Hier la Reserve Fédérale a monté son taux d’intérêt directeur d’un quart de point, soit de 1% à 1,25%. Elle a confirmé vouloir poursuivre avec des hausses futures jusqu’à un niveau objectif de 3%. Elle a deja stoppé son programme de QE, Quantitative Easing qui gonfle les réserves des banques; elle a déclaré vouloir procéder à la réduction de la taille de son bilan vers la rentrée. Nous vous rappelons que les changements de politiques monétaires sont lents à se transmettre dans les économies réelles, neuf mois semble le délai minimum.
Le bilan de la Fed reste à un très haut niveau, mais depuis la fin de QE 3 il s’érode. Le relais est pris par les banques centrales des partenaires , BCE, BOJ, BOE ..
La Fed donc s’oriente vers une hausse du prix de l’argent tout en en réduisant la quantité disponible. Le laxisme va se réduire; la Fed en effet précise que la quantité de monnaie et son prix restent stimulants bien que l’on approche du plein emploi.
Ci dessous la base monétaire compilée par la Fed de Saint Louis , déflatée par l’indice des prix CPI.
On peut s’interroger sur les raisons réelles de la hausse des taux et de la tentative de normalisation de la politique monétaire car … rien dans l’économie n’est normal.
La Fed prétend que l’accélération de la croissance est maintenant bien enclenchée, que nous sommes près du plein emploi et que le potentiel de l’économie étant structurellement abaissé, il faut resserrer préventivement pour empêcher que l’inflation ne s’enracine. Toute la politique de la Fed et sa rationalité reposent sur une hypothèse hasardeuse: le potentiel de croissance sans inflation n’est plus guère supérieur à 2% et on y est. Les capacités jugées disponibles sont au minimum. Si on a atteint le potentiel, alors sur-stimuler ne sert à rien; on prend des risques. Une politique de stimulation n’a de sens que si et seulement si il y a un « gap », une marge disponible.
La Fed a justifié les politiques monétaires anormales par la nécessité de produire une hausse des prix de 2% dans l’économie. Or il se trouve que cet objectif n’ a été atteint qu’un seul mois sur 60 , en mars dernier et encore, il ne l’a été qu’à la faveur d’une hausse temporaire de 80% du prix du pétrole! Depuis au lieu de manifester des dispositions à la hausse, les prix tendent à nouveau à ralentir. Sous l’aspect « prix » on peut donc s’interroger sur le bien fondé de la hausse des taux. L’inflation « core » est revenue à 1,5% et les salaires ne donnent aucun signe d’accélération. Tout ceci est troublant et indique que les théories économiques sur lesquelles se base la Fed sont inadaptées et en particulier, sa mauvaise interprétation de la courbe de Phillips est en cause. L’arbitrage entre chômage et inflation est un mythe et ceci est prouvé maintenant alors que le taux de chomage est a un plus bas historique et que les salaires et les prix ne montent pas..
Les indicateurs économiques sont mitigés, ils suggèrent plutôt que la Fed pêche par optimisme en considérant que la reprise est solide et auto entretenue. En particulier, la production de crédit qui a solvabilisé la reprise, marque le pas et ce n’est pas en renchérissant le coût des dettes que l’on va maintenir la croissance. Le secteur automobile, le secteur du Commercial Real Estate, les biens durables semblent à la peine or ils sont en fin de cycle et en outre sensibles aux taux.
Au premier trimestre 2017, la croissance du GDP a été atone avec 1,2% en rythme annuel seulement. Pour le second trimetre on attend un rythme de 2,5% ce qui fera pour le premier semestre 1,8%. Ce serait moins qu’en 2016. Nous sommes loin des rêves des Trumponomics!
Ci dessous: une tendance structurelle au ralentissement mesuré per capita
La question centrale est celle de l’investissement il est faible, réduit au minimum. Monter les taux et peut être coiffer le marché financier peut peser sur les intentions d’investir, voire faire pression sur les débiteurs. Les dettes des entreprises n’ont jamais été aussi élevées.
On comprend que certains économistes soient inquiets et qu’ils cherchent à dissuader la Fed de monter les taux : ils souhaitent que l’on change l’objectif d’inflation et qu’on le double à 4% au lieu de 2%. Ce serait le meilleur moyen de … précipiter une crise, avec l’éclatement de la bulle des dettes publiques et par contagion de faire éclater toutes les myriades de bulles d’actifs papier!
La réalité est que la Fed, comme ses consoeurs est dans une impasse; il n’y a pas de bonne solution face à l’accumulation des contradictions. C’est l’Aventure.
En Prime: évolution des profits réels des entreprises, ils s’érodent à nouveau au premier trimestre 2017. ceci n’est pas encourgeant pour l’ensemble de l’année.