Les autorités chinoises ont annoncé qu’elles limiteraient les nouveaux crédits bancaires – guère surprenant compte tenu de la vive expansion du crédit cette année.
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Si le crédit fait l’objet d’une forte saisonnalité en Chine (avec une forte intensité en début d’année, avant le Nouvel An chinois), l’annonce de ces mesures est intervenue alors que le montant des prêts octroyés cette année s’élève déjà à 1 500 milliards RMB et que le quota global des prêts bancaires est de 7 500 milliards RMB pour 2010. C’est l’équivalent du PIB annuel de la Malaisie qui a été prêté par le système bancaire chinois ces 4 dernières semaines. Les marchés actions locaux et les matières premières ont corrigé sur la nouvelle (le cuivre a perdu 7,5 % sur la semaine) Le HSI et le CSI 300 ont perdu 2,9% et 4,8% respectivement. Les banques et le secteur de l’immobilier restent au coeur des préoccupations,entraînant une baisse du secteur des matériaux et de l’énergie…
A noté que que la Chine est devenue le premier marché du Japon, devant les Etats-Unis. Les exportations vers la Chine ont bondi de 42% en décembre contre une hausse de 7,6% vers les Etats-Unis. Visiblement, les milliards prévus dans le cadre des divers plans chinois de relance profitent beaucoup aux exportateurs japonais….
Taiwan Semi (TSMC), le numéro un mondial de la fabrication de puces électroniques, a publié de très bons résultats pour le quatrième trimestre et a indiqué une baisse des ventes au 1er trimestre 2010 bien moindre que les normales saisonnières. Plus frappante encore est l’annonce d’un plan d’investissement pour 2010 de 4,8 Mds USD contre 2,9 Mds USD investis par ce groupe en 2009. Cette forte hausse démontre la reprise nette de la demande et le redémarrage du cycle d’investissement privé dans la région. C’est un élément très positif dans un contexte où les économies asiatiques, avant toutes les autres économies de la planète, commencent à réduire les aides publiques et à normaliser leur politique monétaire. C’est le signe très encourageant que la sphère privée est prête à prendre graduellement le relai.
Nous sommes donc dans la phase, un peu agitée à court terme, d’une sortie de crise qui prépare un cycle de croissance équilibré et porteur sur les 2 ou 3 années à venir. Les premiers resserrements de politique monétaire en Chine, et désormais en Inde, affectent les marchés boursiers à court terme, l’argent volatil quittant ces places mais, une fois cet effet dissipé, les fondamentaux vont reprendre le dessus et l’opportunité d’achat se créer.
Au niveau des sociétés, les bonnes nouvelles ne manquent pas. Le groupe Li & Fung de Hong Kong vient de confirmer un accord fournisseur historique avec Wall-Mart, leader de la distribution aux US. Le montant d’ordres devrait atteindre les 2 Mds USD dès la première année. Le titre prend 10% sur l’annonce. Autre bonne nouvelle, les prévisions de croissance de volume des ventes de Nokia pour 2010 seront très bénéfiques pour leur fabricant partenaire, le groupe chinois Foxconn International, filiale du géant taïwanais Hon Hai. Très bons résultats de plusieurs sociétés indiennes comme Cairn, producteur de pétrole en forte montée, ou Héro Honda. Enfin, le secteur de l’ingénierie coréenne a devant lui une année très prometteuse, le succès le plus éclatant étant la victoire d’un consortium mené par Doosan heavy sur un gros projet nucléaire au Moyen-Orient, succès qui pourrait être suivi par d’autres, notamment en Turquie. Mais le nucléaire n’est pas le seul segment où la Corée excelle désormais, un groupe comme SAMSUNG Engineering engrange les commandes (9 Mds USD d’ordres nouveaux en 2009 sur des projets de pétrochimie et de désalinisation, plus de 10 Mds USD de commandes attendus en 2010) et Taewoong voit ses commandes dans l’éolien repartirent à la hausse.
Focus sur l’INDE
Avec une remontée de la croissance des crédits à 14% et une inflation qui devrait dépasser les 8% en février, la Reserve Bank of India a augmenté, sans surprise, son taux de réserves obligatoires de 75 bps (à 5,75%), en laissant les taux de financement et de refinancement inchangés, respectivement à 3,25% et 4,75%. Ce resserrement monétaire est la raison principale de la mauvaise performance du marché indien, en baisse de 6,3%.
