Arabie Saoudite

Qatar : pognon, climatisation, pollution… l’équation mortifère

Qatar : pognon, climatisation, pollution… l’équation mortifère

C’est petit, le Qatar : 11.586 km2. Population : 2.639.000 habitants.

C’est petit, mais c’est riche. Très très riche. Passé en moins d’un siècle de la pêche et de la culture des perles à l’extraction du pétrole et du gaz, l’émirat voit l’Occident lui lécher les babouches. Pensez, encore 6,4 % de croissance annuelle quand nous dépassons péniblement 1,3 % en criant au miracle.

On construit, au Qatar. Les tours sans fin qui surgissent du désert voient ceux qui les font grimper vers le ciel s’effondrer comme des mouches. D’une certaine façon, il se passe à la verticale ce qui s’est passé à l’horizontale quand on a construit nos chemins de fer dans des contrées hostiles : les milliers de morts du Congo-Océan, ce tronçon du train du Congo qui relie Pointe-Noire à Brazzaville ; ceux du Transsibérien, aussi nombreux ou presque que les traverses pour soutenir les voies…

Au Qatar, comme autrefois dans le Mayombe ou sur les rives du Baïkal, on meurt de la chaleur et de l’humidité. Et au Qatar comme dans le Mayombe, on s’en fout. Ces travailleurs-là venaient d’Oubangui-Chari (l’actuelle République centrafricaine), du Cameroun, du Tchad et des geôles du tsarevitch ; ceux-ci viennent d’Inde et du Népal. En somme, rien que de la bête de somme.

La revue Cardiology a réalisé une étude sur la mortalité des travailleurs étrangers au Qatar. Elle est parue en juillet, avant ces mirifiques Championnats du monde d’athlétisme qui nous ont tous tenus en haleine devant des sportifs hors d’haleine. Parue en juillet, elle a révélé que « sur 571 arrêts cardiaques mortels qui ont touché des migrants népalais sur leur lieu de travail au Qatar, 200 ont été causés par un “choc thermique sévère” ».

Gênant… Quoique, c’est moins la tragédie humaine qui préoccupe les Qataris que le retard pris sur les chantiers. Faut les comprendre. Tout ce turnover, ce va-et-vient de cercueils, ça ralentit la construction…

Bref, la chaleur est en train de sécher la population sur place. Au Qatar, l’un des pays les plus chauds de la planète, 46 °C de moyenne en journée l’été dernier, soit, nous dit-on, une hausse de plus de 2 °C depuis sa période préindustrielle. Laquelle ne remonte pas bien loin. On pointe, bien sûr, du doigt le réchauffement climatique, mais l’explosion de l’urbanisation combinée à l’humidité du golfe Persique fait grimper le thermomètre et disjoncter les organismes.

Alors, que faire ? CLI-MA-TI-SER. Et pas seulement les stades.

Dont acte.

C’est donc une grande première qu’il faut saluer comme il convient : les monarques qataris viennent d’investir dans des climatiseurs géants pour équiper les rues, marchés, centres commerciaux ouverts et stades extérieurs. Les zones commerciales où se bousculent enseignes de luxe et restaurants sont les premières équipées de ces grosses machines « dissimulées derrière d’élégantes arabesques », permettant au riche chaland de profiter d’une « brise fraîche [qui permettra] à la vie de continuer comme avant », écrit The Independent. Et dire qu’il en est, chez nous, pour se plaindre des radiateurs en terrasse…

Ah, bien sûr, sur le plan des économies d’énergie comme du réchauffement, c’est plutôt mal barré. On le sait, il n’y a pas pire que les climatiseurs pour bouffer de l’énergie et produire de la chaleur. D’ailleurs, au Qatar, 60 % de l’électricité est consacrée à la climatisation.

Au fait, que dit de tout cela notre petite Greta ? Elle ne mettrait pas un joli foulard sur ses tresses, histoire d’aller tirer les oreilles au bon prince Tamim ben Hamad Al Thani ?

Quoi ? J’entends mal… Comment ça, c’est bientôt la Coupe du monde de foot et il fait trop chaud pour y aller ?

https://www.bvoltaire.fr/qatar-pognon-climatisation-pollution-lequation-mortifere/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=8aabe524c6-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-8aabe524c6-30707081&mc_cid=8aabe524c6&mc_eid=b338f8bb5e

 La BBC dénonce des sites consacrés à la vente d’esclaves

On reproche l’esclavage des Noirs à l’Occident alors que cette odieuse pratique est prohibée depuis plus de 175 ans.

Pendant ce temps, l’esclavage perdure dans les pays du Golfe…

Selon un reportage de la BBC, des applications installées sur Facebook ou Google permettent à des Koweïtiens de « vendre » leurs domestiques, comme s’il s’agissait d’animaux ou de vêtements. Sur un de ces sites de la honte présents sur Instagram, on tombe sur un mur de photos. En cliquant sur l’un des clichés, on découvre le prix demandé pour l’esclave et on peut lire un bref commentaire le décrivant. Citons-en quelques-uns pour mieux souligner l’ignominie du procédé : « Souriante, on peut lui demander de rester éveillée jusqu’à 5 h du matin » (bref, on peut la faire travailler 24 h sur 24 en ne lui accordant que quelques heures pour dormir) ; « Effrontée, ose demander un jour de congé » (!).

Ces remarques sont à vomir. Selon les textes sans doute variablement appliqués (Code noir Colbert), même les esclaves africains si durement traités par leurs maîtres blancs avaient droit à leur dimanche…

Ce marché aux esclaves dérive d’une coutume islamique dévoyée, la kafala. Ce parrainage se substitue, dans les pays musulmans, à l’adoption occidentale qui est contraire à la charia, car elle modifie la filiation. Grâce à la kafala, le « parrain » acquiert tout pouvoir sur un « filleul » qu’il peut traiter comme s’il était son enfant, c’est-à-dire correctement s’il le souhaite, mais aussi éventuellement le surcharger de travail. Il doit, en échange, le loger et le nourrir, mais rien ne s’oppose à ce qu’il le fasse a minima. Le domestique ne peut pas s’échapper à cette emprise, car on le contraint à remettre à son maître son passeport ; il doit obtenir l’accord de son « propriétaire » pour quitter le Koweït.

Les malheureux domestiques, philippins ou bengalis, sont recrutés par des agences spécialisées qui leur font miroiter de hauts salaires et leur avancent le prix de leurs billets d’avion. Les esclaves sont donc, dès le départ, affligés d’une dette qu’ils n’arriveront jamais à rembourser. Les agences revendent leur « cheptel » à des Koweïtiens (c’est-à-dire qu’elles se font rembourser les sommes avancées avec une confortable indemnité). Les acquéreurs font travailler leurs domestiques pour une bouchée de pain. Quand ils sont lassés d’eux ou s’ils ont besoin d’argent, ils les revendent. Quelques-uns, les plus vicieux, exploitent sexuellement leurs servantes, puisque le Coran autorise quatre femmes et autant de domestiques que l’on souhaite.

Les autorités koweïtiennes se disent préoccupées par ce problème et prétendent qu’elles prennent des mesures. Pourtant, la remise des passeports aux « parrains » n’est toujours pas prohibée. Heureusement, Facebook et Google, réagissant au reportage de la BBC, vont bientôt interdire les applications de reventes d’esclaves. Il était temps !

https://www.bvoltaire.fr/la-bbc-denonce-des-sites-consacres-a-la-vente-desclaves/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=ebccb39107-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-ebccb39107-30707081&mc_cid=ebccb39107&mc_eid=b338f8bb5e

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