Comment se fait-il que les partis de gauche donnent l’impression d’être en recul à peu près partout en Europe, après deux ans d’une crise bancaire, financière, économique sans précédent? Comment est-ce possible que les formations politiques soutenant traditionnellement les grands dirigeants d’entreprises, soupçonnés d’avoir précipité le monde dans le chaos à des fins personnelles, s’en sortent aujourd’hui si bien devant les peuples?
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Les réponses sont variées. Elles viennent en général de gauche et s’articulent volontiers autour d’une morale de l’authenticité et de la trahison. Les partis des ouvriers et fonctionnaires se seraient trop compromis avec le capital, leurs représentants paient actuellement le prix d’une longue dérive dont les résultats sont accablants.
Ce genre d’analyse ne couvre qu’une partie du phénomène. Il permet de comprendre pourquoi l’extrême gauche progresse, mais ne dit rien des succès de la droite. Le meilleur moyen d’y voir plus clair est sans doute de sortir des vieux schémas de lutte des classes. Se dire par exemple, de manière prosaïque mais bien plus raisonnable, que la droite est l’aile de la création des richesses, la gauche celle de leur redistribution partielle.
L’économie et la finance peuvent paraître très complexes, sophistiquées, ou même franchement absconses.
Le fond des choses est en réalité assez simple, et fort compréhensible depuis longtemps: quand les riches mangent du pain blanc, les pauvres mangent du pain noir. Et quand les riches se mettent au pain noir, les pauvres n’ont plus rien. Une partie importante de la population le sait sans rien avoir fait d’études supérieures. Elle sait aussi que le niveau matériel moyen des couches défavorisées dans les pays développés n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Le maintenir à ce niveau est un objectif modeste, mais néanmoins crucial. Lorsque le système vacille ou s’enlise, bien des gens pensent tout simplement que celles et ceux qui y adhèrent et en avaient jusqu’ici les commandes sont mieux à même de le rétablir rapidement.
Pourquoi serait-ce le cas d’éternels opposants ne rêvant que de transformer la concurrence lucrative en économie de plus en plus administrée?
Lorsque les affaires iront mieux, ne sera-t-il pas toujours temps de promouvoir à nouveau la redistribution?
FRANÇOIS SCHALLER agefi oct09
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Charles Gave : Le patient socialiste est mort, l’électro-encéphalogramme est plat, mais qui va lui dire ? (cliquez sur le lien)