En 1987, deux mois seulement avant le krach, Marc Faber avait recommandé à ses clients de se débarrasser de toutes leurs actions. En 2000, il multiplie les mises en garde face à la bulle Internet
Il manifeste un talent certain pour anticiper aussi bien les grands cycles économiques à la hausse que ceux à la baisse
L’événement sans doute le plus exceptionnel sur le plan mondial et historique est le transfert de richesse entre les pays riches et les pays pauvres
Un boom des matières premières s’accompagne toujours de crises internationale
Il est peu probable que la croissance chinoise s’écroule, et l’Inde a les moyens de poursuivre sur sa lancée
Marc Faber n’hésite pas à surpondérer les marchés émergents dans son portefeuille d’actions
À Wall Street comme dans la City de Londres, on l’appelle ” Dr Doom “, ce qu’on peut traduire par ” le funeste ” ou encore : ” celui qui annonce les catastrophes “.
Portrait de cet étrange oiseau de malheur.
PLUS DE FABER EN SUIVANT :
En 1987, deux mois seulement avant le krach, Marc Faber avait recommandé à ses clients de se débarrasser de toutes leurs actions. En 2000, il multiplie les mises en garde face à la bulle Internet. Il avait annoncé une chute de 50 % de la Bourse japonaise en 1990. Pas de chance, l’indice Nikkei ne perdit que 46 % de sa valeur cette année-là.
Les clients de sa lettre confidentielle (The Gloom, Boom and Doom Report) se souviennent des signaux d’alarme que Faber lançait, dès 1993, au sujet d’une crise financière imminente en Asie. En 1997, la débâcle des marchés surprenait tout le monde, mais pas Faber. Pour les tigres asiatiques, c’était alors dix années de croissance boursière qui disparaissaient en fumée.
Cette région, selon lui, subissait de profonds déséquilibres économiques engendrés par une libéralisation trop hâtive, et par l’appât du gain facile et rapide chez les investisseurs étrangers. Les pays asiatiques n’étaient tout simplement pas prêts à recevoir cette manne de capitaux étrangers qui a nourri des bulles spéculatives gigantesques.
Installé en Asie depuis un quart de siècle, (à Hong Kong d’abord et en Thaïlande depuis quelques années), Marc Faber est l’une des voix les plus écoutées quand vient le temps de faire un diagnostic de l’économie mondiale, de l’Asie en particulier. L’hebdomadaire financier Barron’s l’invite chaque année, avec une dizaine de gourous de Wall Street, à sa prestigieuse table ronde de janvier, afin d’écouter ce que cet investisseur suisse, grand voyageur et passionné d’histoire économique, a à dire sur les occasions d’investissement dans le monde.
Marc Faber publiait en 2002 un livre sur l’émergence de l’Asie (Tomorrow’s Gold : Asia’s Age of Discovery) dans lequel il expose la transformation du monde qui accompagne l’ascension économique de ce vaste continent, un événement aussi capital, selon lui, que la révolution industrielle au 19e siècle ou les grandes découvertes scientifiques au 15e siècle.
Il y annonçait le grand cycle haussier des matières premières qui, effectivement, se poursuit encore aujourd’hui. Comme quoi ce ” Suisse asiatique ” n’est pas qu’un oiseau de malheur : il manifeste un talent certain pour anticiper aussi bien les grands cycles économiques à la hausse que ceux à la baisse.
Selon lui, la phase d’expansion économique mondiale que l’on connaît depuis 2002 se caractérise par plusieurs facteurs uniques dans l’histoire. C’est la première fois, par exemple, que la Chine, l’Inde et la Russie participent de concert à la croissance, autant à titre de producteurs de biens et de services que comme consommateurs de masse. Leur impact est certes déflationniste sur le plan de la production (avec des coûts de production très bas et une productivité élevée), mais il est inflationniste sur le plan de la consommation, surtout du côté des matières premières.
La phase actuelle d’expansion économique est également inédite dans l’histoire du capitalisme, puisque toutes les grandes catégories d’actif connaissent une hausse de leurs prix : les matières premières, mais aussi les actions, les obligations, l’immobilier et même l’art. Pendant les années 1970, ce n’était pas du tout le cas : le secteur des matières premières progressait, alors que le marché des actions stagnait ou déclinait. Pendant les années 1990, c’était le contraire : les prix des matières premières sont tombés en chute libre, tandis que les actions explosaient.
