Commentaire de Marché

Commentaire du Wolf : Trappe à Dettes / le Portugal dans le viseur

Commentaire du Wolf : Trappe à Dettes / le Portugal dans le viseur 

  Après la Grèce, le Portugal ? Si les autorités de Lisbonne refusent d’être comparées à la Grèce, force est de constater que la croissance du Portugal au cours de la dernière décennie a été morose alors que sa dette, si l’on tient compte de l’endettement privé, dépasse celle de la Grèce en pourcentage du PIB. Pas très rassurant !

PLUS DE FA(R)DO EN SUIVANT :

Une économie aux abois depuis dix ans

Pour le Portugal, la crise économique actuelle n’est que le prolongement d’une dernière décennie morose. En effet, là où la Grèce a affiché un taux de croissance moyen de 3,4% par an, le Portugal a lui dû se contenter d’une croissance moyenne de…1%, ce qui se ressent en termes de richesse.

Alors que le PIB grec par habitant est passé de 12.600 euros en 2000 à 21.100 euros en 2009, celui du Portugal n’est ainsi passé que de 12.000 à… 15.400 euros, plaçant les Portugais bien loin des 27.300 euros moyens pour la zone euro.

A dire vrai, le modèle de croissance portugais fondé sur les bas salaires et le secteur de la construction semble avoir atteint ses limites.

Dans les années 1990, le pays avait profité des bas salaires pour rester compétitif et devenir un gros exportateur de produits à faible valeur ajoutée (textiles, etc.) à destination du marché européen.

Depuis, l’arrivée de concurrents asiatiques sur nos marchés a considérablement changé la donne.

Incapable de rester compétitif au niveau des prix, le Portugal n’est pas davantage parvenu à monter en gamme au niveau de ses exportations en raison d’un tissu industriel peu productif et innovant, et d’une main-d’oeuvre parmi les moins qualifiées d’Europe.

Côté construction, la situation n’est guère plus réjouissante car après avoir tiré pleinement profit de la remise à niveau des infrastructures, le secteur envisage aujourd’hui l’avenir avec pessimisme : la majeure partie des infrastructures économiquement viables ont déjà été construites et la dette élevée des ménages a fini par miner leur enthousiasme pour l’immobilier.

Une forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur

Le véritable moteur de l’économie portugaise ces dernières années a en réalité été l’explosion de la consommation des ménages, rendue possible par les crédits à tout-va. Une évolution qui n’a toutefois pas été sans conséquences. Tout d’abord, la consommation est passée par des produits importés, ce qui a poussé la balance commerciale du pays largement dans le rouge en raison d’une hausse insuffisante des exportations.

Qui plus est, cette consommation effrénée s’est faite aux dépens de l’épargne et les crédits accordés par les banques portugaises à leurs clients ont donc été financés en très grande partie à l’étranger, sur les marchés de la dette de la zone euro.

Le pays dans son ensemble s’est donc habitué à dépenser plus qu’il ne gagnait et ce n’est pas un hasard si ses balances commerciale et courante présentent des déficits comptant parmi les plus élevés de la zone euro. A tel point que si l’on prend en compte la dette des ménages et des entreprises, la dette portugaise atteint 236% du PIB, soit un chiffre plus élevé que celui de la Grèce !

Un avenir peu prometteur

Le Fonds monétaire international s’est inquiété récemment de la faible productivité de l’économie portugaise et de la dégradation de la compétitivité du pays. A un moment où Etat, entreprises et consommateurs vont devoir assainir leurs finances et où l’Espagne – traditionnellement le principal marché du Portugal – connaît également une crise profonde, nous pouvons donc légitimement nous demander d’où viendra la croissance dans les années à venir.

Faute d’une croissance forte, capable de donner un coup de pouce aux recettes de l’Etat, c’est donc du côté des dépenses qu’il faudra agir. Mais si le Premier ministre José Sócrates est parvenu à ramener le déficit de 6% en 2005 à moins de 3%en 2007, le défi qui l’attend ces prochaines années n’aura rien d’évident et passera inévitablement par des années de modération salariale pour aider le pays à retrouver sa compétitivité.

