Art de la guerre monétaire et économique

Mon Banquier est central : Régulation monétaire, la dialectique collaboration/affrontement Par Bruno Bertez

Mon Banquier est central : Régulation monétaire, la dialectique collaboration/affrontement Par Bruno Bertez

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Draghi n’a surpris personne, il suit le canevas qui a été tracé ces dernières semaines par les poissons pilotes de la BCE. Comme on a échoué à remonter l’inflation, comme la reprise s’est asphyxiée, faisons en plus, toujours plus. Il a promis de nouveaux cadeaux en décembre.

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Ce qui nous étonne, c’est le silence des Allemands, habituellement préposés au rôle de faux-faucons.  C’est une véritable défaite en rase campagne pour les tenants de l’orthodoxie bancaire comme Sinn  ou Weidman. Il est vrai que l’orthodoxie trouve ses limites quand le marché international est moins porteur et que les clients des firmes exportatrices allemandes se font plus rares! Car c’est bien de cela qu’il s’agit,  l’environnement international se dégrade, la concurrence est sévère, les marchés sont moins fermes et puis, les USA s’opposent à la baisse de l’euro, laquelle est considérée comme « un vent contraire ».

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Notre sentiment est que la Fed doit avoir une réaction mitigée face à l’annonce de Draghi.  Elle doit être satisfaite que quelqu’un se charge de liquéfier le monde global par son QE, mais elle doit moins apprécier la conséquence mathématique et mécanique de cette liquéfaction, nous voulons parler de la baisse de l’euro et de la hausse du dollar index.

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Pour des raisons de crédibilité la Fed se croit obligée de délivrer et de monter les taux en Décembre, donc elle donne un signal « hawkish », mais la BCE elle, donne un signal « dovish », ce grand écart n’est bon ni pour le dollar ni pour les devises émergentes.

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On a le cas type, qui va se généraliser ou, avec le temps passant : les décisions sont de plus en plus complexes avec des effets antagoniques, ce que nous appelons, arriver dans un corner.

Nous nous demandons ce qui se passera sur les marchés si le dollar index remonte vers les 98, cela pourrait bien être un bain de sang car le nombre de positions prises à contrepied et fragiles est considérable. Il suffit de regarder du côté du pétrole, la fausse embellie  a coûté très cher aux spéculateurs du marchés de crédit distressed.

Le rebond espéré du pétrole ne se produit pas, les initiés savent que la situation Chinoise continue de se dégrader avec poursuite des sorties de capitaux et faillites. Le calme sur les changes n’est qu’apparent, en sous-main on trafique, on manipule.

Donc paix à l’orthodoxie monétaire Allemande, elle était morte, elle est enterrée. En revanche avec les Etats-Unis, c’est plutôt la hache de guerre. Les blocs sont comme nous le disons souvent à la fois solidaires et ennemis. Solidaires pour spolier ensemble  le reste du monde, mais ennemis pour le partage, pour s’attribuer la plus grande part du butin, c’est la dialectique de la gestion impériale.

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Draghi, qui s’exprime depuis Malte, indique que le programme de rachat d’actifs continue à avoir un impact favorable sur le coût des prêts des ménages et des entreprises.

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"La force et la persistance de facteurs qui ralentissent le retour de l'inflation à des niveaux inférieurs, mais proches de 2%, nécessitent une analyse approfondie".

On avait  espéré que cette analyse avait été faite il y a longtemps! En réalité c’est un mensonge, l’analyse est bouclée depuis longtemps, mais ce qui manque c’est la négociation des « formes », l’emballage,  du nouvel assouplissement en préparation, il ne faut pas faire de la provocation et froisser les pays du Nord, ils doivent sauver la face devant leurs citoyens.

Le marché boursier monte, c’est à croire qu’il n’a rien compris et rien appris, il ne se souvient pas de la dégelée qui a suivi le premier QE de la BCE, dégelée sur les obligations puis les actions à partir du 15 Avril. Pavlov, quand tu nous tiens!

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"Les risques pour les perspectives de croissance de la zone euro restent orientés à la baisse, reflétant notamment les incertitudes accrues concernant les développements dans les économies émergentes, qui ont le potentiel de peser davantage sur la croissance mondiale et sur la demande étrangère pour les exportations de la zone euro. L'incertitude accrue s'est manifestée récemment sur l'évolution des marchés financiers, ce qui peut avoir des répercussions négatives pour la demande intérieure de la zone euro".

Voilà tout est dit.

"Le degré d'accommodation de la politique monétaire devra ainsi être réexaminé lors de notre réunion de politique monétaire de décembre", souligne Mario Draghi. Le président de la BCE ajoute que le QE se poursuivra, comme prévu, jusqu'au mois de septembre 2016, voire au-delà.
Répondant aux questions des journalistes, Mario Draghi indique qu'"il y a eu de nombreuses discussions sur tous les outils qui pourraient être utilisés par la BCE. Nous sommes prêts à agir si besoin, nous examinons les données et nous sommes ouverts à tout outil", affirme Mario Draghi.

