, organiques.   Sa mise au grand jour l’aveugle comme les monstres et vampires  qui craignent la lumière. Depuis que Marx a mis à jour la théorie de l’exploitation, plus rien n’est comme avant. Depuis que Freud, Jung, Lacan ont élaboré le concept d’inconscient, l’homme n’est plus tout à fait le même. Depuis que Clouscard  a étudié la production de la société civile par le Système, la sociologie n’a plus ni le même sens ni le même objet.

D’où l’intérêt  de la fonction de révélation ou plutôt de la prise de conscience. La prise de conscience dépasse le Savoir car elle s’inscrit dans une expérience, une trace, une histoire et surtout dans une praxis. Autrement dit, dans un engagement.

Cet inconscient du Système s’anime de sa propre combinatoire il secrète le positif et le négatif qui, en même temps permettent sa reproduction. Je dis souvent que le Système survit de sa propre dénonciation, comme la médaille n’existe que de son revers.

Le Système a ses gestionnaires apparents, sortes de tenant-lieux qui accomplissent sa logique sans même la comprendre. Ainsi lorsque le patron de Goldman Sachs énonce « j’accomplis l’œuvre de Dieu  » (God’s work) sans rire,  il dit une vérité extrême, une vérité qui le dépasse.  Il pointe une sorte de transcendance. Il accomplit en effet l’œuvre de ce qui gouverne,  l’œuvre de la logique du Système, l’œuvre  de l’autoreproduction/capitalisation dans le système capitaliste  muté qu’est le financialisme.  Ce n’est pas en tant que lui-même qu’il est kleptocrate ou ploutocrate, mais en tant que grand prêtre d’une religion qui est celle du capitalisme financier. Il ne fait qu’en interpréter les mystères. C’est un illusionniste qui vit lui-même dans l’illusion. Et comme tous les grands prêtres, il en tire une position sociale, il draine la part maudite du Système, son surproduit, richesses, pouvoirs et femmes.

C’est en vertu de cette conception que je m’élève contre le conspirationnisme, contre l’antisémitisme et contre tout ce qui de près ou de loin réifie et désigne  les responsables. Il vaut mieux, cela est plus progressiste à mon avis, démystifier les rôles et les actes qu’attaquer les personnes qui elles,  sont interchangeables. A côté de la logique de cette position, il y a également un impératif éthique.

Ma conception est très pessimiste. Elle Laisse peu de place à l’action politique, révolutionnaire ou autre. Elle est très optimiste parce qu’elle croit au pouvoir du progrès et de la diffusion des connaissances, dès lors qu’elles se fixent comme objectif le dévoilement.

BRUNO BERTEZ Le 09/08/15

illustrations et mise en page by THE WOLF

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