Conclusion

Le Portugal souffre d’un problème de compétitivité majeur qui devrait être synonyme de nouvelle décennie perdue pour son économie et risque d’accentuer encore les problèmes financiers du pays.

Ni le déficit ni la dette publique du pays ne sont hors norme (doux euphémisme), mais le manque de compétitivité de l’économie portugaise allié au surendettement des entreprises et des ménages rendent la situation particulièrement difficile.

L’Etat portugais n’est certes pas au bord du défaut de paiement, mais les problèmes économiques sont tels que la situation ne devrait pas connaître d’amélioration sensible avant longtemps encore.

Au vu des taux d’intérêt offerts (4,25% net en moyenne pour des durées de 7 à 10 ans), la dette souveraine portugaise  semble peu intéressante. Côté actions, si EDP ou EDP Renováveis  semblent intéressantes, la Bourse portugaise, plutôt chère dans son ensemble, semble peu prometteuse.

EN COMPLEMENT :

Le Portugal vient de racheter quelque 1 milliard d’euros (1,34 milliard de dollars) d’obligations expirant au mois de mai. Le but de l’opération ? Offrir de nouvelles assurances aux investisseurs qui s’inquiétent de sa capacité à honorer ses engagements.Ce rachat portugais fait partie d’un ensemble de 5,63 milliards d’euros d’emprunt à 5,85% sur 10 ans, qui arrivent à échéance le 20 mai.

Le rendement moyen de cette opération de rachat a grimpé à 1,808% contre 0,636% lors de la dernière opération de même maturité, en février, selon l’agence portugaise de la dette.

La prime demandée par les investisseurs pour détenir de la dette portugaise à 10 ans plutôt que des Bunds allemands de même échéance s’est réduite ce matin à 220 points de base contre 224 points de base, à la clôture des marchés de vendredi dernier.

source afp mai10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLESTrappe à Dettes : Défiance à l’égard du Portugal (cliquez sur le lien)

Trappe à Dettes : La note de la dette souveraine du Portugal abaissée par Fitch (cliquez sur le lien)

  Trappes à Dettes : Au Portugal, autre maillon faible de la zone euro, le pire reste à venir (cliquez sur le lien)

Marché obligataire : Les pays périphériques européens à la traîne sur leur programme d’émissions d’obligations 2010 (cliquez sur le lien)

Arturo Bris : Les Italiens, Espagnols et Portugais naviguent dans la nuit et ignorent qu’un iceberg se trouve sur leur passage… (cliquez sur le lien)

Commentaire : Grèce –Portugal – un aperçu de l’abîme économique (cliquez sur le lien)

La crise grecque diffère du risque portugais (cliquez sur le lien)

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7 réponses »

    • Merci 🙂
      C’est dans l'(r) du temps que le c(r) volant qui flotte sur la marmitte financière viennent alourdir de temps à autre le fa(r)do de la dette !!!!

  1. Vendredi 7 mai 2010 :

    Les Etats d’Europe du sud voient les taux d’intérêt de leurs emprunts exploser.

    Les taux d’intérêt atteignent des niveaux inimaginables.

    Regardez ces chiffres ahurissants :

    Si l’Irlande voulait emprunter à 10 ans, elle devrait verser un taux d’intérêt de 5,91 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR%3AIND

    Si l’Irlande voulait emprunter à 2 ans, elle devrait verser un taux d’intérêt de 4,37 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB2YR%3AIND

    Si le Portugal voulait emprunter à 10 ans, il devrait verser un taux d’intérêt de 6,29 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR%3AIND

    Si le Portugal voulait emprunter à 2 ans, il devrait verser un taux d’intérêt de 5,88 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT2YR%3AIND

    Si la Grèce voulait emprunter à 10 ans, elle devrait verser un taux d’intérêt de … 12,43 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR%3AIND

    Si la Grèce voulait emprunter à 2 ans, elle devrait verser un taux d’intérêt de … 18,73 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR%3AIND

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