Nous sommes ouvert à tout outil, c’est la phrase qui veut faire mouche, comme celle qui s’est formulée par le « coute que coute ».  « Ce n’était pas une réunion « wait-and-see » mais « work-and-assess ». Le patron de la BCE souligne par exemple qu’une éventuelle baisse des taux de dépôts a été discutée.

Sur la pente, le vertige monétaire

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Nous avons expliqué il y a quelques jours que la prise de conscience de l’échec des politiques monétaires laxistes pour lutter contre les risques de déflation et la croissance lente progressait. Les débats sont en cours, les langues se délient, on ose contester le financièrement et monétairement correct. La politique monétaire a été utile pour stopper la crise financière  en 2008, déjà moins efficace pour soutenir l’activité et faire pousser les « green shoots », elle a été nulle pour la lutte contre le tendance à la baisse des prix. En sens inverse, elle a coûté cher en termes de constitution de risques financiers, et encore plus en termes de crédibilité et compétence des banques centrales.

La mort du monétarisme à toutes les sauces sera lente, car les PHD du MIT américain tiennent le haut du pavé, ce sont eux qui font, qui fabriquent la pensée du gouvernement. Et ils ne sont pas prêts à reconnaître leurs erreurs. Ce sont les autres qui les paient, n’est-ce pas.

Nous avons émis l’idée que malgré cela on irait vers un autre type d’action face à l’accumulation des échecs et des risques. Nous pensons que le temps viendra vers les 2017.

En attendant il ne fait aucun doute que les PHD vont continuer de vouloir en faire plus dans le monétaire et les théories fausses, ils ont toujours le même argument qui date du début du 17e siècle, celui de John Law: on n’est pas allé assez loin, on n’en a pas fait assez pour déclencher le seuil critique. Nos PHD sont séduits par l’audace Européenne à imposer et manier l’arme destructrice par excellence du Système économique et social, nous voulons parler de l’arme des taux négatifs. Et nos zozos de l’étudier.

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Le relèvement  des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine cette année pourrait être dangereux. Il devient problématique. Au lieu d’en tire les conclusions qui s’imposent: le monétaire, cela ne marche pas et on n’arrive plus à en sortir, non ils veulent tenter d’aller plus loin. Franchir la limite du Zéro Bound.

Au point que certains responsables de la banque centrale en seraient à reconsidérer les taux d’intérêt négatifs.

Les prix de détail de la première économie mondiale ont subi en septembre leur baisse la plus marquée en huit mois, dans le sillage de ceux de l’essence. Par ailleurs, les prix de gros ont enregistré le mois dernier leur recul le plus fort en huit ans. La situation chinoise et celle des émergents ne permet pas d’envisager la moindre amélioration, au contraire.

Si l’on ajoute des statistiques de l’emploi et des ventes au détail moroses, les Etats-Unis commencent à éprouver les effets du ralentissement économique chinois et d’autres pays dits émergents, de la chute des cours des matières premières et d’une hausse du dollar à l’œuvre depuis plus d’un an. On notera qu’ils sont arque-boutés pour s’opposer à la hausse, pourtant normale du dollar, en particulier, l’Administration. Avec la BCE de Draghi, c’est un affrontement à fleurets à peine mouchetés. Il est vrai que les excédents Allemands passent mal de l’autre côté de l’Atlantique, mais c’est une rançon d’un système idiot, non homogène, non convergent en Europe, ce qui est bon pour les européens déficitaires est scandaleusement inapproprié  pour ceux qui sont en excédent.

Si bien que la Fed n’est pas près d’atteindre son objectif d’une inflation de 2%. Deux gouverneurs influents de l’institut d’émission ont recommandé cette semaine de repousser toute hausse des taux même si la présidente Janet Yellen et d’autres n’ont cessé de dire qu’un tel relèvement était vraisemblable cette année.

Ils sont au moins six responsables de la Fed à avoir publiquement évoqué ces deux dernières semaines l’hypothèse de faire payer les banques qui entretiennent dans ses livres 2,7 Trillions de réserves.  Quatre ont dit que l’idée valait la peine d’être creusée si la reprise calait brutalement, tandis que le président de la Fed de Minneapolis Narayana Kocherlakota a réclamé une baisse immédiate en dessous de zéro. Peu importe que l’on démontre que ces réserves ne sont que faussement inactives et qu’elles jouent un rôle dans le système, peu importe les risques sur les Money Market Funds, peu importe les dangers dans la chaîne des collatéraux, peu importe la spoliation des épargnants, on cherche à repousser les limites keynesiano-monétaristes.

« Alors que c’était jusque-là impensable, on ne peut plus exclure l’hypothèse de taux négatifs puisque l’idée fait peu à peu son chemin », observe Thomas Costerg, économiste de Standard Chartered.

