Art de la guerre monétaire et économique

Si la dette US pèse trop lourd… Trump renégociera ! Par Bill Bonner

Si la dette US pèse trop lourd… Trump renégociera !

Rédigé le 12 et 13 mai 2016 par Bill Bonner |

Donald Trump a fait savoir la semaine dernière que s’il devient président des Etats-Unis, si la dette fédérale américaine pèse trop lourdement sur ses épaules, il fera ce qu’il fait le mieux : négocier. Il obtiendra « une remise ».

« QUOI ??!!!? »

La question a parcouru tout Wall Street et les ruelles de Manhattan… la City de Londres… et tous les autres grands centres financiers de la planète.

« Qu’est-ce qu’il a dit ? Est-ce qu’il a dit qu’il allait faire défaut sur la dette US ? Je ne peux pas y croire ! »

« Renégocier » les termes d’une dette… obtenir une remise… c’est ce qu’on fait quand on ne peut pas payer. C’est ce que l’Argentine vient de faire après des années de lutte juridique — durant laquelle ses créditeurs ont saisi l’un de ses vaisseaux marins dans un port étrangers. L’idée d’une remise sur les bons du Trésor US — le crédit le plus sûr au monde — était plus que remarquable… elle était impensable. Impensable… mais pas pour les raisons que l’on croit !

Le New York Times s’est immédiatement emparé du sujet, affirmant que la proposition de Trump « fissurerait la confiance des investisseurs » et coûterait aux Etats-Unis « beaucoup d’argent » (à cause des intérêts plus élevés).

Le Washington Post a suivi, soulignant que la confiance dans la dette US était « le ciment maintenant l’intégrité de la finance mondiale ». Toute remise en doute de ce ciment, selon le journal « déstabiliserait instantanément » l’économie mondiale.

Ce pauvre Donald. Il a brisé un tabou de plus. Il a dû ravaler ses paroles et s’expliquer.

Le gouvernement américain a le monopole sur l’émission de devise de réserve mondiale. Il n’a pas besoin de renégocier

Trump ne semble pas comprendre comment l’escroquerie fonctionne, mais il a raison sur ce qu’elle signifie.

Le gouvernement américain a le monopole sur l’émission de devise de réserve mondiale. Il n’a pas besoin de renégocier. Il n’a pas besoin de demander de remise. Le gouvernement US influence même — par le biais de sa banque centrale, la Fed — la valeur de la devise dans laquelle sa dette est libellée. Ce qui signifie qu’il peut escroquer les investisseurs de toute la planète sans piper mot. Pour l’instant, le dollar est en pleine forme… et les acheteurs font la queue pour obtenir plus de dette du Trésor US. Plus tard, la situation pourrait se renverser. Mais ce ne sont pas les Etats-Unis qui iront quémander des remises de dette. Ce seront les propriétaires de bons du Trésor US — des retraités pour la plupart — qui iront faire la manche au coin de la rue.

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Le problème, avec la dette…

M. Trump a raison : il y a trop de dette. D’une manière ou d’une autre, les Etats-Unis devront faire défaut. Donald propose simplement de le faire honnêtement — ouvertement.

Ses critiques ont raison également. Cela provoquera sans aucun doute une crise, lorsque les investisseurs en bons du Trésor US — dont des millions de retraités — réaliseront qu’ils subiront des pertes.

Un système absurde

Vous aurez peut-être remarqué que depuis des mois, nous tournons autour d’une idée. Elle permet d’expliquer bon nombre des caractéristiques étranges et surprenantes du système financier mondial. Par exemple, comment l’économie chinoise s’est développée aussi vite… ce qui a causé la crise de 2009… comment il se fait que 9 000 milliards de dollars de dettes s’échangent désormais à des rendements négatifs… et pourquoi la croissance a calé, malgré le fait qu’on dépense plus d’argent pour stimuler l’économie mondiale que jamais auparavant. Le système financier US (et mondial, par extension) — en place depuis 1971 — fonctionne avec de la dette, non de la richesse

En deux mots, voici l’explication : le système financier US (et mondial, par extension) — en place depuis 1971 — fonctionne avec de la dette, non de la richesse. Un dollar ne représente plus des revenus accumulés ou de l’épargne. Il naît grâce à quelques clics sur un écran, lorsque le gouvernement dépense ou lorsque quelqu’un contracte un crédit bancaire. Il représente les attentes de richesse future, non plus la reconnaissance d’une richesse déjà accomplie. Et ce dollar n’aura pas de valeur réelle tant que l’économie n’aura pas assez cru pour qu’il vaille quelque chose.

Le système a fonctionné passablement bien pendant trois décennies. Mais, comme tout dans la nature — y compris un système monétaire absurde –, il y a des limites… des ratés… et des conséquences déplaisantes. Un système basé sur la dette se heurte à un mur lorsque la croissance ralentit et que les débiteurs ne peuvent plus payer. C’est ce qui est arrivé au secteur hypothécaire américain en 2008. C’est ce qui est en train de se produire aujourd’hui avec la dette étudiante, la dette automobile et les junk bonds des entreprises. Les dettes gouvernementales seront les dernières à tomber. C’est bien connu, les Etats remboursent toujours leurs dettes : après tout, ce sont eux qui impriment l’argent. Le problème, c’est que l’argent des Etats vaut parfois moins que le papier sur lequel il est imprimé.

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