Mais l’événement sans doute le plus exceptionnel sur le plan mondial et historique est le transfert de richesse entre les pays riches et les pays pauvres. Pour la première fois de mémoire d’homme, ce sont les pays en émergence qui financent les pays développés. L’émergence économique des États-Unis s’est faite aux 18e et 19e siècles grâce aux capitaux britanniques et européens. Et au 20e siècle, ce sont les États-Unis et l’Europe qui finançaient la croissance des pays en développement du tiers-monde. Et que se passe-t-il aujourd’hui? Les États-Unis connaissent un déficit de leur compte courant et de leur balance commerciale avec le reste du monde, notamment les pays asiatiques. Et ces pays financent la consommation des Américains par l’achat massif de bons du Trésor américain.
Depuis quelques temps, Marc Faber craint comme la peste un bombardement américain en Iran et juge que les marchés n’escomptent pas suffisamment cette menace dans le prix des actifs financiers. Les grandes firmes de courtage et les banques, dit-il, emploient des centaines d’analystes financiers, mais aucun analyste politique pour les mettre au fait des tensions géopolitiques actuelles, qui sont loin d’être négligeables.
Un boom des matières premières s’accompagne toujours de crises internationales, car chaque puissance veut assurer ses approvisionnements. Et plus elles sont en quête de ressources naturelles et énergétiques, plus les tensions montent.
Depuis 1995, il ne cesse de répéter que la politique accommodante de la Fed n’aura d’autre effet que de créer un excès de monnaie, risquant de faire plonger les obligations et le dollar. C’est la raison pour laquelle l’or constitue un très bon placement, surtout quand il tombe à moins de 600 $ l’once.
Depuis Alan Greenspan, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (1987 à 2006), la politique monétaire américaine a consisté à ne rien faire lorsque des bulles spéculatives enflaient, puis à jouer aux pompiers lorsque leur dégonflement menaçait les marchés financiers. On a eu un bel exemple de cela dans la façon dont la Réserve a réagi à la crise des hypothèques à risque, en insufflant toujours plus de liquidités dans l’économie. À terme, cette politique est inflationniste. C’est mauvais pour les actions et catastrophique pour les obligations. ” C’est pourquoi l’or et l’argent s’en sortiront beaucoup mieux “, pense Marc Faber.
Il est peu probable que la croissance chinoise s’écroule, et l’Inde a les moyens de poursuivre sur sa lancée. En revanche, après une phase qui a vu le cuivre passer de 0,6 à 4 $, et le pétrole de 11 à 78 $, des corrections vigoureuses, de l’ordre de 40 à 50 %, sont incontournables. Un cycle de hausse des prix des matières premières a une durée de 15 à 20 ans, dit Dr Doom. Chaque correction, aussi importante soit-elle, sera suivie d’une nouvelle phase du grand cycle de hausse qui, à long terme, est indéniable.
Marc Faber est d’accord pour dire que les ressources naturelles ont fait l’objet de beaucoup de spéculation et qu’à court terme, leur appréciation a été exagérée. Surtout depuis que les fonds de couverture se sont mis de la partie. Il estime qu’ils sont responsables de 30 % des prix de l’ensemble des actifs, y compris pour les actions et l’immobilier. Il y a excès de spéculation parce qu’il y a excès de liquidités dans le monde.
Sur les marchés émergents, et particulièrement en Asie, les actions ont historiquement été fortement corrélées aux matières premières. Un refroidissement aux États-Unis entraîne en général des rapatriements de capitaux. Et les pays émergents sont les premiers à en faire les frais. De plus, chaque ralentissement de l’économie américaine se répercute avec plus de force qu’ailleurs sur les Bourses asiatiques. Heureusement, cette relation entre Wall Street et les marchés financiers d’Asie tend à s’estomper au fil des ans.
La Chine, en particulier, dépend de moins en moins des États-Unis, car son marché intérieur se profile de plus en plus comme un débouché de substitution. Et il en va de même en Inde, en Russie, en Europe de l’Est et en Amérique latine.
Pour cette raison, Marc Faber n’hésite pas à surpondérer les marchés émergents dans son portefeuille d’actions. Aux États-Unis, près de 50 % des bénéfices des entreprises appartenant à l’indice S&P 500 sont d’origine purement financière. Une situation qui ne peut pas durer indéfiniment. L’Amérique a des jours sombres devant elle, annonce Dr Doom.
Chronique d’André Gosselin parue F&I 2008
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Jeudi 26 Novembre 2009
Parlant lors d’une conférence Mercredi à Singapour, Faber a dit : « La crise n’a rien résolu. Au contraire il y a moins de transparence aujourd’hui qu’il n’y en avait avant. La facture du gouvernement augmente, et les abus qui ont mené à l’unique cause de la crise continuent ».
