(Ou comment lâOccidental sâest transformĂ© malgrĂ© lui en Homo Crosierus, espĂšce invasive, bruyante, et globalisĂ©e)
Il fut un temps oĂč lâOccidental construisait des cathĂ©drales, des empires, des bibliothĂšques.
Aujourdâhui, il construit des trip advisors.
VoilĂ lâĂ©volution darwinienne du citoyen de la ModernitĂ© :
du civis romanus au globetrotter hagard,
du chevalier au backpacker,
du soldat au selfieur compulsif,
du pÚlerin de Saint-Jacques au stagiaire Erasmus en coma éthylique.
Bienvenue dans le rĂšgne flamboyant de lâHomo Tourismus, sous-espĂšce du Homo Festivus, dĂ©crit par Philippe Muray comme la crĂ©ature parfaite de la civilisation du Bien, mais dont la mission ultime est de prendre lâavion pour mieux « vivre une expĂ©rience authentique », sans se rendre compte qu’il est devenu le mĂȘme partout, mĂȘme quand il croit aller ailleurs.

đč 1. LâHomo Tourismus : le zombie mondialisĂ© en short DĂ©cathlon
CrĂ©ature bĂ©nigne, mais profondĂ©ment toxique, lâHomo Tourismus se nourrit principalement de :
- cocktails fluos,
- colliers de fleurs,
- bracelets « all inclusive »,
- et illusions globalisées.
Il part « découvrir de nouvelles cultures », et revient avec :
- le mĂȘme bronzage,
- la mĂȘme diarrhĂ©e,
- et deux cent photos de couchers de soleil interchangeables.
Il croit « vivre lâaltĂ©ritĂ© » mais se comporte partout comme si le monde entier Ă©tait un dĂ©cor Netflix destinĂ© Ă sa consommation Ă©motionnelle.
đ© 2. Le tourisme sexuel : lâĂden de la bien-pensance silencieusement tolĂ©rĂ©
On ferme les yeux,
on fait semblant de ne pas voir,
mais les statistiques policiĂšres ne mentent jamais :
lâHomo Tourismus, en Asie du Sud-Est ou dans les CaraĂŻbes, se transforme soudain en Homo Erectus Libidineux.
Les mĂȘmes qui tweetent :
« Respect des cultures locales !! »
sont ceux qui, le soir mĂȘme,
refont le Kama Sutra dans des arriÚre-salles sordides de clubs « exotiques » décorés comme un aquarium de mauvais goût.
Câest le premier mystĂšre du mondialisme :
la dĂ©construction des frontiĂšres physiques nâa jamais empĂȘchĂ© la reconstitution de bordels moraux.
đ 3. Le tourisme mĂ©dical : lâOccidental low-cost
DeuxiĂšme mutation :
LâHomo Tourismus devient Homo Chirurgicus.
Il prend un vol à 39 ⏠pour Istanbul,
revient avec :
- un nez grec,
- une barbe ottomane,
- un front hollywoodien,
- des dents comme un clavier Apple.
La mondialisation heureuse a fait de lui un puzzle.
Sous couvert de rationalitĂ© Ă©conomique (« câest moins cher ! »),
il participe sans le savoir à la délocalisation du corps humain.
AprĂšs lâindustrie,
aprĂšs les usines,
aprĂšs lâacier,
lâOccident externalise dĂ©sormais son esthĂ©tique.
đ» 4. Le tourisme bars & bitures : le citoyen du monde devient tonneau du monde
Déjà bien entamé par la civilisation du « vivre ensemble »,
Homo Tourismus devient Ă Ibiza, Mykonos, Miami ou Prague :
Homo Ethylicus Festivus.
Son activité principale ?
Exporter lâivresse et lâinsĂ©curitĂ© culturelle lĂ oĂč il passe.
Comme les grands empires, il laisse derriĂšre lui :
- vomi,
- mégots,
- incohérences morales,
- et amnésie historique.
