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John R Talbott :L’Américain qui ne croit qu’au small is beautiful

John R Talbott :L’Américain qui ne croit qu’au small is beautiful /«l’oracle au track record». 

     

   Dans son dernier ouvrage au titre quelque peu tapageur, «Les 86 plus gros mensonges de Wall Street», John R. Talbott ne se contente pas de démonter les unes après les autres les fausses vérités sur les origines de la crise et sur les causes de son ampleur. 

Cet ancien banquier d’investissement chez Golman Sachs propose également sa solution, «radicale et difficile à mettre en place». Il fait ainsi l’éloge du precepte «small is beautiful». Selon lui, il est aujourd’hui nécessaire de réduire la taille d’absolument toutes les entités. Qu’elles soient publiques ou privées. De sorte que le gouvernement fédéral et les grandes sociétés ne soient plus si puissants. Ne pas prêter une sérieuse attention à sa proposition serait dangereux. Car la crédibilité de Talbott est plutôt solide. «Ses derniers livres avaient prédit l’éclatement de la bulle immobilière, mais également l’effondrement des action high-tech qui l’a précédé», rappelle ainsi Bloomberg. Extraits. 

PLUS DE JOHN R.TALBOTT EN SUIVANT : 

  

 «Ma solution globale pour un monde meilleur est de tout rendre plus petit.» 

Après tous ces appels en faveur de plus de réglementation,vous pourriez en déduire que je suis partisan des grands gouvernements. Vous ne pourriez être plus loin de la vérité 

Je hais les grands gouvernements. 

Je pense que nos problèmes d’éducation sont dusau fait que le gouvernement gère nos écoles primaires et secondaires. 

Je pense que nous perdons les guerres parce que notre gouvernement les mène. 

 Je crois que notre système de sécurité sociale et de soins de santé est en faillite parce qu’il appartient au gouvernement.  

Je n’arrive pas à penser à une seule chose que le gouvernement fasse bien.  

Je crois que notre Congrès est un bordel et que notre présidence est souvent vendue au plus offrant. 

Je n’ai aucun respect pour le gouvernement, encore moins pour les grands gouvernements

 Cela me plonge dans un beau dilemme. 

Vous voyez, je ne pense pas que les grandes entreprises puissent exercer leurs activités sans règles ni réglementations, mais je ne crois pas non plus que le gouvernement soit assez intelligent ni indépendant des grandes sociétés pour rédiger des règlements efficaces. 

Je pense qu’ils vont rédiger des lois, mais je ne crois pas qu’il s’agira des bonnes, ni que le gouvernement restera impliqué suffisamment longtemps pour s’assurer de leur bonne application. 

George Stigler de l’Université de Chicago a écrit son célèbre essai qui lui a fait remporter le prix Nobel et qui montre que les réglementations ne gênent pas le commerce, mais qu’elles l’aident au contraire. Si elles sont au départ adoptées par des activistes qui veulent limiter le pouvoir des entreprises, sur le long terme l’intérêt de ces activistes diminue et les entreprises elles-mêmes reprennent en main le pouvoir de la réglementation et s’en servent pour limiter la concurrence et optimiser leurs profits. 

Je propose donc une approche du problème complètement différente de celle qui consiste à vouloir augmenter la taille et le pouvoir du gouvernement et qu’il rédige davantage de réglementations pour les entreprises. Je ne lui fais pas confiance pour le faire d’une manière efficace. 

Ma solution – qui peut sembler radicale, et à première vue vous la trouverez sans doute difficile à mettre en place – est de réduire la taille d’absolument tout, de tout rendre plus petit, et moins concentré en pouvoir. Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. 

Nous devons découvrir une manière de faire en sorte que le gouvernement fédéral ne soit plus si grand et si puissant, afin qu’il ne puisse plus imposer ses conditions à son propre peuple et le faire se sentir esclave de ses dirigeants, alors que c’est lui-même qui devrait être au service de son peuple

 Je crois que nous pouvons accomplir ce changement, notamment en mettant l’emphase sur le suffrage universel direct plutôt que sur le vote des représentants, sur un scrutin fréquent des citoyens et en limitant considérablement la durée des mandats des membres du Congrès et des sénateurs à Washington

De même, nous devons limiter le pouvoir des grandes entreprises qui sont devenues trop importantes et trop puissantes. Je suggère que chaque fois qu’une entreprise dépasse les 100 milliards de dollars de capitalisation boursière, dette comprise, ou qu’elle atteint plus de 300 milliards de dollars d’actifs, elle soit divisée en deux ou trois entreprises

Il n’y aurait pas de dissolution de valeur puisque tous les anciens actionnaires recevraient des parts dans chacune des deux ou trois entreprises. Mais elles ne seraient pas autorisées à atteindre une taille qui leur permette de dicter leurs conditions au gouvernement, ou de développer des positions de monopole sur le marché. 