« Je pense que par la suite il y aura une grande débâcle économique et alors l’expansion du crédit dans son ensemble touchera à sa fin, » a ajouté Faber.
« Avant que cela n’arrive, les gouvernements continueront à imprimer de l’argent qui en temps donné conduira à un taux d’inflation très élevée, et l’économie ne répondra plus à aucun stimulus ».
Dans une de ses prévisions les plus sombres, Faber, surnommé Dr. Doom, a dit que « la famille moyenne sera frappée par cela, et par conséquent afin de détourner l’attention des gens, les gouvernements iront à la guerre ».
« Les gens me demandent contre qui ? Hé bien, ils inventeront un ennemi, » a indiqué Faber.
« À un certain moment, quelque part dans l’avenir, nous aurons une guerre – à laquelle vous devez vous préparez. Et en temps de guerre, le [prix] des produits courants montent fortement, » a déclaré Faber.
« Si vous voulez vous protéger contre la guerre, ce n’est pas en possédant des dérivés chez UBS ou AIG, mais vous devez posséder des biens physiques, comme des terres cultivables et des produits agricoles. Voila quelque chose que vous pouvez considérer pour vous comme une sécurité et une barrière personnelle. Vous devez posséder des produits, » a-t-il ajouté.
Dans une interview avec Bloomberg Television à Singapour Mercredi, Faber a indiqué que « ce qui continuera à se produire c’est que le S&P 500 et le Dow Jones chuteront par rapport à l’or. »
« Je pense que l’or montera encore plus, » a-t-il ajouté.
« Atteindra-t-il les $2,000, $200,000 ou $2 billiards ? Je ne sais pas, » a indiqué Faber.
« Mais si on continue avec l’argent papier dans le monde, alors les prix grimperont avec le temps. Les prix monteront plus pour les choses dont on ne pourra pas augmenter l’approvisionnement, et l’approvisionnement en métaux précieux est très limité.
“Will it go US$2,000, US$200,000 or US$2 trillion? I don’t know,” Faber said. “But if you have money printing in the world, then the price will over time rise. It will go up more for things that you just can’t increase the supply, and the supply of precious metals is very limited.”
Faber s’attend à ce que le gouvernement des USA augmente sa dépense de stimulus si l’index Standard & Poor 500 chute à 900. Le déficit budgétaire des USA sous l’administration du Président Barack Obama a atteint un niveau record de 1400 milliards de dollars juste pour l’exercice 2009. La dette s’élève à 9,9% de l’économie nationale, ayant triplé par rapport au déficit de 2008.
« Je ne pense pas que le S&P chutera en-dessous des 800 ou des 900, et augmentera par la suite nominalement parlant, mais pas nécessairement en valeur réelle, » a-t-il dit, prévoyant une correction de la mesure « dans un futur proche ».
Faber a averti d’un effondrement du système capitaliste « tel qu’on le connait aujourd’hui », d’énormes défauts de paiements des dettes des gouvernements et l’appauvrissement de grands segments de la société occidentale.
Dans une interview en Mai avec CNBC, il a dit que les banques centrales continueront à imprimer de l’argent à grande vitesse, mais à long terme cette stratégie mènera à une chute dans le pouvoir d’achat et dans les niveaux de vie, particulièrement dans les pays développés.
Les années 2006 et 2007 ont été « le pic de prospérité » et l’économie mondiale n’est pas prête de revenir de sitôt à ce niveau, a-t-il ajouté.
À moins que le système soit nettoyé de ses déchets, « de la même manière que le communisme s’est effondré, le capitalisme s’effondrera, » selon Faber. « La meilleure manière de traiter n’importe quel problème économique est de laisser le marché faire les choses. »
« Je répète ce que j’ai dit dans le passé, » a déclaré Faber. « Aucun citoyen décent ne devrait faire confiance à la Federal Reserve, pas même une seconde. Il est très important d’avoir de l’or car le gouvernement rendra le dollar (à long terme) inutile
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Le système sera en faillite dans cinq à dix ans»
Selon Marc Faber, le gourou de la finance, les pays occidentaux sont devenus plus risqués que les économies émergentes
– L’intervention des Etats dans l’économie va-t-elle encore durer des années?