Philippe Muray lâavait vu venir :
« LâHomo Festivus dĂ©truit lâHistoire en la remplaçant par la fĂȘte permanente. »
đ¶ 5. Le tourisme adoption / humanitaire : la bonne conscience en charter
Grande spécialité de la bourgeoisie culpabilisatrice :
essayer dâexpier quatre siĂšcles dâhistoire en adoptant un enfant dâun autre continent comme on adopte un chaton.
Le problĂšme ?
La bonne conscience en mode Instagram.
Les ONG progressistes servent de hub moral :
- selfies dans des bidonvilles,
- photos en mission humanitaire,
- hashtags philanthropiques,
- et retour Ă Paris pour bruncher au Marais.
Homo Tourismus se voit comme un sauveur.
En rĂ©alitĂ©, câest un spectateur Ă©gotique du drame mondial.
đ© 6. La Tourista : punition divine du mondialisme
Toute idéologie a sa justice immanente.
Le capitalisme, câest la crise financiĂšre.
Le socialisme, câest la pĂ©nurie.
Le mondialisme touristique, câestâŠ
la tourista.
La vengeance intestinale de la planĂšte contre lâhomme qui « sâouvre au monde ».
Un symbole parfait :
le corps ne supporte pas ce que lâesprit a voulu avaler sans discernement.
Tout est dit.
đ§Ź 7. LâHomo Crosierus : lâultime stade de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence
LâHomo Crosierus est la forme finale..
Un nomade sans identité,
un Européen sans Europe,
un citoyen du monde sans monde,
une espĂšce vaguement occidentale qui :
- connaĂźt toutes les capitales mais aucune histoire,
- poste toutes les photos mais ne garde aucun souvenir,
- veut « comprendre le monde » mais ne comprend mĂȘme pas dâoĂč il vient.
Il se croit libre,
mais il nâest que le produit dâun marchĂ© touristique dopĂ© par :
- les compagnies low-cost,
- les influenceurs,
- le soft power américain,
- et la bonne conscience internationaliste.
Un ĂȘtre dĂ©racinĂ©,
qui, faute dâavoir une tradition,
se gave dâexpĂ©riences interchangeables.
đ§š Conclusion : Homo Touristicus, symptĂŽme dâune civilisation qui ne sait plus qui elle est
Le village global a créé un type humain paradoxal :
un ĂȘtre qui voyage partout parce quâil nâa plus de chez-lui.
Philippe Muray lâavait annoncĂ© :
« Une société qui ne produit plus de transcendance produit du divertissement. »
Dantec lâavait prophĂ©tisĂ© :
« LâOccident court aprĂšs le monde au moment mĂȘme oĂč il sây dissout. »
Faye lâavait dĂ©crit :
« Le tourisme est lâopium des peuples occidentaux. »
Et toi, tu lâobserves :
on a remplacé le citoyen par le client,
le pĂšlerin par le backpacker,
le héros par le touriste.
Le résultat ?
LâHomo Tourismus,
symbole parfait dâun Occident qui, en croyant « dĂ©couvrir le monde »,
vient dâabandonner le sien.

đ§Ź LES SOUS-ESPĂCES DE LâHOMO CROSIERUS
Taxonomie TS2F du Tourisme GlobalisĂ© & de lâHomme DĂ©centrĂ©
1. Homo Festivus Festivus
SymptĂŽmes : vit pour des bracelets plastifiĂ©s, confond transgression et file dâattente.
Biotope : Ibiza â Primavera â Tomorrowland.
Pathologie : extinction immédiate en cas de coupure réseau.
Diagnostic TS2F : âDernier stade du nĂ©o-libĂ©ralisme anthropologique.â
2. Homo Selficus Narcissus
SymptĂŽmes : se photographie plus quâil nâexiste.
Biotope : Instagram â Rooftops â lieux âinstagrammablesâ.
Pathologie : vit dans un documentaire sur lui-mĂȘme quâil ne montera jamais.
Diagnostic TS2F : âUn animal qui se capture avant dâĂȘtre capturĂ© par lâhistoire.â
3. Homo Tourismus Globalus
SymptĂŽmes : croit dĂ©couvrir « lâauthentique » dans un bus climatisĂ©.