Je sais que cette solution semble extrêmement radicale, mais c’est la base même du fonctionnement du capitalisme. Le capitalisme implique que les agents qui participent au marché soient complètement indépendants, et suffisamment petits pour ne pas influencer le marché ni ses réglementations. Nos plus grandes banques et entreprises enfreignent clairement ce principe de base. 

Je pense qu’imposer une restriction de taille aux entreprises – et cela devrait être fait à l’échelle mondiale, en négociant avec les autres pays – provoquerait une augmentation spectaculaire de l’entrepreneuriat et de l’innovation dans ce pays. Imaginez, si au lieu de n’avoir que trois constructeurs automobiles, nous avions divisé les trois grands de Détroit en neuf constructeurs il y a trente ou quarante ans. Je crois que si nous avions appliqué cette formule, nous aurions aujourd’hui vingt à trente constructeurs automobiles, et que chacun d’eux continuerait à innover et créer de nouveaux produits, tels que des véhicules hybrides, des véhicules hydrogènes et des véhicules électriques. Ce type d’innovation se produira naturellement dans toutes les industries le jour où nous diviserons les grandes entreprises et les empêcherons de permettre les innovations saines de leurs concurrents plus petits. 

C’est la courte liste des réformes que je voudrais voir appliquées. 

Je comprends bien qu’il s’agit de réformes majeures, mais cette crise est aussi une crise majeure. Nous avons été plus proches d’un effondrement total du système financier mondial et de l’économie mondiale que nous ne l’avions jamais été. Je suggère que nous ne recommencions pas. Nous devons accomplir ces changements majeurs dans l’organisation de nos marchés de capitaux et de notre gouvernement pour nous assurer que cela ne se reproduira jamais. 

 Comme vous pouvez l’imaginer, mes prévisions pour l’économie ne sont pas optimistes. 

Comme je l’ai dit, je ne pense pas qu’Obama réussira à nous sortir de cette récession en faisant des dépenses. 

Je pense également que cette récession ne ressemble pas du tout à celles plus courtes que nous avons vécues dans le passé à cause du taux d’endettement très élevé du sytème qui doit être revu à la baisse, et à cause des problèmes structurels dans la façon dont nos marchés de capitaux sont réglementés. 

Nous devons changer fondamentalement la manière de fonctionner des grandes entreprises et du grand gouvernement de notre pays. Ce krach nous a prouvé que le système actuel ne fonctionne pas et que des ajustements mineurs ne seront pas très utiles. 

Selon moi, l’économie va continuer à baisser pendant un certain nombre d’années, pas seulement pendant des mois. Et au lieu de rebondir comme dans les précédentes récessions, je crois que pendant longtemps, cinq à huit ans, l’économie se démenera avec un niveau de rendement très bas. 

La reprise ne prendra pas la forme du V de victoire, ce qui serait le signe d’un rebond immédiat, mais plutôt celle d’un B, qui indiquera que nous vendons moins et que notre rendement restera faible pendant une longue période. 

En outre, il reste toujours le risque très réel, même si à l’heure actuelle il se situe autour des 20 ou 25%, que ces avertissements soient ignorés et que le Congrès continue de faire le jeu des grosses entreprises, que les Américains perdent confiance dans leurs marchés financiers et que le gouvernement et le système entier s’effondrent et nous plongent dans une dépression. Dans ce scénario, le pire est envisageable. Comme je l’ai dit plus tôt, je pense que 25% des Américains sont déjà au chômage, et je pense que ce chiffre pourrait atteindre 35 ou 40 % dans l’hypothèse d’une dépression. 

(…) 

Je ne vous conseille pas de détenir des matières premières car leur demande réelle va baisser pendant le ralentissement de l’économie, et leur prix nominal augmentera si l’inflation s’enflamme de nouveau. 

Les seules valeurs sûres dans cette tempête pour vos fonds d’investissement restent pour moi l’or et les TIPS. Tous deux seront de bons protecteurs de votre pouvoir d’achat à long terme, car ils protègent très bien contre l’inflation imprévue. 