-Certainement. L’excès de crédits qui a provoqué la crise a été plus ou moins nettoyé et caché sous le tapis. A entendre les discours récents de Bernanke (ndlr: président de la Réserve fédérale américaine et de Krugman (ndlr: Prix Nobel d’Economie en 2008), aucune mention n’est faite par rapport à la croissance démesurée de l’endettement. Cela n’existe pas pour les Américains. L’Etat peut intervenir dans l’économie de deux manières: directement, ou via la politique fiscale et monétaire. C’est cette dernière qui est privilégiée. Il me semble qu’avec Obama, les aides étatiques augmenteront, notamment pour sauver Fanny Mae et Freddie. Ils ont bien plus de problèmes que n’en ont eus AIG et d’autres établissements. Aujourd’hui comme lors de la faillite du fonds LTCM, le message qui est envoyé par les Etats est: continuez de spéculer, nous sommes là pour vous sauver.
Ceux qui veulent aux Etats-Unis créer une inflation de l’ordre de 6% par an ne pourront pas le faire sans avoir de problèmes d’endettement. Pour créer cette inflation, les taux d’intérêt seront artificiellement maintenus à des niveaux proches de zéro, comme aujourd’hui.
Cette année, on prévoit 1600 milliards de dollars de déficit pour les Etats-Unis. A moyen terme, l’endettement américain ne pourra être inférieur à 1000 milliards de dollars, ce qui reste énorme. En conséquence, lorsqu’il faudra remonter les taux d’intérêts pour réduire la dette, le payement des intérêts sera équivalent à 35% des entrées fiscales dans cinq à dix ans. Cela posera des problèmes énormes.
– Où se situe-t-on dans le développement de la crise?
– La crise financière est d’une certaine manière terminée, car les banques ont été sauvées. Avec des taux d’intérêts à 0%, les banques peuvent disposer de vos économies et les prêter à 5%. L’argent gratuit pénalise ainsi les épargnants, tout en permettant aux banques de s’enrichir. On n’a pas résolu une crise, on l’a simplement repoussée pour en créer une autre. Dans cinq à dix ans, la prochaine crise sera la faillite de certains Etats. Les emprunteurs auront de la peine à rembourser leurs dettes. Cela vaut autant pour les gouvernements que pour les entreprises. Dans mon scénario le plus pessimiste, on assistera à un éclatement de la bulle de l’endettement des Etats. Je reste totalement convaincu de la faillite du système dans cinq à dix ans. Elle commencera par les Etats-Unis. Ils sont déjà théoriquement en faillite. Leurs caisses de pension ont massivement investi dans les obligations d’Etat, Fanny Mae et Freddie Mac. Les institutions de prévoyance américaines sont les pires investisseurs du monde: elles achètent au plus haut et revendent au plus bas.
– Comment réagissez-vous à la volonté d’Obama de restreindre les activités des banques?
– Les démocrates ont perdu le Massachusetts, la cote d’Obama est au plus bas. Dans ce contexte, il prend une décision populiste envers un groupe ciblé, une minorité, et lui demande des comptes. Il suit les pas de Juan Peron en Argentine. Mais à mon avis, Obama est dangereux et il fera tout pour se faire réélire. Durant les dix dernières années, le secteur financier a grandi comme un cancer. La réalité économique ne détermine plus le marché, c’est le marché qui détermine la réalité économique. Cela est très malsain. Dès le début, je me suis opposé au sauvetage des banques. Il fallait protéger l’argent des épargnants et le séparer des activités de trading, sur les dérivés. Ainsi, les banques auraient été saines. Aujourd’hui, la transparence est pire qu’avant. La Réserve fédérale américaine ne veut pas se faire contrôler. Elle a certainement des choses à cacher.
– Des grandes banques comme Goldman Sachs vont-elles disparaître?
– C’est tout à fait possible. L’exposition dans les dérivés est toujours énorme et les Etats ne pourront plus lancer des programmes de soutien pour sauver des banques, car ils n’en auront plus les moyens.
– Après l’Espagne et l’Angleterre, la Grèce rencontre d’énormes problèmes économiques. Quels sont les pays les plus risqués actuellement?
– Généralement, les marchés émergents sont considérés comme les plus risqués. Mais aujourd’hui, ils se trouvent dans une situation financière nettement meilleure que les économies matures, ce qui est inhabituel. Aujourd’hui, c’est dans les pays occidentaux et au Japon que je vois le plus de risque de faillite. Mais avant cela, les Etats industrialisés imprimeront de l’argent, comme Mugabe au Zimbabwe.
– Vous privilégiez donc toujours les marchés émergents?
– Certains titres, à Hong Kong et en Chine, ont corrigé de 20% à 30% par rapport à leurs plus haut, après une hausse de 100%. Actuellement, je pense qu’il faut maintenant être très prudent lorsqu’on investit dans les marchés émergents. Il est aujourd’hui très difficile d’évaluer des stocks, alors que les taux d’intérêt sont de 0%.