Biotope : Marrakech â Bali â Lisbonne â AirBnB.
Pathologie : pense soutenir les populations locales en les ruinant.
Diagnostic TS2F : âNĂ©o-colonialisme sous vĂȘtements H&M.â
4. Homo Sexus Safari (â)
SymptĂŽmes : quadra en safari libidinal, âcherche connexion vraieâ.
Biotope : Kenya â Zanzibar â SĂ©nĂ©gal â Cap Vert.
Pathologie : confond rites initiatiques et packages hĂŽteliers.
Diagnostic TS2F : âTourisme du ventre â version yoga tantrique low-cost.â
5. Homo Barus Alcoholicus
SymptĂŽmes : croit que le monde devient plus profond aprĂšs 6 cocktails.
Biotope : Prague â Budapest â Barcelone â Londres Shoreditch.
Pathologie : libéral le jour, nihiliste la nuit.
Diagnostic TS2F : âLa civilisation se dissout dans 40° dâĂ©thanol.â
6. Homo Hospitalus Medicalus
SymptĂŽmes : va en Turquie pour des dents et revient avec une barbe et des implants.
Biotope : Istanbul â Bangkok â CancĂșn.
Pathologie : chirurgie identitaire mondialisée.
Diagnostic TS2F : âNe se soigne plus, sâexporte.â
7. Homo Adoptus Planetarius
SymptĂŽmes : dĂ©couvre soudain la misĂšre quand elle coĂ»te un billet dâavion.
Biotope : Ethiopie â NĂ©pal â Colombie.
Pathologie : confond salut moral et marchĂ© de lâadoption.
Diagnostic TS2F : âLe capitalisme compassionnel Ă son sommet.â
8. Homo Refugeus Hypocritus
SymptĂŽmes : prĂȘche lâouverture totale mais vit dans une zone piĂ©tonne sĂ©curisĂ©e.
Biotope : Paris XI â Brooklyn â Berlin Mitte.
Pathologie : âle courage des autresâ.
Diagnostic TS2F : âLa premiĂšre ligne arriĂšre de lâhypocrisie globale.â
9. Homo Crosierus Ultimus (le stade terminal)
SymptĂŽmes : croit appartenir Ă la planĂšte entiĂšre, ne comprend plus son quartier.
Biotope : AĂ©roports â coworkings â cafĂ©s vĂ©gan â confĂ©rences TEDx.
Pathologie : déconnecté du réel, immunisé contre la réalité.
Diagnostic TS2F :
âUn sujet post-moderne persuadĂ© qu’il est libre alors qu’il ne choisit mĂȘme plus le pays de ses illusions.â
đ§© SYNTHĂSE TS2F
LâHomo Crosierus est l’enfant-roi de la mondialisation heureuse, devenu son clown triste.
Il voulait ĂȘtre âcitoyen du mondeâ.
Il est devenu consommateur du monde.
Et le monde, las, commence Ă lui prĂ©senter lâaddition.

đ§ PLAYLIST : TRANSMISSION TERMINALE
(Post-punk, proto-indus, anarcho-punk, cold-wave & dĂ©sillusion politique â curated TS2F)
đ„ 1. Joy Division â Transmission
« Dance to the radio » : le slogan officiel de la décadence occidentale.
đ„ 2. Joy Division â Dead Souls
Le versant spectral du post-punk : parfait pour un monde zombifié.
đ„ 3. Dead Kennedys â Holiday in Cambodia
Le plus grand morceau anti-bourgeois occidental jamais écrit.
Sarcasme acide + politique brutale = TS2F approved.
đ„ 4. Gang of Four â In the Ditch / At Home Heâs a Tourist
Marxisme punk, funk métallique et sociologie des corps.
đ„ 5. The Virgin Prunes â If I Die, I Die
Rituel post-industriel. Une transe de fin dâempire.
đ„ 6. Killing Joke â The Wait
Parce quâaucun effondrement nâest complet sans Killing Joke.