En ce qui concerne le prix des logements, il me semble qu’il va continuer à baisser pendant encore deux ou trois ans mais qu’il ne reviendra jamais au niveau record qu’il avait atteint. Les banques ne vous prêteront plus jamais dix fois le montant de votre revenu pour acheter une maison sans vous demander d’acompte. Cette époque est révolue. Selon les nouvelles et plus saines règles d’éligibilité au prêt, les prix du logement baisseront d’au moins 30% au niveau national par rapport aux records qu’ils avaient atteints, et de plus de 50 à 60 % sur les côtes de la Californie et de la Floride, ainsi qu’à Las Vegas et en Arizona. 

Il n’a pas été facile d’écrire un livre complet sur le mensonge. Certains jours, pendant l’écriture de ce livre, le sujet me déprimait tellement que je devais m’arrêter et faire une pause. Je trouve cela très perturbant que les Américains et maintenant les citoyens du monde subissent de réelles épreuves à cause d’une crise qui, sans les mensonges de Wall Street, de nos grandes entreprises et  de notre gouvernement, aurait pu être évitée. On estime entre 200.000 et 400.000 le nombre de bébés qui mourront de malnutrition dans le monde rien qu’à cause des méfaits de nos grandes entreprises et de notre gouvernement. 

Pour finir, je sais que nous n’arriverons jamais à mettre fin à tous ces mensonges

Mon seul conseil est donc de soigneusement sélectionner les personnes ou les entités auxquelles vous accordez votre confiance

 Dans toutes vos transactions financières, n’oubliez jamais de vous demander : qu’est-ce que cette personne qui me conseille a à gagner ? 

 Essayez toujours de comprendre de quelle école de pensée vient la personne en face de vous. S’il s’agit d’un libertaire passionné, peu importe quels sont les faits : il va toujours vouloir vous suggérer une solution qui implique moins d’implication du gouvernement. Si vous arrivez à identifier ses tendances à l’avance, cela vous aidera à comprendre ses conseils. 

Je vous conseille donc très fortement de ne jamais accepter de mentir, ni dans votre vie personnelle,ni dans votre vie professionnelle. 

Je crois qu’en tant que société, nous avons été bien trop cléments avec ceux qui nous mentent et nous trompent. Et cela ne s’arrêtera pas tant que nous ne mettrons pas fin à ces pratiques. Ne laissez pas les menteurs et les tricheurs s’en tirer !Publiquement, soulignez leur attitude immorale et embarrassez les. Si cela concerne des transactions financières, faites-les arrêter. Mais ne les laissez pas s’en sortir comme ça. 

L’honnêteté est non seulement la base de notre société et d’un système économique solide, mais aussi celle de toutes interactions et organisations humaines, et sans elle, la vie peut sembler vaine et frustrante

Et maintenant, passons au conseil le plus difficile de tous: arrêtons de nous mentir les uns aux autres. Le mensonge n’est pas un crime sans victimes. Le mensonge cause de réelles souffrances et épreuves. 

Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire de nos vies une quête de la vérité, et de cette façon nous inciterons les autres à vivre des vies plus épanouissantes et plus morales. 

 JOHN R.TALBOTT, EX-BANQUIER D’INVESTISSEMENT (GOLDMAN SACHS) 

  

Titulaire d’un bachelor en ingénierie civile et d’un MBA en finances de l’Anderson School of Businnes, John R. Talbott a travaillé comme banquier d’investissement chez Goldman Sachs dans les années 1990. Il était chargé del’unité leverage buy-out. Depuis 1999, il est l’auteur de huit ouvrages, dont plusieurs best sellers. L’un des plus fameux, «The Coming Crash in the Housing Market: 10 Things You Can Do Now to Protect Your Most ValuableInvestment», est édité en 2003. Mais prévoit déjà le récent éclatement de la bulle immobilière US. C’est surtout grâce à cette prédiction que Talbott n’est désormais plus seulement considéré comme un expert financier. On le surnomme «l’oracle au track record». 

JOHN R. TALBOTT «Les 86 plus gros mensonges sur Wall Street»,Music& Entertainement Books,VF: janvier 2010, 270 pages.

3 réponses »

  1. Petite remarque sur le titre de l’ouvrage, cité en conclusion: il convient d’écrire « Les 86 plus gros mensonges DE Wall Street » à la place de « sur Wall Street ».
    Gageons que l’ouvrage n’en sera que plus passionnant 🙂

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