La Fed avait envisagé des taux négatifs en 2008 puis en 2012.  Elle avait reculé de crainte d’effrayer les investisseurs et d’accroître un peu plus les tensions d’un marché monétaire dont le taux de base  était établi dans une fourchette de 0% à 0,25%, où il demeure encore aujourd’hui.

Mais il se trouve que la Banque centrale européenne et ses homologues suisse, suédoise et danoise ont eu recours au procédé ces deux dernières années sinon avec un certain succès, du moins sans catastrophe apparente. On fait valoir que la structure européenne est totalement différente de la structure Américaine, mais l’argument reste lettre morte.

« J’observe la chose avec un grand intérêt, et je suis sûr que mes collègues font de même, pour déterminer si les banques centrales disposent d’un tel outil si besoin est à l’avenir », a dit le président de la Fed d’Atlanta Dennis Lockhart la semaine dernière.

Lael Brainard, l’un des gouverneurs de la Fed, a fait une allusion indirecte aux taux négatifs lundi lorsqu’elle a dit: « Nous gagnerons à étudier et à apprendre » de l’expérience européenne.

Le très influent président William Dudley de la Fed de New York a évoqué le principe de taux négatifs mais l’a écarté jusqu’à présent, jugeant son application « peu plausible à court terme ».

Des SVT (spécialistes en valeurs du Trésor) interrogés en septembre fixaient à 10% la probabilité d’une récession aux Etats-Unis, et à 20% celle d’une récession mondiale, dans les six mois.

Les institutions Internationales comme le FMI, de leur côté ne cessent de crier au loup et de faire pression pour le maintien des politiques super-accomodantes.

Le monétaire, c’est le refuge non seulement de l’inefficacité, mais aussi de la lâcheté. Comme le disent les Allemands. Il permet d’éviter de prendre les décisions douloureuses qui s’imposent.

On choisit de côtoyer les abîmes,  gare au vertige de la facilité, gare à la séduction de la Lorelei,  bientôt ils inciteront   à faire le pas de plus, lequel sera le grand saut dans l’inconnu.       

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L’Empire du QE révise tout en baisse

Le Japon est à nouveau en récession, l’inflation est en baisse au lieu d’être en hausse, les mesures monétaires sont un échec et la BOJ est très réticente à aller une fois  de plus…. »dans le toujours plus ». Comme il n’y a plus d’autre solution, elle y viendra c’est l’évidence, mais avant elle se fera un peu tirer l’oreille. Ce qui est clair, et que personne ne relève, c’est que s’agissant aussi bien de la BCE que de la BOJ, les rendements des actions entreprises sont de plus en plus faibles et de courte durée. Il y a un consensus énorme pour dissimuler par exemple le fait que si la conjoncture s’est stabilisée en Europe, sans cependant atteindre la croissance auto-entretenue, c’est parce que , sans le dire , on a totalement abandonné les politiques d’austérité. Et on en est  au point où on ferme les yeux sur les nouveaux dérapages budgétaires de pays comme L’Espagne, politique et élections obligent, comme d’ailleurs en France.

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BRUNO BERTEZ Le 23/10/15

illustrations et mise en page by THE WOLF

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4 réponses »

  1. bien que je ne sois pas Jeremy, je vais tout de meme prophetiser : les cours atteints ce vendredi sur le S&P ne seront pas revus en cloture hebdo avant de nombreux trimestres. um superbe bear market va commencer

  2. le moyen age moderne c’est les banquiers rois les gouvernant seigneurs et le peuple esclave. L’unique solution reste entre les mains des esclaves. Je leur conseille de revendre tout leurs PEA et autres assurances vie. Et de clôturer tout leur PEL et autres livrets. C’est leur unique moyen d’actions. Mais ils préfèrent vendre leur âme et leur liberté pour moins de 1% l’ans dans le meilleur des cas puisque beaucoup on déjà perdu bien plus qu’il ne gagneront uniquement pas les effets inflationniste des 15 dernières années. Quel médiocrité.

  3. il ne faut pas oublier que l’echec des QE est sous nos yeux (et les tx neg ne pourront bien entendu rien n’y faire):

    le cuivre
    le petrole…

    (eh oui la fed ne peut acheter le cuivre et l’enterrer ou l’expédier sur la lune)

    Compte tenu des relations intermarché, chères aux speculateurs, il est IMPOSSIBLE, que les autres classes fonctionnent ad vitam correctement dans le cadre d’un marché normal.
    il est facile de comprendre qu’une classe après l’autre se retrouvera en surcapacité et qu’ensuite ses prix dérouilleront.
    le fait qu’une classe entière d’actif a été laminée ne choquent aucun homme politique!
    cela devrait pourtant leur glacer le sang, car les expédients qu’ils utilisent sont de la même veine qu’apres 14/18

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