Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Tremblez les vieux, les futurs déclassés …Par Bruno Bertez

Publicités

Tremblez les vieux, les futurs déclassés …

Par brunobertezautresmondes brunobertez.com 4 min

Martin Wolf du FT est  une sorte de maître à penser keynésien des néo libéraux à tendance financialisée. Ses écrits sont toujours intéressants, ils permettent de coller à l’évolution de la pensée de ces gens.

Il a récemment commenté et survolé quelques livres économiques, pour la saison d’été.

The Globotics Upheaval: Mondialisation, robotique et avenir du travail, de Richard Baldwin, Weidenfeld & Nicolson, RRP £ 20.

Selon Wolf, «Globotics» décrit l’intégration de l’intelligence artificielle dans la robotique. Les améliorations technologiques faciliteront grandement la collaboration à distance. En outre, de nombreuses tâches actuellement exécutées par des personnes le seront par des robots et par l’IA.

Selon lui, cette combinaison transformera et menacera les opportunités économiques offertes à un nombre considérable de personnes relativement instruites dans les pays à revenu élevé.

En d’autres termes, l’intelligence artificielle et les robots stimuleront le commerce mais réduiront les emplois dans des domaines qualifiés qui favorisaient auparavant le commerce et l’investissement.

La croissance des agrégats macro comme le commerce, et les GDP masque la réalité des problèmes qui, elle se situe au niveau de la répartition et de la ventilation . Cela va mieux pour le global, mais cela va plus mal pour certains.

Oui, c’est un problème dialectique.

Réduire le temps de travail, en particulier le temps de transport et de logistique, ne peut que renforcer la productivité. Mais dans le régime actuel du capitalisme financialisé qui recherche le profit maximum, cela ne signifie pas réduction  de la durée du travail pour tous, non cela  signifie une perte d’emplois pour certains que la technologie remplace.

Ces emplois seront  remplacés par de nouveaux emplois associés à la nouvelle technologie. Mais partiellement .

La création d’emploi dans les nouvelles technologies , cela se produit, mais en partie seulement. Pour les autres, la robotique et l’IA vont se traduire par un véritable chemin de croix.

Les travailleurs qui ont été licenciés vont sans aucun doute chercher/trouver  un emploi dans un autre secteur, mais même s’ils en trouvent un , la perspective  qu’ils vont devoir affronter est celle du déclassement. C’est une verité bien connue de tous ceux qui se trouvent dans cette situation dès maintenant; la rétrogradation. Surtout avec le vieillissement et les reports de l’âge de la retraite.

Dévalorisés  par la division du travail, concurrencés par les travailleurs venus d’ailleurs, plus ou moins agés, en position de faiblesse donc, ces pauvres diables valent si peu en dehors de leur ancien poste   qu’ils ne peuvent trouver accès à aucune industrie, à l’exception de quelques branches de qualité inférieure et donc surapprovisionnées et sous-payées. C’est exactement ce qui se passe aux USA. Ce n’est pas de la théorie.

Ce qui est négligé par les apotres du modernisme et de la productivité à n’importe quel rythme, c’est la situation d’ensemble. La productivité, les robots , l’IA  ont pour fonction de réduire le nombre d’heures travaillées dans le système, mais comme le système est un système de concurrence exacerbée pour le profit , avec un rapport de forces défavorable au facteur travail, les gains sont absorbés par le Capital et l’Etat.

La masse de revenus qui revient au facteur travail à tendance à s’éroder, ce qui se voit bien dans la répartition des valeurs ajoutées.  Et donc se pose la question: qui va acheter, qui va faire tourner la machine économique si la croissance continue, si la production enfle et si le pouvoir d’achat n’est pas là?  Surtout si au lieu de laisser  les prix baisser , les idiots inutiles que constituent les banquiers centraux forcent à une inflation de 2% pour alléger les dettes du système?

Réponse: il n’ y a que la progression illimitée du crédit qui peut suppléer l’érosion des revenus gagnés et maintenir en marche la machine. Face à l’insuffisance chronique des revenus, face à  l’insuffisance de la demande, il faut produire du crédit. Et du crédit bon marché, bradé, de plus en plus bradé;  avec même des taux négatifs, il faut payer les  gens pour qu’ils s’endettent. On va les payer pour qu’ils acceptent la servitude.

Donc résumons;

  • -la robotique et l’IA réduisent  le nombre d’heures travaillées dans le système
  • -elles mettent au chômage partiel, gonfle l’armée de réserve des chomeurs
  • -elles pèsent sur le pouvoir d’achat gagné
  • -elles provoquent une déflation/insuffisance de la demande
  • -elle oblige à suppléer par le crédit
  • -la masse de crédit menace d’etre insolvable si on n’a pas une inflation de 2% avec répression financière c’est dire des taux négatifs
  • -cette inflation réduit encore le pouvoir d’achat réel
  • -il faut encore accroître les dettes …

C’est un système dialectiquement condamné.

Par ailleurs :

L’idéologie néo libérale a crée le culte du risque.

On  en a l’expression quasi régulière chez Macron: si vous ne réussissez pas c’est parce que vous êtes paresseux ou que vous ne prenez pas le risque de traverser la rue.

Il faut bien comprendre ce qu’est idéologie du risque, c’est l’affirmation que seuls peuvent être rémunérés ceux qui prennent des risques, c’est à  dire ceux qui jouent, qui parient. Ceux qui sont vainqueurs dans l’arène sociale qui fait s’affronter les citoyens/gladiateurs  entre eux.

Cela signifie que le système admet qu’il n’y a qu’une petite partie qui gagne et que les autres ceux qui n’ont pas le gout du risque ou du jeu sont condamnés à la régression/relégation. Le système n’a pas de dette vis a vis d’eux.

L’idéologie du risque légitimise le rationnement et l’affectation de ce qui est rare a une minorité.  « The winner takes all » , le gagnant empoche toutes les mises.

L’idéologie du risque rejette les difficultés économiques non pas sur ceux qui gèrent, les Macron, les élites, les responsables, mais sur ceux qui sont gérés, sur ceux qui obéissent  et  elle les culpabilise.

BRUNO BERTEZ

EN BANDE SON :

Quitter la version mobile