Environ la moitié des sociétés ont publié leurs résultats. Globalement les résultats sont en ligne. Quelques tendances se dégagent : les sociétés d’infrastructure ont globalement déçu en raison de reports d’ordres. Les SSII et les banques sont en ligne. Les surprises positives viennent des télécoms et des sociétés de consommation. Pour les pétrolières, les résultats sont mixtes. Le marché se traite à un PE de 15,5x.
COMMENTAIRE SEMAINE PRECEDENTE : Commentaire : Marchés Asiatiques émergents / SEMAINE 4 (cliquez sur le lien)
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :
Première puissance industrielle en 2017
Bien, mais peut mieux faire. C’est la note qu’attribue l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à l’économie chinoise dans une étude rendue publique mardi, la première depuis cinq ans. Elle reconnaît d’emblée le rôle moteur que le géant asiatique a joué dans la sortie de crise pour l’ensemble de la planète. Deuxième derrière les Etats-Unis, il devrait les dépasser et devenir le premier producteur de biens industriels dans les cinq à sept ans.
Selon Pier Carlo Padoan, chef économiste de l’OCDE, la reprise mondiale a été largement due aux investissements massifs faits dans les multiples plans de relance mis en place par Pékin. La Chine, note l’étude, peut se permettre de telles dépenses parce qu’elle est peu endettée. Ses créances ne représentaient que 21% de son produit intérieur brut (PIB) en 2008. A titre de comparaison, celles des pays de l’OCDE devaient représenter près de 100%, voire plus, de leur PIB.
Hausse du niveau de vie
Durant les cinq dernières années, la croissance chinoise a été de 11% en moyenne par an, un rythme sans précédent. L’OCDE a noté une rapide amélioration du niveau de vie durant cette période. Près de 50 millions de Chinois ont les mêmes revenus qu’aux Etats-Unis. Le nombre de personnes pauvres – vivant avec 1,25 dollar par jour – a reculé à 4% de la population. De plus en plus de familles, tant dans les régions urbaines que dans les campagnes, possèdent des motocyclettes, des téléviseurs, des réfrigérateurs et des téléphones portables.
Comparée aux pays de l’OCDE, la Chine reste toutefois un pays pauvre, souligne l’étude. Le pouvoir d’achat d’un Chinois ne représente que 10% comparé aux pays riches et entre 20 et 25% aux pays à revenu intermédiaire comme le Mexique et la Turquie. L’OCDE se félicite que Pékin a investi massivement non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans les programmes sociaux, la santé, l’éducation et la protection de l’environnement.
Après ce constat, les économistes de l’OCDE prescrivent une liste de recommandations sur ce que Pékin doit entreprendre pour consolider sa croissance. En priorité, l’adoption d’une politique de taux de change flexible du yuan, actuellement arrimé au dollar. Une réforme corrigerait les déséquilibres financiers internationaux et constituerait une force stabilisatrice pour l’économie chinoise. Cette proposition est régulièrement mise en avant par les Etats-Unis et l’Europe qui accusent la Chine d’exporter à bas prix grâce à sa monnaie sous-évaluée.
Autre recommandation: la libéralisation du secteur financier pour permettre une plus grande participation des capitaux étrangers dans les banques et assurances. L’OCDE demande aussi que la Chine, qui tire profit de la libéralisation des marchés aux Etats-Unis et en Europe, supprime à son tour les obstacles aux importations.
Ce n’est pas tout. L’OCDE met en garde le système monétaire chinois qui a permis un excès de crédit bancaire aux ménages comme aux entreprises. Des créances pourries pourraient menacer la stabilité des institutions financières. Dans le même ordre d’idées, l’étude avertit aussi contre les risques inflationnistes.
Perspectives
Pékin n’a pas encore commenté l’étude. En revanche, l’Académie des sciences de Chine a publié lundi ses propres perspectives. Selon Le rapport 2010 sur les modernisations chinoises, le pays pourrait atteindre le niveau des pays moyennement développés en 2040. Le revenu par habitant dépassera 20 000 dollars et la Chine se classera parmi les 40 premiers du monde. Selon le classement 2009 du développement humain des Nations unies, elle occupait le 92e rang sur 182 pays. Le pouvoir d’achat par habitant était de 5300 dollars.
source le temps fev 2010