Commentaire : Roubini , l’obligataire, le forex et moi….
Nouriel Roubini, le professeur d’économie de l’Université Columbia, compare la Grèce à un « canari dans une mine de charbon » pour la zone euro. Roubini avait prédit la dernière crise financière avant qu’elle ne ses produise. On ne l’a pas crû. On aurait dû.
L’expression « un canari dans une mise de charbon » fait référence à une ancienne pratique de mineurs qui apportaient des canaris dans les mines de charbon. Lorsque les canaris arrêtaient de chanter, cela signifiait qu’ils avaient détecté une fuite de gaz et qu’il fallait alors évacuer sur le champ, avant qu’une explosion ne se produise.
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En utilisant cette métaphore, Roubini veut démontrer que la situation de la Grèce est l’indicateur d’une crise d’une bien plus grande ampleur qui pourrait résulter de l’endettement excessif de nombreux pays européens, alors même que la reprise économique se fait attendre en Europe.
Dans un point de vue publié vendredi par le Financial Times, Nouriel Roubini et Arnab Das ( directeur des études de marché de Roubini Global Economics), jugent qu’obliger la Grèce à réduire radicalement ses dépenses budgétaires risque de provoquer un défaut de paiement incontrôlé.
“On a perdu beaucoup de temps à nier l’évidence mais si les mesures suivantes sont prises, il ne sera peut-être pas trop tard pour éviter une issue hors de contrôle”, écrivent-ils.
Ces mesures sont une restructuration de la dette, un plan d’ajustement budgétaire pour les pays périphériques de la zone euro, une aide plus importante de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), des baisses de taux, une stimulation de la demande en Allemagne et un effort concerté pour corriger les faiblesses institutionnelles.
“La BCE doit être en phase avec le refinancement pour prévenir une ruée aux guichets des banques grecques. Il faut assouplir la politique monétaire pour affaiblir l’euro, ce qui permettra de rétablir la compétitivité et d’empêcher la déflation. Il faut enfin des facilités de liquidité pour les banques de pays tiers surexposées”, expliquent-ils.
Le signal envoyé par le canari grec, selon Roubini, c’est de liquider les obligations libellées en euros( L’Eminent Charles Gave dit exactement la mème chose) , car l’inflation et les taux d’intérêt élevés qui s’en viennent vont faire perdre de la valeur à ces titres. Bien entendu, cet impact se ferait sentir sur la valeur de l’euro lui-même, ce qui mettra l’union européenne dans une situation difficile.
Remplacer l’euro par quoi ?
C’est bien de dire de vendre les obligations libellées en euros, mais cela veut dire les remplacer. Mais les remplacer par quelques titres ? Et dans quelle monnaie ?
La Livre sterling ? Ce n’est pas évident, car le gouvernement du Royaume-Uni est aussi dans une situation financière difficile et qu’il devra emprunter massivement pour financer ses déficits.
Le dollar US ? Malgré le déficit énorme du gouvernement américain, le dollar américain paraît encore plus sûr que d’autres devises à cause de la force de l’économie des États-Unis et qu’il s’y manifeste une reprise certaine
Aux Etats-Unis, l’ampleur de l’endettement reste inquiètante . La capacité du pays à attirer les investisseurs étrangers n’est plus à démontrer, mais il n’est pas exclu que, rassasiés de dollars, ils s’en détournent un jour.
Au Royaume-Uni, où la livre n’est pas soutenue par le même statut de devise de réserve, l’avenir s’annonce difficile.
Certes, aucun des deux pays ne connaîtra un jour les affres du défaut de paiement. Leur dette étant libellée dans leur propre devise, ils pourraient, au pire, la rembourser avec des billets flambant neufs(monètisation de la dette par qui l’inflation viendra). Mais cela se terminerait par la chute du dollar et de la livre. Ce scénario est peu probable à court terme et il y a fort à parier que les autorités finiront par prendre quelques mesurettes pour assurer la solvabilité provisoirede leur pays. Mais il serait illusoire de penser que ces niveaux extraordinaires d’endettement ne poseront pas un jour un risque pour la livre et le dollar, d’autant plus que les émissions record d’obligations pour financer les dettes, attendues ces prochaines années nécessiteront une hausse des taux offerts pour attirer les investisseurs, plus méfiants. Cela pèsera sur les cours des obligations précédemment émises.
Dès lors, mieux vaut à l’écart de l’obligataire américain et britannique et lui préférer les obligations de pays faiblement endettés, moins exposés à une remontée des taux. Les risques de dévaluation du dollar et de la livre ne n’ empêchent pas de conseiller bon nombre d’actions américaines et britanniques. Un choix se portant avant tout sur des sociétés multinationales, la faiblesse de leur devise d’origine devrait leur être souvent profitable ou, du moins, suffisante pour, via leur avantage à l’exportation, compenser le risque devise pour l’investisseur en euros
La Suède, avec sa devise sous-évaluée, est intéressante.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande allient des taux d’intérêt attrayants à une excellente situation financière, caractéristique qu’ils partagent avec le Canada, au rendement certes moins généreux, mais aussi intéressant. Ces économies reposent largement sur les ressources en matières premières, mais ils ne sont pas des monnaies de réserves, à cause leur trop faible encours sur les marchés financiers internationaux. Toutefois, le Canada et l’Australie n’auront pas de difficulté à vendre des obligations gouvernementales à l’étranger.
Enfin et a titre de diversification Il y a aussi l’or et l’argent, mais leur prix a déjà beaucoup progressé. Ils demeurent des placements spéculatifs, qui ne rapportent évidemment aucun revenu. Ils ne peuvent donc pas être des substituts importants pour le dollar US, et cela quelque soit les difficultés que pourraient rencontrer l’économie américaine à l’avenir…mais se doivent d’ètre plus que jamais présent dans tous les bons portefeuilles qui se respectent…
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