Behaviorisme et Finance Comportementale

Michel Juvet : Régulation financière: «Circulez, y’a…»

Le secret de la réussite Financière en Suisse tient a la fois du fait d’avoir la meilleure Banque Centrale au monde mais aussi si l’on exclu les cas UBS et CREDIT SUISSE les Banques les mieux gérées….C’est dans l’une d’entre elle, BORDIER, qu’officie le sémillant Michel Juvet  fin  analyste et stratège et qui tout comme Patrick en connait un rayon sur la musica des marchés…Pour avoir suivi ses prévisions a la semaine depuis maintenant des années, je dois avouer qu’il est vraiment bon le bougre sous des allures tranquilles et mesurées….Alors si comme moi vous en avez assez des Roubignoleries Pritchardesques Krugmanisées et surmédiatisées a outrance, jetez un œil et une oreille attentive de temps a autre  a ce que raconte Michel Juvet ne vous semblera pas dénué d’intérêt….4eme billet d’une série qui lui est consacrée… Avec comme d’habitude l’humour en plus !!!!

Régulation financière: «Circulez, y’a…»

MULTIPLIER LES GENDARMES NE SERT À RIEN. IL FAUT SURTOUT TRAVAILLER SUR LES NORMES. QU’ELLES SOIENT ADÉQUATES ET RESPECTÉES PAR TOUS. ÉTRANGERS Y COMPRIS

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

«Cheeeffff!» hurla le préposé à la surveillance de la circulation. Assis devant ses écrans depuis des heures, il n’avait rien vu venir. Mais maintenant les signaux d’alerte s’enclenchaient les uns après les autres, les écrans de contrôles rougeoyaient, et bip-bipaient de plus en plus fort.

«Cheeeffff!»

«Que se passe-t-il, bon sang!» répondit essoufflé le Chef du contrôle de la circulation. Jamais il n’avait parcouru si vite les quatre étages qui séparaient son bureau de la salle de contrôle. Mais, en entrant dans la pièce il comprit immédiatement qu’il allait connaître son Tchernobyl… Pourtant l’expérience de 1998 aurait du éviter cette perspective. Un poids lourd, coincé dans une ruelle, avait en manoeuvrant embouti une dizaine de voitures, et écrasé quelques piétons innocents. On avait donc proposé d’instaurer des normes de sécurité et d’établir un réseau complexe de sens interdit pour canaliser le trafic vers les grands boulevards. Mais le lobby des gens pressés avait crié aux atteintes à la liberté individuelle. Pour eux, les nouvelles technologies permettaient aux nouveaux véhicules de mieux absorber les obstacles et de se faufiler dans les rues étroites. Les ingénieurs acceptèrent d’abaisser le niveau des normes, on créa quelques postes de gendarmes qui veillèrent au respect des nouvelles normes de circulation et on fit appel à la responsabilité civique des conducteurs. Tout se passa bien quelques années…

«Cheffff!, venez voir!»

le préposé à la surveillance de la circulation était penché sur un écran de contrôle. «Je crois que je devine l’origine du problème». Le Chef du contrôle de la circulation se pencha à son tour sur l’écran de contrôle. «M……..! Qu’est-ce qui se passe dans ces ruelles?». L’écran révélait un quartier entier en proie aux flammes. Des dizaines de poids lourds étaient éventrés, des blessés et des morts jonchaient le sol obstruant également la circulation. La population encore valide avait rassemblé ses avoirs et fuyait vers les boulevards, créant de gigantesques bouchons. «Que nos équipes de secours nettoient au plus vite ces caillots qui bloquent notre circulation!» cria le Chef du contrôle de la circulation. «Et prévenez le Chef de la ville, que tout cela va coûter très cher!».

Après des jours de lutte le calme revint. Les écrans de contrôle n’indiquaient pas le moindre ralentissement. Normal, après ces journées dramatiques plus personne n’osait circuler! Le Chef du contrôle de la circulation convoqua néanmoins une réunion pour tirer un bilan. Un premier ingénieur prit la parole et dit: «je crois que nous devons augmenter les sens interdit, il faut briser l’envie des interdits»; un deuxième renchérit et affirma: «oui nous devons empêcher les véhicules de choisir leur chemin, et surtout abaisser leur puissance ». Un troisième rajouta: «il faut supprimer les bonus vitesse attribués aux conducteurs les plus rapides!»; Puis un quatrième dit: «il faut faire payer cher les fraudeurs qui mettent en péril la circulation des citoyens!». Le Chef des ingénieurs se leva alors et dit avec assurance: «pourquoi ne pas simplement interdire la circulation?»

