📌 Introduction

René Girard, longtemps considéré comme un philosophe marginal en France, est devenu aux États-Unis une référence intellectuelle… mais dans les cercles les plus inattendus : ceux de la tech libertarienne, des think tanks conservateurs et aujourd’hui des élites politiques populistes.
De Peter Thiel, le milliardaire de la Silicon Valley, à JD Vance, nouvel homme fort du trumpisme, la pensée girardienne s’impose comme un cadre de lecture et un outil de pouvoir.

🔥 Peter Thiel, l’ingénieur girardien

Thiel fut l’un des étudiants les plus marqués par Girard à Stanford.
De la théorie mimétique, il retient trois leçons essentielles :

1. La rivalité mimétique → les individus désirent ce que les autres désirent.
2. Le bouc émissaire → les sociétés apaisent leurs tensions en sacrifiant une figure.
3. La transcendance de l’ordre → l’autorité est un produit de la violence canalisée.

Thiel a transposé cela au capitalisme numérique et à la géopolitique : dans ses yeux, la Silicon Valley est un terrain de guerre mimétique permanente (Apple vs Microsoft, Google vs Facebook, OpenAI vs Anthropic). Et le bouc émissaire parfait ? L’« establishment » progressiste.

🦅 JD Vance, le disciple politique

Protégé de Thiel, JD Vance a su faire du girardisme une arme rhétorique populiste :

• Les élites de Washington deviennent le groupe rival accusé de tous les maux.
• Le peuple américain est présenté comme la victime sacrificielle des délocalisations, de la guerre culturelle, et de l’immigration.
• La catharsis politique se joue dans un retour aux valeurs traditionnelles et un leadership autoritaire qui rappelle la fonction de « pacificateur » décrite par Girard.

🌍 De la Silicon Valley à la Maison Blanche ?

Cette influence n’est pas qu’intellectuelle :

• Thiel finance, sélectionne et propulse les figures politiques qu’il juge alignées sur cette grille de lecture.
• Vance, en figure de proue, représente déjà une possible succession de Trump.
• Derrière eux, c’est tout un nouvel establishment américain qui se structure : hybride, mêlant libertarianisme technologique, conservatisme culturel et références philosophiques françaises inattendues.

🎭 Conclusion : Le paradoxe girardien

Ironie ultime : René Girard, critique des mécanismes de la violence collective, inspire aujourd’hui une génération qui les utilise pour conquérir et structurer le pouvoir.
Le mimétisme de l’influence est total : Thiel copie Girard, Vance copie Thiel, et bientôt, le peuple américain pourrait imiter Vance.
Une boucle parfaitement girardienne.

Voici une sélection de citations de René Girard et d’autres penseurs qui illustrent son influence intellectuelle et permettent de relier son héritage au nouvel establishment américain

📜 René Girard

• « L’homme est le plus mimétique des animaux : il désire ce que désire l’autre, et c’est là que naît le conflit. »
• « La violence est au cœur de toute société, et seul le sacrifice permet de la canaliser. »
• « Nous sommes condamnés à imiter, et donc à entrer en rivalité. »
• « Le bouc émissaire n’est jamais choisi par hasard, mais parce qu’il concentre les haines collectives. »
• « L’humanité ne se définit pas par la liberté de ses désirs, mais par leur contagion. »

📜 Sur le pouvoir et les élites

• Peter Thiel : « La concurrence est pour les perdants. Le monopole est la condition de l’innovation et du pouvoir. »
• JD Vance (inspiré par Girard et l’anthropologie mimétique) : « Nos guerres culturelles ne sont souvent que des rivalités mimétiques mises en scène. »
• Alexis de Tocqueville : « Il n’y a pas de plus grand danger pour la démocratie que l’uniformité des désirs. »

📜 Sur la politique et le mimétisme

• « Les populistes ne gagnent pas parce qu’ils inventent un désir nouveau, mais parce qu’ils imitent le désir de revanche des masses. » (paraphrase girardienne appliquée au présent)
• « Les États-Unis rejouent sans cesse la pièce de Girard : rivalités mimétiques, boucs émissaires et sacrifices politiques. »

🎶 Voici une playlist “Mimétisme & Désir” centrée sur le désir, la rivalité et la violence au cœur du mécanisme girardien. Bien sûr, « Desire » de Tuxedomoon y figure en point d’orgue :

🎧 Playlist – Désirs mimétiques & Boucs émissaires

1. Tuxedomoon – Desire (incontournable, atmosphère girardienne par excellence)
2. The Doors – The End (le cycle de la violence et du sacrifice)
3. David Bowie – Heroes (le désir d’imiter l’autre, jusqu’au mimétisme héroïque)
4. Joy Division – She’s Lost Control (perte de maîtrise, contagion mimétique)
5. The Velvet Underground – Venus in Furs (désir, domination, rivalité)
6. Talking Heads – Once in a Lifetime (obsession des autres, crise d’identité mimétique)
7. Iggy Pop – Lust for Life (désir brut, rivalité et excès)
8. The Rolling Stones – Sympathy for the Devil (le sacrifice, la violence au service du pouvoir)
9. Nine Inch Nails – Closer (désir poussé à la déraison, imitation destructrice)
10. Radiohead – Everything in Its Right Place (désir impossible d’harmonie face au chaos mimétique)
11. Nick Cave & The Bad Seeds – Stagger Lee (violence comme résolution du conflit mimétique)
12. Depeche Mode – Policy of Truth (mensonges, rivalités et jeux de pouvoir)
13. Sonic Youth – The Sprawl (le chaos urbain, les désirs qui se démultiplient sans fin)

💡 Cette sélection trace une bande-son girardienne : du désir contagieux à la violence sacrificielle, en passant par l’imitation et la rivalité.