Charles Gave est l’un des plus brillants économistes et analystes au monde….Il est français mais exilé aux US depuis maintenant plusieurs années car il souffre de défauts jugées rédhibitoires en matière économique dans notre beau pays : il n’est pas marxiste, il n’est pas keynésien, il n’est pas antiaméricain et il n’est pas libertarien tendance école autrichienne…En bref c’est un monétariste tendance Milton Friedman et un business économiste de tout premier plan…En France il contribue de manière très régulière au Journal des Finances et demeure un grand pourfendeur devant l’éternel du système Euro et un adversaire acharné de l’ « IGNORAMUS TRICHET »….. Voici le 13ème volet d’une série de billets qui lui sont consacrés….
« Les grands problèmes économiques sont toujours créés par des erreurs, au nombre de 5 : une guerre ; une hausse des impôts (qui amène une aggravation du déficit budgétaire) ; une poussée protectionniste ; une augmentation des règlementations ; une erreur de politique monétaire. »
EN SAVOIR DAVANTAGE :
PAR CHARLES GAVE* | JDF HEBDO | 03.07.2009
Pour qu’un marché actions monte de façon durable, il faut et il suffit que trois conditions soient remplies :
1. Il faut que nous ayons une liquidité abondante dans le système et que les taux d’intérêt courts soient perçus comme étant très bas (absence de concurrence).
2. Il faut que la majorité des actions soient bien au- dessous de leur valorisation historique moyenne. Il est plus raisonnable de penser que le marché va monter dans les deux ans qui viennent s’il a fortement baissé dans les deux ans qui ont précédé.
3. Il faut que la croissance économique soit de retour, de façon à ce que les bénéfices par action et les dividendes recommencent à monter.
Essayons de passer les grandes régions du monde à travers cette grille d’analyse peut-être un peu simpliste, mais qui a le mérite d’être facile à utiliser.
Commençons par l’Asie : grâce aux mesures prises par les banques centrales locales (Chine, Japon, Inde), le crédit recommence à être facilement disponible, les actions ont bien remonté – par exemple l’indice de Hongkong a rebondi de 10.000 points en octobre 2008 à 18.000 aujourd’hui -, mais elles sont encore à des niveaux moyens intéressants, puisque le plus haut à Hongkong en novembre 2007 avait été supérieur a 30.000 points. Enfin, tout semble indiquer que la croissance économique est bel et bien repartie un peu partout dans la zone du Pacifique. La conclusion est simple : la probabilité que nous ayons commencé une hausse durable dans cette zone est très forte, et le lecteur du JdF peut y investir l’esprit (relativement) en paix. Dans ses investissements, il ne faudra pas que notre lecteur oublie le Japon, qui devrait largement profiter du fait que le soleil se lève à l’est.
Passons aux Etats-Unis : la banque centrale locale fait tout pour compenser l’écroulement de la liquidité créé par les problèmes du système bancaire, et les premiers signes sont en train d’apparaître qu’elle est en voie de réussir son pari. Les actions, en particulier de grande qualité, sont très bon marché. Enfin, les signes annonciateurs d’une reprise se multiplient, mais rien n’est certain. La situation est donc beaucoup moins claire qu’en Asie, mais les actions y sont sans doute beaucoup moins chères. Investir aux Etats-Unis est donc raisonnable, mais sans aucun doute plus risqué que d’investir en Asie. Remarquons ici que c’est la première fois depuis 1945 qu’une reprise mondiale ne commence pas aux USA mais ailleurs, ce qui en soi est déjà une nouvelle incroyable.
Finissons par l’Europe. Après avoir complètement loupé le début de la crise en suivant une politique dont on pouvait être certain qu’elle allait aggraver les problèmes plutôt que les traiter (voir nos articles à l’époque), la BCE a enfin pris la mesure des problèmes et inonde le marché de liquidités. Les actions y sont très bon marché, en particulier toutes les valeurs ayant des positions dominantes en Asie. Malheureusement, on ne voit pas très bien d’où va venir la croissance locale en raison d’une monnaie surévaluée et de problèmes non résolus, tels la situation des pays d’Europe de l’Est ou l’immobilier en Espagne ou en Irlande. Mentionnons aussi la situation difficile des banques allemandes (Landesbanks), espagnoles (Caixa), autrichiennes (prêts aux pays de l’Est) ou irlandaises (prêts à l’immobilier) ainsi que les situations budgétaires précaires de pays tels que l’Italie ou la Grèce. Le continent européen semble bien être la zone de tous les dangers dans cette sortie de crise. S’il y a une rechute globale de la croissance, c’est l’Europe, et de loin, qui sera le plus touchée.
Cela amène naturellement à un portefeuille actions fortement centré sur l’Asie et sur le Brésil (où les trois conditions sont également réunies), avec des positions satellites soit aux Etats-Unis, soit en Europe, l’investissement dans ces deux zones étant plus déterminé par les caractéristiques individuelles des valeurs choisies que par une analyse macroéconomique classique.
Terminons en remarquant qu’en ce qui concerne les taux de change les monnaies de pays peu endettés et présentant des bonnes espérances de croissance devraient monter sur le long terme (mais personne n’est pressé) par rapport aux monnaies de pays où les consommateurs, les sociétés et les Etats sont en surendettement chronique.
Bref, et en conclusion, il faut se souvenir qu’il ne faut jamais confier son argent à quelqu’un qui en a besoin. Ceux qui ont le moins besoin de notre argent sont les Asiatiques. Il est donc urgent de leur confier notre épargne.
BILLET PRECEDENT :
Charles Gave : Faut il tuer les Banques ? (cliquez sur le lien)
Charles Gave – né en 1941, il est économiste spécialiste des marchés financiers. Il a reçu un PhD en économie de l’Université de Chicago où il fut l’élève de Milton Friedman. Après avoir commencé sa carrière comme analyste financier dans une banque d’affaires française, il crée en 1974 une entreprise de recherche économique indépendante, Cecogest. En 1986, il diversifie son activité vers la gestion de portefeuille et devient le cofondateur de Cursitor-Eaton Asset Management, qui est ensuite vendu en 1995 à Alliance Capital. C’est en 1995 que Charles Gave crée Gavekal Research, Gavekal Capital et Gavekal Securities, trois entreprises dont le siège est aujourd’hui à Hong Kong.
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