Le Chef du contrôle de la circulation était mal à l’aise. Toutes ces mesures restreindraient certes le trafic, mais elles condamneraient la ville à mort. Il lui fallait trouver une parade à cet esprit de revanche. Il demanda alors au Chef des gendarmes si les véhicules incriminés étaient bien aux normes. Le Chef des gendarmes répondit sans ambages: «nous n’avons noté aucune infraction; les véhicules respectaient bien les normes et ils avaient tous l’aval du Service des réviseurs des véhicules… même si on avait bien remarqué que des véhicules transportaient des marchandises inconnues qui semblaient plutôt instables lorsque les rues devenaient chaotiques». Le Chef des gendarmes maugréa «Nous on a fait notre boulot…». Le Chef de la ville prit alors la parole et dit: «Ce sauvetage nous a coûté tellement d’argent, on ne peut pas rester ainsi les bras croisés!» Le Chef des gendarmes ajouta alors: «Oui surtout, qu’on avait bien vu que certains véhicules étrangers ne comprenaient pas toujours ce que voulait dire nos panneaux de circulation.»

Le Chef du contrôle de la circulation comprit qu’il faudrait faire plaisir à la foule en multipliant les gendarmes. Même si multiplier les gendarmes ne servirait à rien. Il fallait surtout travailler sur les normes, qu’elles soient adéquates et respectées par tous, étrangers y compris. Il se proposa d’organiser la refonte générale du système. Tout en se disant qu’il ne méritait pas ce poste car il n’avait pas plus que les autres voulu prévenir cette crise. Et qui d’ailleurs le contrôlerait lui le Chef du contrôle de la circulation? Mais il n’avait pas le choix: ne pas agir le ferait passer pour un fou de la libre circulation…

Alors les banques centrales développèrent de nouvelles règles de circulation, spécialement adaptées aux convois dangereux pour la société. Elles définirent des normes de fonds propres qui  permettraient aux véhicules bancaires de supporter les risques importants. Elles proposèrent de fractionner les convois bancaires pour limiter les effets de contagion. Des rues spéciales furent réservées aux activités bancaires les plus dangereuses, et on multiplia les gendarmes sur ces tronçons. Les banques conduisirent moins vite et toute la ville ralentit alors durablement. Le monde se congratula, fier de l’avancée née de la régulation. Mais petit à petit, les convois bancaires se regroupèrent naturellement sur les grandes avenues traditionnelles, et les boulevards furent à nouveau surchargés…Quelqu’un dit alors «et si on utilisait des petits avions pour survoler les villes, cela permettrait d’aller plus vite et de désengorger les boulevards?» Le Chef du contrôle de la circulation s’assit, soupira, et la tête appuyée sur son super fauteuil de sa super salle de contrôle murmura: «Ben au moins, ce n’est pas moi le Chef du contrôle de la circulation aérienne…».

MICHEL JUVET Bordier & Cie 30/6/09

LE BILLET PRECEDENT :

http://leblogalupus.com/2009/05/12/michel-juvet-le-printemps-est-la/#more-1267

3 réponses »

  1. et un lien sur un article très bien fait d’un hebdomadaire qui j’apprécie beaucoup sur l’évolution de la politique des banques centrales.

    Si M. chevallier consulte ce msg, il y trouvera une info intéressante sur les besoins estimés par la BNS (rapport FINMA) pour :
    – UBS 27.9 MdCHF (avant sa récente levée de fonds). Fonds propres actuels 29.2 MdCHF sur un endettement de 1142
    – Credit suisse 12 MCHF avec 36.7 MdCHF de fonds propres sur 875 de dettes.
    Ce n’est pas encore le ratio tier souhaité 😉

  2. Oui, j’avais vu que la BNS agissait enfin dans le bon sens mais beaucoup trop timidement !
    Les dirigeants d’UBS et de Cdt Suisse sont comme ceux de Swiss Air : au dessus de tout soupçon, intouchables

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