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Retour sur les raisons de la chute actuelle du Dollar

La monnaie américaine avec des taux à 1 mois à 0.24% est renforcée dans son rôle de monnaie d’emprunt bon marché pour spéculer; sa corrélation négative avec les marchés est aujourd’hui renforcée et durera tant que la politique monétaire ne s’inverse pas.

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Ce sont donc  avant tout les opérations de carry trade liées à la faiblesse des taux américains qui sont la cause de la chute du billet vert. Les investisseurs et autres «prop traders » sont encouragés à emprunter des billets verts à des taux d’intérêt historiquement bas et à acheter des actifs dans des pays offrant des rendements pouvant aller jusqu’à plus de 8% de plus que les taux US (entre autres le real brésilien et le rand sud africain).

Il est vrai qu’aujourd’hui, pour la première fois depuis 20 ans, il est plus avantageux d’emprunter des dollars que des yens (0.295% le 3 mois dollars contre 0.355% sur le yen). Jusqu’à présent c’était le yen et le France suisse qui alimentaient ces fameux carry trade si rémunérateurs….

Ces opérations sont devenues en effet  les plus rentables depuis plus de 9 ans selon les données compilées par Bloomberg. Or emprunter des dollars puis les vendre contre une devise accroît la pression sur cette devise.

Concernant plus spécifiquement l’Euro les éléments suivants se confirment et leur conjonction est à la source de la force de l’Euro :

1) Le Dollar, avec le maintien à moyen terme (à long terme ?) d’une politique monétaire accommodante de la part de la FED, fait désormais figure de monnaie de Carry Trade. La faiblesse de la rémunération des placements en Dollar et le spread avec les taux pratiqués par la BCE pèsent lourdement sur la performance de la monnaie américaine.

2) L’attrait pour le risque, illustré par les actions sur les marchés financiers, est représenté sur le marché des changes par une baisse soutenue du Dollar. La période 2003/2007 (tendance haussière des actions et de la parité €/$) en est la juste illustration.

3) L’analyse technique livre à nouveau de précieux indices pour appréhender la dynamique de l’€. Le franchissement de la résistance majeure à 1.4420$ permet de viser 1.4720$ à court terme. Sur un horizon plus étendu, les 1.53$ (point de départ du décrochage de l’€ en 2008) sont un objectif de cours naturel.

4) Le comportement de l’€ face à la Livre Sterling est tout aussi criant. La rupture du support à 1.15€ sur la paire GBP/EUR est un signal négatif. La Livre est malgré tout en meilleure posture que le Dollar mais devrait se replier jusqu’à 1.11€ à court terme.

RAPPEL ET RETOUR SUR LE CARRY TRADE (source le temps) :

Jusqu’au déclenchement de la crise des «subprime» à la mi-2007, ces stratégies faisaient florès dans un contexte de faible aversion au risque et de forts écarts de taux entre les grandes monnaies mondiales. La faillite retentissante de Lehman Brothers, il y a tout juste un an, a contraint les adeptes de ces pratiques risquées qui subsistaient à déboucler en catastrophe leurs positions, mais l’embellie économique et financière a commencé à leur donner un nouvel élan.

Jusqu’à une époque récente, les deux vecteurs consacrés de ces pratiques étaient les monnaies traditionnellement les plus faiblement rémunérées du monde, le yen et le franc. Mais aujourd’hui toutes deux s’apprécient vis-à-vis du billet vert, la monnaie helvétique se retrouvant elle aussi à son meilleur niveau depuis un an, et le yen depuis sept mois, notamment après la première intervention officielle du nouveau ministre des Finances nippon, Hirohiso Fujii, qui s’est déclaré opposé par principe aux interventions sur le marché des changes.

C’est la conséquence d’un événement exceptionnel: depuis le 24 août pour le yen et la semaine dernière pour le franc, les rendements à court terme sur le marché interbancaire servis sur ces deux monnaies sont devenus plus attractifs que ceux offerts sur le dollar. Car, plus que les taux directeurs des banques centrales, voisins de zéro pour la Fed, la Banque du Japon et la Banque nationale suisse, c’est le taux offert sur le marché interbancaire de Londres, le Libor, qui est le plus déterminant sur la rentabilité des stratégies de portage.

Le Libor en dollars est tombé mercredi pour la première fois de l’histoire au-dessous de 0,30%. Il se situait à 0,2919% jeudi. Celui en yens s’élevait hier à 0,3494% et le Libor en francs à 0,3000%.

Le nouveau statut du dollar explique aussi l’attrait de l’or qui ne rapporte rien, mais dont la corrélation inverse avec le billet vert s’est récemment renforcée. Le métal jaune fait ainsi office de valeur refuge de substitution. Il est monté mercredi jusqu’à 1023,30 sur le Comex (1018,80 jeudi), s’approchant de son record absolu de 1038,80 atteint en mars 2008.

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