đ„ 7. Bauhaus â Dark Entries
Le goth originel. Urgence, chaos, effondrement mental.
đ„ 8. The Fall â Totally Wired
Mark E. Smith en prophÚte toxique de la désintégration nerveuse.
đ„ 9. The Birthday Party â Release the Bats
Nick Cave en mode primitif, tribal, possédé.
đ„ 10. Suicide â Ghost Rider
Proto-techno nihiliste. Une pulsation de fin de civilisation.
đ„ 11. PIL â Death Disco
John Lydon danse littéralement sur la mort de sa mÚre.
LâhĂ©donisme funĂ©raire parfait.
đ„ 12. Cabaret Voltaire â Nag Nag Nag
Cyberpunk avant lâheure. Industrie froide + anarchie sonore.
đ„ 13. The Pop Group â We Are All Prostitutes
Le tube officiel du capitalisme tardif.
đ„ 14. Wire â Dot Dash
La beauté clinique de la précision punk.
đ„ 15. The Sound â Winning
Le morceau de ceux qui survivent Ă tout.
đ„ 16. Throbbing Gristle â Discipline
Pour la partie Dance or Die de ta campagne gouvernementale.
đ„ 17. Cocteau Twins â Wax and Wane
Une respiration hallucinée au milieu des ruines.
đ„ 18. Swans â Love Will Save You (ironie totale)
Du sarcasme en diamants noirs.
đ„ 19. Chrome â TV as Eyes
Aliens + punk + LSD industriel.
đ„ 20. A Certain Ratio â Do the Du
Le funk militarisé britannique.
đ„ 21. Devo â Mongoloid
Post-humanisme ironique + beat synthétique.
đ„ 22. This Heat â Repeat
La bande-son dâun coup dâĂtat postmoderne.
đ„ Bonus TS2F (VERY YOU)
23. Joy Division â Something Must Break
La devise du portefeuille TS2F :
quelque chose doit casser pour quâautre chose sâĂ©lĂšve.
24. The Reegs â The Dream Police
Parce que lâĂtat Spectacle rĂ©clame sa neuro-police.
25. The Gun Club â Sex Beat
Le sexe comme arme de destruction civilisationnelle.
26. Lydia Lunch â Mechanical Flattery
Nouvelle Babylone industrielle.

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HĂ©las exactement les victimes du 7 octobre « un festival de l’amour » a deux pas de la frontiĂ©re!
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đȘ HOMO FESTIVUS : LE CLOWN PLANĂTAIRE QUI SE PREND POUR UN PROPHĂTE
(parce quâil faut bien rire avant lâextinction)
Il est partout. Insolent de candeur. OverbookĂ© de vide. LâHomo Festivus est devenu lâultime stade Ă©volutif de lâOccident repu : un ĂȘtre pour qui la vie est un festival permanent, un hobby international, un selfie gĂ©olocalisĂ© Ă lâautre bout du monde â et parfois au fond du gouffre.
Il voyage pour âsâouvrir au mondeâ mais fuit surtout sa propre civilisation quâil ne comprend plus.
Il moralise sur lâĂ©cologie⊠en prenant lâavion 14 fois par an.
Il prĂȘche lâinclusivité⊠mais nĂ©gocie le prix dâun corps en demi-pension Ă Bali.
Il rĂȘve dâauthenticité⊠mais ne poste que des filtres.
Le tout en proclamant :
âJe suis citoyen du monde.â
Traduction : je ne suis responsable de rien.
Pendant que le monde rĂ©el se durcit, que les blocs impĂ©riaux se reforment, que les nations redeviennent des murailles, il continue Ă croire que lâHistoire sâest arrĂȘtĂ©e sur les plages dâIbiza avec un mojito Ă la main.
Mais la fĂȘte permanente a toujours un prix :
la gueule de bois civilisationnelle.
Et ce jour-lĂ , l’Homo Festivus dĂ©couvrira que la gravitĂ© nâĂ©tait pas une opinion.
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