A court terme, sur les dix derniers jours, les marchés sont survendus. Peut-être qu’il y aura un rebond cette semaine jusqu’à fin février. Ensuite, on assistera à une correction. Mais je ne pense pas que nous toucherons à nouveaux un plus haut. Il a probablement déjà eu lieu en janvier.
– Y a-t-il tout de même des marchés intéressants en Asie?
– La Thaïlande et Singapour sont attractifs, les titres n’y sont pas fortement valorisés. On peut trouver des actions avec des dividendes de 5% à 7%.
– Quels titres recommandez-vous?
– J’aime bien DSG International qui fabrique des pampers en Thaïlande, Thai Beverage et Thai Tap Water Supply aussi. Stella est intéressant. Il s’agit d’un fabricant de chaussures chinois qui produit 25 millions de paires par année. A Singapour, je trouve SATS (Singapore Airport Terminal Services) attractive. Cela ne veut pas dire que ces titres sont aussi intéressants qu’il y a un an, mais il y a selon moi un risque à garder toutes nos économies en cash. Mon raisonnement se base sur le fait que la politique monétaire américaine ne valorise pas les devises, bien au contraire. Il vaut donc mieux des actions que des obligations.
– Aimez-vous toujours l’Inde et la Chine?
– En tant qu’économiste, j’aime l’Inde qui a une banque centrale très responsable. Je reste très impressionné par les transformations de ce pays. Imaginez, par exemple, qu’en 2009, 120 millions de téléphones portables ont été vendus dans ce pays. Je suis toutefois plus réservé sur les actions indiennes, car la valeur de beaucoup de titres a doublé depuis leur plus bas. Concernant la Chine, il y a certes certains excès, mais je ne pense pas qu’il y ait une bulle énorme. Pendant que les Américains font la guerre en Afghanistan, les Chinois construisent Aynak, la plus grande mine de cuivre du monde, après avoir payé beaucoup pour exploiter le gisement. Pendant que les Etats-Unis construisent des voies pour que les trains roulent à 90 miles par heure, les Chinois font de même, mais à 180 miles par heures. Les Chinois ont suffisamment de réserves financières pour construire des infrastructures. En revanche, les Etats-Unis doivent investir 1000 milliards pour moderniser leurs infrastructures et ils n’ont pas d’argent.
– Privilégiez-vous certaines matières premières?
– Le cuivre, le nickel, le fer, le pétrole ne sont pas valorisés de manière attractive, car l’économie chinoise ralentit. Je ferais aussi attention aux devises des pays qui produisent des matières premières industrielles, comme les dollars australien et le canadien. Je les vendrais plutôt.
– Vous aimez toujours l’or?
– Oui, j’en ai racheté cette semaine. Pas parce que c’est le meilleur investissement, mais parce que le marché des actions n’est pas très attractif actuellement. Dix à 15% de mon portefeuille est composé d’or.
– Que pensez-vous des matières premières agricoles?
– C’est le meilleur investissement actuel avec des perspectives à long terme. En termes réels, le blé est à son niveau le plus bas depuis 200 ans. J’aime aussi le maïs et le soja, dont les prix seront plus hauts dans trois ans. Il est préférable de privilégier des contrats à terme («futures»), car ils engendrent moins de frais pour l’investisseur que les ETF. Sinon, on peut acheter des fermes; il s’agit d’un bon investissement.
– Dans les pays occidentaux, les actions n’ont pas augmenté en dix ans. Seront-elles au même niveau dans une décennie?
– Elles vont augmenter, mais il faut préciser par rapport à quoi. Elles vont s’apprécier par rapport à l’argent que les Etats n’arrêtent pas d’imprimer. Mais peut-être pas par rapport à l’or. Avec un portefeuille classique, on doit pouvoir générer un rendement de 5% à 6% par année pour les dix prochaines années. Mais je suis loin d’être optimiste sur les marchés actions.
Marc Faber a indiqué qu’il y aura par la suite une énorme banqueroute de l’économie et alors l’expansion du crédit dans son ensemble arrivera à sa fin. Avant que cela n’arrive, les gouvernements continueront à imprimer de l’argent, qui en temps donné conduira à un taux d’inflation très élevée, et l’économie ne répondra plus à aucun stimulus.
BILLETS PRECEDENTS : Barton Biggs et Marc Faber : Banco sur le dollar et les actions US pour 2010 (cliquez sur le lien)
Un Consensus dangereux parce trop positif des analystes financiers sur les marchés émergents (cliquez sur le lien)
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